Apprendre l'anglais dès trois ans, une idée mal accueillie

 

PARIS — L'idée du ministre de l'Éducation nationale Luc Chatel, d'enseigner l'anglais aux enfants dès trois ans a suscité des réactions allant du scepticisme à la franche exaspération, au moment où des postes d'intervenants en langues doivent être supprimés en primaire.

Dimanche, M. Chatel a déclaré qu'il comptait « réinventer l'apprentissage de l'anglais », suggérant un enseignement dès trois ans, grâce notamment aux nouvelles technologies, et mettant l'accent sur le développement des cours à distance et des séjours à l'étranger, à d'autres stades de la scolarité.

Pour l'instant, l'enseignement de l'anglais à partir de trois ans n'existe que dans quelques écoles maternelles privées et/ou bilingues.

Certains enseignants, comme le secrétaire général du principal syndicat du primaire (SNUipp-FSU), Sébastien Sihr, imaginent un tel apprentissage pour peu qu'il soit très ludique, à base de petites chansons par exemple.

Les spécialistes, comme le linguiste Claude Hagège, professeur au collège de France, ou Michel Morel, de l'Association des professeurs de langues vivantes (APLV), jugent néanmoins que c'est trop tôt pour un véritable enseignement.

« Trois ans me paraît trop tôt. La langue maternelle, les structures phonétiques et grammaticales ne sont vraiment en place que vers cinq voire six ans », a dit au Monde M. Hagège, qui préconise en revanche l'apprentissage des langues étrangères, et même de plusieurs, à partir de cet âge-ci.

Du scepticisme chez les spécialistes, on passe à l'exaspération chez les internautes: à titre d'exemple, l'article du site lemonde.fr consacré à l'annonce du ministre a suscité près de 250 réactions, un nombre inhabituellement élevé, et pour une immense majorité à tonalité critique.

Trois types de messages dominaient nettement: c'est de la communication de la part du ministre, c'est contradictoire avec les suppressions d'intervenants en langues étrangères, et mieux vaut bien apprendre le français en maternelle.

« Quelle duplicité ! On supprime les intervenants en langues étrangères dans le premier degré et on fait miroiter l'apprentissage à la maternelle. De qui se moque-t-on? », a écrit par exemple un internaute.

Ces intervenants, souvent des locuteurs natifs des pays de la langue enseignée, vont être les premières victimes des économies pour la rentrée 2011 : 75 des 120 suppressions de postes prévues en primaire dans l'académie de Versailles, la plus grande de France, vont par exemple les concerner, ou 103 sur 120 dans celle de Créteil.

Au total, le départ de 1000 intervenants est prévu en 2011, selon un document de Bercy.

Pour les syndicats, comme le SNUipp, l'annonce du ministre tient d'autant plus de « l'absurde » que « la généralisation » de l'enseignement de l'anglais «an'est pas achevée dans l'école élémentaire », où les élèves du CE1 au CM2 en ont normalement 54 heures annuelles depuis 2008.

« Au vu des chiffres avancés par le ministère, oui, tous les élèves ont ces 54 heures. Mais au vu de la perception du terrain, c'est moins sûr », a expliqué à l'AFP Guy Barbier, du syndicat SE-Unsa.

Si tous les professeurs des écoles sont désormais censés être concernés par cet enseignement, certains préfèrent mettre l'accent sur les fondamentaux (français et mathématiques), d'autres ne se trouvent pas à la hauteur.

« La qualité de la formation des professeurs des écoles est en effet différente suivant le cursus universitaire choisi, selon que vous ayez un master d'anglais ou que votre accent soit à couper au couteau », a commenté M. Barbier.

De Emmanuel DEFOULOY (AFP)

 

Source : AFP, le 28 janvier 2011

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jpuHa4xRMImTihCU-cIuIPZpDL9A

?docId=CNG.447eaaeb275772ebdf68c198e4b0c3c3.2a1&index=0

 

 

 

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Éducation : plus d'anglais, moins de postes

 

L'anglais est la langue la plus étudiée à l'école, puisque 89,3% des classes du secteur public bénéficient de l'enseignement de cette langue.

Officiellement, selon le ministère de l'Éducation nationale, les élèves sont 99,9% à bénéficier d'un enseignement en langue entre le CE2 et le CM2 quand seulement 82% y ont droit en CE1. Aucun chiffre n'est disponible pour le CP, où les cours de langues sont encore rares, même si l'on évoque désormais un enseignement en maternelle!

À lire les tableaux chiffrés du ministère, la progression est importante puisqu'en 2008 seuls 72% des classes de CE1 avaient droit à un enseignement en langue et 9% en 2006. Mais tout dépend de quoi on parle. La fille de Sophie, scolarisée l'an dernier en CM2 dans une école primaire parisienne publique n'a « jamais bénéficié d'un enseignement en langue à l'école primaire, ou alors de façon très éparpillée ». Quant à ses jumelles inscrites en CE1, dans la même école, mais pas dans la même classe, l'une bénéficie actuellement d'un enseignement régulier, alors que l'autre n'a aucun cours. « C'est profondément inégalitaire », soupire cette mère de famille. De fait, il n'est pas rare que, dans des écoles de quatre ou cinq classes, le seul enseignant suffisamment compétent n'assure un enseignement en langue que dans trois ou quatre classes, faute de temps.

