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Algérie,
es-tu là ?
« J’attendrai le jour et la nuit,
J’attendrai toujours
Ton retour… »
Qui ne se souvient de la chanson créée dans les années 30 par
Rina Ketty et popularisée par Dalida il y a plus d’un quart de
siècle ? On pourrait la croire écrite par des francophones
à l’intention de l’Algérie, cette fiancée de l’O.I.F. qui
sait se faire désirer depuis si longtemps…
Un des tout premiers pays francophones au monde, de par le nombre
de personnes qui y parlent le français, l’Algérie n’a en
effet pas encore « sauté le pas » en adhérant
formellement à l’organisation culturelle et politique de la
Francophonie.
En octobre 2002, lors du Sommet de Beyrouth, la presse algérienne
elle-même, s’appuyant sur une déclaration du président
Bouteflika y affirmant que « l’usage de la langue française
est un lien qui assure notre unité », avait crû à
l’imminence de l’entrée de son pays dans l’espace
francophone. Mais cette annonce fut bientôt démentie.
C’était sans doute reculer pour mieux sauter : deux ans
plus tard, à Ouagadougou, la présence officielle du chef de
l’Etat algérien fut à nouveau interprétée comme le signe
qu’il s’apprêtait à devenir membre à part entière de
l’entité francophone. Le désir manifesté par Abdelaziz
Bouteflika « d’exorciser les démons du passé » répondait
aux propos d’Abdou Diouf proclamant que « la Francophonie,
c’est le nouveau non-alignement ». Là encore, cependant,
l’union ne fut pas consommée.
A ce jour, l’Algérie reste donc pour la Francophonie un
« partenaire d’exception » extérieur qui ne
rechigne pas pour autant à participer aux nombreuses instances
qui lui ouvrent leurs portes. Régulièrement invitée aux
rencontres importantes, impliquée dans plusieurs opérations de
coopération qui mobilisent scientifiques et chercheurs
francophones, particulièrement active au conseil
d’administration de l’A.U.F. (l’Agence Universitaire de la
Francophonie) où l’un de ses ressortissants (Abdelbaki Benziane)
occupe le poste envié de vice-président, l’Algérie n’a
jamais tant fréquenté la Francophonie qu’au cours de ces dernières
années, voire de ces derniers mois.
Afin que l’union soit officiellement conclue, il reste sans
doute encore à dissoudre les derniers malentendus que font peser
sur l’O.I.F. les séquelles de l’histoire de l’Algérie avec
son « ancien colonisateur », même si ce dernier est
devenu son indéfectible allié dans le cadre de la nouvelle
« communauté d’égaux » francophone. Même si l’écrivaine
Assia Djebar, qui vient d’être élue à l’Académie française,
a la double nationalité franco-algérienne, comme Léopold Sédar
Senghor avait la double nationalité franco-sénégalaise. Même
si l’Algérie, qui valorise désormais dans son enseignement la
place du français dès l’école primaire, affiche sans ambiguïté
des valeurs traduisant sa volonté d’affirmer la spécificité
francophone en regard d’une « globalisation » dont
l’hégémonie menace.
Toujours est-il que, pour le président Chirac, les choses sont
claires : « L’Algérie est la bienvenue dans la
Francophonie ». On murmure même ça et là que, le moment
venu, on saura épargner à sa demande le parcours compliqué des
procédures d’admission habituelles.
Et les participants des prochaines francofffonies !, comme
ses spectateurs, pourront constater par eux-mêmes que l’Algérie,
largement associée à cette manifestation, n’y marchande certes
pas son concours !
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