Sujet :

Pour une Europe multilingues

Date :

01/12/2005

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Les défenseurs d'une Europe multilingue gagnent du terrain

 

Le multilinguisme est reconnu officiellement comme un élément important du développement de l'identité de l'Union.

 

Par Henri de Bresson

 

 

Brocardée par les partisans du tout-anglais, au nom du réalisme, la défense du multilinguisme comme élément constitutif de l'identité européenne prend corps. Onze ans après la loi Toubon, qui garantit, au nom de ce multilinguisme, l'usage du français dans la vie courante et professionnelle, des Assises européennes du plurilinguisme se sont tenues les 24 et 25 novembre à Paris, à l'initiative du président de l'Asedifres (Association européenne des diplômés français de l'enseignement supérieur), Christian Tremblay, et d'autres associations.

Une prise de conscience croissante de la nécessité de sortir du dilemme des langues en Europe s'y est fait jour. L'affirmation de la "diversité linguistique comme élément de l'identité européenne" n'est pas seulement incantatoire, comme il peut paraître parfois. A la clôture des rencontres, vendredi 25 novembre au Sénat, deux représentants des syndicats CGT et CFTC ont affirmé l'importance que devrait avoir la formation linguistique des salariés, mais aussi le combat engagé pour résister à la mode du "tout-anglais" qui sévit de plus en plus dans les entreprises, surtout multieuropéennes ou nationales.

Ces assises, qui avaient reçu l'appui du ministre français de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres, ont permis de discuter des solutions, forcément peu évidentes, pour échapper à la tentation du monolinguisme, qui constitue, selon ses opposants, un appauvrissement et un facteur de déséquilibre à la fois politique et économique. La langue n'est pas neutre. Elle véhicule une culture. C'est ce que montre le débat sur le tropisme néo-libéral et anglo-saxon de la mondialisation. C'est vrai aussi à l'intérieur de chacune de nos sociétés d'immigration où la méconnaissance des langues minoritaires favorise les cloisonnements. "Les violences des banlieues françaises militent pour une attention plus grande à ces autres langues et cultures représentées dans les grandes villes françaises", a estimé l'ancienne secrétaire générale de l'Office franco-allemand pour la jeunesse, Babette Nieder.

 

UN ÉNORME DÉFI

Le multilinguisme est depuis peu reconnu officiellement au niveau européen comme un élément important du développement de l'identité de l'Union. La Commission européenne vient de consacrer, mardi 22 novembre, une communication à ce sujet, la première de son histoire. Elle y affirme son engagement et présente une nouvelle stratégie-cadre assortie de propositions d'actions spécifiques. Son mot d'ordre : "Plus tu connais de langues, plus tu es humain."

Avec vingt langues officielles dans l'Union européenne à 25, ce multilinguisme est un énorme défi. Pour la première fois, la nouvelle Commission mise en place depuis un an, après l'élargissement, comporte un responsable, le Slovaque Jan Figel, chargé spécifiquement de cette question, en même temps que de l'éducation, de la formation et de la culture.

Les propositions de Bruxelles portent, selon son communiqué de presse, sur trois domaines dans lesquels les langues occupent une place importante dans la vie quotidienne : la société, l'économie et les relations de la Commission elle-même avec les citoyens. Celle-ci rappelle que ses programmes Socrates et Leonardo, dans lesquels elle investit 30 millions d'euros par an, permettent de financer des actions de formation et d'échanges pour les étudiants et les enseignants.

La Commission rappelle cependant que c'est d'abord aux Etats de jouer leur rôle sur l'apprentissage des langues. Dans certains pays, comme les Pays-Bas, le Luxembourg, les pays scandinaves, le multilinguisme va de soi dès l'école. En France, les multiples incitations officielles à apprendre une langue vivante dès le primaire et à améliorer l'apprentissage de deux langues continuent de se heurter à d'importants obstacles. Paris est l'exemple même de l'indigence de l'éducation nationale dans ce secteur.

 

Henri de Bresson,

Le Monde, le 26 novembre 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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