Sujet :

Fleur Pellerin, la littérature et le reste !

Date :

28/10/2014

Envoi de Valérie Faisien  (rejoignez-notre correspondante sur :  https://www.facebook.com/vfaisien)

La "French Touch" de French Pellerin !Fleur Pellerin, la littérature et le reste !

Fleur Pellerin ne prend pas le temps de lire ou de se documenter sur le prix Nobel nouvellement élu, non seulement parce qu'elle n'aime pas la littérature, mais plus encore, parce qu'elle n'aime pas la langue française. Pourtant, elle avait l'occasion grâce à ce prix Nobel, de vanter la langue française dans les tribunes internationales, elle ne l'a pas fait. Elle ne l'a pas fait parce que, aujourd'hui, le mot d'ordre est à l'anglicisation tous azimuts. N'a-t-elle pas, après le ministre du "Made in France" et de la "Silver Economy", lancé le label "French Touch" ? Eh oui, de l'anglais encore, toujours de l'anglais ! Et que dire du Président de la République qui reçoit une lettre en anglais du Commissaire européen finlandais, Jyrki Katainen, et qui a trouvé cette missive" banale" (sic), au lieu de la renvoyer à l'expéditeur au motif que l'on n'écrit pas au Président de la République française en anglais, d'autant que, jusqu'à preuve du contraire, l'anglais n'est pas la langue officielle de l'Europe et que le français fait toujours partie des trois langues de travail de la Commission européenne.

Non ! Fleur Pellerin, non seulement n'aime pas la littérature, mais elle est comme beaucoup de nos élites, elle n'a aucune conscience politique à l'égard de la langue française et de la Francophonie. Heureusement que les socialistes ont sur le sujet, le député Pouria Amirshahi pour remonter le niveau.

RR

 

 

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Lettre ouverte d'un écrivain à Fleur Pellerin

Par

FIGAROVOX/HUMEUR - Fleur Pellerin n'a pas été capable de citer une œuvre de Patrick Modiano, prix Nobel de littérature. L'écrivain Christian Combaz et Fleur PellerinChristian Combaz n'en revient toujours pas.

Christian Combaz est écrivain et essayiste. Son dernier livre, « Gens de Campagnol », est paru en 2012 chez Flammarion. Lire également ses chroniques sur son blogue.

 

Chère Fleur,

Comme écrivain je n'avais déjà guère d'illusions quant à l'intérêt que vous portez à la littérature, mais le fait que vous ayez été incapable, il y a quelques heures de répondre à la question « quel est votre livre préféré de Patrick Modiano ? » achève de me convaincre que vous n'êtes pas à votre place rue de Valois. Quand la journaliste qui vous interrogeait, stupéfaite, vous a fait remarquer que c'était étonnant tout de même, vous avez répondu que vous n'aviez « guère le temps de lire depuis deux ans », c'est-à-dire vraiment n'importe quoi. Son étonnement ne concernait pas le temps que vous étiez en mesure de consacrer à la lecture depuis deux ans, mais celui que vous employez au service de la France depuis six semaines.

Le contenu des livres, pour vous, c'est de l'enfantillage, du pittoresque, du secondaire.

Quand on est chargé de la promotion de la culture française, le matin où l'on apprend que Patrick Modiano a décroché le prix Nobel, on tape son nom sur Wikipédia à l'heure du café. Dans l'ascenseur on se fait résumer Villa Triste. On demande un dossier de presse avant dix heures et demie. N'importe quel cadre commercial à qui l'on vient d'annoncer l'obtention d'un nouveau marché se rue sur les informations du tribunal de commerce. La ministre de la culture, en recevant un coup de fil de chez Gallimard, serait donc incapable de bachoter son sujet une demi-heure avant que les caméras ne débarquent ? Évidemment non. Vous n'en êtes pas incapable. Vous avez seulement mieux à faire. Le contenu des livres, pour vous, c'est de l'enfantillage, du pittoresque, du secondaire. L'art pour vous, ce sont des textes de loi, des décrets, des budgets à attribuer, vous venez de l'avouer ingénument sur Canal Plus avec cette espèce de dédain navré des gens qui sont occupés de choses sérieuses, et qui répondent « si vous croyez que j'ai le temps ! ».

