Les étudiants français toujours aussi nuls en anglais

 

 

Source : lemonde.fr, le 26 août 2009

http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/08/25/les-etudiants-francais-toujours-aussi-nuls-en-anglais_1231684_3224.html

 

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 Adressez vos réactions à Maryline Baumard (baumard@lemonde.fr)

avec copie à :

 mediateur@lemonde.fr, fottorino@lemonde.fr

 

 

 

Réaction de M. De Poli :

Madame,

 Je me permets de vous écrire car j'ai été outré par votre article sur le niveau des étudiants en anglais :
http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/08/25/les-etudiants-francais-toujours-aussi-nuls-en-anglais_1231684_3224.html

Je me permets donc d'ajouter quelques observations complémentaires :

>Les étudiants français toujours aussi nuls en anglais

Mais pourquoi toujours privilégier l'anglais ? Et si les étudiants français sont nuls en anglais, qu'est-ce que cela peut bien faire ? L'utilité de l'anglais est extrêmement relative : 99% des Français ne l'emploient JAMAIS dans leurs activités professionnelles. De plus, des entreprises ont été lourdement sanctionnées ces dernières années par les tribunaux pour usage illégal de l'anglais. Par exemple la société américaine GEMS en mars 2006, condamnée à 570.000 euros d'amende pour avoir pour avoir transmis des documents en anglais sans traduction à ses salariés français :

http://www.novethic.fr/novethic/site/article/index.jsp?id=99187

De même, les sociétés Nextiraone et Europ Assistance ont elles aussi été condamnées car elles voulaient imposer à leurs salariés des logiciels en anglais sans traduction  :

L'Humanité Dimanche, numéro 54 du 29 mars au 4 avril, consacre un dossier aux abus occasionnés par l'usage de l'anglais dans les entreprises. Sous couvert d'une modernité mal placée et d'une efficacité illusoire, hors de toute motivation rigoureusement professionnelle, l'usage forcé, sans discernement, de l'anglais, est davantage sources de dysfonctionnements et d'accidents, de stress et de discriminations.  Sans justification objective d'efficacité et de performance, sans lien direct avec les compétences professionnelles nécessitées par la nature du travail, l'anglais devient un outil de sélection, de discrimination et de déclassement. Exemples à l'appui, l'Humanité Dimanche pose de vraies questions et rappelle une vérité d'évidence : l'anglais n'est pas la mangue maternelle des salariés français et ne le sera jamais. Un appel à la sagesse et à moins de conformisme.

>Y aurait-il dans l'ADN gaulois un gène qui empêcherait de parler, voire de comprendre l'anglais ?

Et la nullité en langues des Anglo-Saxons, pourquoi n'en parle-t-on jamais ? Je trouve ridicule, injuste et stupide de fustiger à chaque fois les Français (alors qu'ils ne sont pas si nuls en langue que ça) tandis que l'on ne fustige jamais les Anglo-Saxons (qui, eux, sont vraiment nuls en langues !).

Je pense qu'il serait vraiment temps quand les journalistes français se réveillent et comprennent les effets néfastes de l'anglomanie pour la France. Il a pourtant été prouvé par des auteurs anglo-saxons eux-mêmes que l'enseignement généralisé de l'anglais dans un pays s'apparente à une mainmise coloniale (voir entre autres les ouvrages de l'Australien Alastair Pennycook). Pour se convaincre du caractère clairement colonial de cet enseignement, il suffit de lire le texte suivant :

http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/semaine-de-la-francophonie/1999/une-langue-universelle-ou-une-langue-coloniale.html

De même, les conséquences néfastes de l'anglais pour la France ne sont malheureusement plus à prouver : pillage de la recherche française par les Américains, dû à l´anglomanie de nos chercheurs, discriminations des institutions européennes qui recherchent des collaborateurs « anglais langue maternelle », excluant de fait les Français, affaiblissement de la francophonie par l'emploi de l'anglais de la part de certaines « élites » françaises, etc.

 Je vous communique ci-après deux textes qui montrent les dangers de l'anglais pour nos intérêts nationaux :

« English mother tongue » (ou comment utiliser l'anglais comme outil de discrimination ethnique à l'embauche dans les institutions européennes) :
http://www.mef.qc.ca/english_mother_tongue_only.htm

« Le français, une langue pour la science » (argumentaire excellent à imprimer et à lire afin de comprendre comment notre recherche scientifique est pillée par les Américains du fait de l'emploi de l'anglais par nos chercheurs) :
http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/articles/2001/le-francais-une-langue-pour-la-science.html

Pour se convaincre de cette catastrophe qu'est le pillage de la recherche française, il suffit de lire les propos effarants d'un chercheur américain, extraits de l'argumentaire :

