M. Albert Salon, président d'Avenir de la Langue française,

écrit aux députés et aux sénateurs,

au sujet du projet de la loi Fioraso sur les universités

 

 

De :

 M. Albert Salon

34 bis, rue de Picpus

75012 PARIS

Tél. : 01 43 40 16 51

 

 

 

 

 

 

À : Mesdames et Messieurs les Sénateurs, 

Mesdames et Messieurs les Députés, 

 

    Le mercredi, 15 mai 2013

 

objet : Contre le projet de la loi Fioraso sur les universités

 

 

Mesdames les Députées, Messieurs les Députés,

 

Le 22 mai au Parlement doit s’ouvrir le débat sur le projet de loi présenté par Mme Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR).

Au nom des associations de promotion du français, j'ai l'honneur d'attirer à nouveau votre attention toute particulière sur l'article 2 dudit projet de loi.

Par nos associations comme par les réactions qu'il a suscitées en France et hors de nos frontières, vous savez déjà pourquoi il nous paraît, dans nos universités et grandes écoles d'abord, vider en fait de sa substance la législation française de protection de la langue de la République, en violation effective d'un autre article 2, celui de la Constitution qui dispose :

« La langue de la République est le français ».

Il n'irait plus de soi qu'en France les établissements publics de formation enseignent en français.

Il s'agirait là, maintenant, d'un changement de langue voulu, discret, mais radical.

Nos associations de promotion du français et de la Francophonie ont réagi toutes ensemble. Sept d'entre elles, lors d'un entretien du 16 octobre 2012 au MESR, avaient déjà été édifiées par le peu de cas fait devant elles de la loi Toubon. Elles avaient, du reste, été invitées à présenter, comme à un juge, une sorte de « mémoire en défense ». Elles ont alors élaboré et signé le Mémoire « Sciences et langue française », solidement argumenté, parvenu au ministère donneur d'ordre juste avant la découverte, en janvier 2013, de ce qui était alors l'avant-projet de loi Fioraso. Or, son article 2 venait couronner les efforts de tous ceux qui, depuis le début du quinquennat précédent, s'efforçaient d'écarter l'obstacle de la loi Toubon pour pouvoir enfin enseigner « en langues étrangères et renforcer ainsi l' "attractivité" (sic) du territoire ».

Depuis lors, l'Académie française, l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, l'Académie des Sciences d'Outre-mer, l'Académie de Rouen, ont, dans leur langage mesuré, mis en garde contre les graves conséquences de cette disposition. Des mouvements politiques ont lancé des pétitions qui ont, malgré l'aridité du sujet, recueilli bien plus de 10 000 signatures. De nombreux organes audio-visuels et de la presse écrite, hebdomadaires tel le Canard enchaîné, l'Express, Marianne, Valeurs Actuelles, Le Point, et les plus grands quotidiens (Libération, La Croix, Le Figaro le 18 avril, Le Monde le 26 avril , ) ont ouvert leurs colonnes aux réactions hostiles au projet. M. Pouria Amirshahi, député socialiste des Français de l'étranger, président de Commission, a exprimé courageusement son opposition et groupé autour de lui une quarantaine de députés socialistes ou proches. Vous avez lu les avis très tranchés de très hautes personnalités, de MM. Chevènement et Michel Serres à M. Jacques Attali ( « difficile d'imaginer une idée plus stupide, plus contre-productive, plus dangereuse et plus contraire à l'intérêt national ») et à M. Bernard Pivot, aux professeurs au Collège de France MM. Antoine Compagnon et Claude Hagège (« acharnement », « suicidaire »...).

Hors de nos frontières, nos compatriotes conscients, partout où ils œuvrent, de la voix de la France et de nos atouts à préserver, mais aussi nos amis étrangers, profondément étonnés, se sont émus et mobilisés au secours de notre langue. Au nom de toute l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), son Secrétaire général M. Abdou Diouf, ancien Président de la République du Sénégal, a envoyé dès mars une lettre remarquable au Premier Ministre de la France. Des chefs d'État et de gouvernement de pays francophones, en Afrique, au Québec, ailleurs, s'émeuvent au point, pour certains, de téléphoner directement au Président de la République ou à son Premier Ministre.

