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Discours du Président Macron sur la Francophonie, à Ouagadougou, le 28 novembre 2017

Voici un extrait du discours du Président de la République, Emmanuel Macron, fait à l'université Ouaga I, professeur Joseph Ki-Zerbo, à Ouagadougou, le mardi 28 novembre 2017.

Le passage du discours sur la Francophonie

(...)  le ciment principal qu'il y a entre nous, celui tellement évident qu'on finit par ne plus le mentionner, c'est la langue, j’allais dire la langue française. Oui, c'est bien la langue française, mais à vrai dire il y a bien longtemps que cette langue française, notre langue, n'est plus uniquement française. Elle a parcouru le monde entier et elle est ce qui nous unit. Notre langue française c'est une chance pour nous et notre langue a un avenir, ça n'est pas simplement un patrimoine à protéger et cet avenir se joue pour beaucoup en Afrique, ici.
Son avenir, son rayonnement, son attractivité n'appartient plus à la France. La francophonie c'est un corps vivant, un corps par-delà nos frontières dont le cœur bat quelque part pas loin d'ici. Et je veux que vous ayez conscience de cela, moi j'en suis fier, je suis fier que la langue dans laquelle je suis né, à laquelle je dois tout, la langue dans laquelle on m’a fait grandir, par laquelle je peux convaincre, la langue par laquelle quelqu'un comme moi qui vient d'une famille de province peut devenir président de la République française parce qu'il apporte des arguments et des émotions à d'autres qui à un moment le suivent, ce soit aussi votre langue.
Soyez-en fiers parce que c'est une langue qui va permettre à une jeune fille burkinabé de faire la même chose demain, de convaincre les jeunes de sa génération et de prendre les responsabilités, d'aller conquérir quelque chose qui n'est pas forcément à elle au début, cela nous l'avons en partage. Alors je vous le dis très simplement, faîtes le vivre, ne la regardez pas comme une langue que certains voudraient ramener à une histoire traumatique, elle n'est pas que cela puisqu'elle est la langue de vos poètes, de vos cinéastes, de vos artistes, vous l’avez déjà réacquise, vous vous l’êtes déjà réappropriée ! La langue française du Burkina-Faso, la langue française du Sénégal, elle n'est déjà plus seulement française, elle est déjà la vôtre, alors portez-la avec fierté !
Et cette francophonie, ce n’est pas la francophonie française, non, elle a depuis bien longtemps échappé à la France. Je veux une francophonie forte, rayonnante, qui illumine, qui conquiert parce que ce sera la vôtre, portez-la avec fierté cette francophonie, défendez-la, mettez-y vos mots, mettez-y vos expressions, transformez-la, changez-la à votre tour ! Parce que je vais vous faire une confession, le français que nous avons appris les uns et les autres a été un moment figé par une académie comme un instrument de pouvoir, même si elle fait un travail formidable évitant certaines dérives de certains qui confondent le combat politique avec l'anecdote du temps.
C'était un travail important, mais avant ce français classique de l'Académie il y avait un français irrigué de tant et tant de patois et de langues vernaculaires, lisez le français de Rabelais, vous vous rendrez compte ! Mais le français d'Afrique, des Caraïbes, de Pacifique, ce français au pluriel que vous avez fait vivre c'est celui-là que je veux voir rayonner, portez-le avec fierté, ne cédez à aucun discours qui voudrait en quelque sorte renfermer le français dans une langue morte ou combattre le français comme une langue trop chargée par un passé qui n'est pas à la hauteur du nôtre ! Non, allez avec une francophonie conquérante et je serai à vos côtés !
Pour cela, j'ai décidé que le représentant personnel du président de la République française pour la francophonie ce ne serait pas comme classiquement un ministre, ce serait une personnalité à part, c'est pourquoi j'ai demandé, je la remercie d'avoir accepté, à Leïla SLIMANI qui est ici à mes côtés de prendre cette fonction. Parce qu'elle écrit et qu'elle fait vivre cette langue, notre langue, de part et d'autre de la Méditerranée dans des imaginaires mêlés et qu'elle appartient à une génération qui veut cette conquête, qui veut ouvrir cette nouvelle voie en marche, oui.
Et je lui ai demandé, d'abord avec vous et toutes celles et ceux qui voudront participer à ce défi, de conduire en lien bien entendu avec l'Académie française dont je veux ici saluer le rôle et l'engagement tout personnel de madame Hélène CARRÈRE d'ENCAUSSE qui avec beaucoup de rigueur et de détermination porte notre langue française et son exigence, en lien donc avec l'Académie française qu'elle puisse progressivement construire un dictionnaire de la francophonie plus riche, plus large que le français de France mais qui est ce français de la francophonie que nous avons en partage, avec les auteurs, les intellectuels, les créateurs de toute la francophonie.
Je lui ai demandé aussi en s'entourant de plusieurs intellectuels africains, je pense notamment à Alain MABANCKOU, de réfléchir à un nouveau projet pour la francophonie pour en faire un outil de rayonnement culturel pour la création africaine, un instrument au service de l'intégration économique. C'est cette ambition que nous devons avoir pour la francophonie ! La lutte pour la francophonie c'est la volonté de réinventer, dans cette langue que nous avons en commun, un avenir heureux, là où nous aurions pu n'avoir qu'un passé fait de traumatismes.
C'est cette volonté de dire que nous avons des formidables opportunités de richesses culturelles, de création, d'imaginaire en commun mais aussi d'opportunités économiques parce que nous aurons un espace linguistique d'une puissance inédite à travers tous les continents et au premier chef en Afrique ! Se renfermer sur telle ou telle langue, refuser la langue française pour avoir un effet de mode pour la langue anglaise dans le continent africain c'est ne pas regarder l'avenir ! Le français ce sera la première langue de l'Afrique et peut-être du monde si nous savons faire dans les prochaines décennies, prenons ce défi ensemble, allons-y, portons-le !
Mais je vous le dis, non pas comme on donne une leçon, non pas en vous disant « je veux que ce soit ainsi », je vous le dis très simplement, je crois très profondément que c’est bon pour nous tous, mais ça ne dépend que d’une chose, votre volonté, votre détermination.
Je voulais vous dire de cette nouvelle histoire de la francophonie que nous ouvrons avec Leila SLIMANI, de cette nouvelle ambition et j'aurai l'occasion en début d'année prochaine d'en détailler toutes les ambitions et d'expliquer cette nouvelle page de la francophonie, qu'avec vous je veux pouvoir écrire.
Soyons conquérants, soyons ambitieux ; et je serai après demain au Ghana pour illustrer cette approche dans un pays anglophone qui se tourne vers la francophonie, qui fait ce choix, qui fait ce pas en avant.
Je veux ensemble que nous ayons cet esprit de conquête, je veux qu'il y ait une ambition partagée.

(...)




Publié par Régis RAVAT le 03 mars 2018

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