« Au moins 90% des articles que nous recevons ne valent rien. 2 % sont originaux et méritent d'être publiés. 5% sont des développements de travaux antérieurs que nous devons publier également. Enfin, moins de 1% de ces articles donnent des idées sur des nouvelles directions de recherche pouvant quelquefois conduire à des applications commerciales. Nous recevons ces articles en première exclusivité, antérieurement à toute publication. Ils nous arrivent sur un plateau d'argent, écrits dans notre langue, sans que nous demandions quoi que ce soit à quiconque. Comment voulez-vous que nous nous empêchions d'en exploiter les meilleures idées ? Même avec les meilleures intentions du monde, nous ne pouvons nous empêcher d'être influencés, de changer nos objectifs de recherche et d'utiliser les idées les plus prometteuses à notre profit. N'oubliez pas qu'une majorité de ces articles nous vient de l'étranger et que ce qu'ils décrivent n'a jamais fait l'objet de publication antérieure, en anglais ou d'autres langues. D'autre part, nous passons facilement un tiers de notre temps, voire la moitié, à chercher de l'argent pour financer notre travail. Beaucoup d'entre nous n'ont aucune sécurité d'emploi. La concurrence pour les octrois de recherche, qui ont fondu comme neige au soleil ces dernières années, est féroce. Tout le monde essaye de briller, même si ce n'est que dans les apparences. Nos collègues européens ou asiatiques n'ont pas cette obligation et peuvent vraiment se consacrer à leur recherche scientifique et produire quelque chose. Dans ce contexte, vous pensez bien que nous allons exploiter toute idée intéressante pour laquelle on sollicite notre avis. Il est arrivé à certains de mes collègues de refuser la publication d'un article, lorsqu'ils voulaient " pirater " son contenu de façon à s'attribuer l'antériorité d'une idée qui les intéressait particulièrement. Toutefois, dans la plupart des cas, ça n'est même pas nécessaire. Nous approuvons la publication de ces articles mais notre réseau de contacts avec l'industrie nous permet d'exploiter les meilleures idées et d'en tirer les bénéfices commerciaux en premier. Nous ne sommes pas des saints. Comment voulez-vous qu'il en soit autrement ? Dans la quasi-totalité des cas, on ne peut même pas nous accuser de plagiat faute de preuves. Gallo a perdu dans ses démêlés avec l'Institut Pasteur, car il avait reçu des échantillons, parce qu'il y avait une trace matérielle. Dans la plupart des cas, seule compte l'information, qui est dématérialisée par essence. Si vous faites la copie d'un logiciel existant, vous violez les droits d'auteur. Si vous volez une idée à quelqu'un alors que celle-ci n'a pas encore fait l'objet d'une publication antérieure et que vous travaillez dans le même domaine de recherche que celui à qui vous l'avez volée, comment voulez-vous que ce dernier soit en mesure de prouver quoi que ce soit ? ».

Le système de recherche français est donc aberrant et à changer radicalement. On pourrait par exemple essayer de s'inspirer du système de recherche japonais, bien plus intelligent que celui qui est pratiqué en France, et où les chercheurs publient d'abord les résultats de leurs recherches au Japon en japonais, ce qui permet à leurs industries d'exploiter en premier les bonnes idées et évite ainsi le pillage. Autre extrait :

 « Au Japon, on peut constater que les chercheurs japonais qui reçoivent des deniers publics sont souvent dans l'obligation contractuelle, lorsqu'ils veulent et qu'ils peuvent légalement publier leurs travaux, de les communiquer en priorité à des journaux et revues scientifiques publiés au Japon, en japonais. Ces derniers n'acceptent et ne publient que les meilleurs articles décrivant des travaux qui contribuent réellement au développement scientifique et technique, dans la discipline considérée. Les articles qui sont refusés sont généralement traduits en anglais par leurs auteurs qui cherchent alors à les publier dans des revues américaines ou européennes. Cette pratique n'a pas augmenté le nombre d'abonnements aux revues scientifiques japonaises des bibliothèques étrangères (à l'exception de la Chine et de la Corée), mais elle a accompli l'équivalent. Bon nombre de succursales de compagnies étrangères et de délégations gouvernementales diverses traduisent sans relâche pratiquement tout ce qui est publié en japonais dans les domaines scientifique et technique. Les Japonais sont les premiers bénéficiaires de cette activité, car c'est souvent eux qui effectuent ce travail de traduction qui est, comme il se doit, très bien rémunéré. Il implique d'être bilingue et d'avoir des connaissances techniques très spécialisées. De plus, la publication en langue japonaise permet tout simplement de communiquer les informations les plus intéressantes à la fraction des chercheurs et ingénieurs japonais initiés au sujet de la manière la plus efficace possible. Son but n'est pas d'exclure la traduction et la diffusion de l'information aux puissances industrielles concurrentes, mais elle introduit un délai qui est souvent suffisant pour que l'exploitation des résultats publiés puisse être démarrée, en priorité, par un homologue japonais quand ce n'est pas par l'auteur de l'article lui-même. Le problème d'antériorité vis-à-vis de chercheurs étrangers concurrents est ainsi évité et les bénéfices éventuels sont immédiatement réinjectés dans l'économie japonaise. L'argent du contribuable est ainsi utilisé de manière optimale. Il n'importe pas à un pays producteur de connaissances de payer le coût de la diffusion du savoir dans une langue autre que sa langue nationale, mais bien aux utilisateurs des nouvelles idées scientifiques... »
 

 Bien à vous

 

Daniel DE POLI