Sujet :

Élection à l'OIF, Michaëlle Jean désignée Secrétaire général : méfions-nous !

Date :

30/11/2014

Envoi de Norbert Terral  (courriel : afrav(chez)aliceadsl.fr)  

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Élection à l'OIF, Michaëlle Jean désignée Secrétaire général : méfions-nous !

Michaëlle Jean et Barack Obama

Mme Michaëlle Jean en conversation avec le président Obama (sans interprètes)

 

La Canadienne Michaëlle Jean a été désignée Secrétaire général de l'OIF, dimanche 30 novembre, à Dakar, où se déroulait le 15e Sommet de la Francophonie. Cette dame est désormais aux commandes de la Francophonie institutionnelle pour quatre ans, ce sera peut-être l'occasion de mettre du sang neuf au projet francophone, ou, au contraire, un risque de plonger l'OIF dans le giron de l'anglosphère.

Mme Jean est connue pour être une carriériste, une dame qui de journaliste, est passée à Gouverneur général du Canada, une très haute fonction dans ce pays puisqu'il lui a conféré le rôle de représentante de la Reine d'Angleterre. Durant les cinq ans de son mandat (de 2005 à 2010), elle a donc défendu les intérêts du Canada britannique. Est-ce que cela est bien compatible avec la défense des intérêts du Canada francophone et de la francophonie en général ?

Comme les Anglo-américains, Mme Jean sait user des réseaux d'influence. Bien évidemment, ses réseaux ont été mis en œuvre pour conquérir le poste de président de l'OIF, des réseaux d'influenceurs que ses concurrents africains n'utilisent guère puisque cela ne fait pas partie de leur culture. Quand on sait que c'est par les agents d'influence que les Britanniques, une fois entrés dans l'UE, ont peu à peu imposé l'anglais partout en Europe, on pourrait alors peut-être se méfier que Mme Jean n'applique pas la même stratégie pour angliciser l'Espace francophone.

Enfin, notons que Mme Jean est une parfaite bilingue français-anglais, ce qui lui évite d'avoir recours à un interprète lorsqu'elle s'adresse à M. Obama, au Prince Charles, à la Reine d'Angleterre ou à tout autre anglophone. Elle répond en cela au vœu des angliciseurs : faire de la population mondiale des bilingues, langue ethnique/anglais, pour que la communication inter-ethnique à l'échelle de la planète, ne se fasse plus qu'en anglais !

S'il n'est pas interdit d'être bilingue, et si cela peut représenter une richesse, il serait bien, tout de même, que le bilinguisme de soit pas à sens unique, qu'il y ait réciprocité, que les Obama, les Prince Charles et les anglophones en général, le soient aussi, et, si tel n'était pas le cas, il serait bon de rappeler à Mme Jean que le recours a un interprète, même si l'on connaît la langue de son interlocuteur, doit être obligatoire.

À suivre...

RR

 

Michaëlle Jean et la Reine d'Angleterre       Michaëlle Jean et le Prince Charles

 

Michaëlle Jean avec la Reine d'Angleterre et le Prince Charles (sans interprètes)

 

 

 

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Michaëlle Jean, la « Petite Reine » canadienne à la tête de la Francophonie

Montréal, le dimanche 30 novembre 2014 (AFP) - Par Clément SABOURIN

Michaelle Jean, nouvelle présidente de l'OIFL'ancienne gouverneure générale du Canada Michaëlle Jean, nommée dimanche 30 novembre, Secrétaire générale de la Francophonie, première femme et première personnalité non africaine à ce poste, est une ex-journaliste, qui à 10 ans a fui son Haïti natal.

Après une campagne axée sur l'Afrique, les femmes et la jeunesse et sur un rôle économique accru de l'organisation, elle succède au Sénégalais Abdou Diouf à un moment où, selon elle, l'espace francophone vit « un tournant » avec le décollage économique et démographique de l'Afrique subsaharienne.

Dans sa première déclaration après sa désignation, Mme Jean a dit vouloir donner « une nouvelle impulsion à la Francophonie ».

« Ensemble, traçons le chemin d'une Francophonie moderne et tournée vers l'avenir. La Francophonie du XXIe siècle sera au service et à l'écoute des jeunes et des femmes. Prospère, elle conjuguera l'accroissement des échanges et le développement humain et durable pour tous », a-t-elle promis.