En fait, tout le monde sent bien - Mme Fioraso l'a presque reconnu entre les lignes de sa défense peu convaincante dans Le Nouvel Observateur, puis dans le Monde du 8 mai avec l'aide de plusieurs savants prestigieux partisans de l'anglais - qu'il ne s'agit même plus de concourir pour l'accueil de quelques étrangers supplémentaires (la France, avec plus de 200 000 étudiants non français, est déjà dans les premiers pays d'accueil, en français pour l'essentiel !), mais de passer à l'anglo-américain - au "globish-pour-tous" - comme langue de l'enseignement supérieur, aussi pour les francophones tant étrangers que français, en attendant d'étendre nécessairement ce méfait au secondaire, puis au primaire, à la maternelle...

Il s'agit du changement, maintenant, de langue. Il s'agit de soumission, non plus spontanée, lente, au cours de siècles, aux Romains du moment, mais de reddition brutalement décidée, hic et nunc, par des clans minoritaires de mauvais bergers, à l'oligarchie mondialisée. Le "Bundespräsident" M. Joachim Gauck ne le recommandait-il pas lui aussi le 22 février au peuple allemand et aux peuples européens, dans un « Discours à la Nation allemande » fort différent des "Reden an die deutsche Nation" de Fichte en 1807 ?

Globish, quand tu nous tiens !...

Une France fidèle à elle-même, et aux amis qui, un peu partout, croient encore en elle, ne peut que refuser cet alignement général, cette « diminitude », cette « déconstruction », ce suicide.

À partir du 22 mai 2013, comme dans les « heures sombres » de juin-juillet 1940, les élites françaises, au premier chef tous les représentants élus de la Nation, sont placés devant leurs écrasantes responsabilités.

Ils ont avec eux le sentiment profond du peuple, qu'il ne faut plus tromper.

Du courage ! Haut les cœurs ! Ne laissons pas passer ce funeste article de loi !

Albert Salon, docteur d'État ès lettres, ancien ambassadeur, commandeur du Mérite, président et administrateur d'associations de promotion du français et de la Francophonie.

 

 

Pièces jointes pour vous aider à compléter votre information :

 

- le Mémoire sur Les sciences et le français remis en janvier 2013 par sept associations au ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, ainsi qu'à l'Élysée et aux ministres de la Culture et de la Francophonie (Voir le document au format PDF) ;

 

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- la réponse de MM. Jacques Maillard et Christian Darlot, chercheurs au CNRS, à la position exprimée par des savants "pro-langue anglaise" dans Le Monde du 8 mai ;

 

Réponse à l'article de MM Fuchs, Berger, Haroche, Petit et autres

dans Le Monde en date du 8 mai 2013

 

Six chercheurs scientifiques, dont quatre dirigeants d'institutions nationales publiques, sont intervenus dans un débat capital pour l'avenir de notre pays. Dans un article en date du 8 mai 2013, ils prônent  l’emploi de la langue anglaise dans l’enseignement supérieur en France.

La langue est un élément fondamental de l'existence d'une nation, de la cohésion d'un peuple.

Les signataires de cet article sont en charge d’institutions dont l’activité est vitale pour l’avenir de notre pays. Ils ont eux-mêmes bénéficié d'un enseignement de très haute qualité, dans leur langue maternelle, payé par la Nation. Pourtant ils participent à une attaque délibérée contre notre langue nationale, et arguent de leur position pour refuser aux étudiants d'aujourd'hui le droit à recevoir ce même enseignement dans leur langue, qui est celle de leur pays.

