Sujet : La parole à... Maïssa M'Baye
Date : 23/01/2006
Envoi de : Festival Francophone en France (info@francofffonies.fr)

                   

Le festival francophone
en France
16 mars - 9 oct. 2006
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La parole à … Meïssa M’Baye

 

Meïssa, c’est d’abord une voix. Une de ces voix chaudes de baryton, légèrement érodée par les tourments d’un monde qu’on entend moins souvent exulter que gémir. Une voix habitée par des mots et des poèmes qui comptent parmi les plus beaux de la littérature de son pays, le Sénégal : Meïssa est un « chanteur à textes ». Mais pas n’importe quels textes : au Salon du Livre, les 27, 28 et 29 mars à La Maroquinerie ou encore à la Bibliothèque nationale de France, c’est le président-poète Léopold Sédar Senghor que le chanteur franco-sénégalais mettra en musiques, en hommage à la négritude et en prélude aux festivités organisées par francofffonies ! pour la commémoration du centenaire de sa naissance. Entre Sine et Seine, le nouvel album de Meïssa, chanteur, conteur et musicien – lui-même se présente simplement comme un « artiste-citoyen » - qui redonne vie à cet héritage, s’inscrit donc parfaitement dans le projet du festival francophone en France : animer les pensées et les imaginaires, ranimer les mémoires et enseigner les valeurs de la Francophonie pour le plus grand plaisir des spectateurs.

fff : Vous êtes retourné vivre au Sénégal après 23 années passées en France. Comment abordez-vous ce festival qui vous amène à nouveau à Paris ?

M.M. : Avec beaucoup de satisfaction. Si cette manifestation a pour but de faire coexister les diverses cultures des artistes invités, c’est une excellente chose. J’en ressens l’urgence parce que mon lien avec la France n’a pas été rompu du fait de mon retour à Dakar, bien au contraire, et parce que c’est en tant que Sénégalais que je ressens cette connivence particulière avec les pays qui font partie de l’ensemble francophone : j’en suis tellement plus proche que des Américains ! 

fff : On sait que de nombreux artistes refusent le qualificatif d’ « artistes africains ». Vous reconnaissez-vous comme un « chanteur francophone », malgré le poids de la colonisation ?

M.M. : Vous faites sans doute allusion à certains des morceaux que j’interprète, comme Thiaroye, qui rend hommage aux tirailleurs sénégalais massacrés en 1944 par les Français pour avoir revendiqué le paiement de leurs arriérés de solde. Il est vrai, comme Senghor, qui en est l’auteur, l’a exprimé lui-même, qu’il y eut durant la colonisation maintes occasions où « la France n’était plus la France ».  Mais s’il n’est pas question d’ignorer ces massacres, il ne faut pas non plus oublier le personnage de la femme d’exception qui intervient en contrepoint dans cette histoire : celle de la colonisation est double, avec des exactions qui peuvent déboucher sur la poésie de l’espoir. Il y avait aussi des colons humanistes…

fff : L’institution francophone ne risque-t-elle pas, cependant, de brider, voire de détourner votre création ?

M.M. : Non, bien au contraire. Je me permets toutefois de vous faire remarquer que nous n’avons pas attendu ce festival pour essayer, par notre travail, de faire reconnaître des cultures minoritaires. Mais, nous autres, artistes, avons toujours besoin du prince pour pérenniser notre œuvre et mieux la faire partager, avec notre culture, à d’autres peuples, voire mieux la diffuser au sein du nôtre. Nos initiatives sont le plus souvent totalement démunies : le soutien des institutions est une nécessité.
En outre, nos activités prennent place dans un cadre réglementaire qui mérite, lui aussi, qu’on s’y arrête. On a souvent parlé de la question des visas, qui n’en a pas été résolue pour autant et qui est encore plus difficile quand elle concerne des groupes émergents, des jeunes talents. Ceux-là peinent à rassembler les documents qu’on leur demande.
Et, puisque je suis musicien, je voudrais attirer l’attention sur une disposition qui concerne tous mes camarades des pays francophones : que la législation française exigeant – notamment dans les radios – des quotas de diffusion français et étrangers tienne compte de la nature francophone des productions. Il est anormal que des productions africaines, notamment, soient comptabilisées au titre des « productions étrangères » et contingentées en tant que telles. En tant que productions francophones, elles devraient bénéficier d’un statut particulier.

 

l'équipe du festival