COMMUNIQUÉ
M. Albert Salon, ancien
ambassadeur, président de FFI-France et d'ALF, membre de DLF, anime
une émission hebdomadaire sur Radio-Courtoisie.
Lors de sa dernière émission il
a pu interroger M. Christian Philip, conseiller à la Présidence.
Je vous livre, ci-dessous, le
résumé de cet entretien, établi par M. Albert Salon lui-même.
Les réponses de M.Philip sont
particulièrement encourageantes et nous espérons qu'elles seront
suivies d'effet à tous les niveaux du gouvernement actuel.
Marceau
Déchamps
vice-président
Défense de la langue française
http://www.langue-francaise.org
Texte de M. Albert Salon
M.
Christian Philip, Conseiller à l’Élysée,
représentant personnel du Président de la République pour la Francophonie
(« sherpa des Sommets francophones ») et moi avons enregistré hier
notre émission « Le français en partage » dans le studio de Radio
Courtoisie. Vous pourrez écouter cette émission sur 95,6 Mhz lundi
12 novembre de 10 h 45 à 11 h 45, répétée le même jour de 14 h à 15
h, puis mardi 13 de 6 à 7 h du matin, puis encore le samedi 17 de 10
h 45 à 11 h 45.
Le titre :
« La francophonie vue de l’Élysée ».
Mes questions
ont bien porté sur le fond et les problèmes difficiles, en matière
tant de langue française (francophonie) que de Francophonie
organisée (avec un F majuscule).
Les
réponses ont été plutôt officielles et rassurantes, comme on pouvait
s’y attendre. J’avais invité M. Philip précisément pour
qu’il pût apporter les réponses de l’Élysée aux interrogations, aux
vives critiques, aux reproches d’aboulie et de forfaiture qui sont
–à juste titre, nous semble-t-il – fréquents sur les ondes de Radio Courtoisie
et ailleurs, y compris dans ma bouche.
Mais
il y a eu aussi des ouvertures et des annonces intéressantes de la part de notre invité :
Ainsi, M. Christian Philip a
confirmé :
- qu’il allait
soumettre au Président de la
République un plan d’action substantiel, une
« feuille de route » pour le français et la Francophonie,
notamment dans la perspective du Sommet de 2008 à Québec ;
- qu’il y
aurait bien une politique ambitieuse, plus volontariste, de
la langue et de la Francophonie ;
- que cette
politique s’inspirera sans guère de doutes des propositions
récemment présentées notamment dans nos livres parus ces dernières
années sur ces sujets ;
- et que cette
politique sera exposée à la Nation le 20 mars prochain par le
Président lui-même, à l’occasion de la journée
internationale de la
Francophonie.
Il
a indiqué que la France allait soutenir la proposition québécoise
(de notre amie, ancienne Vice-Première Ministre du Québec,
Louise Beaudoin)
de mettre en chantier, après la convention sur la diversité
culturelle entrée en vigueur l’an dernier, une nouvelle
convention UNESCO sur la diversité linguistique.
Il a insisté
sur le sérieux des déclarations, et des engagements pris, par M.
Nicolas Sarkozy dans nos domaines lors de la campagne de l’élection
présidentielle, que je lui ai relus dans le cours de l’émission.
Ainsi, plus
précisément :
En ce
qui concerne la langue française, en France et dans le monde :
Le
Président ne manquera pas de rappeler que,
malgré le communiqué
de presse de M. Xavier Darcos, Ministre de l’Éducation
nationale, mal compris selon
M. Philip, sur la nécessaire bilinguisation de la
France dès le plus jeune âge de nos chères têtes blondes et brunes,
qui cause tant d’inquiétude dans nos associations et chez nos
auditeurs, la politique du gouvernement reste bien celle du
plurilinguisme, et de l’apprentissage de deux langues étrangères
vivantes.
Le Protocole
de Londres sur les brevets européens n’est pas aussi pervers « que
nos associations le prétendent ; il faudra voir à l’usage… et un
Protocole peut toujours être modifié si le besoin s’en fait
sentir ».
M. Philippe
note bien, et partage, nos préoccupations de traduction des
logiciels imposés uniquement en anglais dans nos grandes entreprises
dites mondialisées et jusque dans nos hôpitaux (je lui ai rappelé
que le tout-à-l’anglais tue, à propos des irradiés d’Épinal).
Notre proposition insistante de susciter à ce sujet des prises de
position fortes à la fois de la Francophonie organisée (OIF) et de l’Union européenne seront
étudiées. Le gouvernement est sensible au fait que les syndicats et
nos associations se mobilisent ensemble pour « le droit de travailler
en français en France ».
Le
gouvernement se préoccupe comme nous de la place du
français langue de l’olympisme
dans les Jeux de 2008 à Pékin.
