Sujet :

Processus de colonisation : My English is poor !

Date :

26/10/2007

Envoi d' Anna-Maria Campogrande  (courriel : anna-maria.campogrande(chez)skynet.be)

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Le Nouvel Observateur complètement rangé dans les rangs d’une France bilingue. C’est lamentable !

Aucune lueur d’esprit critique, aucune objection, à quatre pattes devant le pouvoir économique dominant !

Elles s’y sont mises à deux pour accomplir cette capitulation sans conditions !

Il n’est même pas passé par l’esprit de Caroline Brizard et de Véronique Radier qu’il y a d’autres langues européennes, anciennes et modernes, que les enfants pourraient, plus avantageusement, apprendre à l’école et que si, après plusieurs années d’efforts, personne, ou presque, ne parle l’anglais ce n’est pas, nécessairement, de la faute des enseignants et encore moins des enfants mais de la langue qu’on veut leur apprendre : l’anglais.

Si l’anglais n’était pas l’objet d’une propagande acharnée, s’il ne nous était pas imposé à la cravache, personne ne voudrait l’apprendre. Il est évident que les jeunes, suivant des inclinations personnelles, se tourneraient plutôt vers l’italien, l’espagnol, le français, l’allemand, qui jouissent de qualités plus attachantes, l’épaisseur culturelle, la rigueur logique, le charme, la réjouissance et l’agrément.

Personne, de son initiative, n’irait choisir une langue imprononçable et phonétiquement incompréhensible, dépourvue de clarté, dans le sens large du terme, et de précision. Une langue qui a provoqué des dizaines d’accidents d’avion du fait de l’incompatibilité entre sa prétention à jouer le rôle de langue de l’aéronautique et son inaptitude à le jouer. C’est là le malheur avec l’anglais un ambition démesurée, universelle, totalement au dessus de ses capacités qui va nous créer encore plein de problèmes avant que l’on arrive à comprendre et à oser dire que le roi est nu !

Anna Maria Campogrande

 

 

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L'Europe impose pourtant un niveau en langues à l'école
My English is poor !

Faire de la France un pays bilingue ? C'est la promesse de Nicolas Sarkozy. Pour l'instant, cependant, nos bacheliers peinent à articuler trois mots. Or la nécessité de parler anglais touche désormais presque tous les métiers.

"God help our President...", il va en avoir besoin. Car Nicolas Sarkozy nourrit un projet ambitieux, faire de la France une « nation bilingue ». Vaste chantier, alors que nos lycéens ont du mal à articuler trois mots. Preuve par l'exemple. Voici un cours d'anglais d'une classe de terminale SMS (sciences médico-sociales) dans un établissement de l'Essonne. Thème du jour : l'esclavage. Le professeur a bien préparé sa séance. Elle commence par un extrait de film où l'on voit des Noirs échangés contre des armes et cruellement précipités à fond de cale par des marchands espagnols. Puis la jeune femme lance la discussion. "What do you know about slavery ?", demande-t-elle. Personne ne moufte. Un élève hasarde un mot : 'Horror". "Make a sentence phase", demande le professeur. Le silence retombe. « Après sept ans d'anglais, ces terminales peinent à faire une phrase... ! », se désole-t-elle après la séance. Une exception malheureuse ? Pas vraiment. « Dans toutes les sections, on est régulièrement confronté à des élèves qui ont fait des années d'anglais et qui parlent très mal », reconnaît un professeur au lycée Ampère, à Lyon.

En 2002, l'évaluation des compétences en anglais chez les élèves de 15 à 16 ans dans sept pays européens nous a classés bons derniers. Le fait n'est pas nouveau. On déplore notre retard depuis des années, mais jusqu'ici aucune mesure n'a été efficace. Pis, nous avons même reculé par rapport à nos voisins. «aNos étudiants en langue n'ont parfois même pas le niveau attendu pour les élèves de cinquième selon le nouveau cadre européen », constate un enseignant-chercheur à l'université de Lille. Car aujourd'hui l'Europe ne nous laisse plus le choix. Depuis 2000, les pays membres de l'Union ont adopté un cadre commun afin que tous les petits Européens apprennent à se « débrouiller » dans au moins une langue étrangère. À l'écrit comme à l'oral, avec des évaluations précises à la clé. La France se met enfin en conformité avec ces exigences. À partir de 2008, les langues sont au menu du brevet des collèges, au contrôle continu, à l'oral comme à l'écrit. Avec en tête l'anglais, étudié par 97% des élèves. On va apprendre à parler la langue de Shakespeare pour de vrai ? « C'est une révolution copernicienne ! », s'exclame un inspecteur d'académie.

François MonnanteuilMais pourquoi sommes-nous si mauvais ? « Les élèves n'osent pas prendre la parole de peur de se tromper. Ils ne veulent pas prendre de risques », analyse François Monnanteuil, doyen du groupe des langues à l'Inspection générale. Un constat qui vaut pour tout le système éducatif, qui ne donne pas assez confiance aux élèves et ne leur apprend pas à prendre la parole en public.

