Rapport :

La langue française progresse en Afrique, décline en Europe

PARIS, 11 octobre 2010 (AFP)  

 

 

Quelque 220 millions de personnes dans le monde sont francophones, un chiffre qui progresse grâce à l'Afrique, mais qui cache une désaffection pour la langue française en Europe, selon un rapport de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Le nombre de francophones était jusqu'alors estimé à 200 millions de personnes, selon le précédent rapport de l'OIF en 2007.

La nouvelle estimation est basée sur des recensements et enquêtes dans les pays membres de l'OIF, auxquels ont été ajoutés l'Algérie, Israël, les États-Unis et la région italienne du Val d'Aoste.

Dans une vingtaine de pays africains, seules les personnes sachant à la fois lire et écrire le français ont été comptabilisées, ce qui donne un chiffre a minima, relève Alexandre Wolff, responsable de l'Observatoire de la langue française chargé du rapport qui sera publié mardi.

La progression du nombre de francophones est due à la croissance démographique africaine. L'Afrique, où vivent environ la moitié des francophones, représentera en 2050 près de 85% des 715 millions de francophones, selon l'OIF.

Pour cela, « il faut que le français demeure une langue d'enseignement et que les progrès de la scolarisation continuent à se faire », précise Alexandre Wolff. Le cas du Rwanda, qui a opté pour l'anglais comme langue d'enseignement, est un cas isolé sur le continent, juge-t-il.

L'Europe en revanche, où l'enseignement du français décline, ne regroupera plus que 12% des francophones en 2050.

« La tendance mondiale, en tous les cas européenne, c'est la disparition progressive de l'apprentissage de plusieurs langues étrangères », ce qui favorise l'anglais, explique M. Wolff.

Le français, enseigné en général comme deuxième langue étrangère, se retrouve notamment en concurrence avec l'espagnol, dont l'enseignement progresse au Portugal, en Autriche et en Allemagne.

Pour ce rapport, « la désaffection du public tient avant tout au déclin du français en tant que langue internationale offrant des débouchés universitaires et professionnels ».

La pratique du français continue aussi de baisser dans les organisations internationales, où prédomine l'anglais. Les ministres de la Francophonie ont adopté en 2006 un vade-mecum sur le français dans les organisations internationales, s'engageant à prendre la parole dans cette langue autant que possible. La mesure reste peu appliquée.

L'OIF compte 56 États membres et 14 pays dits observateurs, soit 70 au total. Son 13ème sommet est prévu du 22 au 24 octobre à Montreux en Suisse.

 

© 2010 AFP

 

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Le français en progression dans le monde

 

Photo: AFP/Issouf Sanogo

Des femmes apprennent à lire et à écrire en Côte-d'Ivoire.

(Note de l'A.FR.AV : espérons qu'elles n'apprennent pas à lire sur le chandail de la personne à gauche de la photo !)

 

Le nombre de francophones est en constante augmentation dans le monde, selon une vaste étude de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Cette enquête internationale révèle que c'est en Afrique que le français affiche ses progrès les plus importants. Selon le rapport intitulé La Langue française dans le monde 2010, on estime actuellement à 220 millions le nombre de personnes capables de lire et d'écrire en français dans le monde.

Ces données ne tiennent cependant pas compte des millions de personnes capables de parler et de comprendre le français sans toutefois savoir le lire et l'écrire.

Selon le rapport de l'OIF, au moins 70 millions des 220 millions de francophones répertoriés dans le monde vivent en Afrique subsaharienne. Si on ajoute à ce chiffre tous les francophones du Maghreb (nord de l'Afrique), c'est plus de la moitié des francophones qui vivent actuellement en Afrique.

 

Un demi-milliard de francophones africains

La croissance des populations francophones africaines est telle que selon les experts consultés, en 2050, neuf francophones sur dix proviendront du continent africain. Bref, dans 40 ans, l'Afrique comptera plus d'un demi-milliard de francophones.

Cette croissance du français en Afrique est directement liée aux progrès de la scolarisation dans cette partie du monde, ont constaté les chercheurs. Le rapport donne l'exemple du Burkina Faso et du Mali où, en 25 ans, le nombre de personnes capables de lire et d'écrire le français en Afrique a été multiplié par cinq.

Les drapeaux des délégations au Sommet de la Francophonie

 

En Afrique subsaharienne, l'enseignement du français a bondi de 19 %, et en Afrique du Nord de 13 % entre 2007 et 2010, rapporte l'étude de l'OIF.

Compte tenu de la situation, des efforts importants de scolarisation doivent être entrepris en Afrique pour conserver et faire fructifier ces acquis. Et pour ce faire, la compétence des maîtres est cruciale, souligne l'OIF.

Selon Clément Duhaime, administrateur de l'OIF, à Paris, il faudra plus de 2 millions de nouveaux professeurs en Afrique subsaharienne seulement au cours des 5 à 10 prochaines années pour répondre à la demande.

Outre l'Afrique, l'enseignement du français a également progressé au Moyen-Orient (+13 %), ainsi qu'en Asie et en Océanie (+6 %) au cours des trois dernières années.

 

Recul du français en Europe et en Amérique

Alors qu'il explose en Afrique, le français perd du terrain en Europe et en Amérique. Sur le continent américain, l'enseignement du français comme langue étrangère a accusé un faible recul de 1 % au cours des trois dernières années. En Europe, toutefois, il a reculé de 17 % au cours de la même période.