Pour se hisser à la tête de l'OIF, la candidate canadienne a dû lutter contre la tradition voulant que ce poste revienne à une personnalité de l'hémisphère sud, certains y voyant même une chasse gardée africaine, ses deux prédécesseurs - l'Égyptien Boutros Boutros-Ghali et Abdou Diouf - représentant le continent, majoritaire au sein de la Francophonie.

« Je suis à la fois du Nord et du Sud, toutes les portes me sont ouvertes, je peux parler à tout le monde, je suis reçue par tout le monde, comme femme d'État, comme quelqu'un qui a de l'expérience, qui a des idées, qui a une énergie », déclarait-elle en octobre dans son bureau de l'université d'Ottawa qu'orne une photo la montrant en compagnie de Barack Obama.

Avec son arrivée à l'OIF, Mme Jean va quitter son poste d'envoyée spéciale de l'Unesco en Haïti, qui l'amenait à se rendre dans son île natale plusieurs fois par an pour suivre l'avancée des travaux de reconstruction consécutifs au terrible séisme de janvier 2010.

- Critiques au Canada -

Avant d'occuper ce poste onusien, elle avait été gouverneure générale du Canada - représentante de la reine Elizabeth, chef d'État en titre - entre 2005 et 2010, ce qui lui avait valu le surnom de « Petite Reine ».

Ancienne présentatrice vedette du groupe audiovisuel public Radio-Canada, Michaëlle Jean avait fait inscrire « Briser les solitudes » sur ses armoiries royales qu'encadraient deux sirènes tirées de la mythologie haïtienne.

Son mandat à la tête de l'État canadien a été marqué par des voyages incessants - une quarantaine de pays visités, dont dix en Afrique - ainsi que par des prises de position fortes en symbole, comme en 2009 lorsqu'elle dégusta du phoque cru afin de soutenir les Inuits après l'embargo européen sur cette viande.

Mère d'une fille de 15 ans adoptée en Haïti, Marie-Eden, et mariée au cinéaste d'origine française Jean-Daniel Lafond, elle a dû renoncer à son passeport français en acceptant ses fonctions royales.

Au moment de sa nomination par le Premier ministre Paul Martin, Mme Jean avait dû d'ailleurs réaffirmer son attachement au fédéralisme canadien. Des extraits d'un documentaire tourné en 1991 portant sur le combat pour l'indépendance, au Québec, en Haïti et en Martinique, avaient en effet refait surface : elle y déclarait « L'indépendance ça ne se donne pas, ça se prend ».

Dès sa nomination, elle a tenu à « remercier tout particulièrement les gouvernements du Canada, du Québec, du Nouveau-Brunswick et d'Haïti pour leur appui indéfectible à (sa) candidature ».

Lors de sa campagne pour la direction de l'OIF, elle a dû affronter des critiques sévères provenant notamment de l'ancien Premier ministre québécois indépendantiste Bernard Landry, l'accusant de manquer d'expérience.

« Nous vivons au Canada dans un environnement politique où il y a des forces idéologiques », remarquait-elle, avant de balayer d'un revers de la main ces attaques : « Je viens d'un pays où l'on n'abandonne jamais ».

© 2014 AFP

 

Source : tv5monde.com, le dimanche 30 novembre 2014

http://www.tv5monde.com/cms/chaine-francophone/info/p-1911-michaelle-jean-la-petite-reine-canadienne-a-la-tete-de-la-francophonie.htm?rub=4&xml=141130151639.ztkoj9ky.xml

 

 

 

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OIF : Michaëlle Jean, nouvelle Secrétaire générale de la francophonie

Possibilité de noter cette vidéo et d'y apporter un commentaire,

en allant sur : http://youtu.be/HupZqzzkK0I

 

 

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Francophonie : Michaëlle Jean, nouvelle secrétaire générale de l'OIF

L'OIF a annoncé cette nomination sur son compte Twitter, précisant que la prise de fonctions interviendrait en janvier 2015

Par

Michaëlle Jean, présidente de l'OIFL'Afrique perd la présidence de l'OIF. Le poste pour un mandat de quatre ans, créé en 1997, a successivement été occupé par des Africains : l'Égyptien Boutros Boutros-Ghali et Abdou Diouf. Le successeur de l'ancien président sénégalais s'appelle Michaëlle Jean.