Dans
une conversation hors micro,
M. Christian
Philip a noté notre souci de voir rapporter la directive de
Bruxelles mettant fin en mars 2008 à la possibilité pour les pilotes
français d’Air
France de continuer
à communiquer en français avec les contrôleurs aériens français dans
l’espace aérien français. Humiliation intolérable et inutile pour
notre pays pionnier de l’aviation, à la puissante industrie
aéronautique et spatiale.
Il a aussi
ajouté, à la suite de ma question sur l’apparent enterrement à
l’Assemblée Nationale de la proposition de loi du Sénateur
Philippe Marini, pourtant votée au Sénat en
2005, qu’il soutient activement les efforts de députés tel M. Jacques Myard qui
demandent son inscription à l’ordre du jour, la loi Toubon devant en
effet être nécessairement complétée par la proposition sénatoriale.
En ce qui
concerne la Francophonie (OIF) :
Notre
critique à l’égard de l’élargissement à tout va (aujourd’hui 68
membres à part entière, associés et observateurs),
au détriment de l’approfondissement
de la coopération à l’intérieur
de l’OIF, alors
même que les crédits du multilatéral francophone restent
ridiculement bas (350 millions d’euros par an,
la chaîne TV5 incluse, tous bailleurs de fonds
confondus) a été notée depuis longtemps. Selon M. Christian Philip, il est difficile de refuser les
candidatures de pays qui veulent adhérer, qui sont en elles-mêmes
encourageantes. Il est aussi raisonnable de penser que le plein est
fait désormais.
Il a cependant
précisé, à la suite de ma question au sujet d’Israël, que ce pays,
qui a une proportion non négligeable de citoyens de langue
maternelle française, aura –comme nous-mêmes le pensons - toute sa
place dans notre Communauté francophone, lorsque les pays arabes
auront admis sa présence à leurs côtés comme ils l’admettent dans
d’autres instances internationales.
Sur le rôle international de la Francophonie, notamment
de
laboratoire de dialogue des cultures et de
contre-modèle humaniste de civilisation, le gouvernement partage
nos analyses.
Sur le terrain
de la Francophonie économique, notamment dans l’énorme secteur des
industries culturelles, vitales pour les ensembles géolinguistiques
et géoculturels telles la Francophonie, la Lusophonie, l’Arabophonie,
l’Hispanophonie… qui doivent travailler ensemble comme elles l’ont
fait dans la lutte corrélative pour la convention UNESCO
sur la diversité culturelle, M. Christian Philip s’est montré compréhensif, mais
très prudent.
À
ma question sur l’installation
de la Maison de la
Francophonie à Paris, « serpent de mer », promise par M. Chirac
en 2002 au Sommet de Beyrouth,
en 2004 à Ouagadougou, en 2006 à Bucarest,
M. Philip a
annoncé que le Président a promis à M. Abdou Diouf que le choix du bâtiment sera fait avant
Noël 2007.
Je n’ai pas eu
le temps de l’interroger sur l’annexe demandée
au
château de Villers-Cotterêts. Je le lui
rappellerai.
Il en va de
même du drapeau de la Francophonie à placer à côté du drapeau
européen à chaque fois que celui-ci flanque le drapeau français,
pour bien montrer que la politique étrangère de la France continue à
« marcher sur les deux jambes ».
Il en va de
même, enfin, de l’inscription dans notre Constitution, de la
Francophonie, c’est-à-dire de la phrase que nos associations
proposent depuis 15 ans et que le Sénat avait approuvée en 1998 :
« La République participe à la construction d’un espace francophone de solidarité
et de coopération ». Ce point fera l’objet de nouvelles
démarches de notre part dans la perspective de la prochaine révision
constitutionnelle portant sur l’éventuelle ratification du « traité
de Lisbonne ». L’opportunité nous en paraît évidente, voire
aveuglante, puisqu’il s’agit, là encore, d’affirmer que la France a
certes l’Europe, mais aussi un « grand large » qu’elle ne saurait
abandonner ou minorer dans sa politique étrangère.
(complément communiqué ultérieurement ) M.
Christian Philip a de lui-même estimé que
des pays qui ont voulu (tous, selon lui) adhérer à la
Francophonie, doivent normalement donner chez eux une place beaucoup
plus grande au français. J’ai renchéri en rappelant notre
proposition déjà ancienne de faire décider en OIF (pourquoi pas au
Sommet de Québec ?...) que les membres à part entière doivent
accorder au français, dans leur enseignement public, leurs media
publics, leur représentation dans les organismes internationaux et
leur correspondance diplomatique, la « clause de la langue
étrangère la plus favorisée », c’est-à-dire une place au moins
égale à celle qu’ils accordent à toute autre langue non nationale et
étrangère
Ma
conclusion de l’émission a porté sur le fait que nos associations et
mouvements, et tout notre « vieux peuple recru d’épreuves » et
revenu de beaucoup d’enchantements, alléchés par les affichages
d’intentions, les discours, et les promesses, attendent des actes
forts.
Albert
Salon, ancien Ambassadeur,
président du FFI-France et d’ « Avenir de la langue française ».