 

Recul et concentration des francophones au Canada

Au Canada, le rapport de l'OIF a aussi noté un recul du français. Selon le rapport, le nombre de personnes dont la langue maternelle est le français est passé de 27 % à 22 % au Canada, de 1971 à 2006. Les chercheurs ont également noté une concentration des populations de langue française au Québec et près de ses frontières. Le rapport souligne aussi la faible proportion de Canadiens hors Québec qui ont le français comme seconde langue, soit 7 % en 2006.

 

Le français en bonne position sur la Toile

Sur Internet, le français fait bonne figure en dépit de la nette domination de l'anglais (45 % des pages). Selon le rapport de l'OIF, le français arrive au troisième rang, derrière l'Allemand, au chapitre de la création de nouvelles pages Internet.

Le français fait partie des 15 langues parlées dans le monde qui ont plus de 100 millions d'usagers. Le français a un statut officiel dans 29 pays et trois gouvernements.

Les données recueillies dans cette étude ont été compilées par 40 chercheurs d'une quinzaine de pays en collaboration avec plusieurs organismes internationaux et universités. L'Université Laval, à Québec, l'Institut statistique de l'UNESCO, l'Agence universitaire de la francophonie et l'Agence américaine pour le développement international (USAID) ont notamment collaboré à cette vaste enquête commandée en 2008 par l'Organisation internationale de la francophonie.

 

 

Source : radio-canada.ca, le mardi 12 octobre 2010

Possibilité de réagir sur :

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2010/10/12/001-francophonie-stat-monde.shtml

 

 

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Le nombre de francophones progresse dans le monde

L’avenir se joue en Afrique, selon le rapport de l’Organisation internationale de la francophonie qui sera rendu public demain

Le français est plutôt en forme. L’organisation internationale de la francophonie (OIF) est formelle : «le nombre de francophones dans le monde a globalement progressé», affirme-t-elle dans son rapport « La langue française dans le monde 2010 » qui sera rendu public mardi 12 octobre (1).

220 millions de personnes peuvent être définies comme francophones. Encore s’agit-il d’une estimation basse, seules les personnes sachant lire et écrire le français ayant été comptabilisées dans une vingtaine de pays du continent africain qui représentent le principal foyer de la langue française.

Or à Abidjan (Côte d’Ivoire) par exemple, tout le monde parle le français, avec certes plus ou moins d’aisance (15 % très bien, 52 % assez bien, 32 % avec difficulté), alors qu’un quart des habitants de plus de 15 ans ne le lisent ni ne l’écrivent, selon l’étude annuelle Africa scope réalisée par TNS Sofres dans six pays d’Afrique.

« Dans les pays qui n’ont pas de langue commune, le français sert de langue de communication alors que dans ceux qui ont une langue fédératrice, comme le bambara au Mali, le français est moins parlé », précise Alexandre Wolff, responsable de l’observatoire de la langue française de l’OIF, chargé du rapport.

 

Recul manifeste du « français langue étrangère » en Europe

Pour la première fois, l’OIF dresse un panorama détaillé des francophones : ceux pour qui la langue de Molière est langue maternelle, langue officielle unique ou partagée, les « informels » qui le parlent, et ceux qui l’apprennent comme langue étrangère. Les adeptes du français ne sont pas toujours là où on les attend. Ainsi aux États-Unis, ils seraient au minimum 2,1 millions d’habitants à le parler chez eux, selon le recensement de 2000, probablement 5 à 6 millions dans les faits selon l’OIF, 11 millions ayant déclaré une origine « ethnique » francophone il y a dix ans.

La francophonie accuse au demeurant deux sérieux revers. Tout d’abord le recul manifeste du « français langue étrangère » en Europe. « Les engagements de l’Union européenne de favoriser l’apprentissage de deux langues ne se vérifient pas sur le terrain et le français est la première victime », déplore Alexandre Wolff.

Recul qui dépasse le périmètre européen, même si l’apprentissage du français continue à exister dans quasiment tous les pays du monde et si, ici ou là, il se maintient voire réémerge. Le Laos et le Cambodge envisagent ainsi de le rendre obligatoire comme deuxième langue étrangère.

 

85 % des locuteurs du français en 2050, estimés à 715 millions, seront en Afrique

Autre souci, les chiffres qu’Alexandre Wolff qualifie « d’accablants » dans le « Document de suivi du Vade-mecum relatif à l’usage de la langue française dans les organisations internationales » qui sera publié lors du prochain sommet de la francophonie. Là encore, la préservation du multilinguisme tarde à se concrétiser. Car l’unilinguisme n’est pas sans revers. « Des textes produits en anglais en première intention sont parfois si incompréhensibles qu’ils demandent à être d’abord traduits en bon anglais avant d’être traduits dans d’autres langues », souligne Alexandre Wolff.

Mais tout n’est pas noir sur le front de la francophonie. Celle-ci progresse à mesure que la scolarisation se généralise dans nombre de pays d’Afrique. C’est sur le continent noir que le potentiel de progression est de loin le plus élevé et que se joue donc l’avenir de la francophonie. 85 % des locuteurs du français en 2050, estimés à 715 millions, seront en Afrique selon l’OIF.

La demande de français y dépasse d’ailleurs la sphère des pays francophones, comme en témoigne l’adhésion récente à l’OIF du Ghana et du Mozambique, dans une logique d’intégration régionale, le français étant une langue d’Afrique, instrument de coopération, d’échange et de commerce. Le Rwanda, qui a cette année renoncé au français comme langue de scolarisation au profit de l’anglais, ne fait pour l’instant pas école.


Marie VERDIER



(1) OIF-Nathan, 384 pages, 27 €, en librairie le 21 octobre prochain.

 

 

Source : lacroix.com, le 10 octobre 2010

http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2442250&rubId=4077