Chère Fleur, je me demande de quoi vous avez bien pu parler, lors de votre déjeuner avec votre hôte nouvellement couronné, si vous n'avez rien lu de lui. (En outre, quand on le connaît, on se doute qu'il n'a pas dû être excessivement bavard à table).

Le scandale est que vous n'ayez pas saisi cette chance pour prononcer un discours intelligent sur la sensibilité littéraire de la France, sur l'importance que revêt la littérature dans la vie sociale de notre pays. Et la raison pour laquelle vous ne l'avez pas fait, c'est que vous en ignorez tout.

Tant de fois pour ma part, avant d'aller dîner chez un écrivain, avant d'aller au théâtre sur une aimable invitation de l'auteur, j'ai commandé un ouvrage ou consulté des articles, la veille, pour rafraîchir ma mémoire à leur sujet. Je ne suis pas ministre, je suis simplement poli. Vous semblez illustrer qu'il y a incompatibilité entre les deux mais passe encore après tout. Même si une impolitesse commise au nom de l'État est une impolitesse au carré, on peut toujours pardonner une bourde personnelle. Le problème est que vous n'étiez pas en mesure, à l'occasion de cet événement, de promouvoir l'image de la France à l'étranger, au moment où elle est si souvent écornée dans d'autres domaines. Le scandale est que vous n'ayez pas saisi cette chance pour prononcer un discours intelligent, que le monde entier aurait écouté, sur la sensibilité littéraire de la France, sur l'importance que revêt la littérature dans la vie sociale de notre pays. Et la raison pour laquelle vous ne l'avez pas fait, c'est que vous en ignorez tout.

Alors ce n'est pas à vous, finalement, que j'en veux mais à ceux qui ont placé votre ignorance, si banale, si consternante, au gouvernail parce qu'elle ressemblait à la leur. À mon avis, dès ce soir, Manuel Valls et François Hollande vont consulter Wikipédia sur Modiano.

Votre mésaventure aura au moins servi à cela.

 

 

Source : lefigaro.fr, le lundi 27 octobre 2014

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http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/10/27/31003-20141027ARTFIG00157-lettre-ouverte-d-un-ecrivain-a-fleur-pellerin.php

 

 

 

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Fleur Pellerin, bienvenue en Béotie !

Fleur Pellerin et la langue françaiseMinistre de la Culture, Fleur Pellerin est incapable de citer le titre d’un seul livre de Patrick Modiano. Pire, elle avoue « sans aucun problème » ne pas lire « depuis deux ans ».

L’information a déjà fait le tour du web : Fleur Pellerin est incapable de citer, à brûle-pourpoint, le titre d’un livre de Patrick Modiano. Dimanche, elle était invitée à Canal+, sur le plateau du “Supplément”, quand Maïtena Biraben lui demanda quel livre du nouveau prix Nobel de littérature elle préférait. Silence radio. La ministre de la Culture s’empressa d’expliquer : « J’avoue sans aucun problème que je n’ai pas du tout le temps de lire depuis deux ans. Je lis beaucoup de notes, beaucoup de textes de loi, les nouvelles, les dépêches AFP mais je lis très peu. »

L’amateurisme de Fleur Pellerin

Que Fleur Pellerin ne parvienne pas à citer un seul livre de Modiano, passe encore. On peut mettre ça sur le dos de l’amateurisme : elle est ministre de la Culture, un écrivain français vient de décrocher le prix Nobel et c’est les mains dans les poches qu’elle se rend à une émission politique.

On peut aussi mettre ça sur le compte d’une mémoire défaillante : deux jours avant son passage télévisé, la ministre de la Culture déjeunait, en effet, avec Patrick Modiano et l’éditeur Antoine Gallimard. C’était le vendredi 24 octobre, à Paris, rue de Valois ; il était 13 heures. L’un des collaborateurs de Fleur Pellerin lui avait certainement préparé une note comme il faut : biographie de l’écrivain nobélisé, liste de quelques-uns de ses livres marquants, le tout fraîchement recopié à grands frais sur Wikipedia. En deux journées à peine, Fleur Pellerin avait tout oublié : cela suffirait au premier spécialiste venu pour lui diagnostiquer un Alzheimer précoce.

