Le français, ils en rêvent !

Francophonie : Ils viennent du monde entier pour apprendre à Montpellier la langue de Molière avec Patricia Gardies.

Apprendre le françaisLe monde entier, ou presque, est réuni dans à peine trente mètres carrés. Autour de la table, on converse. En français, seule langue commune à Ronaldo, Miguel, Julie, Nur, Francisco, Idella, Fanny et les autres. Leur fil rouge : la raison qui les a conduits tous les quinze à quitter un temps leur pays d'origine.

Qu'ils viennent de Chine, des États-Unis, de Lituanie, du Japon ou de Guinée-Bissau, ils ont chacun parcouru des kilomètres, avides des mots de Molière. Séduits à la première écoute par la sonorité, la musicalité de la langue romane.

Une langue choisie pas subie

Ce coup de foudre, ils ont voulu le transformer en amour éternel. Malgré les difficultés, les complexités, l'orthographe, la grammaire, les temps multiples à conjuguer qui font que même les petits Hexagonaux - et leurs aînés - s'arrachent souvent les cheveux.

Eux retiennent, dévorent, vivent chaque terme. Fiers ambassadeurs des lettres que petits ils ignoraient, ils commencent à rêver dans cette langue qui ne leur est pas maternelle, attentifs à ce que leur inculque Patricia Gardies, leur professeur, à l'institut d'études françaises pour étrangers, au sein de la faculté de lettres Paul-Valéry à Montpellier. « Ils portent le français en eux, la culture. ils sont motivés, ne ratent aucun cours. » Soit seize heures d'assiduité par semaine. Encadrés par une enseignante certes peu classique. Carrée mais aussi pleine d'entrain et de fantaisie, autant passionnée qu'eux par la matière enseignée. Chacun aborde la langue à sa manière. Avec beaucoup de mérite et de plaisir. La difficulté est différente d'une nationalité à l'autre. « Certains buttent sur les R, d'autres confondent le B et le V. D'autres encore le U et le OU », explique Patricia Gardies. Encore plus difficile quand on vient du continent asiatique. Les langues y sont tonales. « C'est une autre structure. Il leur a fallu assimiler l'alphabet. C'est en quelque sorte une double peine pour eux ! », sourit l'enseignante. Ikuko, appliquée et volontaire, semble avoir surmonté l'épreuve. Boulangère de métier, elle a quitté son Japon natal pour le pays du pain, afin de s'imprégner pleinement de la culture. De diffuser son ressenti dans ses futures pâtes à pétrir.

Ronaldo, lui, se destine au commerce. Dans son pays, en Guinée-Bissau, on parle le portugais, héritage du passé colonial. Autour, dans les contrées voisines, on cause français. « La moitié des pays africains sont francophones. Pas nous.

C'est pour cela que j'ai voulu l'apprendre. J'en rêvais. »

 

PATRICIA GUIPPONI

pguipponi@midilibre.com

 

À LA LOUPE

 

En chiffres

220 millions de personnes parlent français dans le monde, soit 3% de la population. 60% d'entre eux ont moins de 30 ans. Treize états l'ont comme langue officielle et seize comme langue co-officielle. On compte 87,5 millions de francophones en Europe (où c'est la deuxième langue la plus pratiquée) ; 33,6 millions en Afrique-du-Nord et au Moyen-Orient ; 79,1 millions en Afrique subsaharienne et dans les pays de l'Océan indien, 2,6 millions en Asie.

 

 

Source : Midi Libre du samedi 22 mars 2014

 

 

 

 

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