Loi Toubon à Menton

Il est extrêmement rare que des administrations publiques (une mairie en l'occurrence) appellent au respect de la loi Toubon du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française. Il n'est pas davantage courant de lire dans un article de presse (locale) : « la mairie va opérer un rappel à la loi auprès des commerçants installés en ville, qui ne respectent pas l'affichage réglementaire en français ».

Des violations de ce genre sont pourtant monnaie courante aujourd'hui, partout, avec la déferlante anglomaniaque que l'on sait. Et avec la bénédiction des municipalités qui ne trouvent strictement rien à redire à cela.

Seulement ce n'est pas l'anglais qui est en cause ici, mais ... l'italien. L'affaire se passe en effet à Menton qui « a la réputation d'être la ville la plus italienne de France » (le maire de Menton est M. Jean-Claude Guibal, député de la 4e circonscription des Alpes-Maritimes). On comprend mieux !

Voir, à ce propos, un article du 26 avril du quotidien Nice-Matin à l'adresse suivante :

 http://www.nicematin.com/derniere-minute/a-menton-ville-la-plus-italienne-de-france-les-commerces-sommes-dafficher-francais.854466.html

 

Jean-Pierre Busnel
Président de l'Institut André Busnel
contact@iab.com.fr

 

 

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À Menton, « ville la plus italienne de France », les commerces sommés d'afficher en français

Malgré l'affichage souvent bilingue, destiné aux Mentonnais

et à la clientèle italienne, on remarque dans les rues de la ville

des petites entorses à la loi.

 

La mairie va opérer un rappel à la loi auprès des commerçants installés en ville, qui ne respectent pas l’affichage réglementaire en français

Basta ! Il n'a pas osé cette formule, mais le cœur y était. Depuis quelque temps, la Ville a constaté que certaines enseignes utilisent l'italien dans la promotion de leurs produits ou services. Et « ça suffit ! », remarque, pour l'instant gentiment, le député-maire.

Menton « a la réputation d'être la ville la plus italienne de France », mais « nous sommes en France. Et en France, un restaurant, ce n'est pas un "ristorante", un hôtel pas un "albergo" et un café pas un "caffè" », remarque Jean-Claude Guibal.

L'utilisation de la langue de Dante, ou de toute autre langue étrangère, est bien évidemment tolérée, mais le français doit impérativement figurer de manière tout aussi lisible, audible et intelligible : voici le message que veulent faire passer les autorités mentonnaises.

Opération d'information

« Il y a quelques années fleurissaient les panneaux en italien, j'ai demandé que soit intégrée dans le règlement de voirie l'obligation d'indiquer la nature de l'activité en français », se souvient l'élu.

Aujourd'hui encore, entre le nom commercial que tout entrepreneur est libre de choisir et la dénomination commerciale, la frontière est ténue. Souvent les restaurateurs, cafetiers et glaciers, car il s'agit essentiellement dans ce secteur d'activité que sont constatées les entorses linguistiques, plaident la bonne foi. « Il n'y a pas de soupçons, de procès d'intention. Je ne pense pas que ce soit de la malveillance de leur part. Mais parfois de la négligence », estime Jean-Claude Guibal.

Ou de l'ignorance. Un traditionnel « Je ne savais pas » avec un sourire fait office d'explication quand on interpelle les intéressés. Elle valait aussi quand un entrepreneur, après une toute fraîche reconversion, a facturé quelques instants le verre d'eau qu'il servait avec ses cafés avant que des clients le lui fassent remarquer. Quand les cartes, les stores et les enseignes sont produits en Italie aussi, les fournisseurs s'accordent aussi quelques libertés orthographique et grammaticale…

« On demande à ceux qui ouvrent un commerce d'indiquer sur l'enseigne l'activité en français. » Simplement. « Il y a quelques cafés, quelques restaurateurs qui n'ont pas compris ça », regrette le maire.

La Ville de Menton compte, dans un premier temps, sur le civisme des gérants des établissements concernés :

« On va d'abord procéder à une opération d'informations pendant quinze jours dans une démarche d'avertissement du respect de l'arrêté de voirie. Après on contrôlera et on verbalisera le cas échéant », prévient le maire.

Immobilier : des panneaux indépendants

Dominique Uter, le responsable du service commerce confirme qu'« on a toute latitude pour sévir ».

Pour le nom commercial, la liberté est de mise. Ce qui chagrine un peu Alain, Richard, Gérard et Michel « propriétaires depuis quinze ans » - presque tous les après-midi - d'un banc de la place du Cap. « Qu'on donne des noms en français » font-ils remarquer en pointant du doigt toutes les enseignes les entourant. « On ne demande pas du mentonnais, du français… Quoique », ponctuent-ils avec le sourire.

Enfin, pour les panneaux "Vendesi" qui ornent les façades, ils sont souvent apposés par des particuliers.

La loi s'adresse quand même aux propriétaires transalpins de résidences secondaires qui ciblent leurs compatriotes. Car dans les vitrines des agences immobilières et sur les panneaux siglés des réseaux professionnels, les règles sont scrupuleusement respectées.

 

 

Source : nicematin.com, le 26 avril 2012

Possibilité de réagir sur :

http://www.nicematin.com/derniere-minute/a-menton-ville-la-plus-italienne-de-france-les-commerces-sommes-dafficher-francais.854466.html

 

 

 

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