Ils prétendent que liberté serait laissée aux professeurs d'enseigner dans la langue nationale, alors même qu'ils savent très bien que les textes élaborés, et les traités européens, pourraient imposer, lorsque la dernière barrière (la loi « Toubon ») serait détruite, le passage au tout anglais.

Ils feignent d’ignorer que le premier but de l'université n’est pas de s’insérer dans un « prétendu marché international de l'éducation » mais de former des étudiants français, dont eux-mêmes, et les parents de ces étudiants et tous les Français, payent les études par leurs impôts.

Ils omettent la motivation principale de maints étudiants étrangers, qui viennent en France pour sa culture, dont sa langue.

Ils se trompent, et leurrent leurs lecteurs, en prétendant que « passer à l'anglais » pour singer les universités étasuniennes augmenterait le renom des universités françaises, alors que le seul effet serait de faire préférer l'original à la copie.

Ils taisent que de grands pays (Russie, Chine...) maintiennent tout leur enseignement dans leur langue nationale. La Chine a décidé récemment de supprimer l'épreuve d'anglais obligatoire pour les scientifiques, ayant remarqué que cette obligation « abaissait le niveau » (agence Xinhua). En effet, la langue est un élément fondamental de la structure du raisonnement.

Ils dédaignent leurs compatriotes, car c'est détruire l’égalité que de réserver l'accès à la connaissance à une minorité élevée dans une langue étrangère. Leur plaidoyer n’est-il qu’un prétexte pour justifier d’aggraver la séparation des classes sociales ?

Ils méprisent les citoyens des pays francophones, dont les études seraient dévalorisées sans recours, et qu’ils inciteraient donc à se tourner vers l'anglais. Prétendre qu'imposer l'anglais développerait la francophonie est une absurdité malhonnête.

Ils glorifient des actes contraires à la loi, et même à la Constitution, consistant à imposer – déjà - des cours en anglais, au lieu de proposer des cours de français aux étudiants étrangers pour leur permettre de suivre les cours (des cours de mise à niveau leur sont d'ailleurs refusés). Ces abus maintiennent un handicap permanent pour ces étudiants lors de leur séjour en France, pendant ou après leurs études. Ils handicapent aussi les chercheurs français, forcés de communiquer avec leurs étudiants en anglais, alors même que ces étudiants ont passé des années en France, et désiraient parler français.

Ils confondent sciemment l'enseignement, la recherche, la publication et l’échange oral, actions diverses dont chacune a ses modalités et ses nécessités propres. Si l'anglais est utilisé dans la plupart des communications et des publications (mais pas toujours, heureusement), le français est, peut et doit rester la langue de travail pour les chercheurs français. Passer au « tout anglais » n’entraînerait que destruction et corruption de notre système d’enseignement et de recherche scientifique.

Est-ce-là leur vœu ?  

Enfin ils étalent leurs titres et de leurs responsabilités, passés et présents, en restant discrets sur les services rendus aux pays anglophones avec lesquels ils collaborent régulièrement, et surtout en passant sous silence qu’ils ne doivent leur formation intellectuelle et leur carrière qu’à la République, notre institution commune qui assure la solidarité de tous nos compatriotes.

En science les arguments d'autorité n'existent pas. Seules la démonstration et la preuve font autorité.

Dans un débat qui engage tout l’avenir de notre Nation, l’abus d’autorité n’a pas sa place.

 

Jacques Maillard,

71 rue Bichat, Paris,

Chercheur au CNRS en Physique des Particules,

le 9 mai 2013

 

 

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- le dossier récapitulatif publié le 12 mai 2013 par le journal La Croix, avec, notamment, la position de M. Bernard Pivot.

 

Fioraso, le Dossier La Croix, mai 2013

 

12/5/13 – La Croix

La langue de Shakespeare bouscule celle de Molière à l’université

Le projet de loi sur l’enseignement supérieur doit faciliter le développement de formations dispensées entièrement dans des langues étrangères dans les universités et grandes écoles françaises.