Désignée par consensus

Agée de 57 ans, la Canadienne d'origine haïtienne été désignée par consensus et non à l'issue d'un vote des 53 pays membres de plein droit de l'OIF. Les candidats Africains en lice était l'ex-président burundais Pierre Buyoya, l'écrivain et diplomate congolais Henri Lopes, l'ex-Premier ministre mauricien Jean-Claude de l'Estrac et l'ancien ministre équato-guinéen Agustin Nze Nfumu. En marge du sommet samedi, les dirigeants ont tenté d'œuvrer à un consensus au sein des pays africains pour aboutir à une candidature unique. « L'objectif, c'est que les choses soient un peu plus claires et qu'il n'y ait pas quatre candidats africainsa», a indiqué une source diplomatique française. La chute fin octobre du président burkinabè Blaise Compaoré, que Paris et Abdou Diouf souhaitaient voir hériter du poste, selon les révélations du secrétaire général sortant, a bouleversé la donne. Ce contre-exemple a en particulier obéré les chances de Pierre Buyoya, au passé de putschiste. Henri Lopes, 77 ans, poussé par son président Denis Sassou Nguesso, se présente pour la deuxième fois. Alors qu'il paraissait favori en 2003, il avait échoué à la dernière minute face à Abdou Diouf, imposé par le président français Jacques Chirac.

« La France n'a pas de candidat »

Une règle non écrite veut que le secrétaire général soit issu d'un pays du Sud -- certains plaident même pour une chasse gardée africaine -- et que l'administrateur (actuellement le Québécois Clément Duhaime) vienne du Nord. « La France n'a pas de candidat », a déclaré le président François Hollande, soucieux de rompre avec la « Françafrique » du passé, en se félicitant que ce ne soit pas Paris « qui désigne le secrétaire général de la Francophonie ». La France, premier bailleur de l'OIF, avait néanmoins salué le profil de Michaëlle Jean, la seule candidate féminine, et la moins âgée à 57 ans, alors que les jeunes et les femmes sont le thème de ce XVe sommet. C'est le président sénégalais Macky Sall, hôte du sommet, qui a conduit les discussions, afin notamment d'amener un ou plusieurs candidats africains à se désister, ont indiqué des sources diplomatiques françaises. Ce sommet de la Francophonie se tient sous la menace d'Ebola en Afrique de l'Ouest, qui a tué près de 7000 personnes en un an, et des groupes islamistes armés, en particulier Boko Haram. Ces insurgés sont soupçonnés d'être responsables d'un attentat ayant fait au moins 120 morts vendredi 28 novembre, dans une mosquée au Nigeria, le géant régional anglophone entouré de pays francophones.

 

 

Source : afrique.lepoint.fr, le dimanche 30 novembre 2014

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http://afrique.lepoint.fr/actualites/francophonie-michaelle-jean-nouvelle-secretaire-generale-l-oif-30-11-2014-1885656_2365.php

 

 

 

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Quelle place pour la France dans la Francophonie ?

Par Pierre Pinto

Abdou Diouf et François Hollande

Jeudi 20 mars 2014, François Hollande et le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie Abdou Diouf réunis à l'occasion de la journée internationale de la Francophonie.

 

Ce samedi-dimanche se tient à Dakar, au Sénégal, le 15e sommet de la Francophonie. Un rendez-vous crucial, puisqu'on devrait connaitre le successeur dAbdou Diouf, qui tire sa révérence après 12 ans passés à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Pour l'instant, aucun des cinq candidats ne fait consensus parmi les chefs d'État. Officiellement, la France n'a pas de candidat, mais Paris a bien évidemment son mot à dire compte tenu de son influence.

Le socle de la Francophonie, c'est d’abord la langue française, où la France a évidemment une place centrale. Aujourd'hui, selon les chiffres de l'OIF, 274 millions de personnes dans le monde parlent le français. Près de 55% de ces locuteurs vivent en Afrique, 37% en Europe. L'OIF espère même qu'en 2050, le nombre de personnes parlant français atteindra 770 millions. L'enjeu, c'est donc de faire (ou de refaire) du français une langue de décision, et surtout une langue des affaires pour favoriser le commerce.

