Sujet :

Sciences et Francophonie n°88

Date :

01/10/2005

De Pierre Demers (c3410@er.uqam.ca)

                   

Le scientifique de langue française

une espèce menacée ?

Denis Monière,

Professeur de science politique.

Université de Montréal

 

La suprématie de l’anglais comme langue de communication scientifique est quasi unanimement acceptée par les scientifiques, sauf rares exceptions, comme Charles Durand[1], qui la contestent avec lucidité et tentent d’en montrer les effets pervers pour le développement scientifique et la diversité culturelle. Cette assimilation linguistique de la communauté scientifique est à ce point ancrée dans les consciences que les gouvernements des pays francophones et les organismes voués à la promotion de la langue française semblent avoir jeté la serviette et renoncé à contrer le phénomène. Depuis dix ans ils ne sollicitent plus d’analyses du phénomène, ni d’avis sur les moyens à prendre pour revaloriser le français. En 1989, le Conseil de la langue française avait pourtant lancé un cri d’alarme : " L’usage du français dans les publications scientifiques et techniques continue à décliner non seulement dans le monde mais également au sein de la francophonie et même en France " (Le français dans les publications scientifiques et techniques, Conseil de la langue française 1989) Il semble bien qu’en ce début de 3e millénaire cette préoccupation ne soit plus à l’ordre du jour si on en juge par les thèmes de recherche programmés par la Délégation générale à la langue française qui a déserté cette problématique et s’intéresse plutôt aux usages du français sur Internet. En mars 2001, l’Institut de la statistique du Québec a publié dans son bulletin savoir@stat une étude des publications scientifiques au Québec sans donner d’information sur la langue de publication. Les organismes publics de promotion et de défense de la langue française se comportent comme s’il n’y avait pas d’avenir pour le français comme langue de communication scientifique. Le vent de la résignation a asséché les bonnes volontés.

Certes, en France, on a légiféré en 1994 afin d’inciter les universitaires à utiliser le français, mais la loi n’est pas respectée et les moyens pour la faire respecter sont dérisoires. J’ai vécu personnellement cette situation de laxisme.

En mars 2002, j’étais invité à présenter une communication dans un congrès international de statistiques textuelles, organisé par un comité scientifique français à St Malo. Quel ne fut pas mon étonnement de recevoir la documentation préparatoire rédigée en anglais. Quel paradoxe face à l’histoire puisque mes ancêtres avaient quitté la Bretagne quatre siècles plus tôt pour y découvrir le Nouveau Monde et y implanter un provignement de la civilisation française qui au prix de dures luttes a su résister à l’éradication culturelle et à l’uniformisation linguistique. Or quatre siècles plus tard, je revenais à St Malo et on m’y accueillait en anglais. J’ai dû rappeler à ces universitaires français que l’article 6 de la loi 94-665 prévoit que les documents préparatoires à un colloque ou à un congrès scientifique tenu en France doivent être rédigés en français. Je me trouvais dans l’étrange situation de devoir dénoncer le non-respect de la langue française dans un pays comme la France.

À une autre occasion, un de mes collègues français m’a invité à faire une communication dans un congrès international de science politique où le français est reconnu comme langue officielle et qui de surcroît se tenait à Québec. Il a eu l’inconscience de me demander de faire ma communication en anglais. J’ai dû lui répondre que je refusais son offre, et comme il tenait à la présence d’un Québécois, il a du accepter que je fasse ma communication en français. Mais à ce congrès il n’y eu que 5% des communications qui utilisèrent le français. Nos collègues politologues français avaient choisi de s’exprimer en anglais pour être compris de la communauté scientifique mondiale. Une telle désertion justifierait que le français perde son statut de langue officielle dans les organisations internationales.

J’évoque ces anecdotes pour montrer que si une puissance culturelle et scientifique comme la France abdique devant sa responsabilité de défendre l’usage du français dans le monde scientifique, il sera bien difficile aux petits peuples de justifier la pertinence de leur résistance. De plus, comment dans un tel contexte peut-on espérer que les jeunes des pays dont le français n’est pas la langue maternelle soient attirés par une langue qui est désertée par les francophones eux-mêmes.

