Molière en anglais ! Je viens de publier (le 2 juin) un essai intitulé « Au-delà du non » (Éditions Ellipses). Dans cet essai, j'envisageais, dans un avenir assez lointain pour nos pauvres vies, mais très proche à l'échelle de l'histoire humaine (environ 50 ans), le risque qu'il y avait de voir un jour notre école enseigner les pièces de Molière dans la langue de Shakespeare. Je dois avouer qu'en écrivant cela, je voyais davantage une clause de style qu'une réalité palpable. Eh bien, pardi, je dois avouer que je n'avais pas prévu que mes prophéties allaient se réaliser si vite par la grâce d'institutions culturelles aussi franco-françaises que la Comédie française et sans que notre ministre de la culture trouve rien à redire ! J'en suis encore tout ébahi ! Et nous ne sommes pas un 1er avril !
J'ai assisté l'année
dernière, à l'Opéra Bastille, à la projection en deux parties du
film d'Abel Gance sur Napoléon sous le haut patronage de M. Jean Tulard
(qui fit un discours d'introduction remarqué). Comme le film était
muet, les paroles étaient inscrites comme pour un opéra, sur le côté,
mais elles l'étaient en français. Il y avait devant moi une Allemande
qui parlait fort bien notre langue et aussi des Américains (tous
admirateurs de Bonaparte, au demeurant, ce qui doit être signalé). La
salle était cosmopolite et néanmoins bonapartiste (les plus grands
admirateurs du bonhomme se trouvent en Russie et en Angleterre ...).
Personne n'a réclamé une traduction en anglais ou en allemand. Une
fois de plus, c'est en nous que se tapissent nos plus grands ennemis. Hervé Beaudin
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Lire la lettre de protestation de M. Albert Salon
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