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Bernard Cerquiglini dans toute sa réalité

Date :

10/04/2013

Bernard Cerquiglini dans toute sa réalité

  À l'occasion de la Semaine de la Francophonie, l'émission « La Grande Librairie » diffusée le jeudi 14 mars 2013 sur France 5, fut spécialement consacrée à la langue française. Bernard Cerquiglini, grand « ponte » de la langue française, qui fut en son temps délégué général de la DGLFLF (Délégation Générale à la Langue Française et aux langues (!) de France) - un machin gouvernemental censé défendre et promouvoir la langue française -, fut parmi les invités.

Sa prestation à l'antenne nous donna l'impression d'un homme paisible, nullement troublé par la situation actuelle de la langue française, une langue française pourtant menacée de l'intérieur par un enseignement dégradé et qui donne désormais la priorité à l'anglais obligatoire dès le CP,  une langue française en sursis dans nos universités où il est de plus en plus question d'enseigner en anglais, une langue française violée tous les jours par les médias qui ne cessent de répandre anglicismes sur anglicismes, une langue française torturée par les publicitaires qui, du slogan en anglais, veulent passer carrément à la publicité en anglais, une langue française menacée aussi de l'extérieur par une Francophonie ignorée et méprisée, et par l'attitude des Français, eux-mêmes, qui souvent préfèrent en pays étrangers et dans les instances internationales s'exprimer en anglais à l'image des Trichet, des Lagarde, des Lamy, des Strauss Kahn, etc.

Non, rien de tout ça n'a été évoqué ! Monsieur Cerquiglini n'est pas venu dans l'émission pour tenter de porter secours à la langue française, il est venu vendre son livre, tout simplement. La langue française assiégée par l'anglais, ce n'est pas son problème, apparemment.

Nous avons fait un résumé de sa prestation, car non seulement il n'a pas parlé de la situation préoccupante de notre langue, mais ses propos reflètent bien le fait qu'il n'avait pas sa place dans un organisme dont le but est de défendre et de promouvoir la langue française.

Et si on mettait de tels personnages à ces postes-là pour être sûr de pouvoir angliciser EN PAIX ? 

 

Source de la vidéo : Émission « La Grande Librairie » diffusée le jeudi 14 mars 2013 sur France 5


 

 

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Bernard Cerquiglini dans toute sa réalité

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en allant sur : http://rutube.ru/video/5724338a3b86073cf23f2a11c16e7476/

 

 

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Voici la lettre que nous avons adressée à Bernard Cerquiglini,

le 24 juin 2003 :

 

Monsieur le Délégué général, 

 

J'ai pris bonne note de votre lettre du 24 avril 2003, lettre qui faisait réponse à la mienne du 10 février 2003.

Je constate, hélas, que vos réponses sont loin d'atténuer les craintes que j'ai pour la langue française et que votre politique en faveur de la langue française est loin d'être volontariste, battante et rayonnante. Chacun des paragraphes de votre lettre peut être aisément contredit.

Ainsi, dans le deuxième paragraphe, vous dites que la diversité des langues est la forme première de la diversité culturelle. Bien évidemment, je suis tout à fait d'accord avec vous sur ce point, mais n'est-ce pas plutôt aux angliciseurs à qui il faudrait dire cela ? Récemment, j'ai écouté le concours de l'Eurovision et je n'y ai guère vu de traces de diversités culturelles : tout le monde, ou presque, chantait en anglais, même la Pologne et la Roumanie, pourtant tous les deux membres de la Francophonie. Où est la diversité des langues et des cultures là-dedans, et où se situent votre action, et celle du Président, pour la diversité culturelle, dans cet exemple précis ?

Dans le troisième paragraphe, vous dites que le français ne doit pas s'imposer sur la ruine des autres langues. Là, je crois que vous êtes en retard d'une bonne douzaine de guerres, car le français a commencé à s'imposer dès 1539 sous François 1er (Ordonnance de Villers-Cotterêts), puis fut déclaré langue de la République par la Constituante de 1793 et rendu obligatoire par l'enseignement sous Jules Ferry. De plus, s'il ne fallait rien construire sur les ruines, Nîmes n'aurait pas ses fameuses Arènes, puisque les Arènes de Nîmes ont été construites sur d'anciennes ruines ; et il en est du cas des Arènes de Nîmes comme de bien d'autres. L'essentiel, je crois, ce n'est pas tant de construire sur des ruines, mais c'est d'éviter de devenir une ruine. Et nous, à l'A.FR.AV, nous ne voulons pas que le français devienne une ruine, sur laquelle viendrait s'installer l'anglais.