En allant plus loin, pourquoi ne pas imaginer un espace francophone, comme un marché commun, à l'image de ce qu'était la Communauté européenne à ses débuts ? Un marché commun qui bénéficierait d'une croissance actuellement à 7%. Rappelons que l'ensemble des pays qui constituent la Francophonie représentent 16% du produit intérieur brut mondial. Donc, doper les échanges entre pays francophones serait bénéfique à tous. Cela passe notamment par l'éducation, l'un des piliers de la Francophonie. L’idée d’un « Erasmus francophone », autrement dit un programme d'échange d'étudiants entre pays de l'espace, est souvent évoqué.

Un espace économique et un rôle politique

La Francophonie a actuellement un rôle politique, parce qu'elle intervient dans les crises. Le cap donné par Abdou Diouf se concentrait sur les missions de consolidation de la paix et la promotion de la démocratie. La Francophonie envoie des observateurs pour scruter les élections. Elle envoie aussi des médiateurs dans les crises politiques, comme on l'a vu récemment au Burkina Faso. Et puis l'OIF passe aussi des messages : à la suite de la crise burkinabè, Abdou Diouf a lancé un appel aux chefs d'Etat d'Afrique pour qu'ils se contentent de deux mandats.

Alors, la Francophonie est-elle aussi un relais de la diplomatie française ? Les messages politiques véhiculés sont souvent les mêmes, et la France reste le premier contributeur de l'OIF. Sur un budget total de 85 millions d'euros par an, la France contribue a hauteur de 26 millions, juste devant le Canada, ce qui lui confère une certaine influence. Rappelons aussi que jusqu'a maintenant, aucun candidat au poste de secrétaire général de l'OIF n'est arrivé à ce poste sans l'assentiment de Paris.

Quand le Burkina Faso commençait à gronder contre les projets de Blaise Compaoré de se maintenir au pouvoir, la France a proposé au président la direction de l'OIF comme sortie honorable. Aujourd’hui, l'Élysée jure ne pas avoir de candidat. On verra dans les prochains jours si François Hollande marque réellement une rupture avec les anciennes habitudes qui consistaient à pousser un candidat.

 

 

Source : rfi.fr/afrique, le jeudi 27 novembre 2014

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http://www.rfi.fr/afrique/20141127-quelle-place-france-francophonie/?ns_campaign=reseaux_sociaux&ns_source=FB&ns_mchannel=social&ns_linkname=editorial&aef_campaign_ref=partage_aef&aef_campaign_date=2014-11-2

 

 

 

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Francophonie : Qui pour succéder  à Abdou Diouf ?

Jean, Nfumu, Lopes, L'Estrac, Buyoya... Qui sera le prochain secrétaire général de l'organisation ? Entre désaccords africains et hésitations françaises, le suspense reste entier.

Les 4 rivaux africains de M. Jean : P. Buyoya, J.-C. de l'Estrac, H. Lopes, A. Nze Nfumu. © AFP/J.A.
 

À l'Élysée, au Quai d'Orsay ou au siège l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), avenue Bosquet, à Paris, c'est le même refrain. On a beau se creuser les méninges depuis un an, rien n'y fait. Le candidat idéal à la succession d'Abdou Diouf - à savoir un ancien chef d'État africain élu démocratiquement ne s'étant pas accroché au pouvoir, pas trop vieux, charismatique et travailleur - est introuvable.

Or le temps presse. Alors que les favoris font campagne entre Paris, Bruxelles, Genève et le continent, il reste dix semaines aux 57 États membres de l'OIF pour s'entendre sur le nom d'un successeur à l'actuel secrétaire général, qui fera ses adieux chez lui, à Dakar, les 29 et 30 novembre, lors du 15e sommet de la Francophonie. Mais qui pour prendre le relais ?

La coutume voudrait que ce soit un Africain. Tacitement, le pacte signé à Hanoi en 1997 exige que le secrétaire général soit un représentant du Sud - plus précisément de l'Afrique, d'où sont issus plus de la moitié des membres de l'OIF. Son bras droit, l'administrateur, doit venir du Nord, principal bailleur de l'organisation. Seulement voilà, aucun des candidats ne soulève l'enthousiasme général. « Si l'un d'eux gagne, ce sera par défaut », affirme un acteur majeur de la Francophonie.