Il faut dire que ce qu'on leur propose n'est pas toujours exaltant. Depuis 1997, les programmes insistent bien sur l'entraînement à l'oral, mais il semble que ces instructions soient peu prises en compte. Certes, on rencontre de magnifiques exceptions, notamment au collège. Des enseignants qui, tels des metteurs en scène, font dialoguer leurs élèves entre eux, leur font jouer des rôles et qui n'emploient que l'anglais pendant leur cours. Ceux-là sont des pionniers. Ils inventent le métier de demain. Mais la plupart des professeurs, passés par ces concours où l'excellence littéraire pèse bien plus lourd que l'aisance dans la langue étrangère, en sont restés à des méthodes élitistes et figées. « J'ai des collègues qui commencent systématiquement l'année par de fastidieuses révisions grammaticales », rapporte un professeur d'un lycée parisien. Maîtriser la liste des verbes irréguliers, oui. Les employer dans une conversation ? Plus tard ! Et ils s'emploient à enseigner l'anglais comme une langue morte. Un : lecture d'un texte savant. Deux : réponses aux questions par écrit. « Ca n'apprend pas à se débrouiller dans la vie quotidienne », regrette Marie, traductrice, qui a dû tout reprendre à zéro pour réussir ses études. Certes, la faute n'en incombe pas exclusivement à l'école. « Dans les pays d'Europe du Nord, l'exposition aux langues étrangères via la télévision est plus forte qu'en France », rappelle François Monnanteuil.

La situation n'en est pas moins dramatique. Car si l'école ânonne, le marché du travail, lui, est déjà largement bilingue. Du haut en bas de la pyramide, et dans tous les métiers, l'anglais est devenu indispensable, que l'on soit informaticien, juriste, comptable, hôtesse d'accueil ou patron d'une PME. Ne pas le maîtriser devient un facteur d'exclusion, un marqueur social. La mondialisation galope, et l'anglais gagne tous les jours un peu plus de terrain. Dernier exemple en date : les brevets déposés ne seront plus traduits de leur langue d'origine.

Dans le supérieur aussi, les inégalités se creusent autour de l'anglais. D'un cote, les grandes écoles mettent le paquet pour stimuler le niveau de leurs élèves et faire du bilinguisme la règle. Ainsi, Jean-Philippe Ameux, directeur de l'IESEG, une grande école de commerce, propose depuis trois ans la possibilité de suivre tout le cursus en anglais. Le succès a été tel que près de 100% des élèves choisissent désormais cette option. Il raconte : « Une bonne partie de nos profs n'étaient pas en mesure d'enseigner leur matière en anglais. Nous avons donc recrute beaucoup a enseignants étrangers, des Australiens, mais aussi des Grecs, des Italiens, des Turcs, plus à l'aise dans cette langue ! » En revanche, à l'université, on est encore loin du compte. Pour décrocher un master (bac+5), on doit en principe avoir la maîtrise d'au moins une langue étrangère. « Mais dans bien des facs rien n'a encore été mis en place », regrette Jean- Yves Conac à l'université d'Évry. Alors que c'est possible. À Évry, justement, l'université met gratuitement à la disposition de ses étudiants tout un panel d'outils : logiciels d'autoformation, stages de remise à niveau et validation des niveaux, avec le fameux TOEIC ( Test Of English for International Communication ). Et ça marche.

En attendant, pour avoir ses chances à l'entrée des meilleurs cursus, c'est le règne de la débrouille. « Je veux faire une école d'architecture à Bruxelles où la troisième année est entièrement en anglais. Je suis obligé de me préparer par moi-même », explique ainsi Victor Gamard, en terminale ES à Tours. Ses parents lui paient une formation dans un organisme privé : le Wall Street Institute. « Nous avons de plus en plus de demandes de lycéens ou même de collégiens », assure Dominique Lebœuf, directeur France. D'autres choisissent la formule « à nous les petites Anglaises » ou iront trimer dur dans des restaurants londoniens...

Que nous propose le gouvernement pour faire de nos lycéens de parfaits bilingues ? Quelques mesures de bon sens. Au lycée, plusieurs séries du bac, dont la prestigieuse S, ne comprennent pas d'oral obligatoire en langue. Ahurissant ! Cela va changer, avec la rénovation entamée du baccalauréat. L'étude des langues devrait débuter dès le CEI. Problème : l'immense majorité des professeurs dans le primaire n'a pas les qualifications ad hoc. Et selon la dernière étude du ministère, « seul un élève de CM2 sur douze atteint les objectifs attendus ». D'autre part, les concours de recrutement des profs de langue, totalement à côté de la plaque, n'ont pas bougé depuis des décennies, et leur formation continue reste soumise à la bonne volonté de chaque académie.

