Sujet :

La chanson en français défendue par Jean-Claude Amboise

Date :

05/07/2012

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En marge du Forum de la langue française de Québec :

Je t’aime moi non plus, la langue de Patricia Kass

Il est rafraichissant d’entendre Jean-Claude Amboise, un avocat passionné de chanson française, qui a participé à la table ronde sur « L’État de la chanson francophone dans le monde ».

Quand il s’agit de parler de chanson francophone hors francophonie, il est incollable.

Demandez-lui quel chanteur s’est classé au palmarès autrichien, et il vous cite Cœur de Pirate.

Polonais ? Garou et Natacha Saint-Pierre.

Britannique ? Céline Dion avec D’eux.

« J’ai fait le tour des groupes français qui chantent en anglais depuis 1960, je suis allé voir leurs « succès », et j’ai découvert qu’aucun ne s’est jamais classé sur le "Billboard" ou les palmarès étrangers. »

Cet avocat au barreau de Paris, qui représente plusieurs associations de défense du français, conclut que le fait de chanter en anglais ne garantit pas le succès, loin de là. « Quand Johnny Hallyday cartonne à Las Vegas, c’est parce qu’il nolise des vols entiers de spectateurs français. »

Jean-Claude Amboise a analysé les succès des chanteurs francophones hors francophonie et il en a identifié les points communs : l’originalité de la mélodie, des refrains forts, du rythme, une voix imparable – bref, un « son ». Piaf, 49 ans après sa mort, fait encore 200 000 albums par an à l’étranger. Patricia Kaas, qui tourne dans 40 pays, est une habituée des palmarès russe, allemand et ukrainien.

Cet enjeu est crucial puisque la chanson a un effet multiplicateur immédiat sur la demande de français.

« Chaque succès de Zaz se traduit par une augmentation de la demande pour des cours de français. Et on ne compte plus les Russes qui sont devenus professeurs de français dans le sillage de Mireille Mathieu. »

Bref, la langue de Molière est vraiment « la langue de Patricia Kaas ».

Alors, voici le paradoxe : la chanson francophone s’exporte plutôt bien, mais en France, c’est Je t’aime, moi non plus. « Le miroir aux alouettes étatsunien est très fort. Depuis 5 ans, c’est l’éblouissement. »

Le "show bizness" français fantasme sur le succès « global » et l’américanité. « Mais comment voulez-vous faire une concurrence directe à Madonna ou Lady Gaga ? Le public, américain ou étranger, ressent tout de suite la fausseté de la démarche, la médiocrité de la copie et la pauvreté des textes. »

« Aucun chanteur français qui chante en anglais n’a de succès. Ils ne figurent sur aucun palmarès – ni en France, ni aux É-U-A », martèle Jean-Claude Amboise.

Certains prétendent que le français se met mal en musique. « C’est drôle, les Russes apprécient justement la musicalité de la langue française et même aux États-Unis, le public réclame une chanson française pour chaque spectacle de Céline Dion. »

Il y a donc du potentiel inutilisé. Pour faire valoir son point de vue, Jean-Claude Amboise cite deux cas récents.

Le chanteur libano-anglais Mika a figuré dix semaines en tête du palmarès français avec « Elle me dit », mais personne n’entreprend de le diffuser à l’étranger. De même pour Shakira, qui a fait un tabac en francophonie en reprenant « Je l’aime à mourir » de Francis Cabrel, et qui n’est pas commercialisée ailleurs.

« En France, les succès de la chanson francophone hors francophonie sont ignorés, et on surévalue au maximum ceux qui chantent en anglais.»

Jean-Benoît Nadeau

 

 

Source : forumfrancophonie2012.org, le jeudi 5 juillet 2012

http://www.forumfrancophonie2012.org/blogue/2012/07/je-taime-moi-non-plus-la-langue-de-patricia-kass/

 

 

 

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