Sujet :

 Une Française contre le français !

Date :

14/11/2007

Envoi d'Aleks Kadar  (courriel : aleks.kadar(chez)free.fr)     

Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez « chez » par « @ ».

 

Tolstoï devrait-il se retourner dans sa tombe s'il entendait cela ? Le croirait-il, que malgré tout, un acteur russe aussi a joué dans le téléfilm, en compagnie d'acteurs français et allemands.

Mais le tournage était - « naturellement », coproduction européenne réunissant 14 nationalités oblige - en anglais, et ... « L’acteur russe qui joue Nicolaï, et avec qui j’avais de nombreuses scènes, lui, ne parlait pas du tout anglais. Il a appris son texte de manière phonétique ».

L'actrice française, elle, n'a pas eu de problème, étant « parfaitement bilingue ». Bizarre, je ne comprends pas pourquoi maîtriser parfaitement l'arabe, l'italien ou l'espagnol aide à tourner en anglais. À moins que bilingue, pour le journaliste, signifie forcément « bilingue anglais » ?

En tout cas, une excellente réaction a été écrite sur le site du Point. C'est assez rare pour être souligné.

D'autres réactions sont possibles en ligne sur le site. Pour soutenir le premier commentateur. Qui ferait bonne figure sur cette liste. Il (ou elle ?) est d'ailleurs peut-être déjà membre d'associations de défense du français.

AK

 

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Épisode 2, ce soir à 20 h 50 sur France 2

« Guerre et Paix » : brève rencontre avec Clémence Poésy
 

Une « Française » contre le français !

 

Pour son premier grand rôle à la télévision, Clémence Poésy incarne Natacha de Guerre et paix . Entretien avec une actrice prometteuse qui soufflera ses 25 bougies le 30 novembre prochain.

Épisode 2, ce soir à 20 h 50 sur France 2

Dès l’âge de 14 ans, Clémence Poésy montait sur les planches dans la troupe de son père, la compagnie du Théâtre de sable. Parfaitement bilingue, elle prend dans sa carrière un virage international en 2005 lorsqu’elle incarne le rôle de la magicienne Fleur Delacour dans Harry Potter et la coupe de feu. La voici dans les habits de la Natacha de Guerre et Paix, un rôle pour lequel elle fut choisie de préférence à une concurrente italienne, poussée par la RAI.

Le Point : Comment avez-vous préparé ce rôle de Natacha ?

Clémence Poésy : Après avoir passé l'audition et des essais en Italie, j’ai tout simplement lu « Guerre et Paix ». J’ai annoté le livre et j’ai reporté mes annotations sur le scénario de manière à disposer de ce sous-texte pour jouer Natacha. C’est assez rare d’avoir accès à la voix intime d’un personnage. J’ai tenté de retenir en moi les phrases de Tolstoï.

Le Point : L’équipe de tournage comprenait près de 14 nationalités différentes. En quelle langue avez-vous tourné ? Est-ce que cette tour de Babel cinématographique vous a posé des difficultés ?

Clémence Poésy : Nous avons tourné en anglais. Ça m’a plutôt donné l’impression d’être plus libre. Comme si j’avais revêtu un masque de la commedia dell’arte. Sous un masque, c’est bien connu, on s’autorise plus de choses. J’angoissais beaucoup d’ailleurs à l’idée de devoir doubler la saga en français. Cela m’a pris quatre jours et une semaine pour la post-synchronisation. Personnellement, cela me frustre toujours un peu d’avoir à poser ma voix sur mon jeu. En studio, on ne retrouve pas forcément les sensations saisies sur un tournage. Pour d’autres acteurs, l’anglais était moins évident. Ce fut le cas pour l’Allemand Alexander Bayer, qui joue Pierre Bezoukhov. Il a énormément travaillé en amont du tournage pour fluidifier son anglais. L’acteur russe qui joue Nicolaï, et avec qui j’avais de nombreuses scènes, lui, ne parlait pas du tout anglais. Il a appris son texte de manière phonétique. En fait, ça ne m’a posé aucun problème.

Le Point : N’avez-vous pas le sentiment que cette version paneuropéenne de « Guerre et Paix » manque un peu de slavitude ?

