Adoptée en première lecture

La loi Toubon, pour une politique de la langue

■ Le projet de loi sur la défense de la langue française a été adopté la nuit dernière par la majorité RPR et UDF avec l'abstention du PS et du PCF. Il avait été voté à la mi-avril au Sénat, par une majorité insolite RPR, UDF, PCF.

Le texte entend rendre le français obligatoire dans les émissions et les publicités radio et télévisées. Il impose son usage dans les inscriptions destinées à l'information du public et veut le promouvoir dans les colloques internationaux.

Le ministre de la Culture, Jacques Toubon, qui a eu à faire face à de multiples critiques venues des bancs PS et PCF, mais également de députés UDF, a affirmé qu'il ne s'agit pas « d'une loi de contrainte, mais de service ». « Il faut maintenant construire une véritable politique de la langue », a-t-il déclaré, se félicitant que « peu à peu, on ait réussi à percer le mur du scepticisme et de l'ironie ».

Au rang des adversaires déclarés, on comptait principalement des élus UDF comme Laurent Dominati pour qui « la langue française fait partie de la pensée, l'État n'a pas à s'en mêler » ou Hervé Mariton, qui « aime trop notre langue pour voter ce texte ». Le PCF, lui, est radical : « Pour parler français, il faut produire français ».

Le PS s'est montré moins négatif, reconnaissant le bien-fondé de certaines mesures. Mais Didier Mathus s'est indigné de « la philosophie sécuritaire » d'un projet qui veut « expulser les mots étrangers comme les étrangers à la frontière ».

Le ministre a aussi dû affronter les défenseurs des langues régionales qui craignent que la promotion du français ne se fasse au détriment de leurs langues. Ernest Moutoussamy (appartenance PCF, Guadeloupe) a affirmé que « l'avenir du français passe aussi par sa capacité à assumer le métissage ». Tandis que partisans du corse, de l'alsacien ou du breton insistaient pour une reconnaissance de leur appartenance au patrimoine national.

« Ce n'est pas une loi qui dit comment il faut parler, mais qu'il faut parler français, peu importe lequel », a conclu M. Toubon.

 

Source : Midi Libre, le vendredi 6 mai 1994

 


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