Sujet :

Slow Food, la malbouffe linguistique !

Date :

20/11/2005

Envoi de Sylvie Costeraste (afrav@tiscali.fr)

                

 

 

 

Voici un entremél entre M. Jean Lhéritier, Président de l'association Slow France (www.slowfood.fr), et Mme Sylvie Costeraste, de l'A.FR.AV (www.francophonie-avenir.com)

 

Sylvie Costeraste : Monsieur le Président, lutter contre la restauration rapide, c'est-à-dire contre la malbouffe américaine des MCDo, est une bonne chose, mais pourquoi que diable employez-vous une terminologie américaine pour qualifier l'autre type de restauration ?

Slow food, ça me rappelle fast food, vous employez la même langue, pourquoi ?

Le bon goût se décline avec la langue du pays, une pizza avec l'italien ; une paella avec l'espagnol ; une choucroute avec l'allemand ; un bœuf bourguignon avec le français, etc.

Vous auriez dû prendre une terminologie plus neutre. En succombant à l'anglais, vous vous mettez dans le rang, celui qui mène à la langue unique, donc, peu à peu, à la pensée unique, à la bouffe unique.

 Recevez mes meilleures salutations

 

M. Jean Lhéritier : Madame, nous ne sommes pas un mouvement français, mais un mouvement international présent dans 100 pays et s'adressant non pas à 60 millions de français, mais à 6 milliards d'humains concernés non par le bon goût, mais par les enjeux de la culture alimentaire.

Recevez mes salutations distinguées.

 

  Sylvie Costeraste : Monsieur, vous n'êtes pas un mouvement français, certes, mais êtes-vous pour autant un mouvement américain pour vous abandonner de la sorte à la langue américaine ?

Le français est une langue internationale --  au même titre que l'anglais -- une langue parlée non seulement par 60 millions de Français, mais partout dans le monde sur les 5 continents, et la Francophonie institutionnelle  représente plus de 50 pays à travers le monde, cela n'est pas rien.

Nous regrettons que des Français se fassent les ambassadeurs de la langue anglaise. En ces temps de fortes anglicisations, il y a forcément une corrélation forte entre les enjeux de la culture alimentaire et ceux de la culture tout court.

Avec mes meilleures salutations.

 

M. Jean Lhéritier : Je me suis battu à plusieurs reprises, parfois avec un modeste succès, parfois avec un échec cuisant, pour qu'au sein de notre mouvement, où l'anglais est la langue internationale comme d'ailleurs aujourd'hui partout sur la planète, le français soit langue de travail.

Lors de notre congrès mondial à Naples, en 2003, j'ai eu au téléphone un responsable du secrétariat d'État à la francophonie (ou un service des affaires étrangères concerné), pour qu'il nous aide à financer le français dans les traductions.

Réponse du ministère : Monsieur, nous en sommes à ne plus financer que les traductions en français lorsque les colloques ont lieu en France et menacent de ne se dérouler qu'en anglais !

Alors, vous vous doutez bien que je ne vais pas m'engager dans une démarche solitaire et hélas vaine pour faire changer le nom de notre association !

Cordialement.

 

Jean Lhéritier

Pdt Slow Food France

Tél. : 06.15.27.19.22

Courriels : jean.lheritier@slowfood.fr, LheritierJean@aol.com

 

 

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Pris dans le site de Slow Food : http://www.slowfood.fr/

SLOW FOOD, manifeste pour le goût et la biodiversité 

Carlo PETRINI*

La malbouffe ne passera pas ! 

Préface de Jean Lhéritier, Président de Slow Food France
Avec Slow Food, une nouvelle forme de consumérisme particulièrement inventive et efficace est née, entre alterconsommation et écogastronomie.

Le plaisir de prendre le temps de manger ou de préparer soi-même un repas se fait rare. Avec l’ère du fast-food, des aliments synthétiques et des emballages plastiques, nous avons perdu de vue ce qu’est le processus naturel de semer, faire pousser, récolter…
La dégradation de la nourriture, avec ses dimensions culturelles, économiques et politiques, constitue une grave menace pour notre bien-être et notre santé. Comment protéger notre bien commun et préserver l'avenir ?
En 1986, Carlo Petrini, s’insurge contre la construction d’un McDonald’s au cœur de la Rome baroque. En 1989, il fonde à Paris l’association internationale Slow Food, dénonçant dans un manifeste les dérives de la malbouffe, et, plus globalement, militant pour la préservation des terroirs, des agricultures paysannes locales, des patrimoines gastronomiques, et pour l’éducation du goût.
Cet ouvrage retrace les origines du mouvement. Il présente en quatre chapitres incisifs la vision de Carlo Petrini et les initiatives très concrètes mises en place en faveur de la biodiversité. Il y est notamment question de l’ « Arche du Goût », qui incarne une volonté de sauvegarde, inspirée du livre du philosophe Michel Lacroix Le Principe de Noé ou l'Éthique de la sauvegarde.

 

 

* Carlo PETRINI, Journaliste et critique gastronomique italien, diplômé de sociologie, Carlo Petrini dirige SLOW FOOD depuis 1989. Le siège de cette association internationale, qui compte déjà 82000 adhérents dans le monde, est à Bra, petite ville piémontaise. Carlo Petrini a été cité parmi les héros européens de l’année 2004 par la rédaction de l'édition européenne de Time Magazine.

 

Vous remarquerez, entre autres choses,  qu'il est question ici de respect de la biodiversité, de la préservation des terroirs, etc. (et la diversité linguistique, ça compte pour du beurre !), que l'on nous parle de malbouffe, alors que M. Lhéritier nous dit, en haut dans son courriel, que l'association est intéressée non par le bon goût, mais par les enjeux de la culture alimentaire. Enfin, on notera que M. Petrini a eu une récompense d'un journal anglophone américain installée en Europe. Autrement dit, le chien est content quand le maimaître donne un sucre !