Divisions africaines et côterie

Michaëlle Jean, Présidente de l'OIF

La Canadienne Michaëlle Jean, à Jeune Afrique, le 10 septembre. © Vincent Fournier pour J.A.

Depuis le retrait début septembre du Malien Dioncounda Traoré, quatre Africains sont en lice, ainsi qu'une Nord-Américaine, la Canadienne d'origine haïtienne Michaëlle Jean, que beaucoup donnent favorite en raison des divisions africaines et de son travail à travers ses réseaux d'influence. Au sénateur équato-guinéen Agustin Nze Nfumu (63 ans), un proche du président Teodoro Obiang Nguema, personne n'accorde la moindre chance. Son pays, une ancienne colonie espagnole, n'est pas un parangon de démocratie... Henri Lopes, ex-Premier ministre congolais (Brazzaville), est certes mieux coté. Mais si le diplomate-écrivain jouit d'une grande sympathie, il a déjà 77 ans et, pour beaucoup, il représente une Francophonie plus portée sur la coopération culturelle que sur l'influence politique et économique. 

C'est sur cette dernière, sur le besoin aussi de donner un nouvel élan à l'OIF, que les deux autres candidats du continent, Jean-Claude de L'Estrac et Pierre Buyoya, principaux rivaux de Michaëlle Jean, mettent l'accent. Le Mauricien de 66 ans et le Burundais de 64 ans tiennent à peu près le même discours. Il faut « poursuivre ce qui a été entrepris », et « s'adapter aux changements du monde », donner à l'OIF « une dimension économique ». Autrement dit, la coopération culturelle et les médiations dans les crises politiques, d'accord, mais il faut aussi entrer dans la mondialisation et créer des passerelles avec les autres aires linguistiques.

Sur le papier, Buyoya présente le profil le plus proche du candidat idéal. C'est un ancien chef d'État de l'Afrique centrale - il a dirigé le Burundi à deux reprises. Ce qui est tout sauf négligeable, comme le souligne un diplomate du département Paix et Sécurité de l'organisation : « C'est essentiel, surtout en Afrique, qui représente 90 % de notre action. Diouf est écouté par les chefs d'État parce qu'il l'a lui-même été. » En outre, Buyoya a fait ses preuves en matière de médiation, notamment au sein de l'OIF. Il a exercé en Centrafrique, au Bénin, et au Mali pour l'Union africaine (UA).

Candidat putschiste

Pierre Buyoya, candidat à l'OIF

Le Burundais Pierre Buyoya. © Vincent Fournier pour J.A.

Problème, et pas des moindres, le Burundais a pris le pouvoir par les armes à deux reprises. « Les Suisses et surtout les Canadiens lui sont très hostiles », précise-t-on à l'Élysée. « Vous le voyez faire la leçon à des putschistes, alors que lui-même l'a été ? », raille un cadre de l'OIF. Mais d'après Buyoya, « le plus important, ce n'est pas comment on a accédé au pouvoir, mais comment on l'a quitté ».

Le parcours de Jean-Claude de L'Estrac est moins sulfureux. Moins clinquant aussi. Celui qui dirige la Commission de l'océan Indien (COI) a été journaliste, député et ministre, mais pas chef d'État. Et son pays, Maurice, ne compte pas beaucoup sur le continent. Cependant, « c'est un homme de qualité, qui a fait ses preuves de médiateur à Madagascar », estime un diplomate français. Au fil de ses rencontres avec les chefs de file africains, L'Estrac a marqué des points. Même François Hollande aurait été séduit lors du sommet de la COI à Moroni, fin août.

L'Estrac, comme Buyoya et Jean, s'est rendu dans la plupart des capitales qui comptent et a été reçu par Annick Girardin, la secrétaire d'État française chargée du Développement et de la Francophonie. Mais ça n'est pas elle qui déterminera le choix de la France. « La décision relève de l'Élysée, même si Laurent Fabius aura son mot à dire », concède un membre du Quai d'Orsay.

