Le
monde de l ' Espéranto N°533. mars-avril 2002
Il
s'en est fallu de peu que deux avions de chasse n'abattent, le 12 mars
dernier, un avion de ligne au-dessus de Toulouse, obligeant Lionel
Jospin à rentrer de toute urgence à l'hôtel Matignon en raison Le rapport avec l'anglais ? C'est que, dans un vol intérieur français, un pilote français d'une compagnie française, pour communiquer avec un Français d'une tour de contrôle française, a dû, comme le veut maintenant la règle, s'exprimer en ...anglais ; et que les deux Français ne se sont donc pas compris, ou en tout cas bien mal : pourquoi faire simple (parler français) quand on peut faire compliqué et dangereux : parler anglais entre pseudo-anglophones ...de même langue maternelle ! Rappelons les faits, rapportés aussi bien par FR3 et M6 qu'Europe 1..., mais sur lesquels, semble-t-il, la presse est restée très discrète (auto - censure envers les méfaits de l'imposant « amer-anglais », dont il serait incorrect de dénoncer le rôle dangereusement envahissant ?). L'effrayant engrenage :
Tout commence, somme toute, par un incident plutôt banal : sans doute
un câble électrique qui chauffe, en tout cas une odeur suspecte de
plastique grillé, peu après le décollage à Toulouse, sur le vol 6135
d'Air France, un mardi après-midi. Le pilote décide donc tout
bonnement de faire demi-tour pour
revenir se poser sur l'aéroport de départ et en informe la tour de
contrôle de Bordeaux. Il a suffi de deux syllabes mal prononcées ou
mal comprises (l'un n'empêchant pas l'autre, bien sûr), pour déclencher
le drame : « feu à bord » (en anglais "fire on board", paraît-il) se transforme en :
« cinq hommes à bord »
(" five
men ... "), d'où une procédure antiterroriste exceptionnelle :
l'armée, immédiatement contactée, procède à « la mise en alerte
de moyens aériens » tout en avertissant le Premier ministre, et
deux avions de chasse décollent aussitôt de Bordeaux pour aller à la
rencontre de l'A-320, transportant 148 passagers, Mieux vaut ne pas imaginer ce qui se serait passé si l'un des pilotes de chasse, manquant par exemple de "self - control". L'anglais a encore failli faire plus de 150 victimes comme disent les Anglais, avait tiré, au-dessus de Toulouse qui plus est ? AZF et ses trente morts ne serait plus qu'une plaisanterie vu l'ampleur qu'aurait pu prendre cette catastrophe, qui n'est passée qu'à un doigt des passagers et des Toulousains : celui, peut-être déjà crispé sur le bouton de déclenchement du missile, des deux pilotes de chasse. Langue catastrophique ? Cette fois-là encore, plus de peur que de mal ; mais la plus grande catastrophe de toute l' histoire de l'aviation, 583 personnes brûlées vives à Tenerife (Canaries) en 1977, a elle aussi été due à une utilisation fautive de l'anglais. L'une des dernières, 80 morts (en 2000, à Taïwan) : le pilote a pris la piste « 5R » au lieu de la « 5L », erreur fatale... Et souvenons-nous aussi qu'il y a eu 180 morts en Corse, en 1981.
Et dans près de 11% des cas c'est la confusion d' expressions ou de
syllabes anglaises qui est responsable des accidents d'avions : plus
d'une fois sur dix ! En guise de conclusion...
Notons que l 'Alpha, publication de l'Association des Anciens élèves
de l'École militaire de l'Air, vient de consacrer cinq pages à un
premier article, à suivre, intitulé : « L 'espéranto, langue
seconde universelle ». Christian Lavarenne * Voir l'hebdomadaire Aviation Week, v. 87, n° 2, p. 36 ; et Fatal Words : Communication Clashes and Air craft Crashes ( Univ. of Chicago Press, 1994a; ainsi qu'un dossier détaillé sur la question ...mais aussi en anglais, par Kent Jones: " Misfunctional FAA phraseology", sur www.esperanto-sat.info ; et la dépêche d'Europe 1, sur : www. europe 1 . f r / infos /depeche . jsp ? idboitie r = 221867 & chaine = 0 Ce n'est pas la première fois.
Voici le témoignage de Guy Touzé, ancien pilote (espérantophone) de
l'Armée de l'Air (Chasse, Hélicoptère ) :
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