Sujet : Le Forum Francophone International (FFI) existe, utilisons-le !
Date : 22/07/2004
De :   Albert Salon (albertsalon@noos.fr)


Le Forum Francophone International existe, utilisons-le !

     

Un « réseau amical de militants » couvrant les grandes régions de la Francophonie : voilà ce que nous suggère M. José Fontaine, Francophone de Wallonie qui part avec une saine humilité pour le Québec compliqué...

Eh bien ! Ce réseau, nous l'avons déjà ! On se demande pourquoi il n'est pas davantage utilisé et valorisé. Il s'agit du Forum Francophone International, créé les 6 et 7 octobre 2001 lors de « l'Appel de Villers-Cotterêts », lancé du balcon du château de François 1er où fut promulguée la fameuse ordonnance de 1539 sur la langue française remplaçant le latin comme langue commune des tribunaux et de l'administration royale. Appel à la solidarité des sociétés civiles francophones, lancé par de  nombreuses associations françaises de défense et promotion du français et de la francophonie (39 !...), avec des associations wallonnes, une bruxelloise, et une québécoise venue de la Nouvelle-France. Le tout sous la présidence d'un ancien recteur et ministre haïtien : M. Gérard Bissainthe, en présence de parlementaires français et d'un ancien ministre mauricien de la Culture, venu spécialement de l'ancienne Île de France : M. Joseph Tsang Mang Kin.

Il existe maintenant un FFI-Québec, présidé par M. François Gauthier, un FFI-Wallonie-Bruxelles, présidé jusqu'à récemment par le Professeur d'Université Alberto Barrera y Vidal, et un FFI-France que je préside. D'autres FFI sont en gestation lente.

Tous ceux qui ne savent pas bien ce que nous voulons et faisons peuvent aller sur le très riche site www.voxlatina.com, site « de la Latinité et de la Francophonie ». Ils verront que nous sommes bien vivants et équipés pour agir ensemble. Ils y liront le beau texte de l'Appel, et bien d'autres documents utiles. Il serait vraiment dommage, voire absurde, de vouloir, à grand peine, recréer ce qui existe déjà, et ne demande qu'à se développer par l'engagement et l'énergie de tous les frères que nous sommes, ou devrions être, les uns pour les autres !

 

Mais voici qu'interviennent partout les éternelles querelles et divisions « gauloises » :  

  Il est bien des gens qui, au Québec, en Wallonie, à Bruxelles, en France, considèrent ce mouvement avec un mélange d'admiration et de suspicion, voire d'envie à l'égard de ce qui a des chances sérieuses de réussir. Des gens qui se demandent si le mouvement ne va pas servir plus telles personnes - tels rivaux ou ennemis - que la Cause elle-même. 

Les animateurs du FFI-Québec, pourtant fort divers, sont soupçonnés d'être un ramassis d'indépendantistes, ou de gauchistes, ou de « séparatistes » d'une obédience déviante.

Ceux du FFI-Wallonie-Bruxelles, eux aussi très divers, sont mis dans un même sac de partisans d'une réunion à la France.

Ceux de France sont facilement taxés d'anti-bruxellose et d'anti-américanisme, voire (ô crime suprême !) de nationalisme étroit, alors qu'ils sont tous des polyglottes imprégnés de plusieurs des grandes cultures du monde, y compris de l'anglaise et de l'américaine ! Voyez : le FFI-France est à l'extrême droite, puisque tels de ses membres s'expriment régulièrement (certes sur langue française et la Francophonie, mais) sur Radio Courtoisie ! Oyez, bonnes gens : le FFI-France est à l'extrême gauche altermondialiste, puisqu'il est allé en février 2002 à Porto Alegre et y a fait adopter par tout le Forum Social Mondial  une résolution sur l'exception culturelle (voir son texte sur Voxlatina...).

 

Cela rappelle la France de la Résistance en 1941 !

