Xavier Darcos, un agent de l'anglicisation ! Dans le Parisien du 3 septembre, il y a un article de M. Darcos, un article de 2 pages sous forme de face à face avec des lecteurs (comment sont-ils choisis ? mystère) sur son projet scolaire. À une question sur l'apprentissage des langues étrangères, voici ce qu'il répond : « À compter de cette rentrée, l'apprentissage d'une langue étrangère commence en CE1. Nous avons du retard dans ce domaine. On a trop longtemps considéré que bien parler français était suffisant parce que notre langue était dominante, mais cela a changé ... Pourquoi ne pas organiser des visioconférences à heure fixe pour dialoguer avec un professeur ou un groupe d'enfants qui se trouvent en Angleterre ? Il faut admettre que la langue dont tout le monde a besoin, c'est l'anglais, et qu'on mette le paquet là-dessus. Je présenterai mon projet sur ce sujet à l'automne. » Effarant, non ? Effrayant ! Nous sommes conquis, inclinons-nous, d'après ce monsieur ! Des aïeux à nous se sont battus afin que la France reste française, parle toujours français ! À quoi bon ? Nos descendants ne parleront pas l'allemand d'Hitler, mais l'anglo-américain de Bush ! Et les jeunes Anglais se voient confier une mission d'importance : alphabétiser les sauvages que sont nos enfants en leur apprenant leur langue supérieure. Car je ne pense pas qu'il s'agirait d'échanges égalitaires servant également à apprendre le français aux jeunes Britanniques ! Ses prédécesseurs parlaient hypocritement de « langues étrangères » ! Il ne s'embarrasse même plus de ça ! « Le français est mort, ne sert plus à rien, tous à l'anglais », d'après lui. On est bien partis Brigitte Laval
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Réaction de M. Charles Durand : D'après sa biographie, Darcos est un professeur de lettres et il n'a jamais eu de responsabilités qui auraient pu lui permettre d'acquérir une certaine expérience à l'étranger. Ses connaissances en langues étrangères, qui ne sont même pas mentionnées, sont probablement nulles. Nous avons donc affaire à une personne qui est probablement totalement ignorante de l'importance des questions linguistiques. Détail amusant, de mars 2004 à juin 2005, Xavier Darcos a été ministre délégué aux affaires étrangères, à la coopération et à la FRANCOPHONIE. Bravo, c'est tout-à-fait ce qu'il nous faut ! Lorsque je suis arrivé à l'université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM), en 1997, un certain Jean Bulabois en était président. Ses connaissances en langues étrangères se bornaient en tout et pour tout à un anglais de cuisine que j'avais pu évaluer lors de missions que j'avais réalisées avec lui, principalement aux Etats-Unis et au Japon. Alors que, en français, il donnait l'impression d'une personne compétente et au faîte des événements, l'impression qu'il projetait en anglais était entièrement différente jusqu'à rendre sa présence non seulement superflue, mais carrément néfaste dans le cadre des missions à l'étranger qui avaient étaient planifiées par le département des relations internationales et auxquelles il voulait absolument se joindre. Il faisait cependant partie des inconditionnels du tout anglais et, selon ses directives, j'avais été chargé de monter des programmes d'échanges entre plusieurs universités étatsuniennes et l'UTBM. Par la suite, j'ai pu souvent noter que, dans l'enseignement supérieur français, ce sont le plus souvent des gens dont les connaissances en langues étrangères sont les plus déficientes qui veulent à tout prix renforcer l'enseignement de l'anglais et EN anglais comme s'ils se reprochaient à eux-mêmes de ne pas connaître davantage qu'un sabir à peine suffisant pour leur permettre de lire quelques publications (techniques) rédigées en anglais.
Je trouve également étonnant qu'un personnage
comme Xavier Darcos n'arrive pas à raisonner dans une perspective à plus long
terme, comme si l'hégémonie étatsunienne, qui lui semble normale, devait
longtemps perdurer, alors que, clairement, il y a toutes les chances qu'elle
arrive bientôt à sa fin. Il y a 100 ans, la langue scientifique était
effectivement l'allemand... La roue tourne... En effet, sans faire des
extrapolations extravagantes ni jouer aux Cassandre, il est clair que l'empire
étatsunien n'a pu se mettre en place que parce certaines conditions particulières
furent réunies. Or, certains de ces facteurs sont déjà en cours de modification
profonde et on peut d'ailleurs en identifier un qui sera particulièrement
déterminant dans, non seulement la chute de l'empire
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