 

Courte histoire d’une assimilation linguistique mondiale

Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la communauté scientifique mondiale a abandonné les langues nationales au profit de l’anglais comme unique langue de communication scientifique. Auparavant les grands savants qui ont fait les contributions les plus significatives à l’avancement des connaissances comme les Pasteur, les époux Curie, Poincarré, Einstein travaillaient et exposaient les résultats de leurs travaux dans leur langue maternelle. La pluralité linguistique n’était pas un obstacle au progrès des connaissances. Aujourd’hui les élites scientifiques font la promotion active de la langue unique : l’anglais est devenu la lingua franca de la science sous prétexte que cette langue permet une plus grande diffusion du savoir et donne plus d’influence aux travaux scientifiques qui sont ainsi accessibles à la communauté mondiale des chercheurs. Les sciences ne connaissent pas de frontières et pour être performants et concurrentiels les chercheurs doivent prendre rapidement connaissance des travaux les plus avancés et ils doivent rendre leurs résultats accessibles le plus rapidement au plus grand nombre pour avoir le crédit de la découverte.  Être génial dans sa langue et rester ignoré ou publier en anglais et avoir le prix Nobel : tel est selon Charles Durand,[2] le dilemme des savants qui le tranchent sans état d’âme en faveur de l’anglais.

Mais ceux qui prétendent qu’il est indispensable de publier en anglais pour être lu par leurs pairs à travers le monde sont ou de mauvaise fois ou aiment la plaisanterie car des sociologues des sciences aussi réputés que Robert Merton estiment que moins de 1% des articles publiés en chimie ont plus d’un lecteur[3]. D’autres comme Hervé Penan, Jean-Pierre Courtal et Michel Callon soutiennent que 9 articles sur 10 n’ont aucun lecteur.[4] Qu’importe alors que l’article soit en français, en anglais ou en une autre langue. Le choix de publier en anglais traduirait-il un complexe d’infériorité culturel qui cache derrière une apparente rationalité l’effet d’un snobisme intellectuel par lequel on se donne l’illusion d’être admis au club de l’excellence mondiale? Ce choix participe plus de la posture intellectuelle que de la nécessité intrinsèque à l’activité scientifique. Pourtant, ce qui va de soi aujourd’hui n’était pas vrai hier.

La situation hégémonique de l’anglais est un phénomène relativement récent comme le montre les références contenues dans les articles du Philosophical Transactions publiés par The Royal Society.

 

 

Tableau 1 : Langues de publications 1700-1990

 

Année.......Anglais.....Français...Allemand.......Latin......Autre

 

1700............29.............13..................0.................60......... ..7

 

1750............33..............4.9................0.................47.......... .7

 

1800............57..............23.................7.................10......... ..3

 

1850............56..............23...............14...................7.........  .0

 

1900............52..............6.................41...................0.......... .1

 

1950............81..............7...................8...................0.......... .4

 

1990............89..............3...................5...................0..........  3

 

Source : Allen, Quin et Lancaster, "Persuasive Communities : A Longitudinal Analysis of References in the Philosophical Transactions of the Royal Society , 1665-1990", Social Studies of Science, 24, 1994, 300

 

 

Ce recensement diachronique montre que les langues nationales, que ce soient le français, l’allemand ou l’anglais se sont progressivement imposées au détriment du latin et que jusqu’au début du XXe siècle le plurilinguisme caractérisait la diffusion du savoir et cela même dans une revue britannique. Par la suite, elles ont été à leur tour laminées par l’anglais.

En 1990, 85 % des publications en sciences naturelles, en génie et en sciences biomédicales étaient en anglais et fait encore plus significatif , ces publications monopolisaient 97,4% des citations.

 

 

Tableau 2 : Langues des articles publiés et cités répertoriés par SCI

 

Langues.......                    Articles..........................       .Citations

.................                            Nombre....Pourcentage...         .Nombre.......Pourcentage

 

    Anglais.......           759 753 ...... .84,70.............       .2 841 591......97,40

 

Allemand....            .43 533....... . .4,90.................        27 745.....    1

 

    Français......           .35 050........  . 3,900..............        .17 081....... .0,60

 

    Russe..........          . 30 578 ....... .. 3,40................        .26 284....... .0,90

 

Espagnol.......            7 161......... ..0,80....................          945........ 0

 

  Japonais.......           .5 743.........  ..0,60..................         2 809........0,10

