Sujet :

Denis Jacquat, un député qui veut plus d'anglais à la télévision !

Date :

08/12/2011

De Régis Ravat  (courriel : afrav(chez)aliceadsl.fr)  

Mesure anti-pourriels : Si vous voulez écrire à notre correspondant, remplacez « chez » par « @ ».

Communiqué de l'A.FR.AV (http://www.francophonie-avenir.com)

Lettre ouverte au député Denis JACQUAT, demandeur d'une loi visant à vouloir diffuser les films étrangers en version originale sous-titrée sur les chaînes françaises de télévision.

Monsieur le député,

Nous savons que les groupes de pression anglo-saxons sont très puissants et donc très influents au sein de la classe politique française, comme ils le sont aussi auprès des euro-technocrates-décideurs de Bruxelles et de Strasbourg. Leurs moyens, bien évidemment, sont des milliers de fois supérieurs à ceux de pauvres associations françaises comme la nôtre qui défendent, comme elles le peuvent, sans subvention, seules, la langue française, la francophonie et le droit d'apprendre à l'école une, ou des langues étrangères qui ne soient pas obligatoirement l'anglais.

Au début des années 70, Georges Pompidou avait donné comme préalable à l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun que Edward Heath, le 1er Ministre anglais de l'époque, parle français lors des réunions à Bruxelles. Celui-ci accepta, mais, en bon sujet de la Perfide Albion qu'il était, alors qu'il s'appliquait à parler français pour faire bonne figure, débarquèrent avec lui, pour aller dans les couloirs de tous les centres décisionnels européens, par centaines, les "lobbyistes" anglo-saxons. Leur mission : faire de l'Europe un sanctuaire anglo-américain où l'anglais serait de mise et la doctrine ultralibérale de rigueur.  Résultat : 40 ans après les discours en français d'Edward Heath à Bruxelles, l'anglais est en passe de devenir la langue officielle de l'UE, la France veut devenir un pays bilingue français-anglais, notre mode de vie et de pensée est calqué sur celui d'outre-Atlantique et nos sinistres Darcos, Chatel, Pécresse et Cie rêvent de toujours plus d'anglais dans nos écoles, au point de vouloir le rendre obligatoire dès la maternelle et d'enseigner EN anglais dans nos universités.

Edward Heath doit bien rire dans sa tombe !

Votre proposition de loi consistant à vouloir diffuser les films étrangers - soit dit en passant, par honnêteté, vous auriez pu dire les films anglo-américains en anglais, puisque ces films représentent plus de 95% des films étrangers diffusés à la télévision -, bref votre proposition de loi consistant à vouloir diffuser les films étrangers en version originale sous-titrée sur les chaînes françaises de télévision, va donc tout naturellement dans le sens des intérêts anglo-saxons de diffusion massive de leur langue. Vous n'avez donc rien inventé avec cette loi, vous suivez, en cela, les desiderata des "lobbyistes" pro-anglais qui infestent le navire des gouvernances françaises et européennes depuis l'arrivée des Britanniques dans l'UE, vous faites partie de leur plan, vous êtes leur marionnette au point d'ailleurs de ne même plus être capable de vous offusquer de la mention « anglais exigé », alors que cette mention est ILLICITE en France puisque la langue du travail dans notre pays, c'est le français et uniquement le français (Article Premier de la loi n°94-665).

Cela dit, nous aurions aimé que le député de la République que vous êtes, au lieu de proposer une loi qui participe à notre suicide linguistique et culturel, réponde à la lettre ouverte que nous lui avons adressée au début du mois de novembre, une lettre que nous avons envoyée sous forme de courriel  à tous les députés et sénateurs français. Une lettre ouverte qui demandait au sénateur et au 1er vice-président de la région Languedoc-Roussillon, Robert Navarro de bien vouloir intervenir dans l'affaire de l'aéroport de Montpellier-Fréjorgues où Air France, à son guichet, remet des récépissés de réservation EN ANGLAIS et en anglais uniquement (pour le coup, ce récépissé n'était même pas sous-titré en français !).

Force est de constater que vous n'avez pas répondu à notre message.

Force est de constater aussi que Robert Navarro, d'ordinaire si combattif pour la cause des langues (régionales), n'a pas daigné nous répondre ni agir en quelque moyen que ce soit pour que la langue de la République ne soit plus bafouée par la Compagnie Air France à Montpellier-Fréjorgues .

Force est de constater également que sur les quelque 900 élus - sénateurs et députés - à qui cette lettre ouverte était adressée, seulement trois nous ont répondu : deux nous ont assuré de leur soutien (la sénatrice Joëlle Garriaud-Maylam et le député Pierre Morel) et un, le député Jean-Jacques Urvoas, nous a cordialement invité de ne plus lui envoyer de messages !

