COMBAT  POUR  L'EMPLOI 

 DU  MOT  « COURRIEL »

 

Pour participer à la diffusion du mot « COURRIEL » 

et à l'élimination, dans leur sens anglais,

des mots "mail" et "e-mail",

voici deux types d'action que nous vous proposons de faire :

 

1- Opération « Poster sans timbrer »

2- Opération « Messages courriellés »

 

 

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 Qu'on se le dise un « MAIL » en français,

c'est un passage, une promenade publique...

 

 

 

et  l'« EMAIL », c'est le vernis appliqué sur certains ouvrages d'or et d'argent, sur des céramiques, sur des casseroles, etc.

C'est aussi l'élément protecteur de nos dents.

 

 

   

 

COURRIEL, SACREBLEU !

 

Il est difficile de croire, dans un monde dominé par le « Micromou » de M. Guillaume Desportes (alias Bill Gates), que l'ordinateur personnel est dû à un Français, d'origine vietnamienne d'ailleurs. Tel est le prestige de la force brute. La Toile, elle, s'est bien développée pour répondre aux besoins de l'armée américaine. De mauvais esprits pourraient certes prétendre que son usage civil a d'abord été le fait d'individus peu sociables, vissés devant leur écran pour ne point sortir de chez eux. Qu'un pays sans cafés préfère, aux contacts humains directs, une « communication » désincarnée. Cependant, il n'est pas niable que la messagerie électronique représente aujourd'hui un outil commode, rapide et relativement fiable, sinon toujours synonyme de confidentialité.

Mais comment désigner ces messages que nous échangeons à foison, au point d'en inonder nos connaissances, et jusqu'à nous y perdre nous-mêmes ? L'anglais « e-mail », abréviation de « electronic mail », suivant une logique (déterminant-déterminé) inverse de la nôtre, une terminologie française s'impose. Or c'est dans une telle situation, lorsqu'un terme étranger, soutenu par une logistique commerciale agressive, tend à inonder les murs et les oreilles, que se manifeste l'intérêt d'une politique linguistique du français, appuyée sur une idée claire du but à atteindre, et sur un plan efficace pour y parvenir. En l'occurrence, il faut bien dire que nous avons assisté à un ratage, certes rattrapable, mais dû, il faut bien le voir, à une absence de sens stratégique. Nous ne sommes plus au temps où l'on pouvait mettre en circulation « ordinateur » sans craindre « computer ». La publicité, les médias, nous bombardent quotidiennement d'anglo-américain mal digéré ou mal traduit. Un snobisme irréfléchi, détournant de façon perverse le sens de la mode et l'esprit frondeur, pousse à capituler, à se couler dans un moule avant d'avoir compris ce qui était en jeu. Il faut dire également que les compétences et la réactivité nécessaires ne sont pas faciles à réunir, entre ceux qui ne voient pas, ou feignent de ne pas voir, le pouvoir des mots, et ceux des linguistes qui nous expliquent qu'on parle tout sauf français en France. Toujours est-il qu'en l'occurrence, la Commission ministérielle de terminologie de l'électronique a cru bon de recommander l'emploi de « mél », abréviation supposée de « messagerie électronique ».

Certains objecteront que ce n'est pas ainsi que se forment les abréviations dans notre langue. Là n'est pas le plus grave. «aMél », certes, est monosyllabique, alors que la forme canon en français est bisyllabique (métro, boulot, dodo, télé, ciné) Mais surtout, le terme étant nouveau, il se passe ceci : l'interlocuteur demande de répéter, puis comprend, et s'écrie « Mél ? Ah, oui, ii-mél ! ». Résultat : un coup pour rien. Moins drôle encore : qui ne se souvient du mail de la ville de son enfance, de l'automne où l'on ramassait les marrons, de la foire-exposition, avec ses bâtons de réglisse et ses petits pains d'épices…Eh bien, aujourd'hui, dans la ville nouvelle de Cergy-Pontoise, certains prononcent « mé-ile ». Plus colonisé, tu meurs !

Or nos amis Québécois, plus grands et plus précoces utilisateurs de la Toile que les Français, ont trouvé dès le début le terme qui convient : courriel. Le mot est bien formé, rime avec ciel, Gabriel…et se prête à la formation de dérivés, comme « courrielleur ». Pourquoi diable chercher plus loin ? Pourquoi, surtout, diviser nos forces, alors qu'il s'agit déjà, au départ, de lutter à contre-pente, de remonter le courant ? À croire qu'au pays de Descartes, le bon sens n'est pas la chose du monde la mieux partagée. Alors qu'il est ici la première qualité nécessaire, à mettre au service d'une volonté.

Qu'on nous comprenne bien : il n'y a ici ni fermeture, ni « crispation ». Toute langue, et la nôtre éminemment, vit d'emprunts, à condition qu'ils apportent quelque chose d'utile, et ne brident pas sa créativité propre, en répandant, de façon peu innocente, l'idée selon laquelle seul l'anglais serait capable de désigner les réalités nouvelles et d'exprimer la modernité.

Mais les Francophones, comme les autres, doivent garder la maîtrise de leur découpage du réel, de leur choix des concepts, et de la manière de les exprimer.

 

Denis Griesmar

 

 

 

 

 

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