 

Source E.Garfield et A. Welljams-Dorof, "Language Use in the International Research : A Citation Analysis", Annals of the American Academy of Political and Social Science, 1990 p. 11

 

 

Une compilation effectuée en 1993 par Godin et Vallières montre que la production d’articles en français dans les sciences naturelles, en génie et en sciences biomédicales pour quatre pays de la francophonie frôle l’insignifiance ou du moins la marginalité: en France 13.3% de la production totale est en français, au Québec 1,9%, en Belgique 2.25%, en Suisse 1.38%.[5] Les auteurs laissent entrevoir une disparition complète du français dans ces disciplines. Ils expliquent cette abdication par le faible impact qu’ont les revues de langue française sur l’évolution des connaissances. Mais, ils relativisent la descente vers le degré zéro en questionnant l’origine de ces données qui proviennent du Science Citations Index où le nombre de revues francophones recensées décline : moins il y a de revue en français moins il y aura d’articles à répertorier. La moitié des revues et périodiques scientifiques publiés dans le monde sont en anglais et seulement 7% sont en français. Cette tendance s’accentuera si les revues scientifiques françaises suivent l’exemple des revues de l’Institut Pasteur et préfèrent l’anglais au français comme langue de publication. Certaines conservent un titre français comme la revue d’hématologie, mais publient tous les articles en anglais alors que d’autres ont adopté l’anglais même dans leur titre comme la Fundamental and Clinical Pharmacology Review[6]. Ces revues ont même éliminé le français du sommaire, des résumés d’articles et de la rubrique livres. Le même phénomène s’est produit en Allemagne où une revue comme la Psychologishe Forschung est devenue en 1975 Psychological Research. En Allemagne, l’anglais a même acquis le statut de langue officielle de congrès où il n’y avait aucun participant de pays anglophones. Ces exemples montrent clairement que l’internationalisation signifie l’anglicisation de la production scientifique.

Pour avoir une vision moins catastrophique, il faut se référer à la banque de données du CNRS PASCAL qui répertorie depuis 1990 la production des sciences pures et médicales, et où on a recensé 6 millions d’articles publiés dans plus de 4000 titres de périodiques. En 2003, la répartition des documents analysés selon la langue de publication était la suivante : anglais, 74%, français 10% russe 7%, allemand, 5% autres 4%. Même si ces résultats sont relativement moins désespérants, il n’en demeure pas moins que les Sciences Citations index sont utilisés comme critère d’évaluation de la productivité des chercheurs de langue française par les universités francophones et que dès lors la reconnaissance scientifique et professionnelle passe par la publication en anglais pour précisément être répertoriés là où ça compte.

En fait ce sont les universités, les centres de recherche et les scientifiques français, québécois et belges qui acceptent volontairement de se soumettre aux normes d’évaluation et de reconnaissance des compétences du modèle anglo-américain en adoptant les Citations Index comme baromètre de la valeur d’un chercheur. En imposant ce modèle unique de gestion de carrière et de réussite académique, on ne laisse pas d’autre choix aux scientifiques que de publier en anglais. Dire qu’ils choisissent librement de le faire relève de l’imposture.

Cette logique structure toute la chaîne de la production scientifique et entraîne une utilisation de l’anglais bien en amont de la publication. Les laboratoires de recherche échangent les prépublications en anglais. Lorsqu’ils invitent des collègues étrangers, les séminaires se tiennent en anglais sans parler des colloques et congrès internationaux. Les étudiants sont incités à faire des doctorats sur articles de telle sorte que les thèses se retrouvent rédigées elles aussi en anglais puisque les articles le sont. Enfin, les bibliographies sont constituées pour l’essentiel d’articles en anglais de sorte que plus l’étudiant se spécialise moins il fait de lectures en français. Dès lors, les revues françaises perdent leur public et sont vouées à la disparition.

Les comités d’évaluation qui décident de la carrière des professeurs et des subventions de recherche sélectionnent les meilleurs dossiers en se fiant au nombre de publications dans les meilleures revues et pour minimiser les effets de subjectivité que peut impliquer un jugement sur la qualité des recherches effectuées ils se réfèrent à un instrument qui a les apparences de l’impartialité : les Citations Index. En somme les scientifiques n’ont pas intérêt à publier en français et ceux qui continuent à le faire seront marginalisés par leurs propres institutions francophones.