Voilà où nous en sommes en France, aujourd'hui : défendre la langue française contre son assujettissement à l'anglais relève du parcours du combattant. On assassine, viole, bafoue, mutile notre langue partout dans les recoins de la maison et même dans le jardin, et tout le monde, ou presque, fait comme si de rien n'était. Circulez, il n'y a rien à voir, mais pourtant :

- Nos jeunes sont tellement imbibés d'anglais que lorsqu'ils chantent, la plupart chantent en anglais ; n'avez-vous pas remarqué cette tendance ?

- Nos cinéastes, quand ils ne tournent pas en anglais, aiment farcir leurs films de chansons en anglais (voir notamment « Les petits Mouchoirs », de Canet, le bien nommé), puis, à quoi bon aussi traduire les titres de film en français, "The lady", "The Artist", puisque c'est l'anglais qui est recommandé en France ; cautionnez-vous de telles pratiques ?

- Nos humoristes nous parlent de "stand up", de "one man show", de "one women show" ; cet abandon lexical vous fait-il sourire ?

- Nos savants et chercheurs doivent publier leurs travaux en anglais pour pouvoir obtenir des subventions tant françaises qu'européennes, êtes-vous au courant de cette obligation ?

- Certains ministères français reçoivent des documents de Bruxelles en anglais et ont ordre de ne pas les refuser, trouvez-vous cela normal ?

- L'Ifri, l'Institut Français des Relations Internationales, un organisme public financé avec nos impôts, diffuse de ses bureaux de Bruxelles des communiqués en anglais, organise des conférences en anglais, obligeant même les Français qui s'y expriment de s'y exprimer en anglais ; aviez-vous connaissance de telles infamies ?

- Aucun fournisseur d'accès à la Toile en France (Alice, AOL, SFR, Orange, etc.) n'emploie les mots français « courriel » et « infolettre », tous préfèrent les mots anglais "e-mail" et "newsletter" ; n'avez-vous rien à dire face à ce blocage inadmissible de mots français ?

- Parce qu'on ose plus demander de notices en français, pensant que de ne pas connaître l'anglais est une maladie, des radiothérapeutes à Épinal ont tué des patients et rendus handicapés à vie plusieurs dizaines d'autres ; avez-vous eu vent de ce scandale ?

- Nos soldats sont priés de parler anglais comme l'obligent l'Eurocorps, EuroGendFor et OTAN  ; cet abandon linguistique, prélude, bien évidemment, à d'autres abandons, ne vous inquiète-t-il pas ? 

- Nos publicitaires sont incapables d'aligner deux mots sans les truffer d'anglais. La publicité aujourd'hui, c'est d'abord la publicité de l'anglais ; toujours rien à dire ?

- Notre École pratique la discrimination linguistique puisque tout est fait autour de l'anglais au détriment des autres langues étrangères et de l'enseignement du français ; ce favoritisme pro-anglais et cette discrimination ne vous choquent-ils pas ?

- La francophonie est ignorée des médias. France 2, pour prendre un exemple, télévision de Service public, fait un reportage quasi quotidien, à la grand'messe du 20 heures, sur un fait divers qui se déroule en Grande-Bretagne, et oublie, ce faisant, comme par hasard, de nous informer sur ce qui se passe en Afrique francophone ou ailleurs en francophonie, n'avez-vous pas constaté cet ostracisme ?

- Si le drapeau européen est largement connu des Français et s'il est mis presque systématiquement à côté du drapeau français à chaque pavoisement, le drapeau de la Francophonie, lui, est totalement ignoré ; un drapeau qui représentera une communauté de plus de 750 millions de locuteurs francophones dans les années 2050 (Source UNESCO) et qui ainsi symbolise notre indépendance linguistique, ne mériterait-il pas plus d'honneur et de lisibilité, selon vous ?

- etc.

Bref, nous assistons en direct à un basculement linguistique et tout cela se fait sans que le peuple ait été mis au courant, sans qu'on lui ait demandé son avis, sans qu'on l'ait consulté.

