Sujet :

Pour moins de porte-parole anglo-saxons au sein de l'UE !

Date :

13/02/2010

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La Commission veut moins de porte-parole anglo-saxons

Malgré les efforts de l’UE pour mettre en place une équipe multilingue pour son service de porte-parole, les observateurs condamnent la tendance dangereuse au sein des institutions européennes d’une hégémonie linguistique et culturelle de la langue anglaise.

Un document interne consulté par EurActiv.com montre que onze des 26 porte-parole déjà été désignés pour la prochaine Commission européenne sont anglo-saxons. Parmi eux, on trouve sept Britanniques et quatre Irlandais.

Quant au porte-parole qui n’est pas encore nommé, celui du commissaire roumain Dacian Ciolos, il pourrait également être Britannique.

Des fonctionnaires de la Commission ont admis que la liste actuelle était le résultat d’une révision majeure. En effet, l’équipe de porte-parole initialement proposée par les commissaires désignés comprenait environ 20 porte-parole anglo-saxons.

« Des nominations sont toujours en cours et des révisions sont possibles », explique un fonctionnaire européen. « Le nouveau service de porte-parole n’a pas encore été mis en place », a déclaré la responsable du service des porte-parole de la Commission Pia Ahrenkilde Hansen. La procédure de nomination est encore en cours et doit être finalisée, a-t-elle rappelé le 21 janvier en réponse aux questions des journalistes au cours du point de presse quotidien de la Commission.

Un fonctionnaire de la présidence espagnole de l’UE a souligné qu’il était important de maintenir une proportion de chaque nationalité dans les services publics, y compris le service des porte-parole.  

 

Le pluralisme culturel menacé

« Après l’élargissement de 2004, nous avons assisté à l’émergence d’une nette tendance consistant à privilégier des fonctionnaires dont la langue maternelle est l’anglais dans la salle de presse, ce qui présente le risque de privilégier le critère de la langue dans la sélection des porte-parole plutôt que la qualification ou les compétences de communication », a expliqué Lorenzo Consoli, président de l’Association internationale de la presse (AIP).

« La prédominance linguistique de l’anglais peut avoir des impacts culturels et politiques », a-t-il ajouté, expliquant que le pluralisme culturel serait en danger si la tendance ne venait pas à s’inverser. 

Par ailleurs, « la politique de communication de la Commission européenne serait elle-même en danger si elle était exécutée presque exclusivement par des fonctionnaires dont la langue maternelle est l’anglais », a-t-il déclaré. Il a affirmé qu’ils avaient tendance à utiliser des expressions provenant de la littérature ou de la culture anglaise, susceptibles de ne pas être comprises par la majorité des journalistes qui ne sont pas Britanniques.

« Paradoxalement, les porte-parole anglophones risquent de communiquer moins bien en anglais que leurs collègues d’autres nationalités », a ajouté M. Consoli.

Pour garantir ce pluralisme, l’AIP est favorable à une distribution proportionnelle des postes de porte-parole et défend le régime bilingue adopté dans la salle de presse, où les journalistes peuvent poser des questions en français et en anglais.

Cependant, malgré ces efforts, des développements récents ont montré que les institutions européennes n’allaient pas dans ce sens. Mis à part le nombre disproportionné de porte-parole anglo-saxons, la tendance est également à la réduction des communiqués de presse multilingues.

Les communiqués de presse de la nouvelle ministre des Affaires étrangères de l’UE, Catherine Ashton, sont presqu’exclusivement en anglais, et rarement suivis - ou avec un retard important - par des traductions en français, a déploré M. Consoli.

Plus largement, la liste des membres de cabinet qui circule actuellement comprend notamment 22 Allemands, 20 Français, 20 Britanniques, 14 Portugais, 12 Italiens, 11 Belges et 10 Espagnols. La Bulgarie, l’Estonie et la Lettonie ont chacun un seul membre représenté.  

 

Sarkozy soutient le français  

Le 17 janvier, l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, envoyé spécial du président Nicolas Sarkozy sur la francophonie, est venu à Bruxelles pour faire pression en faveur d’un meilleur équilibre linguistique dans les institutions de l’UE.

La France sera « gentille, mais ferme » dans la promotion de la francophonie, a dit M. Raffarin. Il a expliqué que le multilinguisme avait d’importants impacts géopolitiques pour l’Europe, ayant l’alternative d’être un G2 entre la Chine et les États-Unis. Selon M. Raffarin, la francophonie unie l’Europe et l’Afrique et a un rôle stratégique à jouer dans ce sens.

 

Source : eurativ.fr, le 25 janvier 2010

Possibilité de réagir sur :

http://www.euractiv.fr/priorites-de-lue-elections/article/commission-veut-moins-de-porte-parole-anglo-saxons-002410

 

 

 

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