Sujet :

Michel Serres, Astérix, les Romains et l'anglais

Date :

18/09/2011

D'Henri Masson (courriel : esperohm(chez)club-internet.fr)

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Michel Serres aime Tintin, mais pas Astérix, et il explique pourquoi.

Chronique très intéressante en tout (violence, drogue, barbarie, etc.) à bien écouter et à faire écouter.

(Écouter la chronique en entier)

Voici la transcription que j'ai pu faire d'un passage :

  (Écouter le passage de l'enregistrement concernant l'imposition d'une langue)

Michel Serres : (...) Non, non, c'est vrai que nous n'avons pas vaincu les Romains. Nous n'avons pas résisté comme le dit la bande dessinée, mais au contraire, ils nous ont écrasés jusqu'au dernier. Il y a une preuve, d'ailleurs, ils nous ont imposé leur langue...

Interrompu par Polacco : Ils nous ont civilisés !

Michel Serres : Non, non, non, nous étions civilisés, ils nous ont imposé leur langue exactement comme aujourd'hui les vainqueurs et les collabos de la guerre économique nous imposent l'anglais, ils nous ont imposé le latin, et la preuve, c'est qu'il nous reste à peine deux ou trois dizaines de mots gaulois en-dehors des noms de lieux et de géographie. 

 

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Je viens de faire un petit document de citations sur des déclarations de Michel Serres. Si vous en connaissez d'autres et si vous avez des précisions, elles seront bienvenues (en particulier pour le passage en rouge) :

 

Membre de l'Académie française, philosophe et historien des sciences, qu'il enseigne à l'Université de Stanford, Michel Serres vit depuis au moins quarante ans aux États-Unis. Il ne renie pas ses origines françaises et paysannes. En plusieurs occasions, il a fustigé ceux qui font le lit du tout-anglais :
 

Le Nouveau Quotidien (Lausanne, Suisse, 1er décembre1992) : « Actuellement, les savants, les publicistes, les journalistes parlent anglais. On voit sur les murs de Paris beaucoup plus de mots anglais qu'on ne voyait de mots allemands pendant l'Occupation. Tous les gens qui ont une quelconque responsabilité, dans mon pays, ne parlent plus ma langue. Par conséquent, j'appelle le français la « langue des pauvres ». Et je la soigne comme je soigne en général les idées que j'ai sur les pauvres ».
 

L’Est Républicain  (26 décembre 1993) concernant le problème de défense de la langue française : « Tout cela est notre faute mais ça peut se réformer très vite. Il suffit que le peuple qui parle français se révolte contre ses décideurs. Moi, je suis du peuple, ma langue est celle des pauvres. J’invite les pauvres à se révolter contre ceux qui les obligent à ne rien comprendre ». 
 

France Info en réponse à Michel Polacco (vers 2004-2005, curieusement, l'enregistrement n'est plus accessible) : « Je pense qu'aujourd'hui il y a sur les murs de Paris plus de mots anglais qu'il n'y avait de mots allemands pendant l'Occupation, et ça c'est quand même sous la responsabilité de ceux qui veulent bien le mettre, parce qu'il n'y a pas de troupes d'occupation aujourd'hui. Je les appelle des collabos ».
 

France Info (18 septembre 2011), dans la chronique émission « Le sens de l'info » de Michel Polacco sur le thème « Asterix » :

Michel Serres : (...) Non, non, c'est vrai que nous n'avons pas vaincu les Romains. Nous n'avons pas résisté comme le dit la bande dessinée, mais au contraire, ils nous ont écrasés jusqu'au dernier. Il y a une preuve, d'ailleurs, ils nous ont imposé leur langue...

Interrompu par Polacco : Ils nous ont civilisés !

Michel Serres : Non, non, non, nous étions civilisés, ils nous ont imposé leur langue exactement comme aujourd'hui les vainqueurs et les collabos de la guerre économique nous imposent l'anglais, ils nous ont imposé le latin, et la preuve, c'est qu'il nous reste à peine deux ou trois dizaines de mots gaulois en-dehors des noms de lieux et de géographie.

 

Il n'y a pas que sur les murs de Paris : dans toutes les écoles, dans tous les magasins, surtout les grandes surfaces où l'on ne peut entrer sans subir des chansons en anglais, des noms de produits ou des slogans en anglais, et aussi sur les répondeurs téléphoniques pour des messages d'attente, etc.
En fait, durant l'Occupation, même les pires collabos n'ont pas poussé à un tel point à l'apprentissage et l'usage de l'allemand. Et il y a aussi notre système métrique qui est de plus en plus attaqué...

 

Henri Masson

 

 

Source : France-Info, le dimanche 18 septembre 2011

http://www.france-info.com/chroniques-le-sens-de-l-info-2011-09-18-asterix-562390-81-173.html


 

 

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