Nos
évêques avaient fait leur pétition,
Carnavon
n'eut pas l'air d'y faire attention.
Il
télégraphia son espèce de prêche
À
l'hypocrite et fin gouverneur général.
Aussitôt
celui-ci du fond de Rideau Hall
Ordonna
de livrer au public sa dépêche
Qui
traitait le Québec d'aveugle et d'ignorant.
Anglais
! vous ignorez ce que c'est qu'être franc.
Carthage
n'a jamais vanté sa foi punique,
Parce
que ses enfants avaient encore du cœur.
Mais
l'Anglais d'aujourd'hui se vante sans pudeur
De
sa justice britannique.
Et
nous savons qu'il veut par d'infâmes leçons
Et
par tous les moyens nous rendre anglo-saxons.
Vos
titres, votre argent, vos emplois, vos menaces
Gâtent
, à mon avis, surtout les hautes classes
Du
peuple. Vous aimez les principes nouveaux,
Vous
voudriez que déjà notre foi fût perdue,
Aussi
vous parlez fort sur l'influence indue,
Et
vous menez nos chefs comme des queues de veaux
Dans
les chambres provinciales
Et
dans les chambres fédérales.
Mais
le Bas-Canada n'est pas fait pour périr,
Ses
évêques sont prêts, je crois, à tout souffrir
S'il
le fallait, plutôt que de vous laisser faire
Quand
vous voulez les faire taire.
Leur
charge est de prêcher à temps, à contretemps,
Vous
savez, leurs discours seuls sont très importants.
Ils
doivent s'opposer à l'orgueil, à l'envie,
Car
la légèreté de l'homme en cette vie
Tend
sans cesse à lui faire oublier l'essentiel,
Obéir
au clergé, c'est le chemin du ciel.
Les
évêques sont grands ; celui qui les méprise
Est
puni tôt ou tard, car Dieu les autorise
Quand
il leur dit d'aller prêcher les nations.
Les
peuples ont besoin dans leurs corruptions,
Et
les gouvernements dans la moindre entreprise