  Je crois qu'il faut prendre conscience de ce que, dans l'opposition pluriséculaire entre bleus et rouges, entre le lys et la rose, entre les conceptions du monde, fondamentalement différentes, anglo-saxonne d'une part et « francophone » d'autre part, la phase actuelle marque un avantage partout pour le camp des tuniques rouges et de l'unifolié.

Nous sommes actuellement enfoncés en France, avec la complicité (ce n'est pas nouveau !) de trop de nos élites qui nous poussent à l'anglais et à l'entrée dans l'Empire euraméricain avec le statut de belle province.

Nous sommes maintenus sous la botte au Québec, où l'on dit à la « Belle Province » qu'on l'aime d'autant plus volontiers qu'elle semble se résigner à demeurer province et à passer à l'anglais, par la transition d'un bilinguisme très poussé.

Dans ce qui est encore la Belgique, où les Flamands semblent vouloir constituer leur État (aussi viable et fort que l'est  la Tchéquie ou que le serait le Québec !), la querelle entre les deux principales nations (je ne parle pas ici des germanophones d'Eupen et St Vith) fait le jeu de l'anglais et des intérêts anglo-saxons : c'est frappant, principalement à Bruxelles.

En Suisse, juxtaposition de quatre jardins bien soignés et soigneusement enclos, c'est de plus en plus en anglais que les voisins de langues différentes se parlent par dessus les haies !

Dans l'ancienne Indochine, dans les pays d'Europe de l'Est membres officiels de la Francophonie, dans les pays africains des Senghor, Hamani, Diori, Houphouët-Boigny, et jusqu'au Maghreb, à Djibouti, en Haïti et à Madagascar, les États-Uniens poussent leurs pions et tentent de faire passer à l'anglais, et dans le camp anglo-saxon, des élites et des peuples encore tournés vers l'idée francophone.

C'est l'ensemble de la Francophonie qui se trouve dans la situation de la Résistance française en 1941. Elle est actuellement dominée, balayée, vaincue !

Elle doit donc rassembler dans l'action toutes ses forces pour se redresser et vaincre. D'abord les forces de ses sociétés civiles, puisque les gouvernements des pays membres et les organismes officiels de la Francophonie institutionnelle sont encore abouliques.

Pourquoi ne pas utiliser le FFI ? Adressez-vous, si vous en convenez, à vos présidents respectifs. Faites gonfler les effectifs, proposez des actions, concevons une résistance commune, agissez, agissons tous ensemble ! Il est grand temps ! Sinon, nous mourrons tous et serons enterrés sous les fleurs de notre rhétorique, de nos belles paroles et de nos plaintes déchirantes mais impuissantes.

Un dernier aborigène de Tasmanie, son peuple une fois remplacé par les Anglo-australiens, a été empaillé - il paraît presque vivant dans son expression - au musée de Hobart. Les Indiens d'Amérique sont folklorisés. La Restigouche, Caraquet et Louisbourg font partie de l' « Héritage » au Canada. À l'entrée de l'impressionnante forteresse construite par la France après 1713 et le traité d'Utrecht, au «aQui va là ? » de la sentinelle en uniforme bleu d'époque, vous devez même répondre : « Un sujet du Roy de France ! ». Imaginez qu'un jour, à "Disney-Kebec" et à "Disney-Pairis", les visiteurs soient invités à dire : « Vive le Québec libre ! » , « Vive la Nation ! », « Vive la France », « Vive la Francophonie ! », en agitant tous nos petits drapeaux en papier bon marché distribués à l'entrée...Les Anglo-saxons chantent volontiers, rituellement,  les louanges de leurs ennemis lorsque ceux-ci sont morts et ne représentent plus aucun danger. La façon la plus astucieuse de célébrer leur victoire, en utilisant la mémoire des vaincus...

Est-ce ce destin que nous voulons, ou acceptons ?

 

 Albert Salon.