Dans
le mensuel Le Monde Diplomatique daté de janvier 2005 figure un
article de Bernard Cassen portant les titres :
« On peut déjà se
comprendre entre locuteurs de langues romanes. »
« Un monde polyglotte
pour échapper à la dictature de l'anglais. »
L'entête de l'article est le suivant :
[Début de citation]
Pour toutes les élites "offshore" de la planète,
l'usage de l'anglais est le premier des signes de reconnaissance. Il
existe un lien logique entre la soumission volontaire ou résignée à
l'hyperpuissance américaine et l'adoption de sa langue comme unique
outil de communication internationale. Or le chinois, les langues
romanes - si l'on promeut l'intercompréhension au sein de la grande
famille qu'elles forment - et demain l'arabe ont tout autant vocation
à jouer parallèlement ce rôle. C'est affaire de volonté politique.
[Fin de citation]
Dans cet article, entre autres choses, Bernard Cassen fustige la
notion floue et variable « d'anglais de communication
internationale » dont se gargarise l'américanopathe Thélot, et
il traite de méthodes d'apprentissage de langues par familles
linguistiques :
[Début de citation]
Comme le dit Umberto Eco, « une Europe de polyglottes n'est
pas une Europe de personnes qui parlent couramment de nombreuses
langues, mais, dans le meilleur des cas, de personnes qui peuvent se
rencontrer en parlant chacun sa propre langue et en comprenant celle
de l'autre, sans pour autant être capable de la parler
couramment ». Introduire l'intercompréhension des langues romanes
dès le primaire, c'est d'emblée donner aux enfants le plaisir d'accéder
à la compréhension de deux ou trois autres langues d'Europe.
[Fin de citation]
Cet article est accompagné d'un article de Françoise Ploquin, rédactrice
en chef du français dans le monde, et intitulé « Esprit de
famille
a». Il
débute ainsi :
[Début de citation]
On éprouve un sentiment de malaise quand un Français utilise
l'anglais pour demander un renseignement dans une rue de Florence, de
Séville ou de Coimbra, sans parler de Montevideo ou de Porto Alegre.
Ou quand un hispanophone ou un lusophone agissent de la même manière
à Paris. Cette attitude ignore la parenté entre les langues de
l'Europe du Sud (et donc de l'Amérique latine) issues du latin.
[Fin de citation]
Dans la rubrique « En savoir plus » figurent 7 références à
des travaux ou méthodes d'apprentissage de langues parentes (exemples
: «al'intercompréhension : le cas des langues romanes
»,
« Apprentissage simultané de quatre langues romanes : portugues,
español, italiano, français », etc.)
Sur le site de France 2 http://info.france2.fr/medias/8285619-fr.php
figure un article intitulé "The France Soir sort en mars".
On peut y lire :
« La France accueille 75 millions de touristes par an, dont les
anglophones représentent 60 à 70% ».
Si on se réfère aux chiffres du ministère du tourisme pour 2004
(cf.
http://www.tourisme.gouv.fr/fr/z2/chif_bilans/chiffres/chiffres_cles
/att00000855/chiffres_cles2004_francais.pdf),
on constate que les touristes étrangers en France viennent des pays
suivants :
Royaume-Uni, Irlande 19,8 %
Allemagne 18,7 %
Pays-Bas 16,6 %
Belgique, Luxembourg 11,5 %
Italie 10,0 %
Suisse 4,0 %
États-Unis 3,3 %
Espagne 3,8 %
Japon 0,8 %
Peut-être faut-il considérer que les touristes qui parviennent à
articuler "Where are the toilets, please" sont
classés parmi les
anglophones ?
J'ai adressé un message de protestation au médiateur de France 2.
Cordialement,
Patrick Leloup
44230 Saint-Sébastien-sur-Loire