Difficile de trouver la perle rareJean-Claude de l'Estrac, candidat à l'OIF

Le Mauricien Jean-Claude de L'Estrac. © Vincent Fournier pour J.A.

Le ministre français des Affaires étrangères s'est longtemps échiné à trouver la perle rare, avant, semble-t-il, de jeter l'éponge. « Il répète sans cesse que notre préférence va à l'Afrique, relate un proche. Mais il dit aussi aux Africains : « Donnez-moi un nom, un seul ! » Fabius a bien tenté de convaincre le Gabonais Jean Ping... En vain. L'ancien président de la Commission de l'UA a d'autres ambitions. À Paris, on a aussi pensé à Blaise Compaoré, mais le président burkinabè, dont le mandat expire dans un an, a poliment refusé.

Un proche de Girardin admet que « ce serait plus facile si les Africains s'accordaient sur un candidat crédible ». En attendant, la France constate que le charme de Michaëlle Jean opère. « Le président veut un secrétaire général du Sud, rappelle un proche de Hollande. Mais il ne soutiendra un candidat que lorsque l'Afrique se sera entendue. Pour l'heure, il observe. »

C'est le serpent qui se mord la queue. Car de leur côté, les Africains attendent que la France prenne position. Ils n'ont pas oublié qu'en 2002 tout le monde pensait à Henri Lopes pour succéder à Boutros Boutros-Ghali, lorsque Jacques Chirac, alors président, a imposé Diouf. Un souvenir douloureux qui pousse Lopes à ne pas faire campagne. « Sauf que Hollande n'est ni Chirac ni Sarkozy, souffle un proche du président français. Jamais il n'imposera son candidat. »

Que des promesses orales

Le continent est cependant loin du consensus. Pour l'heure, hormis les pays de l'océan Indien favorables à L'Estrac, personne ne s'est officiellement prononcé. Le Mali et le Sénégal soutiendraient Jean, le Gabon serait derrière L'Estrac... « Ce ne sont que des promesses orales », selon un diplomate français. « Les chefs d'État sont conscients qu'il faut trouver un candidat commun, mais ils n'y parviennent pas », précise un ancien haut responsable de l'OIF. Peut-être en discuteront-ils à la fin du mois, lors de l'Assemblée générale des Nations unies, à New York. Sinon, « tout se décidera au dernier moment, dans le huis clos de Dakar », pronostique un cadre de l'organisation. C'est aussi le pari de Lopes.

L'avis de Diouf, qui préférerait voir un Africain lui succéder, pourrait aussi compter. Comme d'habitude, le Sénégalais « est d'une prudence de Sioux », selon l'un de ses collaborateurs. Il ne dévoilera pas le nom de son favori, mais il a déjà fait connaître « sa préférence » aux leaders africains, aux Canadiens, ainsi qu'à Hollande et à Girardin. Son entourage penche pour Buyoya, mais admet que L'Estrac fait « un bon candidat de compromis » et reconnaît des qualités à Jean.

 

Dioncounda Traoré et l'OIFDioncounda, le candidat éclair

La candidature de Dioncounda Traoré, l'ancien président par intérim du Mali, n'aura tenu qu'un mois. Il n'a en fait jamais eu le soutien d'Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Certes, c'est avec l'autorisation d'IBK que, dans un courrier adressé le 31 juillet à Abdou Diouf par l'ambassadeur du Mali en France, Bamako a présenté la candidature de Traoré. Mais le président malien n'a jamais fait la publicité de son prédécesseur auprès de ses pairs.

Deux raisons à cela (outre le fait que les deux hommes ont peu d'atomes crochus). D'une part, le Mali lorgnait déjà deux postes prestigieux : la présidence de la Banque africaine de développement (BAD) et la direction Afrique de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). « Trois, ça faisait trop, on risquait de tout perdre », indique-t-on à Koulouba. D'autre part, IBK aurait promis son soutien à un autre candidat, qui pourrait être la Canadienne Michaëlle Jean. « Elle semble avoir fait son effet au Mali », souffle un proche de Traoré. Ce dernier, dont la candidature n'a pas non plus enthousiasmé la diplomatie française, a compris qu'il n'avait aucune chance. Il a donc décidé de se retirer début septembre, en accord avec IBK.

 

 

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Source : jeuneafrique.com, le mercredi 24 septembre 2014

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