Bouleverser un siècle de pratiques ne s'improvise pas. Ça freine et ça patine. Si les programmes du collège ont été entièrement revus en 2005, avec de nouveaux manuels bien plus vivants - scènes à commenter, beaucoup de situations concrètes, des CD d'accompagnement -, « un élève sur deux seulement, en 6e et en 5e, travaille avec un manuel conforme aux nouveaux programmes », constate Pascale Gélébart, du Syndicat national de l'Édition. Bien des enseignants, campés sur une haute conception de leur mission, se braquent, « comme si, dans le cadre des nouveaux programmes, nous nous contentions de vouloir enseigner l'anglais d'aéroport ! », s'exclame François Monnanteuil. Les agrégés en particulier. Si le collège a entamé sa mue, le lycée, lui, vit encore au XIXe siècle.
 

Caroline Brizard, Véronique Radier

Le Nouvel Observateur

 

Source : hebdo.nouvelobs.com, le jeudi 25 octobre 2007

http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2242/articles/a357579-.html

 

 

 

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Réflexion de Charles Durand :

L'article que vous nous avez fait suivre est une preuve de plus de la sclérose des services de presse français qui s'efforcent de propager la propagande anciennement déclenchée par la génération des dirigeants actuels qui tardent a prendre leur retraite et pour lesquels les pays anglo-saxons, et plus particulièrement les États-Unis, représentent toujours le pole de toutes les vertus, de tous les progrès, de toutes les compétences et du dynamisme toujours renouvelle.

La période de l'après-guerre a engendre de vrais « convertis » au système et a la langue des États-Unis qui furent, pour un temps, les « plus beaux » et les «ameilleurs ». Pour avoir quelque chance de les imiter, il fallait les étudier, dans leur langue bien entendu, les admirer et propager leur idéologie. Je ne prétends pas corriger les excès de cette vieille génération qui se fossilise sur des croyances désormais désuètes. La langue anglaise n'est propagée actuellement que parce que nos politiciens poussiéreux et nos universitaires ignorants, et qui ne connaissent pas d'autres langues étrangers que l'anglais, n'arrivent pas, fautes de repères suffisants, à évaluer correctement l'évolution de la sphère anglophone et a projeter dans l'avenir ses conséquences prévisibles. Les universités étasuniennes d'aujourd'hui ne sont plus que la pale copie de celles d'il y a trente ans sur un fond d'enseignement primaire et secondaire extrêmement médiocre, totalement ignorant des nouvelles réalités du monde. À l'exception de quelques pôles, les États-Unis accusent des retards dans l'usage de nombreuses techniques. C'est un pays qui est en train de s'appauvrir considérablement et la crise financière et monétaire internationale qui s'amorce aux yeux du grand public va petit a petit décrédibiliser le système économique étasunien qui a finance sa prétendue croissance sur une pyramide de dettes qui a été refilée a tous les gogos étrangers qui ont accepte une montagne de créances pourries car aveugles par leur admiration sans borne pour un pays qui les a exploite sans vergogne avant de leur faire comprendre qu'ils ne seront probablement jamais rembourses, si ce n'est en "monnaie de singe", imprimée par liasses sur la planche a billets...

La promotion de l'anglais, c'est l'adhérence attardée a tout un système de croyances favorables aux États-Unis et aux prétendues « valeurs » qu'ils sous-tendent. La vénération de l'anglais, comme celle du dollar, ne s'appuient actuellement sur aucun fondement solide si ce n'est celui d'un empire qui vacille sur ses bases. Ce sont bien sur actuellement les plus fervents des croyants et les pays satellites qui vont être les plus échaudés dans cette crise et qui se retrouveront inéluctablement plumes.

Ce qui m'étonne, c'est le conformisme actuel des "jeunes" qui suivent servilement les directives des anciens concernant la propagande anglo-saxonne qu'il relayent avec ferveur. On a certes besoin d'apprendre l'anglais en France... car les professeurs d'université en ont besoin pour lire les publications écrites en anglais par... leurs collègues de Paris ou de Strasbourg ! On en a besoin pour lire des manuels industriels rédiges en anglais a Belfort ou a Rocquencourt ! On en a besoin pour déchiffrer l'activité des grandes banques françaises en "asset management". On en a besoin pour rédiger des CV pour faire acte de candidature a des postes a Toulouse ou La Rochelle ! On en a besoin pour affirmer au monde qu'on est effectivement un pays satellite et fier de l'être alors que les langues de l'avenir sont le russe, le chinois et l'espagnol, entre autres. Tandis que nos crétins galonnes des ministères de l'éducation, des finances et de l'industrie prêchent pour plus d'anglais, les hommes qui construiront le monde de demain n'y accorderont plus qu'une importance secondaire, socialement non discriminante, et accorderont leur priorité aux langues dans lesquels on crée vraiment, pas dans lesquelles « on fait semblant ».

Excusez chère Anna-Maria, l'absence d'accents dans mon texte. Ici, à Hanoï, j'utilise un clavier QWERTY et, sans passer par l'intermédiaire d'un traitement de texte, l'éditeur de la messagerie hotmail ne me permet pas de les inclure facilement.

 

 

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Protestons :

quotidien@nouvelobs.com

cbrizard@nouvelobs.com

vradier@nouvelobs.com

 

 

 

 

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