Sujet :

Anglicisation, colonisation, obscurantisme !

Date :

03/05/2014

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Anglicisation, colonisation, obscurantisme !

Force est de constater que l'on a très peu parlé dans les médias français de cette initiative du Brésil quant à vouloir « désaméricaniser » Internet.

Ce silence est bien révélateur, car il montre d'une façon indéniable qu'il y a une forte corrélation entre le fait de céder à l'anglicisation et d'épouser l'idéologie américaine (étatsunienne).

En effet, nos médias, nos décideurs et nos politiciens en ayant d'yeux que pour l'anglais paraissent désormais incapables d'avoir un esprit critique à l'égard de l'Empire qui les colonise.

Elle est loin la France des Lumières !

NT

 

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Le Brésil veut « désaméricaniser » Internet

C'est au choix une coïncidence heureuse ou un pied de nez à l'actualité : en pointe des protestations contre la surveillance de la NSA depuis plusieurs mois, le Brésil accueille les 23 et 24 avril un sommet mondial sur la gouvernance d'Internet (baptisé NETmundial). Alors que les députés brésiliens viennent de voter la Marco Civil, une loi qui sanctuarise les droits fondamentaux des internautes, Brasilia doit devenir pendant deux jours l'épicentre de la «adésaméricanisation » d'Internet.

Dima Rousseff et InternetOutre les débats désormais habituels suscités par l'affaire Snowden, le sommet doit être le lieu de discussion d'un nouveau mode d'administration du réseau. Comme l'explique Le Monde, « [Dilma] Rousseff (la présidente du Brésil, ndlr) préconise [...] un changement radical dans la gouvernance des organismes qui assurent le fonctionnement du Web au niveau mondial – adresses, noms de domaines, normes, protocoles, etc. Pour des raisons historiques, ces instances sont souvent sous la tutelle des États-Unis. » Il y a quelques semaines, le gouvernement américain a fait savoir qu'il était prêt à partager le volant de l'ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), l'autorité chargée - entre autres prérogatives - d'attribuer les noms de domaine.

Néanmoins, comme le précise encore Le Monde, il ne s'agirait pas de placer la gouvernance d'Internet entre les mains d'une instance supranationale telle que les Nations unies : « Conformément à leur tradition, [les États-Unis] souhaitent que la future gouvernance fasse une large place au secteur privé – notamment aux sociétés d'envergure mondiale du Web, qui sont majoritairement américaines. »

Olivier Tesquet

 

 

Source : telerama.fr, le mercredi 23 avril 2014

Possibilité de réagir à cet article sur :

http://www.telerama.fr/medias/le-bresil-veut-desamericaniser-internet,111562.php

 

 

 

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Le Brésil mène la bataille contre l'hégémonie américaine sur la Toile

Edward Snowden, la NSA et le BrésilLe 13 février, à Brasilia, des pétitionnaires demandent au Brésil d’accorder l’asile politique à Edward Snowden, l’ex-consultant de la NSA.

REUTERS/© Joedison Alves / Reuters

 

Au départ, il y a un gros coup de colère de la présidente brésilienne Dilma Rousseff. À l'arrivée, le sommet international sur la gouvernance de l'Internet, qui doit avoir lieu à Sao Paulo les 23 et 24 avril, a l'ambition de s'attaquer à rien moins que l'hégémonie américaine sur la Toile.

Lorsqu'en septembre 2013, Mme Rousseff apprend, grâce aux révélations d'Edward Snowden, que l'Agence de renseignement américaine (NSA) intercepte ses communications et celles des responsables dirigeants brésiliens, elle s'indigne sans retenue.

LA « DÉSAMÉRICANISATION » DES INSTANCES MONDIALES

À la tribune des Nations unies à New York, elle affirme que la surveillance de masse du Net est incompatible avec la liberté d'expression, la démocratie et la souveraineté nationale. Elle exige des États-Unis « des explications, des excuses et des garanties que de telles opérations ne se répéteront jamais ». Et annule même une visite d'État à Washington prévue de longue date.