L’objectif est d’attirer davantage d’étudiants étrangers venus de pays non francophones, au risque de mettre à mal la francophonie, estiment les opposants à la réforme.

Quand François Taddei s’adresse à ses étudiants du Centre de recherches interdisciplinaires (CRI), y compris à ses compatriotes, il leur parle de "biology". L’anglais est utilisé pour tous les cours en master et doctorat de cet institut universitaire rattaché à la faculté de médecine de Paris-Descartes, sauf quand l’assistance est francophone. « Nous avons choisi la langue qui maximise les possibilités d’échanges, et la langue de travail de la science, c’est l’anglais, qu’on le veuille ou non, explique ce biologiste, par ailleurs membre du Haut Conseil de l’éducation. Pour attirer les meilleurs professeurs et étudiants, il faut enseigner en anglais. » 

Des représentants de tous les continents se retrouvent ainsi au CRI. « Nous leur donnons aussi des cours de français, reprend le directeur du centre. À l’arrivée, des gens repartent en parlant français et sont ensuite nos meilleurs ambassadeurs, alors qu’ils ne seraient pas venus sans un cursus en anglais. » 

Un assouplissement de la loi Toubon

C’est ce genre d’initiative que veut encourager Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, dans son projet de loi étudié à partir de mardi 14 mai par la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale, avant d’être soumis aux députés le 22 mai. L’article 2 prévoit un assouplissement de la loi Toubon de 1994 qui spécifie que le français est langue de l’enseignement en France, sauf « exceptions justifiées ».

L’ajout de deux dérogations – en cas d’accord avec une institution étrangère ou internationale ou dans le cadre de programmes bénéficiant d’un financement européen – élargira les possibilités d’enseigner dans des langues étrangères dans le supérieur, tout en sécurisant juridiquement les filières déjà existantes et simplement tolérées. Environ 700 formations post-bac sont en effet aujourd’hui dispensées entièrement en anglais dans la patrie de Molière, notamment dans les écoles de commerce. La ministre veut les multiplier pour permettre à des Lyonnais ou des Marseillais d’étudier en anglais sans s’expatrier et, surtout, séduire des cerveaux du monde entier dans un contexte de concurrence planétaire sur ce créneau.

Si l’objectif général est de rendre l’Hexagone plus attractif et de passer d’un taux de 12 % à 15 % d’étudiants étrangers, la cible est d’abord celle des pays émergents, à l’image de la Chine et de l’Inde, où les besoins sont immenses et pas satisfaits. « Ce projet marque une avancée importante », juge Pierre Tapie, président de la Conférence des grandes écoles et directeur général de l’Essec. « Mais on pourrait aller plus loin, en abrogeant la loi Toubon », ajoute-t-il. « On devrait avoir la liberté d’enseigner ce que l’on souhaite dans la langue la plus apte à s’adapter au public visé, à permettre aux étudiants de mieux s’insérer dans le milieu professionnel et à faire circuler les idées et les talents », poursuit Jean-Loup Salzmann, son homologue de la Conférence des présidents d’université (CPU), qui défend également l’article 2 du texte.

Une marginalisation du français ?

Le patron de la CPU affirme d’ailleurs clairement que faire de la maîtrise du français un a priori avant de permettre à un Indonésien de s’asseoir dans un amphithéâtre parisien relève de la catégorie des « choses complètement idiotes » : « Si on souhaite vraiment développer la francophonie, il faut attirer des non-francophones. Sinon, on ne la développe pas, on la conforte. » L’argumentaire ne convainc pas les opposants à la réforme Fioraso qui craignent, au contraire, la marginalisation du français. Dans leurs rangs, des personnalités comme Michel Serres ou Jacques Attali, l’Académie française, le syndicat d’étudiants Uni-Met, classé à droite, ou l’Union populaire française, un mouvement souverainiste revendiquant 9 000 signataires à sa pétition.

