François
Asselineaua
été l’invité deChristophe
Hondelattesur
la toute nouvelle chaîne de télévisionNuméro
23 sur la TNT.
Le président de l’UPR
a été invité à débattre de la loiFioraso,
et des menaces que son article 2 fait peser sur la langue
française, face à Bruno Sire, président de l’université
Toulouse I.
Ce débat d’un peu plus
de 30 minutes a été enregistré dans les conditions du direct
et a été diffusé dans le cadre de l'émission « Hondelatte
Dimanche » qui dure 90 minutes.
Outre Christophe
Hondelatte, qui animait le débat, trois autres intervenants
se sont mêlés aux échanges :
- la romancière
française d’origine camerounaiseCalixthe
Beyala ;
- le journaliste et essayisteJoseph
Macé-Scaron, directeur adjoint de l’hebdomadaire
« Marianne », et directeur du mensuel « Le Magazine
Littéraire » ;
- le rappeur, producteur, écrivain et président de
« Banlieues Actives » d’origine togolaiseRost(qui
a été proche du PS et de François Hollande et s’en est
éloigné).
Comme pourront le voir
les téléspectateurs dimanche soir (à 22h30), ces trois
intervenants se sont rangés peu ou prou aux arguments
développés par François Asselineau, laissant bien isolé le
président de l’université Toulouse I. Le président de l’UPR
a d’ailleurs eu un spectaculaire mot de la fin.
Numéro 23 est une
chaîne de télévision thématique nationale française et
gratuite appartenant à la société Diversité TV France,
initialement consacrée à toutes les diversités (ethniques,
religieuses, culturelles, politiques). Elle a commencé sa
diffusion le 12 décembre 2012 sur le canal 23.
Source : Émission
« Hondelatte
Dimanche », sur la chaîne 23,
le dimanche 2 juin
2013
Anglais à l'université : «
une nécessité vitale » pour
Bruno Sire
La loi Fioraso, votée à
l'Assemblée nationale le
28 mai 2013, donne la
possibilité aux
universités d'intégrer
des cursus en anglais.
Bruno Sire, président de
l'université de Toulouse
1 Capitole, fait partie
des défenseurs farouches
de la mesure.
Pour
quelles raisons
êtes-vous convaincu par
l'introduction de cours
en anglais à
l'université ?
C'est une nécessité
vitale pour la recherche
et une mesure
indispensable pour la
réussite des étudiants
dans un monde globalisé.
Parmi les missions de
l'université, il y a la
recherche, la formation
et aussi l'insertion
professionnelle. Ce
dernier point concerne
nos doctorants : nous
devons les préparer à
s'insérer dans des
réseaux internationaux.
Pour qu'ils puissent
diffuser les résultats
de leurs recherches, une
langue véhiculaire
commune est
indispensable. Autrefois
ce fut le latin, demain
ce sera peut-être
l'espagnol ou le
chinois... Aujourd'hui
en tout cas c'est
l'anglais. Je suis donc
pragmatique : nous
devons préparer nos
étudiants en Master à
faire des doctorats dans
de bonnes conditions. Et
pour acquérir un
vocabulaire de
spécialiste,
c'est-à-dire être
capable de comprendre et
de communiquer sur la
scène internationale, le
plus efficace c'est que
les chercheurs assistent
à des cours et à des
conférences en anglais.
Si nous ne le faisons
pas, la recherche
française décrochera.
Comprenez-vous les
réactions hostiles
suscitées par
cet article 2 du
projet de loi sur
l'enseignement supérieur
et la recherche ?
Les
opposants ont fait
des amalgames et
confondu les choses. Le
combat pour la culture
française, j'y souscris
pleinement. Je suis
moi-même très fier de la
culture humaniste de
notre pays et je sais
combien la langue est
importante pour
construire une culture.
Quand nous instaurons
des cours et filières en
anglais au sein de mon
université, ce n'est pas
que nous n'aimons pas la
culture française, mais
c'est que nous devons
préparer nos étudiants à
s'insérer au mieux dans
la vie professionnelle.
Le combat pour la
culture est légitime
mais le champ de
bataille n'est pas le
bon ! Il faut plutôt
travailler à la
diffusion de la langue
française, en agissant
notamment à
l'international par le
biais des lycées
français à l'étranger ou
en renforçant par
exemple les moyens de
l'Agence universitaire
de la francophonie (AUF).
Il faut aussi se battre
pour que les concepts et
les mots nouveaux soient
traduits le plus vite
possible en français et
que cette traduction
figure dans le
dictionnaire.
Actuellement, la France
a un temps de retard :
il n'est pas possible
d'attendre cinq ans que
l'Académie Française
nous donne une
traduction. Je l'invite
donc à balayer devant sa
porte avant de
critiquer. Enfin, dans
les collèges et les
lycées, il faut mener le
combat de
l'apprentissage du
français. Il est
important de réapprendre
les classiques et de
lire Ronsard, Montaigne
ou encore Victor Hugo !
Le français ne peut-il
pas être une langue
internationale, comme
semble le penser le
philosophe Michel Serres
?
Ça ne se décrète pas !
Il l'a été, mais dans
les faits il l'est de
moins en moins. La vraie
question est la suivante
: combien de citoyens
pratiquent le français
aujourd'hui ? La réalité
c'est que l'anglais est
aujourd'hui la langue la
plus communément
utilisée et que demain
ce sera peut-être le
mandarin. En utilisant
l'anglais, seule langue
aujourd'hui en mesure de
rivaliser avec le
mandarin parlé par 1,5
milliard d'individus,
nous préservons la
culture européenne. Si
demain nous parlons
chinois dans le monde
des affaires ce ne sera
plus le cas.
Tous les enseignants
chercheurs sont-ils
capables de faire des
cours en anglais ?
La question n'est pas
là. Il ne s'agit pas de
faire parler anglais les
enseignants qui
maîtrisent mal la
langue. La loi offre
juste une possibilité à
ceux qui la maîtrisent
de s'en servir. Dans mon
université, 10% du corps
professoral est
étranger. La plupart ne
parlent pas suffisamment
bien le français pour
faire cours. Un
professeur russe qui
vient à Toulouse faire
de la recherche,
maîtrise en général
mieux l'anglais que le
français. Si je l'oblige
à faire des cours en
français, il ne viendra
tout simplement plus
enseigner en France et
nous serons tous
perdants.
« En utilisant
l'anglais, seule langue
aujourd'hui en mesure de
rivaliser avec le
mandarin parlé par 1,5
milliard d'individus,
nous préservons la
culture européenne. » En
conclusion, monsieur
Bruno Sire a une vision
très « choc des
civilisations » du
monde, vision
néoconservatrice,
majoritaire dans les
élites
socio-politico-économiques.
Mais la langue anglaise,
ce n'est pas la défense
de la culture
européenne. La langue
anglaise, c'est la
défense des intérêts des
États de langue
anglaise, en premiers
É-U-A et RU.