Je vais faire parvenir la lettre ci-dessous aux différents constructeurs français. Étant une lettre ouverte, elle est bien sûr librement publiable. Stéphane Veyret
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Lettre ouverte aux constructeurs automobiles « français »
Madame, Monsieur,
J'ai décidé cette année de changer de voiture. Conformément à mon habitude, et même avant cela, à celle de mes parents, j'ai commencé à regarder en priorité du côté des constructeurs français. Acheter français est dans l'air du temps, en particulier depuis le début de la campagne présidentielle sur fond de crise. Cependant ma motivation n'est pas « chauviniste », ni même économique, mais plutôt « responsable ». En effet, je préfère acheter des produits qui viennent de près de chez moi, afin d'éviter les dépenses couteuses, au moins pour la planète, en ce qui concerne le transport !¹. Pourtant, depuis quelques années, je constate que les automobiles identifiées comme françaises semblent en avoir perdu l'âme. En effet, cela fait quelques temps que les divers mots tel que « marche », « arrêt » sont remplacés par d'autres, issus d'autres langues², d'autres pays, pour devenir des "on", des "off " et autres "start and stop". Cela ne m'a pas arrêté dans ma démarche, voyant que ces textes étaient limités, tandis que l'ordinateur de bord, lui, savait toujours me parler en français. Cependant, petit à petit, j'ai pu constater que le vocabulaire de la langue de Molière ne vous inspirait plus non plus pour vos slogans, vos services et les marques des modèles que vous vendez. Preuve en est, le petit florilège suivant : Renault "Quality made" propose des services "My Renault", "Renault Rent", vend une voiture "Wind", etc. Peugeot "Motion & emotion" (ressemble à s'y méprendre à du français, mais on a insidieusement « oublié » l'accent) propose des services "My Peugeot", "Mu by Peugeot", des modèles "Access", "Active", "Outdoor", etc. Citroën "Creative Technology" propose des services "My Citroën", "Citroën car store", "Multicity", des modèles "Just mat", "Aircross", etc. Tout récemment, vous avez enfoncé le clou avec vos dernières publicités : Citroën, avec la C4 Aircross, centrée sur un bouton "2WD", "4WD" et "LOCK". Renault, avec la Twizy, dont le slogan est "Plug into the positive energy". Peugeot, avec la 208, publicité dont le slogan est "Let your body drive" et dans laquelle on ne voit pas un mot de français.
Ne supportant plus ce sentiment de honte pour notre culture que vous affichez comme face à un invisible occupant anglo-saxon, j'ai finalement décidé d'aller chercher ma voiture chez nos voisins allemands. Eux n'hésitent pas à mettre en avant leur " Deutsche Technologie ", et vous feriez bien de vous en inspirer, plutôt que de vous en moquer, comme l'a fait Renault.
Stéphane Veyret, Acheteur responsable
[1] Même si je ne me berce pas trop d'illusions quant aux sites où sont réellement fabriquées les différentes pièces des voitures… [2] En réalité, le pluriel est ici inutile.
********************************** J'ai vu sur le site de l'association Avenir de la Langue Française ( http://www.avenir-langue-francaise.fr/ ), il y a quelques jours, une évocation de la publicité faite par PSA pour le lancement de la nouvelle Peugeot 208. Le texte en question est intitulé, à juste titre, « Peugeot : encore plus loin dans la servilité anglomane ». Les défenseurs de la langue française apprécieront sans doute de savoir que même les professionnels du monde de l'automobile s'étonnent et s'offusquent de cette "pub". En témoigne l'appréciation à ce propos, reproduite ci-dessous en pièce jointe, du rédacteur en chef adjoint de L'auto-journal (n° 853, du 19 avril au 2 mai 2012). A contrario, j'ai remarqué qu'un grand constructeur allemand utilise en ce moment la langue allemande pour la promotion (en France) de ses voitures. C'est autrement plus intelligent.
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Dimanche matin, le 29 avril 2012, sur RMC, dans l'émission consacrée à l'auto, Christian Morel et Jean-Luc Moreau, présentateurs-animateurs de l'émission, ont voulu donner une leçon de français à un auditeur qui a eu la « malencontreuse » idée de prononcer les lettres qui font la référence de sa voiture, en français !En effet, l'auditeur en question, Julien de son prénom, a dit en français la référence de sa voiture, une Citroën C4 e-HDI 110 Dream BMP6, et cela a fait rire les deux anglomaqués aux commandes de l'émission. En maître d'école, ils lui ont dit en cœur qu'il fallait prononcer le « e » de « e-HDI », « i » et que "Dream" devait se dire « Drimm » et non « drèm ». La question que l'on pourrait se poser tout de même, et que bien sûr, ne se sont pas posée les deux anglo-colonisés de RMC, "Info Talk Sport", serait de savoir pourquoi nous devrions prononcer à l'anglaise les lettres de l'alphabet français. Pourquoi, nous devrions dire "Aï-Phone" et non « i-Phone » ? Bon serait de se rappeler que les anglophones sont plus logiques avec leur langue, car eux, ils respectent la prononciation des lettres de leur alphabet en disant, entre autres exemples, TiGiVi et non TéGéVé à la française. Alors pourquoi, suivant l'exemple des Anglais, les Francophones n'auraient-ils pas le droit, eux, de prononcer les lettres de leur alphabet à la française. Moralité, Julien avait raison de prononcer à la française la dénomination de sa voiture, une voiture, qui plus est, de marque française. Regrettons le degrés d'anglicisation des journalistes en général, et de ceux de RMC, en particulier. Faisons-leur savoir au :
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