********************************
20 ans de loi Toubon : « Tout va tout bon, Madame la Marquise ! » À l'occasion des « 20 ans de la loi Toubon », des gens bien comme il faut, comme on dit, censés être de grands défenseurs de la langue française, se sont réunis au Palais du Luxembourg à Paris, le lundi 13 octobre 2014.
On aurait bien aimé avoir également un rapport des Associations agréées
sur les procès qu'elles ont menés durant ces 20 ans, car ces
Cerise sur le gâteau, sur France Culture,
Navrant ! JPC
********************************
« Langue française : une loi, pour quoi
faire ? »
« La langue de la République est le
français » : La « Loi Toubon » a vingt ans et fera l’objet d’une
journée d'étude organisée par la délégation générale à la langue
française et aux langues de France (DGLFLF) et le comité
d’histoire du ministère de la Culture et de la Communication le
13 octobre 2014, à Paris.
Les 20 ans de la loi sur l'emploi de la langue
française
Article 1 de la loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à
l'emploi de la langue française.
La loi Toubon vise trois objectifs principaux : l'enrichissement
de la langue française ; l'obligation d'utiliser la langue
française et la défense du français en tant que langue de la
République. On ne dira donc plus
"software", mais "logiciel" ;
on ne parlera plus de
"sponsoring", mais de
"mécénat".
Pour essayer de répondre à cette question, le comité d'histoire
du ministère de la Culture et de la Communication et la
délégation générale à la langue française et aux langues de
France ont réuni spécialistes et témoins pour évoquer
les nombreux débats que le dispositif avait alors provoqués.
Faut-il et peut-on encadrer une langue ? Et qu’est-ce que le
« droit au français » ?
Bernard Cassen
Directeur général du Monde diplomatique, Hélène Carrère d’Encausse,
secrétaire perpétuel de l’Académie française, et Monsieur Toubon
lui-même, aujourd’hui défenseur des droits, reviendront
notamment sur la réception de la loi Toubon dans les médias.
Après un bilan chiffré de sa mise en œuvre dans la communauté
scientifique, le monde du travail et la publicité en France, la
parole est aux Francophones d’ailleurs pour analyser la
perception de la loi dans le contexte de la cohabitation
linguistique du monde francophone et de l’espace européen.
La journée se terminera avec une table ronde autour de l’utilité
- ou des limites - de ce texte dans le contexte de la
mondialisation et des nouvelles solidarités du XXIe siècle. Car
la question se pose : la loi Toubon, « est-ce une loi du XXe ou
du XXIe siècle ? ».
Sur RFI, Yvan Amar abordera ces questions avec ses invités dans
son émission La Danse des mots
du mercredi 15 octobre :
www.rfi.fr/emission/danse-mots
Source :
http://www1.rfi.fr/lffr/articles/178/article_5956.asp
********************************
Langue française : la « loi Toubon » vingt ans après Préparée par Catherine Tasca, la loi du 4 août 1994 sur l'emploi de la langue française, dite communément « Loi Toubon », sera au centre d'une journée d'étude le 13 octobre, au Palais du Luxembourg. Rencontre avec trois acteurs clés du dispositif. Jacques Toubon : « le droit au français est un droit fondamental » Ancien ministre de la Culture et de la Francophonie « Cette loi, qui suscita de l'incompréhension, voire de la raillerie, parmi les relais d'opinion, est aujourd'hui massivement approuvée par nos concitoyens. De quoi s'agit-il, en effet ? Non pas d'une loi sur le bien-parler ou le bien-écrire, comme certains ont feint de le croire, mais bien d'une loi qui prévoit l'emploi du français dans les différentes circonstances de la vie sociale telles que le travail, la consommation, la publicité, les médias, les services publics, l'enseignement et la recherche. Par exemple, elle fait obligation à tout employeur installé sur le territoire français, fût-il une multinationale de Chicago, de conclure un contrat de travail en français ou de le traduire. Autre exemple : elle oblige le fabricant d'un médicament ou d'un appareil électrique à traduire le mode d'emploi... De fait, il existait bel et bien un vide juridique dans ce domaine. Aujourd'hui, on enregistre de bons résultats dans les domaines de la consommation, du travail, de l'enseignement et la recherche, mais d'autres secteurs sont à la traîne : la publicité, les médias et, malheureusement, les services publics. Un colloque sur la langue française, organisé au printemps 2014 par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, faisait état de cette situation, et de la nécessité de rappeler à leurs devoirs la SNCF, Air France, la Poste ou encore EDF. Comment la loi du 4 août va-t-elle relever les grands défis du XXIe siècle : l'affirmation des identités locales, l'internationalisation croissante des échanges, l'instantanéité de l'information... ? Elle trouvera – je le sais – les réponses adaptées, tout comme elle a trouvé à s'intégrer, voici vingt ans, au contexte exigeant qu'était l'exception culturelle. Ce dossier, le premier dont j'ai eu à m'occuper quand j'étais ministre de la Culture et de la Francophonie, a servi de levier pour conduire le chantier de la diversité culturelle et linguistique. Il y avait une véritable logique entre les deux processus. Aujourd'hui, en tant que Défenseur des droits, je souhaite que rayonne l'idée que le droit au français est un droit fondamental, constitutionnel. « La langue de la République est le français », dit l'article 2 de notre Constitution. Du respect de ce droit dépend la cohésion sociale dans notre pays. Ce qui n'empêche pas notre langue de rester une langue ouverte ». Xavier North : « une loi démocratique, loin de la crispation identitaire » Délégué général à la langue française et aux langues de France « La Délégation anime, à l'échelon interministériel, la politique linguistique de l’État. D'où ses deux grandes missions : veiller à l'application du cadre légal qui garantit l'usage du français dans les grands domaines de la vie sociale, et d'autre part contribuer à l'enrichissement de notre langue via un certain nombre d'outils et d'actions de sensibilisation. Les deux missions sont intimement liées. Comment voulez-vous que le français reste en usage, que les professionnels, les techniciens, les savants continuent à l’utiliser, s’il n’a plus « les mots pour le dire » pour paraphraser un titre célèbre ? Le français s’est toujours nourri de termes étrangers, mais pour rester « en exercice », pour qu’il reste notre langue commune et garantisse à tous une possibilité d’accès à l’information, au savoir, à la culture, il faut qu’il soit compris et partagé par tous. Pourquoi dire « crowdfunding » quand vous pouvez dire « financement participatif » ? Pourquoi faudrait-il cesser de penser en français, étant entendu que les mots ne disent jamais exactement la même chose dans une langue et dans une autre ? Mais loin d'être le symptôme d'une crispation identitaire, la loi Toubon est au contraire une loi démocratique, puisqu’elle instaure dans notre pays un droit d’expression et d’information en français, ce qui n’empêche nullement, quand le besoin s’en fait sentir, de recourir à d’autres langues. Notre cadre légal offre un modèle singulier, qui a servi de référence à des pays comme la Slovénie ou la Pologne au moment de leur passage à la démocratie. Comment, concrètement, la Délégation fait-elle respecter la loi Toubon ? Par le dialogue, car nous n'avons pas de pouvoir de sanction. Nous dialoguons avec la représentation nationale sur les évolutions éventuelles de la loi – je pense par exemple à une proposition de loi des sénateurs Marini et Legendre que nous avons soutenue en 2005. Nous dialoguons au quotidien avec les diverses administrations concernées et les associations agréées de défense de la langue française, afin qu'elles nous rendent compte, via des enquêtes et des témoignages, des manquements et infractions relevées dans leur domaine. Le rapport annuel qui en résulte, produit par nos services et remis au Parlement, offre une photographie précise de la situation, y compris d’ailleurs dans les organisations internationales, où le français a le statut de langue officielle ou de travail. On a vu ainsi que l'usage du français avait reculé de façon spectaculaire dans les organisations internationales et les institutions de l'Union européenne. À la Commission, par exemple, le pourcentage de documents produits en français est tombé de 38 % à… 4,4 % entre 1996 et 2013 ! Mais en France, dans l’ensemble, la lettre de la loi est plutôt respectée, si son esprit ne l’est pas toujours : voyez les slogans publicitaires en anglais dont la traduction en français est proposée sur les affiches en lettres minuscules ! Pour finir, je dirais que la loi offre un cadre nécessaire, mais que c'est aux citoyens qu'il revient de la faire vivre grâce à une prise de conscience accrue. À l'heure où la question de l'intégration linguistique des migrants se pose de manière aiguë, où les nouvelles technologies modifient nos pratiques culturelles et linguistiques, les médias, eux aussi, prennent de plus en plus conscience - et c’est heureux - de leur rôle de prescripteurs ». Bernard Cerquiglini : « la loi Toubon renforce la francophonie en France et dans le monde » Recteur de l'Agence universitaire de la francophonie « Le réseau mondial d'universités francophones que j'anime à travers 98 pays est fondé sur une langue commune : le français. Comme recteur donc, mais aussi pour avoir participé à sa genèse aux côtés de Catherine Tasca, je ne puis qu'admirer une loi qui rappelle que le français est langue de la République, de l'enseignement et de la recherche. Naturellement, la loi Toubon