Sujet :

Les indignés linguistiques au Forum de la langue française

Date :

03/07/2012

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Les indignés linguistiques au Forum de la langue française

Le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, Abdou Diouf, a expliqué qu'il voulait faire la promotion d'un « multilinguisme effectif », alors que le premier ministre canadien a vanté la cohabitation des langues nationales au pays.

(Le Soleil, Erick Labbé)

 

 

(Québec) « Nous devons être des indignés linguistiques ! » C'est l'appel qu'a lancé lundi 2 juillet 2012, le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf, aux participants du premier Forum mondial de la langue française qui s'est ouvert à Québec. Régis Labeaume a donné l'exemple à cet égard dans son discours inaugural, où il a dit souhaiter que tous partagent son inquiétude quant à l'avenir du français dans la province et ailleurs sur la planète.

« Si nous avons voulu ce Forum, c'est parce que nous refusons la ségrégation linguistique et le darwinisme culturel », a soutenu M. Diouf, le dernier des dignitaires à prendre la parole lors de la cérémonie d'ouverture du premier rassemblement citoyen mondial sur la langue française.

Le secrétaire général a néanmoins précisé qu'il ne lançait pas de déclaration de guerre aux autres langues, mais qu'il souhaitait faire la promotion de la mise en œuvre d'un « multilinguisme effectif » et qu'il fallait agir rapidement pour ne pas qu'un jour le français « ne dise plus rien sur rien ».

Si le Forum se veut apolitique, les quelque 1000 délégués réunis au Centre des congrès de Québec ont toutefois assisté aux allocutions du maire de Québec, hôte de l'événement, mais aussi à ceux du premier ministre du Québec, Jean Charest, et du Canada, Stephen Harper, qui a confirmé sa participation à la dernière minute.

Harper interrompu par un protestataire

Stephen Harper a été interrompu par un protestataire peu de temps après s'être présenté au micro et avoir prononcé quelques mots en anglais lors du Forum de la langue française, lundi, à Québec. « Stop Harper, stop Jean Charest, citoyens, levez-vous », a lancé l'homme, qui a rapidement été escorté à la sortie par des agents de sécurité.

(Le Soleil, Erick Labbé)

 

Ce dernier a été interrompu par un protestataire peu de temps après s'être présenté au micro et avoir prononcé quelques mots en anglais. « Stop Harper, stop Jean Charest, citoyens, levez-vous », a lancé l'homme, qui a rapidement été escorté à la sortie par des agents de sécurité. Inébranlable, le premier ministre a poursuivi son discours sur l'épanouissement du français au pays. « Notre diversité culturelle est notre plus grand atout », a répété Stephen Harper, vantant la cohabitation des langues nationales au Canada qui donnent accès à deux cultures.

Jean Charest a quant à lui soutenu qu'il ne fallait pas « dramatiser » l'état du français dans le monde, mais a admis qu'il existait néanmoins une « certaine désaffection » à son endroit, notamment en Europe et au sein des Nations Unies. Et contrairement à Régis Labeaume, le premier ministre du Québec ne s'est pas épanché sur les difficultés qu'éprouve le français dans la province.

« Une question de survie »

« Par sa situation tant historique que géographique, Québec, comme tout le Québec d'ailleurs, est au créneau depuis des siècles pour protéger cet héritage des assauts de la langue anglaise sur le continent », a affirmé le maire, ajoutant que cette situation avait obligé les Québécois à faire preuve de plus de vigilance « pour une question de survie ». C'est pourquoi, a-t-il poursuivi, ceux-ci ont opté pour les expressions magasinage plutôt que shopping ou stationnement plutôt que parking.

« J'espère que vous comprenez que nous sommes inquiets [...]. Nous souhaitons que vous en preniez conscience », a ajouté M. Labeaume, qui s'est ensuite adressé aux jeunes, soutenant qu'ils avaient une « responsabilité énorme sur les épaules » pour préserver le français.

La France doit montrer l'exemple

Questionné sur l'aspect quelque peu moralisateur de son discours, qui tranchait avec la réserve des autres dignitaires, M. Labeaume a soutenu que chacun effectuait son travail. « Je ne suis pas à leur niveau et je me permets ça », a expliqué le maire au Soleil, répétant que la France se devait de montrer l'exemple en utilisant moins d'anglicismes. À l'automne, M. Labeaume s'était rendu à Paris et avait vivement critiqué l'usage répandu de l'anglais dans la capitale française. Régis Labeaume dit avoir une nouvelle fois réitéré ses inquiétudes lundi 2 juillet, au maire Bertrand Delanoë, avec qui il a partagé un repas.

Des conférenciers, des jeunes et des artistes participent au Forum mondial de la langue française, qui se tient jusqu'à vendredi. Il sera notamment question, lors des différents ateliers, d'économie, de diversité linguistique, de culture et du nouvel univers numérique.

Une faute gênante

Une faute gênante s'est glissée sur un carton d'identification distribué aux photographes et cadreurs

(Le Soleil, Erick Labbé)

 

Sur le carton d'identification distribué aux photographes et aux caméramans (Note de l'Afrav : cadreurs, en français) pour capturer des images du premier ministre Stephen Harper, présent à la cérémonie d'ouverture du Forum mondial de la langue française, le gouvernement fédéral a fait un accroc à cette dernière. En plus de sa syntaxe douteuse, le laissez-passer indique que le premier ministre participe à une « activités », ce qui constitue une faute de grammaire pour le moins flagrante.

 

Annie Mathieu,

Le Soleil

 

 

 

Source : lapresse.ca/le-soleil, le lundi 2 juillet 2012

http://www.lapresse.ca/le-soleil/dossiers/forum-de-la-langue-francaise/201207/02/01-4540061-les-indignes-linguistiques-au-forum-de-la-langue-francaise.php

 

 

 

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