Mesdames et Messieurs les Députés,
qui avez contribué à faire adopter des amendements au
funeste article 2 de la loi Fioraso du 22
juillet
2013, et avez aussi, pour certains, participé à
l’élaboration de l’excellent « rapport Amirshahi » sur
la Francophonie, ou êtes membres de
l'Assemblée parlementaire
de la Francophonie (APF),
Avenir de la langue
française (ALF) que je préside, et les autres
associations pour le français et la Francophonie qui
agissent ensemble, vous informent que le milieu
universitaire s’oppose majoritairement à l’application
de vos amendements.
Elles vous informent aussi d’un
certain embarras, voire d’un sentiment diffus
d’impuissance, qu’éprouvent les institutions de
protection du français devant l’offensive des partisans
déterminés du tout-à-l’anglais en France.
Nos associations sollicitent donc
votre aide de manière pressante, afin d’endiguer la
marée
d’enseignements illégaux en anglais qui submerge
actuellement nos universités et Ecoles.
De nombreuses formations
diplomantes sont
dispensées illégalement en anglais à des
étudiants étrangers et français dans
divers établissements d'enseignement supérieur. Elles se
sont multipliées depuis la promulgation de la loi.
Ces formations sont illégales à
divers titres :
1)
Les établissements qui les
dispensent n’ont pas attendu la publication des décrets
d’application prévus par la loi Fioraso du 22
juillet
2013 ;
2)
Ils ont tous (obéissant ou non
à un mot d’ordre ou conseil venu d’en haut ?) omis,
comme le Délégué général à la langue française l’a
confirmé aux associations agréées qu’il recevait le 2
juin, que la loi du 22
juillet
2013 fait obligation aux établissements
de demander au ministère de la Culture
(à sa DGLFLF)
une autorisation de déroger au principe
réaffirmé de l’enseignement en français pour
enseigner majoritairement en anglais.
3)
Ils ont
surtout, depuis la promulgation de la loi Fioraso,
multiplié à l’envi les enseignements en anglais, y
compris en anglais fièrement annoncé comme
exclusif, en se gardant bien de demande
l’autorisation exigée par la loi.
Les formations dispensées
exclusivement en anglais contreviennent, sans
conteste possible, à la loi qui interdit cette
exclusivité. Nos juristes s'accordent en effet pour
considérer qu'il n'est pas nécessaire d'attendre les
bien hypothétiques décrets d'application prévus par la
loi pour fixer les diverses doses obligatoires de
français selon les établissements et les disciplines. Le
DGLFLF a, le 2 juin, partagé ce point de vue.
Nos associations ont donc confirmé
par écrit au Délégué général la requête présentée le 2
juin: de se servir des preuves d’anglais exclusif
qu’ALF avait pu réunir et lui fournir, et
d’appeler les contrevenants identifiés à l’application
stricte de la loi, en les priant de vous produire les
textes, références et dates, des décisions ainsi prises
dans une totale illégalité.
Les associations s'occupent de leur
côté de recueillir ces textes et références précises de
décisions. Les résultats de ses
démarches et des nôtres permettront, le cas
échéant, de déposer d'abord les recours gracieux contre
ces décisions, puis, éventuellement, les recours
contentieux devant les juridictions administratives
compétentes.
Les preuves de l’existence de
formations en anglais exclusif, apportées au Délégué
général, vous sont apportées à vous aussi en PJ, afin de
vous permettre, si vous y consentez, de poser plusieurs
questions parlementaires au gouvernement sur cette
violation caractérisée de la loi, dans le silence des
institutions publiques concernées.
Ce dépôt de questions parlementaires
et toutes démarches qu’il vous conviendrait
d’entreprendre vous paraîtront peut-être en harmonie
avec vos positions de l’an dernier en faveur du
respect et la mise en application réelle de la loi du 22
juillet
2013 par le gouvernement comme par les
établissements d’enseignement supérieur placés sous sa
tutelle, et surtout en faveur du maintien du français en
France..
Nous pensons informer les médias de
ces diverses démarches.
Veuillez agréer l'expression de notre
gratitude et de notre haute considération.
Albert Salon, docteur d'Etat ès
lettres, ancien ambassadeur, commandeur du Mérite,
président d'Avenir de la langue française (ALF),
coordinateur de réseaux francophones internationaux.