Mme Rousseff préconise aussi un changement radical dans la gouvernance des organismes qui assurent le fonctionnement du Web au niveau mondial – adresses, noms de domaines, normes, protocoles, etc. Pour des raisons historiques, ces instances sont souvent sous la tutelle des États-Unis.

Leur « désaméricanisation » est une revendication déjà ancienne, qui est régulièrement reprise par de nombreux pays. Les États-Unis l'ont certes toujours rejetée, mais, cette fois, les partisans de la réforme se sentent en position de force, après l'onde de choc provoquée par le scandale des écoutes de la NSA.

OFFENSIVE DIPLOMATIQUE

Fait nouveau, la fronde se développe au sein même des organes de gouvernance. Réunis en octobre 2013 à Montevideo, la capitale de l'Uruguay, les dirigeants d'une dizaine d'entre eux se déclarent favorables à un mode de gouvernance plus « multilatéral », c'est-à-dire moins américain.

Ils souhaitent commencer par l'Icann (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), chargée de gérer les noms de domaines et adresses Internet. Celle-ci dépend du ministère américain du commerce. Elle sous-traite les opérations techniques – gestion des domaines « .com », « .net », etc. – à la société privée VeriSign.

Après Montevideo, le directeur de l'Icann, un Américain favorable à la fin de la tutelle des États-Unis, se rend au Brésil pour rencontrer la présidente Dilma Rousseff, qui s'engage à le soutenir.

Brasilia intensifie alors son offensive diplomatique et annonce la tenue, à Sao Paulo, pour le printemps 2014, d'un sommet international sur la gouvernance de l'Internet, baptisé NETmundial, en référence au Mondial de football qui aura lieu au Brésil en juin.

Dans le même temps, le pays s'allie à l'Allemagne, où le scandale des écoutes de la NSA a eu un fort retentissement, pour faire adopter par l'Assemblée générale des Nations unies une résolution affirmant que le respect de la vie privée des internautes est un droit humain fondamental. Puis Berlin fait connaître sa volonté de s'impliquer activement dans la préparation du sommet de Sao Paulo.

Le gouvernement français est resté, lui, très discret dans sa dénonciation des activités de la NSA. Paris ne semble pas prêt à affronter les États-Unis sur ce dossier. Mais à l'occasion de la visite officielle de François Hollande au Brésil, en décembre 2013, la France accepte d'être coorganisatrice du NETmundial.

LIBERTÉ D'EXPRESSION

En mars, la Chambre des députés brésilienne adopte une « loi Internet » garantissant la liberté d'expression, la protection de la vie privée et l'égalité de traitement de tous les types de contenus. Celle-ci a été approuvée par le Sénat à la veille de l'ouverture du sommet.

En fait, pour faire passer la loi, Brasilia a dû accepter un compromis. Au départ, il était prévu d'obliger tous les prestataires du Net (y compris américains) à stocker les données personnelles des internautes du Brésil dans des serveurs situés dans le pays – un concept proche du « "cloud" européen », préconisé par les Allemands. Mais il est vite apparu que ce projet serait coûteux et complexe, peut-être même infaisable, et il a été abandonné.

La surprise vient alors, en mars, des États-Unis. Washington annonce sa décision d'abandonner le contrôle de l'Icann, avant la fin 2015. En Europe, notamment en France, cette décision est largement interprétée comme une reculade : depuis l'affaire Snowden, ils auraient perdu leur « magistère moral » et ne pourraient plus exiger du reste du monde qu'il leur fasse confiance pour défendre les libertés sur le Web.

En privé, des fonctionnaires et des élus français sont convaincus que le moment est favorable. Selon eux, le scandale de la NSA a aussi provoqué un conflit entre le gouvernement fédéral des États-Unis et les grands groupes américains du Net, qui craignent de perdre la confiance des utilisateurs étrangers.

PROCESSUS DE PARTAGE DU POUVOIR

Les partisans de cette thèse citent la déclaration de Mark Zuckerberg, patron de Facebook, en mars : « Le gouvernement américain devrait être le champion de l'Internet, et non pas une menace. »

Ainsi, avant même d'avoir eu lieu, le NETmundial aurait déjà remporté un succès important : contraindre Washington à entrer dans un processus de partage du pouvoir, pour ne pas arriver à Sao Paulo isolé, en position d'accusé.