Le plus souvent, cet enseignement, lorsqu'il existe, se limite à une heure au lieu d'une heure et demie. La demie heure restante consistant éventuellement en une « approche de la civilisation ». Il existait, selon les chiffres de 2009, 65009 enseignants du premier degré, dont 1004 maîtres itinérants et 2085 enseignants du second degré chargés de pallier les insuffisances en langues de leurs collègues. Les intervenants extérieurs représentaient alors 6,3% des personnels chargés des langues vivantes, soit un peu plus de 6000 personnes. Leur nombre va chuter puisque le ministère a décidé de supprimer 1000 postes en 2011.

Pour que le taux d'initiation en langue augmente, les inspecteurs d'académie précisent désormais depuis cette rentrée que tous les enseignants sont désormais concernés, même s'ils n'ont pas l'habilitation requise. Au pire, leur dit-on, s'ils ne se sentent pas à l'aise, ils peuvent utiliser des cassettes ou Internet… « L'essentiel n'est pas le degré de maîtrise linguistique des enseignants dans telle ou telle langue. Il faut dédramatiser cela. D'autant qu'il existe énormément d'outils audio et vidéo sur lesquels les enseignants moins experts peuvent s'appuyer pour donner à entendre les langues », affirme ainsi Martine Kervran, maître de conférences à l'IUFM de Bretagne, citée dans la revue Fenêtres sur cours, du SNUipp.

L'anglais est la langue la plus étudiée à l'école, puisque 89,3% des classes du secteur public bénéficient de l'enseignement de cette langue. L'allemand, malgré une légère baisse, maintient sa place de deuxième langue la plus étudiée à l'école avec 9,1% des groupes. Dans le privé, la part de l'anglais reste plus importante que dans le public (95%), la part de l'enseignement de l'allemand est de 6%. Ce constat ne manque pas d'inquiéter l'association des professeurs de langue vivante. « Pourquoi l'anglais et uniquement l'anglais, alors que notre principal partenaire économique est l'Allemagne ? Certains enseignants possèdent des compétences en chinois, en espagnol ou en arabe. Ce seront peut être les langues de demain, et nous ne les exploitons pas », regrette un de ses membres.

Marie-Estelle Pech

 

 

Source : lefigaro.fr, le 26 janvier 2011

Possibilité de réagir sur :

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/01/25/01016-20110125ARTFIG00778-education-plus-d-anglais-moins-de-postes.php

 

 

 

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Premiers cours d'anglais, les pratiques en Europe

 

INFOGRAPHIE - Alors que Luc Chatel a ouvert le débat sur l'apprentissage de l'anglais dès l'âge de trois ans dans les écoles maternelles de l'Hexagone, Lefigaro.fr fait le point sur les pratiques en cours en Europe.

Élargir l'apprentissage de la langue de Shakespeare aux élèves dès l'âge de trois ans. Telle est l'idée lancée par le ministre de l'Éducation nationale, Luc Chatel, qui souhaite faire évoluer le système actuel. Aujourd'hui, les élèves français sont sensibilisés pour la première fois à l'oral à une langue vivante - généralement l'anglais - dès le cours préparatoire. Autrement dit dès six ans. Mais ils commencent vraiment à étudier une langue en CE1, avec neuf heures de cours en moyenne (54 heures par an), qui doivent privilégier la compréhension et l'expression orale. Le rythme passe à 11 heures de cours hebdomadaire dès le CE2, pour une même base de 54 heures par an. Objectif: les élèves doivent avoir acquis en fin de CM2 les compétences nécessaires à une communication élémentaire. Qu'en est-il dans les autres pays européens ? Lefigaro.fr fait le point.

Italie : L'enseignement de l'anglais est obligatoire dès l'entrée en primaire depuis 2003. Jusqu'à cette date, l'étude d'une langue étrangère n'était obligatoire qu'à partir de la troisième année de primaire. Une heure de cours d'anglais est désormais enseignée lors de la première année de primaire, deux lors de la seconde, et trois en troisième, quatrième et cinquième année. Au total, 396 heures d'anglais doivent être délivrées en primaire. L'anglais est donc rapidement devenu supérieur à tout autre langue à ce niveau (de 47% en 1998-99 à 96% en 2004-2005).

Autriche : L'enseignement d'une langue étrangère est obligatoire dès la première année de l'école primaire, soit dès l'âge de six ans, à raison d'au moins 32 cours par an. Il s'agit habituellement de l'anglais, même si les langues des pays voisins sont proposées (italien, slovaque, slovène, tchèque, hongrois, croate), ainsi que le français.

