Voici un entremél entre M. Jean Lhéritier, Président de l'association Slow France (www.slowfood.fr), et Mme Sylvie Costeraste, de l'A.FR.AV (www.francophonie-avenir.com)
Sylvie Costeraste : Monsieur le Président, lutter contre la restauration rapide, c'est-à-dire contre la malbouffe américaine des MCDo, est une bonne chose, mais pourquoi que diable employez-vous une terminologie américaine pour qualifier l'autre type de restauration ? Slow food, ça me rappelle fast food, vous employez la même langue, pourquoi ? Le bon goût se décline avec la langue du pays, une pizza avec l'italien ; une paella avec l'espagnol ; une choucroute avec l'allemand ; un bœuf bourguignon avec le français, etc. Vous auriez dû prendre une terminologie plus neutre. En succombant à l'anglais, vous vous mettez dans le rang, celui qui mène à la langue unique, donc, peu à peu, à la pensée unique, à la bouffe unique. Recevez mes meilleures salutations
M. Jean Lhéritier : Madame, nous ne sommes pas un mouvement français, mais un mouvement international présent dans 100 pays et s'adressant non pas à 60 millions de français, mais à 6 milliards d'humains concernés non par le bon goût, mais par les enjeux de la culture alimentaire. Recevez mes salutations distinguées.
Sylvie
Costeraste
: Monsieur,
vous
n'êtes pas un mouvement français, certes, mais êtes-vous pour
autant un mouvement américain pour vous abandonner de la sorte à la
langue américaine ?
Le
français est une langue internationale -- au même titre
que l'anglais -- une langue parlée non seulement par 60
millions de Français, mais partout dans le monde sur les 5
continents, et la Francophonie institutionnelle représente plus
de 50 pays à travers le monde, cela n'est pas rien.
Nous
regrettons que des Français se fassent les ambassadeurs de la langue
anglaise. En ces temps de fortes anglicisations, il y a forcément une
corrélation forte entre les enjeux de la culture alimentaire et ceux
de la culture tout court.
Avec
mes meilleures salutations. M. Jean Lhéritier : Je me suis battu à plusieurs reprises, parfois avec un modeste succès, parfois avec un échec cuisant, pour qu'au sein de notre mouvement, où l'anglais est la langue internationale comme d'ailleurs aujourd'hui partout sur la planète, le français soit langue de travail. Lors de notre congrès mondial à Naples, en 2003, j'ai eu au téléphone un responsable du secrétariat d'État à la francophonie (ou un service des affaires étrangères concerné), pour qu'il nous aide à financer le français dans les traductions. Réponse du ministère : Monsieur, nous en sommes à ne plus financer que les traductions en français lorsque les colloques ont lieu en France et menacent de ne se dérouler qu'en anglais ! Alors, vous vous doutez bien que je ne vais pas m'engager dans une démarche solitaire et hélas vaine pour faire changer le nom de notre association ! Cordialement.
Jean Lhéritier Pdt Slow Food France Tél. : 06.15.27.19.22 Courriels : jean.lheritier@slowfood.fr, LheritierJean@aol.com
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Pris dans le site de Slow Food : http://www.slowfood.fr/ SLOW FOOD, manifeste pour le goût et la biodiversité La malbouffe ne passera pas ! Préface de Jean Lhéritier,
Président de Slow Food France Le plaisir de prendre le
temps de manger ou de préparer soi-même un repas se fait rare.
Avec l’ère du fast-food, des aliments synthétiques et des
emballages plastiques, nous avons perdu de vue ce qu’est le
processus naturel de semer, faire pousser, récolter…
* Carlo PETRINI, Journaliste et critique gastronomique italien, diplômé de sociologie, Carlo Petrini dirige SLOW FOOD depuis 1989. Le siège de cette association internationale, qui compte déjà 82000 adhérents dans le monde, est à Bra, petite ville piémontaise. Carlo Petrini a été cité parmi les héros européens de l’année 2004 par la rédaction de l'édition européenne de Time Magazine.
Vous remarquerez, entre autres choses, qu'il est question ici de respect de la biodiversité, de la préservation des terroirs, etc. (et la diversité linguistique, ça compte pour du beurre !), que l'on nous parle de malbouffe, alors que M. Lhéritier nous dit, en haut dans son courriel, que l'association est intéressée non par le bon goût, mais par les enjeux de la culture alimentaire. Enfin, on notera que M. Petrini a eu une récompense d'un journal anglophone américain installée en Europe. Autrement dit, le chien est content quand le maimaître donne un sucre !
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