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La francophonie en Arménie !

De l’ambassadeur de France, au recteur de l’université Française en Arménie et au proviseur du lycée Anatole France, en passant par l’archevêque de l’Église catholique arménienne, la Francophonie est bien présente dans cette capitale peuplée d’un million d’habitants. Dans un pays martyr sorti tout juste de la guerre contre l’Azerbaïdjan, la Francophonie y joue un rôle clef.

Par Michel Janva

Comme chaque année, au mois de mars, la saison de la Francophonie s’ouvre en Arménie. Elle devrait s’étaler sur plusieurs jours. Ce n’est pas seulement la langue française qui y sera célébrée, c’est, aussi, les arts et la culture, les projets francophones qui vont rayonner. Dans ce petit pays de 3 millions d’habitants, à majorité chrétienne, le drapeau bleu-blanc-rouge flotte à côté du rouge-bleu-jaune arménien (de haut en bas). Montagneux, il est situé dans le Caucase, en Asie Mineure, entre la Turquie à l’Ouest et l’Azerbaïdjan à l’Est, la Georgie, au Nord, et, l’Iran au Sud. À Erevan, sa capitale, non loin de la place de la République se situe l’Ambassade de France. Sur cette place, pendant quelques semaines, des milliers de manifestants s’étaient donnés rendez-vous, le soir même de l’annonce du cessez-le-feu définitif, le 10 novembre dernier, pour dénoncer la « lâcheté du gouvernement et sa capitulation », comme nous le confie Tigran, un jeune étudiant qui déplore la mort de ses amis tombés au champ d’honneur, près de Souchi, en Artsakh, la République auto-proclamée du Haut-Karabakh. 

 

Le 17e Sommet de la Francophonie

Dans son joli salon aux décorations épurées, Jonathan Lacôte représente les intérêts de la France en Arménie. Nommé ambassadeur de France en Arménie, en octobre 2017, il est très aguerri sur les sujets de la francophonie, et, suit au plus près, en allant sur le terrain, les enjeux stratégiques et diplomatiques. Il était présent lors du Sommet de la Francophonie qui s’est tenu à Erevan en octobre 2018.

Il se souvient comme si c’était hier de ce sommet qui a vu, pour la première fois, défiler en Arménie près de 80 délégations étrangères.

« Une partie de l’Afrique était là. C’est la première fois que l’on pouvait voir le pavillon du Rwanda, celui de la Côte d’Ivoire, du Sénégal. Il y a un vrai potentiel autour de la Francophonie. Nous n’avons pas les chiffres exacts, mais il n’est pas faux de dire qu’il y a entre 7 et 10% de la population qui est francophone. La France va, d’ailleurs, multiplier ses appuis autour de la Francophonie en Arménie. Il n’y a pas encore de centre culturel français en Arménie, mais nos services y travaillent. »

Jonathan Lacôte rappelle une réalité que l’on tendance à oublier :

« L’Arménie n’a obtenu son indépendance qu’en septembre 1991. Avec la chute de l’Union Soviétique, le pays était livré à lui-même. Et, il y a eu pendant une trentaine d’années beaucoup de corruption. Pendant cette période, le pays a perdu près d’1/3, un million de sa population. »

Depuis sa révolution de velours de 2018, l’Arménie semble revivre. Elle revit grâce à la Francophonie, une langue et une culture partagées par plus de 80 pays. Lors de ce sommet, Emmanuel Macron avait fait le déplacement et avait rendu hommage à Charles Aznavour, qui s’était éteint quelques jours avant, et, dont il avait célébré les obsèques nationales aux Invalides. A l’adresse de la jeunesse, il avait déclaré :

« la Francophonie doit reconquérir la jeunesse. Elle doit redevenir un projet d’avenir plein et entier. Oui, notre organisation doit s’adresser d’abord à la jeunesse. On nous a parfois reprochés d’être trop institutionnels. C’est souvent injuste, mais pas toujours infondé. Notre organisation doit renouer avec nos populations, s’adresser à elles, faire la preuve auprès d’elles de ce qu’elle apporte. La population de l’espace francophone est jeune, ne l’oublions pas, de lui proposer un avenir par l’éducation, la formation professionnelle, l’emploi, l’engagement dans la cité, la culture, c’est notre défi principal. »

Le lycée Anatole France

 Adel_Chekir_proviseur_du_lycee_Anatile_France_a_Erevan

Entouré du drapeau arménien et français, Adel Chekir travaille sur un dossier qui lui tient à cœur, et, qui va contribuer à cette « reconquête » de la jeunesse : les plans du nouvel établissement du lycée Anatole France d’Erevan, ouvert depuis 2007. Situé près d’anciens entrepôts délabrés, l’établissement actuel dénote. Il fait penser à ces écoles du Bronx, aux États-Unis, où l’on n’ose pas s’aventurer. Pourtant l’endroit y est paisible. À l’intérieur, de part et d’autre d’un couloir de près de 150 mètres sont organisées les classes des 250 élèves. Passionné par son métier, il fait visiter l’ensemble des classes qui regroupent aussi bien des élèves du primaire, que du collège et du lycée. Il faut dire que ce proviseur qui porte un costume bleu avec cravate sur fond de chemise blanche est un « ambassadeur de l’Éducation Nationale », comme certains le dénomme.

« Avec mon épouse, Nathalie, nous avons commencé notre carrière dans l’Éducation Nationale. J’étais professeur des écoles, puis, j’ai accédé, rapidement, aux fonctions de directeur d’école primaire, et, depuis 10 ans, aux fonctions de direction d’établissement du second degré. »

Il s’arrête dans une classe de maternelle et s’assoit au milieu d’une dizaine d’enfants, en entonnant une chansonnette. Les enfants rient aux éclats. Il est comme un poisson dans l’eau. À 56 ans, sa carrière est incroyable.

« J’ai dirigé les écoles des lycées français du Koweït et de Roumanie, et un lycée à Casablanca. J’ai accepté de venir en Arménie pour développer un établissement scolaire qui propose tous les enseignements (de la maternelle à la classe de terminale). J’aime ce que je fais, j’aime les gens. 50% de nos élèves sont arméniens, 30% sont français et le reste représente 13 nationalités différentes. Pour moi, la Francophonie, c’est, d’abord, aimer la langue et la culture française. Je suis arrivé, ici, en 2019. À ma petite échelle, j’y représente modestement la France et sa richesse dans l’enseignement. »

Enthousiaste, il ne cache pas que la fin d’année 2020 a été difficile :

« Avec nos 55 collaborateurs, nous avons affronté l’épreuve de la guerre dans le Haut-Karabakh et la crise sanitaire. Nous sommes, d’ailleurs, passé d’une situation déprimante à une situation dynamique et positive. Nous avons proposé d’accueillir gratuitement 13 enfants de familles déplacées. Pour moi, c’est cela, aussi, la Francophonie : développer le sens de l’accueil. »

 Adel_Chekir_proviseur_a_Erevan_Armenie

Texte et photos réalisés par Antoine BORDIER pour lesalonbeige.fr

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Source : lesalonbeige.fr, le samedi 16 janvier 2021
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Publié par Régis RAVAT le 01 mars 2021

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Orthographe, corrections : contact.sy@aliceadsl.fr

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