Sujet :

Réagir contre les anglicismes

Date :

21/03/2012

De Georges Gastaud  (courriel : gastaudcrovisier2(chez)wanadoo.fr)  

Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez « chez » par « @ ».

Réagir contre les anglicismes

Frédéric Taddeï a lancé un site de discussions qu'il a nommé "Newsring".

Excellente idée que ce site, mais pourquoi lui avoir donné un nom anglais ?

N'hésitez donc pas à aller à l'adresse ci-dessous pour dire votre désapprobation sur cette énième anglomanie :   http://newsring.tumblr.com/post/14604704842/vos-questions-a-frederic-taddei

Ci-joint, un article de Claude Hagège paru dans ce site et qui n'attend plus qu'une note positive de votre part pour atteindre le haut du classement (possibilité de noter l'article en allant sur le lien donné à la fin du texte).

Enfin, une réaction saine et argumentée de nos amis du CO.U.R.R.I.E.L contre les anglicismes.

RR

 

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L'anglais véhicule une vision du monde occidentale et cette omniprésence d'une langue est dangereuse

Claude HagègeOn me présente souvent à tort comme l'ennemi de l'anglais. Or je ne dénonce pas l'anglais, je dénonce la domination de la langue anglaise dans le monde. Si le chinois devenait une langue mondiale, je le dénoncerais tout autant que l'anglais. Je suis favorable à la diversité des langues et des cultures et il n'y a aucune raison qu'une langue prédomine.

On me rétorque souvent que le latin a dominé le monde, mais quand il s'est diffusé, le latin était déjà une langue morte, ce qui n'est pas le cas de l'anglais actuel.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que la domination de l'anglais dans le monde n'est pas innocente, car c'est la langue des pays les plus puissants et les plus riches. L'anglais véhicule une vision du monde occidentale et cette omniprésence d'une langue est dangereuse.

Comme langue de la communication internationale, l'espéranto serait plus adéquat que l'anglais. Car bien qu'il soit une langue inventée, l'espéranto a le mérite de ne pas véhiculer une pensée unique.

La solution pour contrecarrer cette toute-puissance de l'anglais passe selon moi par l'apprentissage, dès le plus jeune âge, de plusieurs langues. La proposition du ministre de l'Education nationale d'enseigner l'anglais dès 3 ans n'est pas satisfaisante, et je m'insurge contre cette décision. Il faut plutôt diversifier l'apprentissage des langues étrangères, et il vaut mieux que les élèves apprennent au moins deux langues pour que leur vision du monde soit la plus diversifiée possible.

Je suis donc opposé non pas à l'anglais, mais à la notion de langue dominante.

J'ajoute que la croyance selon laquelle l'anglais est une langue facile est erronée. Elle vient du fait que l'anglais est la langue dominante. L'anglais non seulement foisonne d'expressions idiomatiques qu'on ne peut connaître sans les avoir apprises, mais de plus sa phonétiques comporte des voyelles et des diphtongues qui sont extrêmement difficiles à prononcer pour un non-autochtone ("non-native"), et quelquefois pour les anglophones eux-mêmes. Les gens croient volontiers que c'est une langue facile car elle a peu de morphologie, mais elle n'en est pas moins pleine d'irrégularités et d'idiomes. Sa difficulté n'en fait pas la langue la plus aisée à apprendre.

 

Source : newsring.fr, le 15 février 2012

Possibilité de noter l'article et de donner un avis sur :

http://www.newsring.fr/culture/358-langlais-detruit-il-la-pensee/5517-langlais-vehicule-une-vision-du-monde-occidentale-et-cette-omnipresence-dune-langue-est-dangereuse

 

 

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Réaction du CO.U.R.R.I.E.L :

 

Résister à la politique linguistique inavouée de substitution systématique de l’anglais commercial aux langues nationales.

Les anglicismes constituent un élément parmi d'autres de la politique délibérée et méthodique des élites françaises ainsi que celles d'autres pays (Allemagne, Italie), de substituer l'anglo-américain à leur langue nationale.

Rappelons simplement quelques faits marquants de ces dix dernières années :
- la loi relative à la langue française (dite loi Toubon) est régulièrement bafouée dans l'enseignement supérieur (thèses rédigées en anglais, cours en anglais dans les universités...), au lycée (où certains matières peuvent et sont enseignées en anglais); à l'école primaire et en maternelle, l'anglais est quasi systématiquement enseignée désormais
- l'accès à l'emploi est conditionné à la maîtrise de l'anglo-américain, même pour des postes sans contact avec l'étranger
- dans le domaine culturel, un nombre croissant de groupes français ont abandonnée la langue française
- quant aux enseignes et aux slogans publicitaires, le français y trouve de moins en moins sa place

Dans ce cadre, la place du déluge actuel d’anglicismes, la presse destinée aux jeunes et aux femmes battant tous les records, a plusieurs rôles:
- elle est indubitablement une marque de snobisme de la part des élites qui marquent ainsi leur mépris à l'égard de leur peuple
- elle participe à la ringardisation de la langue française, supposée inapte à la modernité ; l’intitulé du présent site en est un témoignage aussi accablant que banal (les publicitaires qui « nomment » les produits n’ont plus aucun effort d’imagination à faire, il leur suffit d’appeler "The Voice" une émission de Radio-Crochet !) ;
- elle induit un effet d'injonction vis-à-vis de la population qui se trouve sommée, de fait, de comprendre l'anglais, avec toutes les souffrances sociales et psychologiques qui en découlent
- elle nuit à la compréhension dans certains domaines scientifiques et sert aussi de novlangue capitaliste visant à dissimuler le contenu oppressif de certains concepts : le « management » n'est jamais que la manipulation des esprits pour aliéner les salariés à l'entreprise et aux intérêts patronaux... bref le contenu socio-politique de cette entreprise d’arrachage linguistique de la langue des Sans-Culotte et des Communards est loin d’être politiquement et idéologiquement neutre et il n’y a jamais loin de la langue unique à la pensée unique mondiale, ces effets « globalitaires » de la mise en place du grand marché européen et mondial qui nous soumet à une dictature mondialisée aussi brutale dans ses effets qu’avenante dans sa présentation « modernes » ;