Dans le quatrième paragraphe, vous mettez dans le même sac l'allemand, l'italien, le portugais avec l'occitan. A priori, vous ne faites donc pas la différence entre langue nationale et langue régionale, c'est-à-dire entre langue de citoyenneté et langue ethnique. Ce manque de discernement me paraît dangereux pour le poste que vous occupez. De plus, en quel honneur la langue du Sud de la France serait l'occitan. L'occitan est comme le français, c'est une langue de colonisation issue de l'invasion romaine. À Nîmes, avant la colonisation romaine, mes ancêtres parlaient le Volque-arécomique, sorte de dialecte gaulois satiné de ligure, et bien avant, ils parlaient le langage des pierres dans les grottes du Gardon. Et si moi, Régionaliste de Nîmes, je réclamais, au nom de mes ancêtres, que l'on apprenne le langage des pierres à mes enfants en disant non à l'impérialisme de l'occitan de Toulouse - car en fait, c'est celui qu'on apprend à Nîmes ! - ? Ne serait-ce pas là un vrai retour aux sources, totalement dénué de toute hégémonie, celui-là ?

Dans le cinquième paragraphe, vous parlez de mise en place d'une politique pour renforcer le plurilinguisme. Pourtant, à voir la plupart des sites publics français de l'inter-réseau , je me dis que c'est plutôt le bilinguisme français-anglais (pourtant illicite) que vous favorisez et que, de plus, vous fermez les yeux sur les sites unilingues anglais de la Commission de Bruxelles pourtant tous hors la loi, eux aussi. Quant à la place de notre langue dans les institutions internationales, il faudrait peut-être d'abord exiger que nos diplomates s'expriment en français lorsqu'ils nous représentent à l'étranger. Que dire en cela de l'ambassadeur de France à l'ONU, M. Jean Rochereau de la Sablière, qui s'est exprimé en anglais devant la presse internationale, au début du mois de mai, pour dire que la France était d'accord pour la levée de l'embargo sur l'Irak ?

Dans le sixième paragraphe, vous me faites part que dans le domaine essentiel des publications scientifiques, vous apportez une aide à la création et au développement de revues de SYNTHÈSES. De “Synthèses ?” - Autrement dit, les Francophones doivent se contenter de RÉSUMÉS, tandis que les anglophones ont droit, eux, aux articles en entier. Quelle honte et quelle petitesse de raisonner ainsi ! La France et sa langue sont vraiment tombées bien bas avec une telle politique. Non, Monsieur, il ne nous faut pas des revues de “synthèses” résumant les prestigieuses revues anglophones, il nous faut des revues prestigieuses en français capables de rivaliser avec “Science”, “Nature” et Cie.
Ensuite, toujours dans ce même paragraphe, j'apprends que vous subventionnez l'interprétation en français de colloques scientifiques internationaux se déroulant en France. Mais que faites-vous lorsque le français y est carrément interdit (voir document ci-joint, où il est question d'un colloque en anglais, organisé par le CNRS, à l'École Normale supérieure - affaire traitée par M. Marceau Déchamps des associations Droit De Comprendre et DLF) et il serait bon de savoir dans la foulée, si les Américains subventionnent l'interprétation en anglais des colloques scientifiques internationaux qui se déroulent chez eux. (Ça m'étonnerait !)

Dans le septième paragraphe, vous me faites part qu'enfin le mot “courriel” va être approuvé par l'Académie française. Soit, c'est une bonne nouvelle, mais là encore, vous avez été trop long à réagir, au moins cinq ans de retard. Dans cette affaire, comme dans d'autres, on a l'impression que vous attendez que le mot anglais s'encre bien dans le cerveau des Français pour enfin intervenir. Ainsi, certaines personnes diront “courriel”, mais la majorité, l'habitude étant prise, dira “e-mail”. Il y aura en quelque sorte un bilinguisme de fait, langue nationale/langue d'invasion, comme cela se passe dans les pays colonisés.

Pour conclure, je dirais que contrairement à ce que vous dites, le français n'est pas au cœur de la politique linguistique de la France, je me demande même s'il y a encore une politique linguistique pour notre langue en France.

Je me rends compte aussi que vous n'avez pas répondu à ma demande de subvention : notre association ne répond pas, somme toute, aux critères qui vous sont dictés par les directives européennes en la matière, c'est-à-dire favoriser les dialectes régionaux sur la langue nationale, les régions sur la Nation.

Mais je vous rassure, cela n'est pas grave, je n'aurai pas à vous dire merci, et en soit, c'est déjà un contentement.

En espérant - je crois au miracle - qu'il y aura un jour dans notre pays une réelle politique linguistique en faveur de la langue française et de la Francophonie, je vous prie d'accepter, Monsieur le Délégué général, mes salutations distinguées.

 

Régis Ravat,

Président de l'A.FR.AV

Voir la correspondance en entier

 

 

 

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