Cette tendance lourde en sciences naturelles s’est aussi imposée en sciences sociales et humaines. En raison de la nature de leur objet qui est plus ancré dans le tissu socio-culturel, les publications scientifiques dans les domaines des sciences sociales et humaines donnent malgré tout plus d’importance à la langue nationale, car elles s’adressent à un marché plus local et moins international que les sciences de la nature. La publication dans la langue nationale devrait être aussi plus fréquente dans ces disciplines, car les applications de ces connaissances sont faites par des gens qui parlent la même langue.

Par rapport à l’ensemble de la production mondiale répertoriée dans le Social Sciences Citations Index, la place du français est globalement tout aussi marginale avec 1.3% des articles publiés répertoriées. Même en isolant la production par pays de la francophonie, on constate que la production nationale des principaux pays de la francophonie se fait là encore majoritairement en anglais.

 

 

Tableau 3 : Publications en français en sciences sociales et humaines dans les pays de la francophonie 1993

 

Pays......          Nombre total....         Nombre en français....     Pourcentage (%)

 

Belgique.......                 479.....................                     39............................8,14

 

France.........                1777.................                     ..636...........................35,79

 

Québec.........               1232................                      ..202...........................16,04

 

Suisse...........                .673...................3                       3.............................4,90

 

Source : Godin et Vallières, op.cit., p. 17.

 

 

Ces champs de savoir offrent une meilleure résistance à la pénétration de l’anglais parce que les revues de sciences sociales et humaines s’adressent à un marché qui est à la fois international et national de sorte que l’usage du français est plus fréquent que dans les sciences naturelles pour communiquer les résultats de la recherche à un auditoire local. Mais les stratégies de réussite professionnelle et de reconnaissance des universitaires les poussent à donner malgré tout la priorité à l’anglais même dans ces domaines.

La base de données bibliographiques FRANCIS du CNRS recense la littérature mondiale en sciences humaines et sociales et contient à ce jour 2.5 millions de références. Les articles répertoriés proviennent principalement des pays européens : Europe de l’Ouest : 39%, France :28%, Etats-Unis :17% autres pays :16%. Cette répartition des sources explique la répartition linguistique des textes : anglais 41%, français 31% allemand 11%, italien 5% espagnol 4%, autres 8%.

L’utilisation du français en sciences sociales est moins réduite à la portion congrue qu’en sciences naturelles car on diffuse le savoir non seulement par les revues scientifiques mais aussi par le livre. Comme le marché est essentiellement national c’est le français qui prédomine largement ce secteur de l’édition scientifique. 

 

Laisser faire ou agir

Les organismes voués à la promotion de la langue française et les diverses instances gouvernementales des pays de la francophonie ont adopté une stratégie molle pour contrer le déclin du français dans les publications scientifiques. Au nom du principe de la liberté académique qui est une condition de la découverte et de l’avancement des connaissances, on s’est refusé à contraindre les individus à choisir une langue de publication.

Comme si la promotion du français était une pratique honteuse, on s’est caché derrière la promotion du plurilinguisme dans les sciences. Ainsi on acceptait implicitement que les scientifiques continuent à publier principalement en anglais en les incitant toutefois à accompagner les textes anglais de résumé en français. Cette position fut adoptée par le Conseil de la langue française du Québec. On incita aussi les revues scientifiques francophones à se regrouper pour être de meilleure qualité. On donna des soutiens à la création de revues internationales en français comme Médecine Sciences en postulant que le problème était le manque de grandes revues de langue française . Mais ces revues végètent et n’ont pas réussi à s’imposer. Enfin on encourage la tenue de colloques en français.

En France, la loi Toubon adoptée en 1994 est tout aussi incitative et peu contraignante. Comme on l’a vu précédemment, elle exige la mise à disposition de documents en français lorsqu’un colloque est organisé en France. Elle impose aux revues éditées en France et qui jouissent d’un financement public de publier un résumé en français des articles en d’autres langues. L’article 11 exige que le français soit la langue d’enseignement à l’Université. Mais cette loi n’a aucune dent, car il n’y a aucun mécanisme effectif de surveillance et de sanction à tel point que les cours et les programmes en anglais se multiplient dans les murs de l’université française.