On me permettra de ne pas jouer aux réacs. Même si, les ministres de la Culture, c’était quand même mieux avant. On a du mal à s’imaginer Malraux incapable de répondre à pareille question – même complètement défoncé. Maïtena Biraben aurait eu en face d’elle un Michel Guy ou un Jack Lang, ils lui auraient non seulement administré un cours sur Modiano, mais ils auraient en plus semé le doute dans l’esprit de la journaliste : le nouveau prix Nobel doit-il vraiment tout – sa vie, son œuvre – au ministre ? C’est qu’il y a des ministres qui travaillent et maîtrisent leur sujet. Et il y a les autres.

Fleur Pellerin, le philistinisme sans complexe

Le problème pourtant n’est pas là. Ce qui est véritablement choquant, ce sont les propos de la ministre qui justifie par le manque de temps le peu de cas qu’elle fait de la lecture : « J’avoue sans aucun problème que je n’ai pas du tout le temps de lire depuis deux ans. » Le « sans aucun problème » ministériel est terrible.

Ne pas lire quand on est responsable public – a fortiori ministre de la Culture – est une faute grave. Avouer sans vergogne qu’on ne lit pas est la marque la plus odieuse du philistinisme, c’est-à-dire de cet esprit épicier qui juge tout à l’aune de l’immédiate utilité. Fleur Pellerin en rajoute : « Je lis beaucoup de notes, beaucoup de textes de loi, les nouvelles, les dépêches AFP mais je lis très peu. » Elle met tout sur le même plan : la lecture du journal vaut celle d’un roman. Lire le numéro de Closer de la semaine et lire Madame Bovary, c’est kif-kif bourricot, puisque les deux activités consistent à déchiffrer des caractères imprimés et, surtout, elles coûtent en temps. Le philistin n’a jamais qu’un seul critère : la dépense. Bloy a écrit de sublimes pages là-dessus dans Exégèse des Lieux Communs (Mercure de France, 1902).

Pour Mme Pellerin, la lecture est une activité coûteuse en temps. C’est tout. Et on peut même proclamer à la face du monde qu’on n’a pas le temps de lire, qu’on est trop occupé pour s’adonner à ce hobby prenant. Et le faire « sans aucun problème ». Pour Fleur Pellerin, la fréquentation des œuvres littéraires ne transforme pas l’homme, elle ne le métamorphose pas. Elle ne lui confère pas non plus « un cœur intelligent », pour reprendre le titre d’un beau livre d’Alain Finkielkraut. Pourtant, cette métamorphose du cœur et de l’esprit humain par les livres, on appelle ça d’un nom que madame la ministre devrait connaître : la culture.

Le pays de la littérature, c’est fini

Mme Pellerin n’a pas le temps de lire. Elle est ministre ? Elle est, avant tout, le signe d’une époque. Le général de Gaulle lisait. François Mitterrand également. Avaient-ils davantage le temps de lire que l’actuelle locataire de la rue de Valois ? Ils ne dirigeaient que la nation, eux.

Ni l’un ni l’autre n’avaient le temps ; ils se le donnaient. Parce qu’ils estimaient que l’action publique nécessitait de prendre du champ par rapport au monde et à sa marche. Parce qu’ils croyaient également que la littérature était seule capable de lever véritablement le voile sur la vérité de l’homme. Parce qu’ils savaient tous deux que la France était, comme l’a montré Pierre Lepape dans son remarquable essai : le pays de la littérature, un pays où les passions politiques et les passions littéraires se sont longtemps confondues et mêlées dans la suite des siècles.

Voilà ce que Mme Pellerin nous apprend – sans même le savoir elle-même : le prix Nobel décerné à Patrick Modiano n’était qu’un trompe-l’œil. La vérité est que la France n’est plus le pays de la littérature. La vérité est qu’on peut être ministre de la Culture, se vanter de ne jamais ouvrir aucun livre et rester en place, sans que personne n’y trouve rien à redire. Bienvenue en Béotie !

 

 

Source : tak.fr, le lundi 27 novembre 2014

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