- À l’arrivée, la politique linguistique inavouée et soustraite au débat public de substitution de l’anglais aux langues nationales (car le même phénomène substitutif est en cours en Allemagne, en Italie, en Belgique, etc.) aboutira, si les peuples et les intellectuels n’y résistent pas, à la transformation des langues nationales en patois abâtardis en moins de deux générations, puis à l’élimination de toute diversité linguistique en Europe, si ce n’est celle qui distinguera l’élite euro-mondialisée « English mother tongue » et la canaille parlant des English créoles nationaux ou régionaux. Énormes pertes pour la culture humaine, qui ne vit que de sa diversité, énormes discriminations linguistiques s’ajoutant aux discriminations actuelles, énorme aliénation idéologique d’un peuple qui dans trente ou quarante ans ne parlera plus sa langue et ne comprendra plus sa littérature (déjà à l’heure actuelle la « chanson française » tend à devenir un genre, voire un genre exotique, pour nombre de jeunes américano-formatés dès le biberon) ;

- Nul ne prône le « purisme » : une langue peut s’enrichir d’emprunts à d’autres langues à condition qu’ils ne soient pas massifs, continus, à sens unique, et que la langue les assimile, comme le font les Anglais eux-mêmes quand ils prononcent à l’anglaise d’innombrables mots d’origine française. Aujourd’hui ce n’est pas le cas, les mots anglais sont importés en masse, prononcés (croit-on !) à l’américaine, et ils viennent très souvent remplacer des termes français existants et compris de tous. Quand une masse de gens ne sait plus dire « oui » (yèèèèèès !), ou « d’accord » (OK), quand le phonème « meïl », inexistant dans la phonétique française, déchire les oreilles cinq cents fois par jour (alors que le mot courriel, inventé et pratiqué par tous au Québec est l’abréviation claire et euphonique de « courrier électronique »), c’est le système même de la langue qui est ébranlé dans ses structures ; car que reste-t-il d’une langue où les mots « oui et non », « ja und nein », « da ili niet » finissent par se dire avec des termes étrangers ?

- Et non, cela ne dépend pas que de la modernité et de « l’air du temps ». Quand l’Éducation nationale ne cesse depuis des dizaines d’années de diminuer le nombre d’heures affectées à l’enseignement du français, quand l’anglais seul est enseigné dès le primaire (à quelques exceptions près), quand des dizaines de grosses entreprises françaises et travaillant en France obligent leurs cadres à travailler en anglais, quand le président « français » du MEDEF européen déclare qu’il n’emploiera plus officiellement que l’anglais, quand l’Union européenne impose insidieusement l’anglais dans ses textes officiels (par ex. sur son site statistique) en éliminant toute autre langue, quand tous les pays voisins de la France procèdent de même alors que l’Angleterre n’impose plus à ses bacheliers d’apprendre une langue étrangère, on n’en est plus aux anglicismes : on en est au TOUT-ANGLAIS oppressif, à la violation délibérée et sans débat des législations nationales et des traités européens, bref à une politique doucereusement totalitaire que les politiques se gardent bien de soumettre au débat, tant ils sont sûr d’être désavoués par les peuples.

- Plus globalement, il ne s’agit plus d’emprunts quand systématiquement, des mots français existants et compris de tous (par exemple « TGV familial » ou « Rapide » sont sciemment REMPLACÉS par des termes anglais tels que « Family TGV », « TGV Nights », « Speed »).

- On dira que les défenseurs du français ont jadis procédé de même que les actuels « américaniseurs » à l’encontre des langues régionales et des langues de l’immigration. Mais outre que les fautes d’hier ne justifient pas les fautes encore plus énormes d’aujourd’hui, qui ne voit que si le français, qui est encore aujourd’hui parlé sur les cinq continents, est détrôné sur son propre sol natif à l’instigation de ses « élites » (sic), TOUTES les langues du monde y passeront ? Quel joli monde uniforme préparons-nous, nous qui nous réclamons de la défense de la « bio-diversité », que celui de la langue unique, de la pensée unique, de la politique unique, de la cuisine unique, de la chanson unique, etc.

- Au final, ne nous laissons pas couper la langue : le plurilinguisme passe par la défense des langues existantes. Ne laissons pas casser ce premier service public de France qu’est la langue française, « langue de la République » au titre de l’article II, grossièrement bafoué, de la Constitution. Un peuple qui perd sa langue a vite fait de perdre la parole avant que de perdre son identité et pour finir, son existence et son apport original à la culture universelle.

La question des anglicismes est de ce fait un point non négligeable mais ne saurait être pleinement comprise sans être resituée dans le cadre d'une politique globale d'anéantissement de la langue et d'une inféodation du peuple français, - mais aussi des autres peuples d’Europe -, à l'empire euro-américain et à sa son idéologie aliénante du tout-marché uniformisé.


 

Georges Gastaud,

Président du CO.U.R.R.I.E.L. (http://www.courriel-languefrancaise.org/)

Collectif Unitaire Républicain pour la Résistance, l’Initiative et l’Emancipation Linguistique.

 

 

 

 

 

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