D'autres experts, notamment techniques, remarquent en privé que les Américains restent en position de force, et ont déjà posé leurs conditions : pas question que l'Icann soit placé sous le contrôle d'une bureaucratie intergouvernementale, ni des Nations unies.

En fait, conformément à leur tradition, ils souhaitent que la future gouvernance fasse une large place au secteur privé – notamment aux sociétés d'envergure mondiale du Web, qui sont majoritairement américaines.

Le conflit entre Washington et la Silicon Valley ne serait donc qu'un épiphénomène. Par ailleurs, le domaine de compétence de l'Icann n'a rien à voir avec les activités de la NSA, qui ne seront pas affectées par cette réforme.

Pour compliquer encore l'affaire, à Washington, des élus du Parti républicain s'opposent déjà au projet « d'internationalisation » de l'Icann, qu'ils considèrent comme une nouvelle preuve de la faiblesse du président Obama sur la scène internationale.

UN CONFLIT TRIANGULAIRE

Au total, onze pays sont coorganisateurs du NETmundial aux côtés du Brésil – dont l'Allemagne, la France et les États-Unis. Son comité directeur a reçu 188 contributions émanant d'administrations, d'ONG, d'universités et d'organismes techniques de quarante-six pays.

Si l'on se fie aux documents préparatoires, on y parlera de tout : gouvernance juridique et technique, infrastructures, normes et standards, droits de l'homme, neutralité du Net, logiciels libres, cybersécurité, équilibre entre surveillance et respect de la vie privée…

L'objectif officiel des Brésiliens est de faire adopter une déclaration commune sur les principes d'une nouvelle gouvernance – qui devra être démocratique, transparente, responsable, respectueuse de la diversité culturelle… Elle devra être « multi-parties-prenantes », c'est-à-dire inclure les principaux acteurs du Net – vu leur nombre et leur diversité, cela pourrait poser des problèmes juridiques et logistiques inédits.

Au final, le Brésil reste sur une ligne assez classique, en opposition avec les États-Unis, puisqu'il veut en priorité accroître les pouvoirs d'organismes dépendant des Nations unies comme le Forum sur la Gouvernance de l'Internet (FGI), qui, à ce jour, est une simple instance consultative.

L'éternel conflit triangulaire entre les étatistes, les partisans de la privatisation et les libertaires va donc sans doute ressurgir dans tous les débats.

OPTIMISME

Malgré tout, l'un des Français invités au NETmundial en tant qu'expert, Mathieu Weill, directeur général de l'Association française pour le nommage Internet en coopération (Afnic), est raisonnablement optimiste : « On ne va pas faire la révolution en deux jours, mais le Brésil est en bonne position pour faire avancer une réforme de la gouvernance. Il est proche des principes européens, et en même temps, il a la confiance des pays les moins développés.a»

Après l'Icann, les États partisans d'une autre gouvernance envisagent de s'intéresser à l'IETF (Internet Engineering Task Force), l'organisme qui fixe les normes permettant à Internet de se moderniser tout en restant un réseau unifié.

Or, l'IETF, pur produit de la culture Internet, est une réunion informelle d'ingénieurs travaillant bénévolement. Elle n'a ni statut juridique ni conseil d'administration, et elle fonctionne comme l'une des « activités » de l'Internet Society, une ONG installée à Washington et à Genève, dirigée par une équipe de treize personnes, dont six Américains.

L'IETF se réunit trois fois par an, dans différents pays, grâce au soutien financier de grandes entreprises du secteur. La philosophie de ses membres tient en une devise, édictée en 1992 par l'informaticien américain David Clark, l'un des fondateurs de l'Internet : « Nous rejetons : les rois, les présidents et les élections. Nos croyances : trouver un vague consensus, et faire tourner du code. » La tâche des réformateurs s'annonce compliquée.

Yves Eudes

 

 

Source : lemonde.fr, le mardi 22 avril 2014

http://www.lemonde.fr/economie/article/2014/04/22/le-bresil-a-l-avant-garde-de-la-fronde-du-net_4405175_3234.html

 

 

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Document de l'Université de Genève

 

 

 

 

 

 

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