Norvège : Depuis 1997, les élèves norvégiens apprennent obligatoirement l'anglais dès la première ou la deuxième année de l'enseignement primaire, soit dès l'âge de six ans. Au cours de ces leçons, les élèves regardent souvent des films et des émissions de télévision en version originale.

Finlande : Le système scolaire finlandais a toujours mis en avant l'importance de l'apprentissage des langues. Avec un enseignement qui commence dès 7 ans et une stimulation continuelle des connaissances des enfants (93 % affirment regarder tous leurs films en version originale), la Finlande se classe parmi les pays les plus doués pour les langues étrangères. 63 % des Finlandais parlent couramment anglais.

Allemagne : Les petits Allemands ont, comme leurs voisins nordiques, la réputation d'être doués pour l'apprentissage linguistique. Toutefois, leur réussite s'explique aussi par les 200 heures de cours de langues validées par les élèves chaque année. L'anglais doit être obligatoirement étudié à partir de huit ans. L'accent est notamment mis sur les compétences orales des élèves.

Danemark : Le système éducatif du pays pousse les Danois à ne pas négliger les langues étrangères. Ainsi, l'anglais est une discipline obligatoire dès l'âge de neuf ans, au lieu de dix ans auparavant. Au cours de cet apprentissage, les professeurs privilégient le plus souvent les discussions et les débats pendant les cours, afin de faire s'exprimer les élèves au maximum à l'oral. Par ailleurs, les établissements scolaires imposent rapidement à leurs élèves l'apprentissage d'une deuxième langue étrangère (souvent français ou allemand), incitant même les enfants à en choisir une troisième. Conséquence de cette politique : 77 % de la population danoise parlent au moins une langue étrangère, selon la Commission européenne.

Pays-Bas : Dans l'enseignement primaire, tous les élèves reçoivent des cours d'anglais au cours des deux dernières années, autrement dit à partir de dix ans. Là aussi, les professeurs leur diffusent des films et des émissions en version originale. Les écoles sont toutefois libres de commencer cet apprentissage plus tôt de leur propre initiative.

Espagne : Contrairement aux pays d'Europe du nord, le système éducatif espagnol donne peu la priorité aux langues. Cette matière ne représente que 10a% du tronc d'enseignement général et l'on n'exige pas des professeurs de langue qu'ils aient étudié à l'étranger. L'enseignement d'une langue étrangère peut toutefois commencer dès trois ans.

Marion Brunet

Source : Eurostat, Statistics in Focus, 49/2010

 

 

Source : lefigaro.fr, le 27 janvier 2011

Possibilité de réagir sur :

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2011/01/27/01016-20110127ARTFIG00473-premiers-cours-d-anglais-les-pratiques-en-europe.php

 

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Note de l'A.FR.AV : Comme par hasard, cet article ne dit rien sur

 l'enseignement des langues étrangères en Grande-Bretagne !

 

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 Réaction de Jacques Costagliola :

 

L'anglais en maternelle : le but n'est pas seulement d'apprendre de force l'anglais aux Français qui résistent, mais de leur désapprendre le français.

On veut sensibiliser les enfant à l'anglais, alors qu'ils le sont déjà à mort par l'anglicisation du cadre de vie et des ondes radiotévées dans lesquelles ils baignent depuis leur naissance, la Mère Michel remplacée par les bitolles et les rollineguestonneze...

Le Français n'est plus sensible à l'esthétique de la phrase écrite ni à l'euphonie de la langue parlée.

L'esthétique d'une langue est dans son homogénéité. L'hétérogénéité en fait un sabir.

La première arme de la mondialisation commerciale et culturelle est la mondialisation linguistique par l'anglais.

Une langue est une manière d'être au monde, c'est votre moi profond qu'on veut changer pour réussir la mondialisation des esprits.

La francophonie est à abattre : l'anglais et le français sont les seules langues dont on trouve toujours  un locuteur où qu'on aille dans le monde. 
Le français langue morte, les autres suivront.

Ils en sont à désapprendre la prononciation française des LETTRES dans des MOTS français ou francisés  :

 le « i »  prononcé « aille »  dans iphone,

le « e » prononcé « i » dans ET ou e-commerce,

le « u » prononcé « eu » dans buzz, club et  « ou » dans bull, juin, Rouanda, Bouddha,  Istamboul.

On ne sait plus prononcer dam, gageure, juin,  Joachim, dangereux, déjeuner, coup de fusil, Ghislain, dégingandé, Bruxelles, Xaintrailles, Xynthia.

On mélange l'apostrophe et le trait d'union...

On prononce « bio » comme « billot ».

 

            RÉSISTEZ   -   RÉSISTEZ   -   RÉSISTEZ  

 
 


Avec l'anglais on va au bout du monde, avec le français on va au fond des choses.

(Congrès de Francophonie 1988)

 

Si l'Angleterre entre dans l'Europe, 
la langue française en sortira.
(Jean-Noël Jeanneney)

 

Bilingue oui, sabirophone non.

 

Tout peut se dire en français.

(Voltaire)

 

 

 

 

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