Devant cette dictature qui avance à pas de velours, devant cette guerre qui ne dit pas son nom, il est temps, au nom des valeurs de la démocratie, de la liberté et des Droits de l'Homme - des valeurs que la classe politique française est si fière de vendre au monde entier -, qu'il soit organisé en France même, au nom de ces valeurs, un grand débat démocratique public sur la politique à adopter pour la langue française, pour la Francophonie, pour l'enseignement des langues étrangères dans nos écoles.  Puis pour clore les débats, nous demandons que soit organisé un référendum qui posera clairement deux questions aux Français :

Question n°1 : Voulez-vous que la France devienne petit à petit, en deux ou trois générations, un pays anglophone (anglais obligatoire à partir de la maternelle, enseignement en anglais, bilinguisation français-anglais de toutes les annonces publiques et privées, etc.) ? Bulletin : Oui, je veux que la France devienne un pays anglophone.

Question n°2 : Voulez-vous que la France reste une nation francophone et joue, en cela,  la carte de son indépendance linguistique en se tournant résolument vers la Francophonie et vers le plurilinguisme (enseignement pluriel des langues étrangères à l'école, sans que priorité soit donnée à l'anglais). Bulletin : Oui, je veux que la France reste une nation francophone.

Pour que cesse le pouvoir des "lobbyistes" anglo-saxons en France et en Europe, parce que le seul pouvoir légitime, c'est celui du peuple et parce que nous ne voulons pas de la dictature de velours qui est en train de se mettre en place partout, nous vous demandons, Monsieur le Député,  qu'au lieu de collaborer à l'anglicisation ambiante, vous participiez plutôt à organiser à la place un référendum national sur la question linguistique.

 Arrêtez l'hypocrisie avec l'anglais, mettez les cartes sur table, soyez honnête envers les Français, ne leur cachez pas le projet du basculement linguistique !

Dans l'attente de votre saine rupture avec la dictature des groupes de pression pro-anglais et de vous voir à l'œuvre pour l'organisation du référendum que nous demandons sur la question linguistique, nous vous transmettons nos salutations militantes et francophones.

 

Régis Ravat

Président de l'A.FR.AV (http://www.francophonie-avenir.com)

 

 

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Projet de loi visant à vouloir diffuser les films étrangers en version originale sous-titrée sur les chaînes françaises de télévision.

  

N° 3849

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ASSEMBLÉE NATIONALE

CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

TREIZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 18 octobre 2011.

PROPOSITION DE LOI

visant à diffuser les films étrangers en version originale
sous-titrée
sur les chaînes de télévision,

(Renvoyée à la commission des affaires culturelles et de l’éducation, à défaut de constitution
d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)

présentée par

M. Denis JACQUAT,

député.

EXPOSÉ DES MOTIFS

Mesdames, Messieurs,

Parce que l’Europe est une réalité effective, la maîtrise d’une seconde langue européenne se révèle être un véritable facteur d’ouverture et d’insertion sociale et professionnelle. La mention « anglais exigé » est d’ailleurs de plus en plus souvent adjointe aux annonces d’offres d’emploi. Les puissances publiques françaises s’attachent de fait à développer une politique linguistique éducative forte comme en témoignent en particulier :

– Le rapport annexé à la loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école du 23 avril 2005 (JO n° 96 du 24 avril 2005) qui propose que la construction de l’Europe commence dans les écoles, avec le renforcement de l’enseignement des langues vivantes étrangères et le développement chez les jeunes du sentiment d’appartenance à cet ensemble de peuples et de nations.

– Le décret n° 2010-1006 du 26 août 2010 (JO n° 201 du 31 août 2010) qui mentionne que les lauréats des concours de recrutement des personnels enseignants et d’éducation relevant du ministre de l’éducation nationale doivent justifier de la certification CLES 2 (Compétences en langues de l’enseignement supérieur, 2nd niveau).

Cette politique qui vise la construction de véritables compétences communicatives et interculturelles, ne peut cependant se limiter à la stricte sphère de l’école, mais doit pouvoir entrer dans le quotidien des français en s’étendant au cercle familial, par le biais notamment de la télévision dont, justement, les jeunes sont de grands consommateurs.

Dans cette perspective, la visualisation de films étrangers en version originale sous-titrée peut favoriser le développement de la compétence de la compréhension orale. Déjà certaines chaînes de télévision privées, diffusées sur le câble ou l’adsl, proposent cette alternative à la version en français, les nouvelles technologies permettant de telles options. Ces dispositions répondent d’ailleurs à une demande de plus en plus forte des étudiants qui souhaitent s’imprégner d’une langue étrangère.

Cette proposition de loi tend à renforcer l’accessibilité à l’emploi des français, notamment des jeunes.

PROPOSITION DE LOI

Article unique

Pour tous les films, téléfilms, séries et feuilletons étrangers, les chaînes de télévision françaises, diffusées sur le câble ou l’adsl, doivent proposer l’alternative entre la version originale sous-titrée ou la version en français.

 

 

 

 

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