Le Rwanda, nouveau membre du Commonwealth, s'ancre dans le monde anglophone.

KIGALI, 29 novembre 2009 (AFP)

Le Rwanda a annoncé dimanche le succès de sa candidature au Commonwealth, qui réunit les États issus de l'ancien empire colonial britannique, renforçant son ancrage au sein du monde anglophone au détriment de ses relations avec la francophonie.

Le Rwanda a annoncé dimanche le succès de sa candidature au Commonwealth, qui réunit les États issus de l'ancien empire colonial britannique, renforçant son ancrage au sein du monde anglophone au détriment de ses relations avec la francophonie.

Ancienne colonie allemande (1885-1916) puis surtout belge, jusqu'à l'indépendance en 1962, le Rwanda est le premier pays de tradition francophone à rejoindre le Commonwealth, ce bloc qui comptera désormais 54 pays, et dont l'anglais est la langue commune.

Ce petit pays d'Afrique centrale peuplé d'un peu moins de 9 millions d'habitants sera seulement le deuxième, après le Mozambique, à rejoindre l'organisation placée sous l'autorité de la reine d'Angleterre Elizabeth II, sans avoir jamais été colonie britannique ni entretenir de lien constitutionnel avec la couronne.

« Mon gouvernement voit cette accession comme une reconnaissance des progrès remarquables accomplis par notre pays au cours des quinze dernières années », a déclaré à l'AFP la porte-parole et ministre de l'Information Louise Mushikiwabo.

 « Les Rwandais sont prêts à mettre à profit les perspectives économiques, politiques, culturelles et autres offertes par le réseau du Commonwealtha», a ajouté Mme Mushikiwabo, qui a annoncé l'admission de son pays décidée lors d'un sommet des chefs de gouvernement du Commonwealth à Trinidad et Tobago.

L'accession au Commonwealth, sollicitée en 2008, s'inscrit dans une politique résolue du président rwandais Paul Kagame et de son gouvernement de larguer les amarres avec le monde francophone pour rejoindre le giron anglophone.

Le Rwanda a ainsi adhéré en 2007, en même temps que son voisin le Burundi, lui aussi francophone, à l'East African Community, le bloc économique jusqu'alors limité aux trois pays anglophones d'Afrique de l'Est, le Kenyan, l'Ouganda et la Tanzanie.

C'est d'ailleurs sous la présidence de M. Kagame que l'EAC a accéléré son intégration, avec la signature le 20 novembre d'un protocole prévoyant la création d'un Marché commun en juillet.

À l'intérieur du pays, l'anglais a déjà rejoint le kinyarwanda et le français comme langue officielle, et il a même supplanté le français l'an dernier comme langue d'enseignement public.

Ce rapprochement accéléré avec le monde anglophone est allé de pair avec la dégradation des relations avec la France. Kigali a suspendu ses relations diplomatiques avec Paris en 2006, après l'émission par un juge français, Jean-Louis Bruguière, de mandats d'arrêt contre des proches du président Kagame, soupçonnés d'être impliqués dans l'assassinat de l'ex président rwandais Juvénal Habyarimana, dont la mort le 6 avril 1994 est considérée comme l'élément déclencheur du génocide au Rwanda.

Les relations entre les deux pays étaient très tendues depuis 1994, les autorités de Kigali issues de la rébellion FPR à majorité tutsie accusant Paris d'avoir aidé les génocidaires hutus, alors au pouvoir, ce que la France a toujours démenti.

800 000 personnes, en majorité tutsi, ont été tuées dans ce génocide.

L'organisation non gouvernementale Commonwealth Human Rights Initiative avait appelé au rejet de la candidature de Kigali, estimant que «al'état de la gouvernance et des droits de l'homme au Rwanda ne répondaient pas aux critères du Commonwealth ». Cette organisation évoquait des restrictions à la liberté de parole qui « créaient un climat de peur dans la société civile » du Rwanda, un pays qui tiendra sa prochaine élection présidentielle le 9 août prochain.

« Le Commonwealth est très bien placé pour aider le Rwanda à renforcer ses institutions démocratiques », avait au contraire estimé un porte-parole du ministère canadien des Affaires étrangères.

 

© 2009 AFP

 

Source : tv5.org, le 29 novembre 2009

http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/p-1911-Le_Rwanda_nouveau_membre_du_Commonwealth_s_ancre_dans_le_monde_anglophone.htm?rub=4&xml=091129102127.fv7x7hys.xml

 

Réaction de M. De Poli :

La francophonie n'a rien perdu au Rwanda

Concernant l'adhésion récente du Rwanda au Commonwealth, j'estime que la France ou la Francophonie n'ont absolument rien perdu en Afrique centrale. En effet, si on regarde une carte de l'Afrique, on se rend compte que le Rwanda est un pays qui n'a strictement aucun intérêt géopolitique. C'est un pays minuscule, pauvre et enclavé. De plus, le fait qu'il ait officialisé l'anglais en troisième langue après le français et le kinyarwanda n'apporte quasiment rien à l'anglophonie.

En effet, au Rwanda, la langue nationale est le kinyarwanda, parlée par tous, et l'anglais ne s'implantera donc jamais en profondeur dans le pays, mais ne sera parlé que par une petite minorité de la population (tout comme le français d'ailleurs). En fait, il faut bien comprendre que les Anglo-Saxons ont échoué en Afrique centrale, car le véritable but pour eux était d'imposer l'anglais officiel en République Démocratique du Congo, géant de l'Afrique (grand comme cinq fois la France) et pays géopolitiquement stratégique pour la francophonie. Et ils ont presque réussi, car le projet de Constitution concocté par Laurent-Désiré Kabila en 1998 prévoyait explicitement que l'anglais serait seconde langue officielle en RDC. Autant l'officialisation de l'anglais au Rwanda n'était vraiment pas préoccupante (car le Rwanda est un confetti insignifiant), autant l'anglais en RDC aurait été un coup très dur pour la francophonie et la France. C'est pourquoi la DGSE (services secrets français) est intervenue discrètement et efficacement et a réussi à  faire en sorte que le français reste la seule langue officielle de la RDC. C'est cela, la vraie victoire. Car la RDC est LE futur géant de l'Afrique. C'est déjà  le premier pays francophone du monde par la population (68 millions d'habitants en 2009, 200 millions en 2050), il est grand comme cinq fois la France et a une position stratégique au cœur de l'Afrique. C'est lui, le grand pays francophone d'avenir. Le Rwanda, là  dedans, n'a aucun intérêt, d'autant plus que le français est encore langue officielle dans ce pays.

Pour information, on peut aussi consulter les sites Internet de la RDC et on se rendra compte que la quasi-totalité sont rédigés uniquement en français :
http://www.google.fr/search?hl=fr&q=site%3A.cd&meta=cr%3DcountryFR&aq=f&oq=
 

Entre autres les sites internet institutionnels :

http://www.presidentrdc.cd

http://www.mecnt.cd

http://www.eduquepsp.cd

http://www.barreaudelagombe.cd

J'ajoute que les sites Internet congolais, peu nombreux jusqu'à  présent, sont en plein développement. Et j'écris activement pour qu'ils emploient courriel, ce qui a donné des résultats très positifs jusqu'à  présent. Les sites congolais qui emploient courriel sont de plus en plus nombreux :
http://www.google.fr/search?hl=fr&q=site%3A.cd+courriel&meta=&aq=f&oq=

 

Daniel DE POLI
Courriel : daniel.depoli(chez)voila.fr