Sujet :

Le français est une force commerciale et industrielle

Date :

21/12/2014

Envoi de Jean-Pierre Colinaro (afrav(chez)aliceadsl.fr)

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Ne nous couchons pas devant l'anglais !

Jean Moulin, la Résistance française ! Pas facile de défendre la langue française en France, pourquoi ? Pourquoi les Français sont-ils les Francophones qui croient le moins à la Francophonie, et, ce faisant, qui croient le moins à la langue française sur le plan international ? Pourquoi, alors qu'il y a aujourd'hui sur les murs de Paris plus de mots anglais qu'il n'y avait de mots allemands sous l'occupation nazie, pourquoi n'ont-ils pas l'impression de se faire coloniser par le monde anglo-américain ?

Bien sûr, les Accords Blum-Byrnes et Cie sont passés par là et, depuis, la guerre douce que nous livre le monde anglo-américain pour nous assimiler à sa culture et à sa pensée, n'a cessé de s'amplifier, mais est-ce une raison pour ne pas réagir ? Moi, j'essaie de défendre ma langue, le français, et je me retrouve, souvent, hélas, en milieu hostile. Pourtant, quoi de plus naturel que de vouloir défendre sa langue, et dans son propre pays, qui plus est !

Parfois, devant les réactions franchement anti-langue française de mes interlocuteurs français, j'ai l'impression que si Jean Moulin revenait aujourd'hui, avec ses idées de vouloir résister à l'Occupant, il serait traité pareillement, c'est-à-dire avec le même mépris, comme un vieux ringard dépassé.

Que dire alors, si ce n'est qu'il est grand temps que la Résistance s'organise, afin que ceux qui collaborent aujourd'hui en toute impunité à notre disparition linguistique, sachent qu'arrivera le jour de la Libération et qu'ils auront, forcément, des comptes à rendre.

JPC

 

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Le français est une force commerciale et industrielle

Par Jérôme Bodin, analyste cher Natixis

Jerôme Bodin et la  langue françaiseContrairement à une idée reçue, la pratique de la langue française est utile au développement industriel et commercial, car elle évite une standardisation absolue des modes de pensée.

Plusieurs rapports récents ont mis en avant la francophonie comme un levier important de croissance économique. Nous déplorons toutefois une approche encore trop institutionnelle de la francophonie. Si l'État français a un rôle important à jouer via ses nombreux satellites publics, il n'est plus l'unique outil de la promotion du français. L'essentiel du potentiel de rebond se situe dans les groupes privés. C'est précisément ici, qu'à l'heure actuelle, se perd la bataille linguistique. Non pas que les entreprises et leurs salariés ne soient pas attachés au français, mais ils ne sont ni encadrés ni encouragés à promouvoir leur langue et donc leur spécificité. Petit à petit, l'utilisation du français recule dans le monde des affaires. Il convient enfin de reconnaître à l'entreprise privée un rôle central dans la francophonie.

Le Français, une force commerciale

Car contrairement à une idée reçue, le français est une force commerciale et industrielle. Dans la mondialisation, l'uniformisation des modes de pensée (et donc des pratiques linguistiques) est une faiblesse. Promouvoir l'utilisation du français dans l'entreprise, c'est faciliter les échanges entre francophones, mais c'est aussi et surtout permettre de penser et produire en français. Et donc de proposer au monde un bien ou un service construit différemment. Les francophones doivent enfin prendre conscience que leur langue est un facteur de production rare, par nature recherché dans notre monde ouvert.

L'anglais restera pour longtemps la langue véhiculaire du commerce, son utilisation est donc nécessaire et surtout utile. Mais le français doit enfin être perçu comme une autre langue pivot des affaires. A défaut d'autres langues et modes de pensée s'imposeront, avec pour conséquence une perte irrémédiable de compétitivité des entreprises francophones mais aussi des locuteurs francophones sur un marché du travail de plus en plus mondialisé.

Des mesures simples pour promouvoir le français

Nous proposons ainsi que l'État français initie une charte par laquelle les entreprises francophones signataires s'engageraient à promouvoir le français en échange éventuellement d'aménagements fiscaux. Ces engagements pourraient être simples et peu coûteux, comme celui d'utiliser systématiquement le français dans les présentations internes, de former les cadres étrangers au français ou encore de libérer une heure de temps de travail à chaque salarié francophone pour former ses collègues non francophones. Ces mesures permettraient de donner une nouvelle impulsion concrète, moderne et efficace à la francophonie mais aussi de renforcer la culture d'entreprise de ces groupes. Elles constituent autant d'atouts pour les groupes privés français et francophones d'accélérer leur ouverture au monde et de s'inscrire beaucoup plus solidement qu'ils ne l'ont pour le moment fait dans la mondialisation. La francophonie s'imposera alors définitivement pour ce qu'elle est : une ouverture vers le monde et non un repli sur soi.

 

 

Source : latribune.fr, le mercredi 26 novembre 2014

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