Sujet : Le français dans les Sciences  !
Date : 09/09/2006
Envoi de : Festival Francophone en France (info@francofffonies.fr)

                   

Le festival francophone
en France
16 mars - 9 oct. 2006
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À Nantes, les carrefffours de la science

La science serait-elle le talon d'Achille de la francophonie au sein de « ce lieu privilégié de production et de diffusion des savoirs » qu'est l'institution universitaire, tandis que les comités de lecture des éditeurs et des revues scientifiques seraient, eux, tombés «totalement sous la coupe des grandes équipes de recherche américaines» ? Nombreux sont ceux qui professent une telle opinion, à l'instar de Bernard Lecherbonnier, déplorant dans son essai roboratif –  Pourquoi veulent-ils tuer le français ? , Albin Michel, 2005 – que « ce qui symbolise la dévotion de nos universitaires et de nos chercheurs au modèle anglo-saxon est leur adoption unanime de la langue anglaise comme langue scientifique internationale». Ce constat n'est pas innocent, loin s'en faut, puisque du fait que chaque langue «découpe l'univers à sa façon et en donne une image mentale différente, […] l'usage d'une seule langue enfermerait la pensée scientifique dans une seule culture».

Madame Gendreau-Massaloux, Recteur de l'Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et présidente du Comité scientifique du colloque organisé les 14 et 15 septembre prochains, dans le cadre du festival francophone en France, avec l'Université de Nantes, sur le thème «Quelles solidarités scientifiques en francophonie ?», reconnaît pour sa part l'importance de l'enjeu linguistique dans les pratiques universitaires, mais refuse, comme on pouvait s'y attendre, un diagnostic aussi sévère.

«Il est vrai que la langue influe sur la nature même du savoir en y imprimant un système de représentation qui lui est propre et qu'on ne saurait concevoir un monde multipolaire qui ne s'appuie, d'abord, sur la pluralité des langues. Il en est ainsi, en particulier, dans ce grand «Sud» qui ne se réduit pas à la seule Afrique et qui englobe des pays émergents répartis sur toute la planète. Ce sont avant tout ces derniers qui doivent s'émanciper des dominations scientifiques anglo-saxonnes en s'affirmant, dans leur propre langue, comme des auteurs de savoirs à part entière, afin de combler l'écart avec les pays développés ». Pas question, en effet, de dissocier les avancées scientifiques du combat pour la langue qui les porte : «L'école de mathématiques française, qui est la première au monde, a remporté un tel succès parce qu'elle a fait l'effort de défendre sa langue».

D'où la cohérence des actions menées par l'AUF pour alimenter, dans le cadre de la francophonie, les pôles d'excellence des laboratoires qu'elle soutient, en même temps que les langues des cultures dans lesquelles elles s'inscrivent.

D'où, aussi, ces rencontres de Nantes qui ont précisément comme objectif d'expliciter les mesures déjà prises, souvent mal connues, et d'exposer leurs premiers fruits, démentant ainsi la sempiternelle vulgate sur une mondialisation scientifique exclusivement anglophone.

Madame le Recteur ne minore, certes, ni l'ampleur des difficultés ni le chemin qui reste encore à parcourir. Mais chaque pas compte, «qui permet de susciter un mouvement de l'Histoire allant à l'encontre du discours fataliste sur la disparition des langues nationales». Ainsi, on observe que les publications scientifiques – généralement en anglais, – s'accompagnent de plus en plus souvent de résumés dans la langue de l'auteur, ce qui enrichit manifestement le contenu de la communication. Ou encore que, sur Internet, plus le réseau s'internationalise, plus il devient multilingue : les contenus en langue anglaise y sont désormais inférieurs à 50% du total. Ou, enfin, que les premiers effets du «rééquilibrage» que Madame Gendreau-Massaloux appelle de ses vœux se font maintenant sentir : «La France de jadis était surtout attentive aux techniques et aux sciences «dures», ce qui tendait à répondre à une demande sociale majoritaire au détriment des sciences humaines longtemps considérées comme un luxe. Aujourd'hui, les chefs d'État de la Francophonie nous suivent dans des disciplines que nous jugeons essentielles pour réaliser les objectifs qui sont les nôtres, comme les sciences du développement durable – médecine, ingénierie, environnement… –, la fabrication des outils éducatifs, les savoirs en français et la linguistique.»

Quant à la circulation des hommes et des femmes – professeurs, chercheurs et étudiants – qu'on dit souvent entravée par les restrictions dans l'attribution des visas, il faut veiller à ne pas la prendre en compte dans une acception centrifuge, à partir de la France considérée comme seul centre de la Francophonie: «Les réseaux inter-universitaires relient tout autant l'Afrique sub-saharienne au Maghreb ou à l'Asie francophone qu'à Paris. La question des visas ne concerne donc pas le seul cas de la France mais la politique nationale de chacun. Et, quoi qu'il en soit, la procédure d'attribution des bourses par des jurys multinationaux, dans le cadre de l'AUF, permet d'établir les dossiers suffisamment à l'avance pour faire jouer des procédures adaptées, convenues avec les consulats».

Autant de sujets que les acteurs universitaires d'une francophonie dynamique et solidaire s'attelleront à développer, à Nantes, durant ces deux journées de tables rondes et d'ateliers.

l'équipe du festival