s'applique à la France. Elle renforce la francophonie en France. Ce n'est pas rien, dès lors qu'on touche à la question sensible du plurilinguisme. Pourtant, on a eu tort de mener une contradiction entre défense de la langue française et plurilinguisme : la République protège aussi les autres langues de France ! Un nouvel amendement constitutionnel a été pris dans ce sens. Tout cela étant précisé, il est clair que la loi Toubon renforce aussi la francophonie dans le monde. La France est, avec la Belgique, le berceau de la langue. Quand la France prend une loi, c'est exemplaire, et l'écho de la loi Toubon est grand dans de nombreux pays francophones, particulièrement attentifs à la situation française. Cette solidarité est encore plus marquée entre la France et le Québec, deux pays qui se sont dotés de cadres légaux voisins. Voyez la loi 101, par exemple, qui francise le Québec. Le français reste une grande langue d'enseignement et de recherche : je le vois tous les jours, depuis sept ans, au nombre des adhésions d'universités étrangères du Brésil ou de Chine. C'est pourquoi je ne regarde pas l'importation en France de termes anglais d'un œil affolé. Je suis historien de la langue. L'historien prend du recul. Un anglicisme, quand il est un xénisme – type d'emprunt lexical consistant à prendre un terme étranger tel quel – heurte la conscience. On est agacé lorsqu'il apparaît, mais on ne s'aperçoit pas lorsqu'il disparaît. Ces mots-là ne font souvent que passer. On devrait faire établir un cimetière des anglicismes, et ériger une statue à Proust. Son œuvre est truffée d'anglicismes, mais pas un n'est vivant actuellement. "Swann était très smart, ce soir-là, en dinner-jacket..." ».
Source :
Lien direct :
(en cas de rupture de lien :
http://youtu.be/kZli6lyl3iY)
********************************
Faut-il continuer le combat pour défendre la langue française ? « La Croix » a posé la question à deux personnalités : Bruno Sire, président de l’université de Toulouse 1 Capitole, est contre, alors que Claude Hagège, linguiste, est pour. Bruno Sire : « Un combat d’arrière-garde » « La loi Toubon n’est pas pertinente. Sur le principe, on ne peut que la signer. Qui peut être contre la défense de la langue française ? Personne, et surtout pas un universitaire comme moi. Cependant, cette loi correspond à un combat d’arrière-garde, à la nostalgie d’un XVIIIe siècle où toute l’Europe parlait le français. Ce n’est plus cas aujourd’hui. On peut le regretter, mais c’est un fait. Dans le champ scientifique, la langue de travail est l’anglais. Si nos chercheurs veulent poursuivre et faire connaître leurs travaux, ils doivent les publier en anglais. La loi Toubon ne pose pas la bonne question : celle de la défense et de la promotion de la culture française – une culture que l’on ne saurait assimiler exclusivement à la langue alors que, tout aussi importante qu’elle soit, cette dernière n’en constitue qu’un élément. Elle n’est qu’un véhicule pour accéder à des valeurs, une pensée, une littérature, une communication. Croire qu’il suffit de connaître une langue pour partager une culture est un leurre. Les exemples contraires sont nombreux. À cet égard, il vaudrait mieux se pencher sur l’enseignement du français, de nos auteurs, de notre histoire dans les lycées et collèges. Les résultats, c’est le moins que l’on puisse dire, ne sont pas à la hauteur des ambitions. Le véritable enjeu n’est donc pas de se focaliser sur notre langue, qui, quoi qu’en disent les Cassandre, n’est pas près de disparaître. Il est de promouvoir notre culture. De la faire découvrir dans toutes ses dimensions aux « autres », aux étrangers, en les attirant chez nous. C’est ce que nous tâchons de réaliser à l’université de Toulouse à travers nos filières de droit, d’économie et de gestion. Elles sont proposées en anglais. Il ne s’agit pas d’une coquetterie ou d’un prurit américaniste. Il est évident que si nous voulons séduire des étudiants venant d’autres pays (dont la Grande-Bretagne !), nous devons leur proposer un enseignement dans un langage qu’ils maîtrisent suffisamment pour mener à terme leurs études. Sinon, ils iront ailleurs. Ce serait d’autant plus dommage qu’au bout de quelques mois, ils acquièrent naturellement des bases de français et le comprennent suffisamment pour se confronter à notre culture à travers le théâtre, le cinéma et d’autres activités. En repartant dans leurs pays, ils emporteront ce viatique. C’est tout de même plus intéressant que le fantasme d’un anglais qui nous coloniserait ! » Claude Hagège : « Nulle langue n’est destinée à devenir la norme unique » « La loi Toubon est non seulement une bonne loi, c’est une loi utile. Elle protège et garantit les usagers qui ne comprennent pas obligatoirement l’anglais face aux informations libellées dans cette langue, que ce