Eupen : La deutschrachigen Gemeinschaft fête l'anniversaire de son premier Conseil

71 500 germanophones ont 30 ans

Cadeau d’anniversaire de Van Cau à la Communauté de langue allemande. Elle exercera elle-même la tutelle sur les neuf communes qui la composent.

La Communauté germanophone célèbre cette année les 30 ans de l’installation de son tout premier parlement. Et pour fêter l’événement, elle ouvre toutes grandes, ces samedi et dimanche, les portes de son nouveau bâtiment ministériel de la Gospertstrasse. En guise de cadeau d’anniversaire, Jean-Claude Van Cauwenberghe (PS), le ministre-président de la Région wallonne, et son alter ego germanophone, Karl-Heinz Lambertz (PS), ont conclu, vendredi, un accord qui va lui offrir un surcroît d’autonomie. La Région va, en effet, lui transférer une nouvelle parcelle de ses compétences.

Jusqu’ici, la Région wallonne exerçait la tutelle sur les 262 communes de son territoire (donc aussi sur les neuf entités de langue allemande de l’est de la province de Liège). Dès janvier 2005, la tutelle sur ces communes devrait être assurée, par la Communauté germanophone. Dans la foulée, elle gérera aussi la part du fonds des communes revenant à ces neuf entités ainsi que les travaux subsidiés.

Ce transfert devrait grandement faciliter la vie des administrations communales concernées. Actuellement, en effet, leurs décisions doivent être traduites en français, puis envoyées à la Députation permanente de Liège ou à la Région. Ensuite, elles doivent à nouveau être transcrites en allemand avant d’être renvoyées à ces communes.

Depuis l’instauration de sa première assemblée autonome, le 23 octobre 1973, la lilliputienne Communauté germanophone (son territoire couvre 2,8 % de la superficie du Royaume et ses 71500 habitants constituent

0,70 % de la population belge) a parcouru bien des étapes sur le chemin de l’autonomie. Ce tout premier parlement, le "Rat der deutschen Kulturgemeinschaft" (Conseil de la Communauté culturelle allemande), composé de 25 élus, disposait d’un pouvoir législatif très restreint qui se limitait à des arrêtés réglementaires en matière culturelle. 

 

Le budget 2004 de la Communauté atteint 150 millions d’euros

 

Son personnel permanent se composait d’un seul inspecteur culturel. Le RDK avait pourtant joué un rôle de précurseur dans l’évolution institutionnelle belge puisqu’il fut la première assemblée fédérée élue au suffrage universel. Bien avant les parlements flamand, wallon et bruxellois.

Aujourd’hui, son successeur, le "Rat der Deutschrachigen Gemeinschaft" (Conseil de la Communauté germanophone) possède des compétences considérablement élargies enseignement, médias, culture, éducation permanente, tourisme, sport, politique de l’emploi... La Communauté est gouvernée par un exécutif de trois ministres. Et son budget 2004 avoisinera les 150 millions d’euros. Tous services confondus, elle fournit du travail à quelque 400 personnes !

Pour parfaire encore cette autonomie qui fait d’elle la minorité la mieux protégée d’Europe, la Communauté germanophone revendique encore le transfert d’autres compétences exercées actuellement par la Région wallonne. Jusqu’ici cependant, Namur a dit "niet", mais il est pratiquement certain que ces revendications seront reformulées lors de la prochaine législature puisque, comme pour les autres assemblées fédérées du royaume, on votera aussi, en juin 2004, pour renouveler le RDG.

En attendant, du côté d’Eupen, on va fêter ce 30e anniversaire en plusieurs étapes, d’ici la fin de l’année. Même si le climat économique se fait plus morose. La crise commence, en effet, aussi à se faire sentir en Communauté germanophone. En juillet 2002, elle pouvait se targuer d’un taux de chômage de 4,9 % ; aujourd’hui, il a atteint le cap des 7 %.


 

Daniel Conraads

Source : Le Soir, journal du samedi 13 et du dimanche 14 septembre  2003

 

 

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