En Belgique, l’avis émis par le Conseil supérieur de la langue française en 1995 se contente de proposer une action de sensibilisation des scientifiques à la nécessité d’employer leur langue en soulignant les risques d’appauvrissement lexical du français scientifique si l’anglais se généralise au corpus scientifique.

Le bilan de cette stratégie de persuasion faite de mesures incitatives et d’encouragements est pour le moins déprimant, car le volontariat n’a pas réussi à enrayer le déclin du français. Même les acteurs institutionnels de la francophonie préfèrent ignorer le problème et n’osent plus débattre de la question. On fait comme s’il était trop tard, comme si cette tendance était inéluctable et irréversible. On préfère dégarnir ce front et détourner les énergies vers d’autres enjeux comme la place du français dans le cyberespace.

Mais la liberté ne peut jamais être un absolu et s’accompagne toujours de responsabilités. Il y a par exemple des contraintes morales, sociales et économiques qui restreignent la liberté des chercheurs. Il n’y aurait pas de recherche possible aujourd’hui sans le financement public et comble du paradoxe, c’est ce financement public qui permet la publication d’articles dans des revues scientifiques qui sont publiées par des entreprises à but lucratif (44% du marché des revues dominantes en sciences naturelles et 50% du marché en sciences sociales)[7]. De même, la société ne peut laisser le chercheur entièrement libre du choix de ses projets de recherche. L’État intervient en imposant des restrictions à certains travaux qui iraient contre l’éthique ou en définissant des orientations correspondant à des besoins stratégiques. Les débats entourant la recherche sur le clonage humain sont une illustration de ces restrictions à la liberté des chercheurs.

Dès lors, l’usage de la langue française dans un secteur aussi stratégique que celui des sciences qui commande le progrès économique et technologique ne devrait-il pas commander des interventions plus fermes pour donner au français une plus grande visibilité dans le monde scientifique ? Il ne s’agit pas d’empêcher les chercheurs de publier dans la langue de leur choix, mais de ne pas pénaliser ceux qui choisissent de publier en français afin de redonner plus d’importance, de visibilité et de prestige à la communication scientifique en français.

Une langue a-t-elle un avenir si la société ne la valorise pas et ne l’utilise plus dans les secteurs d’activités les plus productifs et innovateurs ? Ne doit-il pas y avoir un équilibre entre choix individuel et besoin collectif ? Les savants font partie de la cité et doivent être plus attentifs aux effets socio-culturels de leurs choix. Puisque les universités et les laboratoires de recherche n’existeraient pas sans l’apport de fonds publics, ils ont une dette envers la société et devraient être obligés de contribuer à la préservation du français comme langue de communication scientifique. Comme ce sont les critères de promotion et d’évaluation des chercheurs et des laboratoires qui les poussent à publier en anglais, ne faudrait-il pas ajouter des critères socio-culturels comme l’obligation pour obtenir une promotion ou une subvention de publier régulièrement en français ce qui serait une contribution au rayonnement du français ? Cette politique est appliquée au Japon et de toute évidence elle ne nuit nullement à la qualité et à la diffusion de la production scientifique japonaise.

 

 

[1] Charles Durand, La mise en place des monopoles du savoir, Paris, L’Harmattan, 2001.

[2] Ibid p.17.

[3] The Sociology of Science, Carbondale, Southern Illinois University Press, 1979.

[4] La scientométrie, Paris, Que sais-je ? 1993.

[5] B. Godin et F. Vallières, "Endangered Species" : une nouvelle estimation de la part du français dans les communications scientifiques ", Québec, Conseil de la langue française, décembre 1995,  p. 10

[6] Voir l’avis du Conseil supérieur de la langue française, www.clf.gouv.qc.ca/Publications/avis115/A115.htm

[7] Voir Gérard Boismenu et Guylaine Beaudry, Le nouveau monde numérique, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2002, p. 32.

 

 

                  Publication électronique : www.lisulf.qc.ca

Science et Francophonie paraît 4 fois par an sous la responsabilité de la LISULF,

Ligue Internationale des Scientifiques pour l’Usage de la Langue Française.

1200, rue Latour Saint-Laurent (Québec ) H4L 4S4

 c3410@er.uqam.ca

  Le rédacteur en chef : Pierre Demers