Sur ce sujet passionnel, la fronde vient aussi du camp politique de Geneviève Fioraso. « Quarante et un députés socialistes ont signé un amendement pour la suppression de l’article 2, annonce Pouria Amirshahi, député PS des Français de l’étranger et secrétaire national de son parti à la francophonie. Le projet Fioraso est une faute politique, stratégique et culturelle majeure. Le signal envoyé au monde francophone est absolument terrible. Les millions de personnes qui se battent pour défendre le français dans le monde doivent se dirent :  « À quoi bon continuer… » 

PASCAL CHARRIER

 

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BERNARD PIVOT, journaliste et écrivain :

« Cette loi est lourde d’orages et de défaites »

Fortement opposé à l’introduction de cours en anglais à l’université, Bernard Pivot explique la nécessité de continuer à promouvoir le français dans le monde.

La Croix : L’anglais comme langue d’enseignement dans les facs françaises, cela vous scandalise-t-il ? 

 Bernard Pivot : Oui, tout à fait, car je crois, comme Michel Serres, que si nous laissons l’anglais s’introduire dans nos universités, si nous le laissons, seul, dire la science et le monde moderne, alors le français se mutilera et s’appauvrira. Il deviendra une langue banale, ou pire, une langue morte. En donnant la possibilité d’enseigner en anglais, la ministre prétend attirer des étudiants étrangers et faire remonter la France dans les classements anglo-saxons.

Mais c’est un leurre. Les meilleurs choisiront toujours d’aller dans les plus grandes facs américaines et anglaises, tandis que le français, lui, sera bel et bien mis en péril.

 N’y a-t-il pas, derrière ce débat, une querelle entre « anciens » et « modernes » ? 

 B. P. : Peut-être que certains, parmi les plus jeunes, sont moins attachés que nous au français… Mais je crois que le problème est plus grave. Il est que nos dirigeants ne sont plus des lettrés, ni des amoureux du français, comme ils l’ont été autrefois. Je pense au général de Gaulle, bien sûr, à Georges Pompidou, mais aussi à François Mitterrand. Ces hommes étaient de grands lecteurs, des amoureux de la langue, et même des écrivains capables d’écrire de beaux livres… Ils n’auraient jamais laissé passer une telle loi.

 Mais le français peut-il réellement résister à l’anglais ? 

 B. P. : La question ne se pose pas en ces termes. Que l’anglais soit la langue dominante dans le monde actuel, c’est logique. Dans l’histoire, à chaque fois qu’une nation a dominé par son armée, son économie, ses savants, elle a imposé sa langue. Ce fut le cas de la France sous Louis XIV. Il ne s’agit donc pas de jalouser la position de l’anglais. Mais il ne faut pas non plus se résigner ni se coucher devant lui. À côté, le français doit continuer de jouer sa partition.

 Pourquoi est-il si important, selon vous, de défendre le français ? 

 B. P. : D’abord, je n’aime pas ce terme « défendre ». Il me semble d’emblée pessimiste. Le français, il faut l’illustrer, le promouvoir, le faire vivre. Car c’est la langue qui nous a constitués, qui nous a formés, qui coule de notre bouche et dans nos veines. Même si l’on parle plusieurs langues, je suis convaincu que notre dernier mot, au moment de notre mort, sera français. Car celui-ci est inscrit dans notre âme, au plus profond de nous. La langue est ce qui constitue, aussi, une nation. C’est parce que nous avons en commun ce trésor des mots que nous nous comprenons, que nous écrivons. Les mots sont notre richesse et marquent aussi notre diversité. C’est formidable d’avoir parmi nos grands écrivains des Antillais ou des Africains. Cette loi envoie d’ailleurs un très mauvais signal à tous ceux qui luttent, dans le monde, au sein des instituts français, pour faire vivre notre langue. Peut-être certains ne voient-ils pas le péril qui s’annonce. Moi, je sens au contraire que cette loi est lourde d’orages et de défaites.

 

PROPOS RECUEILLIS PAR FLORE THOMASSET