soit dans le champ publicitaire ou au niveau des modes d’emploi des produits qu’ils achètent au quotidien. En prônant l’utilisation impérative du français, cette loi leur rend leur liberté. Elle répond à un projet juste et démocratique. Il est vrai que l’enseignement en anglais se répand de plus en plus dans les universités françaises et dans les écoles commerciales telle HEC, voire Sciences-Po où l’on recrute même des enseignants qui donnent leurs cours en anglais sans être anglophones de naissance. C’est évidemment une violation de la loi. Cette pratique est devenue un usage sous la pression énorme de l’anglais dans un monde contemporain marqué par l’américanisation. Cela est inadmissible. Cette mondialisation est un leurre. Nulle langue, pas plus l’anglais qu’une autre, n’est destinée à devenir la norme unique. La France possède des outils, à commencer par l’Organisation internationale de la francophonie – l’OIF – créée en 2002. Elle regroupe 77 pays, provinces ou gouvernements répartis sur les divers continents. Son action ne consiste pas à jouer les gardiens du temple d’un français académique et figé, comme le voudraient certains puristes de l’Hexagone. Elle prend en compte sa richesse et sa vitalité à travers les variantes et les nuances apportées par les divers pays francophones en Europe, au Québec, en Afrique, voire en Asie. Si le français progresse moins vite que l’anglais à l’échelle de la planète, cela ne signifie en rien que sa survie soit menacée. Le seul danger vient de la France, le pays qui aime le moins le français. » Recueilli par DIDIER MÉREUZE
Source :
********************************
Vingt
ans de la loi du 4 août 1994 : où en est la langue française ?
J’ai
participé, lundi 13 octobre, à la célébration des
vingt ans de la loi du 4 août 1994, plus connue sous
le nom de loi Toubon, destinée à assurer
l’utilisation prioritaire de la langue française dans
l’espace public. Etaient présents entre autres Madame
la Ministre et Sénatrice
Catherine Tasca,
Bernard Cassen, ancien directeur général du Monde
Diplomatique, Robert Vézina,
président directeur général de l’Office québécois de la
langue française (la langue québécoise) et, bien sûr,
Monsieur Toubon.
Fleur Pellerin,
ministre de la Culture, a conclu les travaux.
Cet événement a
été l’occasion de faire se croiser de multiples voix
expertes ou militantes, toutes désireuses d’une meilleure
application de cette loi qui, malheureusement, n’est pas
assez respectée.
On constate en
effet parfois une
désinvolture des élites et des représentants officiels de la
France à l’égard de notre langue, qui se croient
obligés de parler l’anglais quand personne ne le leur
demande et alors même que les traductions sont possibles et
disponibles. Les exemples au sein des institutions
internationales telles que l’Union Européenne et l’ONU, mais
aussi à l’occasion de grandes conférences patronales n’ont
pas manqué.
Des chefs
d’entreprises ont renoncé depuis longtemps à utiliser la
langue française dans leurs réunions d’équipe comme dans
leur communication publicitaire, quand leurs homologues
espagnols ou arabes assument leur langue.
Une énième
circulaire ne suffira pas, pas plus qu’il n’est utile
d’utiliser des arguments désuets. Il faut sans doute,
au-delà d’une inlassable plaidoirie indispensable,
renforcer la loi dans
quelques domaines : en premier lieu transmettre dès
l’école les textes et les noms des auteurs francophones ;
ensuite renforcer les pouvoirs et les moyens de la DGLFF
(Délégation générale à la Langue française et aux langues de
France) à l’égard de contrevenants, en s’inspirant de l’OQLF
(Office québécois de la Langue Française) qui peut le plus
souvent convaincre très souvent par le dialogue et la
médiation.
Au-delà de nos
propres frontières, défendre la langue française c’est
également défendre le projet
d’un espace géolinguistique francophone dynamique qui
réunit aujourd’hui plus de 250 millions de francophones et
pourra, si les systèmes éducatifs existent vraiment,
atteindre 700 millions de francophones en 2050. La
francophonie révèle des potentiels extraordinaires, qui ne
demandent qu’à être cultivés par…les francophones. C’est
tout le sens d’une nouvelle alliance internationale
francophone devenue selon moi nécessaire et dont je fais
état dans mon
rapport parlementaire.
Dans cette
nouvelle stratégie, quelques projets prioritaires et
structurants peuvent être déterminants : j’ai évoqué en
particulier l’idée d’une
grande revue scientifique francophone internationale
qui, en dix ans, peut devenir une référence internationale.
Je tiens à remercier
Monsieur Xavier North, délégué général à la langue française
et aux langues de France au Ministère de la Culture, et
toute son équipe, qui ont su rassembler largement autour de
ce bel enjeu.
Source : le
vendredi 17 octobre 2014
|
||||||