Sujet :

Francophonie et Europe, le divorce n’est pas consommé, mais… !

Date :

23/03/2013

Envoi d'Aleks Kadar  (courriel : alekska(chez)gmail.com)  

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L'Europe et la langue commune

À un moment donner, il est dit dans l'article qui suit :

« C’est qu’il y a 23 langues officielles au sein de l’Europe des 27 et que la lingua franca est devenue l’anglais pour des raisons bien connues. »
Intéressant serait de poser à l'auteur de l'article, la question : « Quelles raisons bien connues ? »

AK

 

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Francophonie et Europe, le divorce n’est pas consommé, mais… !

UE, PRISON

L'Europe, ou l'enchaînement à l'anglais ?

Illustration mise par l'Afrav

 

En ce jour de la Francophonie – dont la notion même se veut un acte de foi dans la dimension à la fois communautaire et universelle de notre langue – faisons le bilan de la politique de promotion du Français dans les institutions européennes. Comment se porte la langue française au Parlement européen, à la Commission ou au Conseil européen ?

Eh bien ! Cela ne va pas très fort. La grande césure a été l’entrée en 2004 et en 2007 de dix nouveaux États d’Europe centrale et orientale, de la Pologne à la Lituanie en passant par la Slovaquie et la Slovénie. On aurait pu imaginer que leur arrivée dans l’UE contribuerait à  "booster" l’usage du français dans les institutions européennes. Leurs élites, d’une certaine génération, sont pétries de culture française. En Roumanie et en Bulgarie, le français est en outre, sinon parlé couramment, au moins lu et compris par un pourcentage non négligeable d’habitants.

Pourtant, c’est à un déclin de l’usage du Français auquel on assiste :

- Le français comme langue source des documents produits par les institutions européennes est passé de 40% en 1990 à moins de 6% aujourd’hui. Tandis que les documents initialement rédigés en anglais passaient quant à eux de 45 à 80%.

- Les conférences de presse de la Commission, traditionnellement en français, se font maintenant en anglais. C’est d’ailleurs dommage que JM Barroso, Président de la Commission européenne et parfait francophone, estime devoir s’exprimer à présent dans un anglais qu’il maitrise moins bien !

- "Last but not least", la place du français dans le Service européen d’action extérieure commune dirigé par la Britannique Catherine Ashton, est réduite à la portion congrue, alors que le français est en principe l’une des deux langues de travail de la Politique étrangère européenne.

C’est qu’il y a 23 langues officielles au sein de l’Europe des 27 et que la lingua franca est devenue l’anglais pour des raisons bien connues. Umberto Eco a écrit « la langue de l’Europe, c’est la traduction »… C’est à moitié vrai. Certes dans les réunions officielles et au Parlement européen – là où le multilinguisme est respecté - les responsables européens peuvent s’exprimer dans leurs langues, via le service de traduction. Mais dans les réunions de ministres, par commodité, on parle en fait souvent anglais.

Aussi, au-delà de la Francophonie, nous nous sommes « résignés » à défendre le plurilinguisme, avec un certain succès d’ailleurs. Par exemple, nous proposons aux responsables politiques et fonctionnaires européens des programmes linguistiques. Nous encourageons des réseaux francophones, comme celui des ambassadeurs francophones à Bruxelles. Nous veillons enfin à imposer le plurilinguisme comme critère majeur d’évaluation aux concours d’accès à la fonction publique européenne.

N’est-ce pas un peu tard ? Car nous avons commis plusieurs péchés originels :

- D’abord, nous avons absurdement refusé que le siège de la Commission européenne soit à Paris, simplement que Pierre Pflimlin, maire de Strasbourg – et dernier Président du Conseil de la IVème République – s’opposait à ce choix au profit de sa ville !

- Le deuxième rendez-vous manqué tient au fait que nous n’avons pas assez resserré nos liens avec nos nouveaux partenaires d’Europe centrale et orientale. Résultat : en Pologne par exemple, l’enseignement du français touche 175 000 personnes, loin derrière l’apprentissage de l’anglais et de l’allemand qui chacun concerne plusieurs millions de personnes. L’Allemagne a été notamment infiniment plus attentive que nous aux relations économiques et politiques avec ces pays.

- Enfin, j’espère que nous n’allons pas manquer un troisième rendez-vous concernant Strasbourg où siège le Parlement européen. Déjà je regrette que Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, lorsqu’ils ont promu la création du Conseil européen en 1974, n’aient pas pensé à l’installer à Strasbourg, ville frontière entre l’Allemagne et la France. Mais je trouverais encore plus désolant que la France renonce au siège du Parlement. Le Luxembourg accueille, comme Bruxelles, plusieurs institutions européennes et jamais ce petit pays n’a songé à y renoncer !

Tout n’est pas négatif. La Francophonie, même en Europe et à travers Erasmus par exemple, reste une valeur sûre. Comme plus largement la culture française. Mais il faut se ressaisir et faire en sorte que nos universités soient des lieux d’excellence et d’accueil des meilleurs étudiants étrangers et que les lycées français, ces trésors de la Francophonie, aient les moyens de prospérer.

Soyons malgré tout réalistes et à ceux qui pensent que la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne permettra au français de remplacer l’anglais au sein des institutions européennes, je dirais : "forget it" !

 

Noëlle Lenoir

noelle.lenoir@ceuropeens.org

 

 

 

Source : blogs.lexpress.fr, le mercredi 20 mars 2013

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