Clémence Poésy : Ce n’est pas très étonnant, la Russie aristocratique à l’époque de Tolstoï vivait à la française. Les nobles partaient faire leurs études à Paris. La langue française était le signe distinctif de la noble extraction. Au fond, le personnage le plus slave, c’est Natacha. Son caractère est le plus excessif, à la fois dans le tourment et l’emballement.


Emmanuel Berretta

 © Le Point.fr
 

Source : Le Point.fr, mardi 13 novembre 2007

Possibilité de réagir sur :

http://www.lepoint.fr/content/medias/article.html?id=209721

 

 

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 RÉACTIONS de Possumus

Surréaliste (mardi 13 novembre)
 

Reprenons : Tolstoï écrit un des grands chefs-d'œuvre de la littérature mondiale. Le livre est bien sûr écrit en russe, mais aussi pour une part en français. L'histoire concerne au premier titre les Russes et les Français qui combattent les Russes par ailleurs francophiles. Un siècle et demi plus tard, des producteurs européens demandent à un cinéaste américain de tourner l'histoire. On gomme le côté francophile du roman (lire l'interview récente du producteur dans Le Point, qui déclare benoîtement qu'être russe adversaire des Français et francophile en même temps c'est trop difficile à comprendre pour le spectateur !), on modifie l'histoire : D'une immense fresque sur les passions humaines dans la tourmente de la guerre, on ne retient qu'une histoire d'amour.

Pas un acteur russe dans l'affaire et la petite Française qui joue le premier rôle se trouve heureuse de ne pas jouer en français mais plutôt en anglais. Suggestion au Point : pourquoi continuer à publier ce magazine dans cette langue obsolète qu'est le français ? Passez à l'anglais, les acteurs français se sentiront plus libres pour vous répondre..



 RÉACTIONS de Sophie

l'anglobéatite aigue (mercredi 14 novembre)

 

 Mlle Poésy se sent libre en tournant en langue anglaise. Et elle angoisse avec la langue française, sa langue maternelle ! Ou elle pense que son jeu est médiocre, qu'elle manque d'intonation, et qu'en tournant dans une langue étrangère, le public (de cette langue) sera indulgent. Il lui aurait donc fallu une doublure en français !

Mais je ne pense pas que ce soit le cas de la « Fleur » d'Harry Potter ! Je pense qu'il s'agit de quelque chose de plus grave : elle est atteinte du virus, un sale virus qui sévit en ce moment sur notre continent européen : l'anglobéatite aigue ! C'est grave, très grave : le malade est persuadé que l'anglais est la meilleure des langues, la seule digne au monde d'exister. Il prend en horreur sa propre langue, a honte d'elle et pense qu'elle doit cesser d'exister au profit de l'anglais, langue unique de la Terre.

On l'appelle l'anglo-béat. Il est contagieux, méfiez-vous. On peut le guérir de plusieurs façons. D'abord, lui redonner l'amour et l'orgueil de sa langue et de sa culture, lui faire découvrir que d'autres langues et d'autres cultures existent aussi, plein d'autres. Si c'est insuffisant (ça l'est souvent), on emploie un médicament plus fort : l'argent ! On lui apprend que l'anglais nous coûte cher (en temps aussi) et que le natif de cette langue gagne par contre beaucoup d'argent sur son dos (18 milliards d'euros pour la Grande-Bretagne). On peut rajouter que l’anglophone natif avec qui il est si fier de parler en anglais, rigole bien, une fois qu'il a le dos tourné de son accent, de ses fautes, de son manque de vocabulaire, et de la facilité avec laquelle il lui a imposé son point de vue (ou son contrat inintéressant).

Allons, courage, soignons-les, et surtout ne nous laissons pas contaminer !

 

 

RÉACTIONS de Skirlet

Incroyable (mercredi 14 novembre)

 

  D'origine russe, je suis indignée par les propos de l'actrice. Elle est plus « libre » de tourner en anglais, l'idée de doubler en français (sa langue maternelle, paraît-il) l'horrifie... Tolstoï aurait dû écrire son livre directement en anglais, n'est-ce pas, pour lui donner plus de galons ? Je ne sais pas si l'actrice recevra une récompense pour son rôle, mais elle est déjà bonne pour recevoir le titre de Carpette anglaise. (En supplément : je me demande, pourquoi en France une excellente réalisation de Sergueï Bondartchouk n'est pas du tout connue...)

 

 

 

 

 

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