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Sur le prétendu « déclin du français » au Québec !

« Dans le contexte actuel, il me semble qu’il nous faudrait faire preuve de plus de probité et d’ouverture afin d’admettre que l’on a à ce point noirci le portrait de la situation du français au Québec au cours des dernières années et que nous sommes incapables de nous extirper de cette vision catastrophiste que d’aucuns ont contribué à façonner », écrit Jean-Pierre Corbeil, professeur associé au département de sociologie de l’Université Laval au Québec.

 

La fabrication politique du consensus sur le « déclin du français »

Depuis l’adoption du projet de loi 96 en juin 2022, lequel avait pour principal objectif de proposer des mesures « costaudes » pour renverser le « déclin du français », il est fascinant de constater à quel point plusieurs médias, acteurs et observateurs politiques ont été avares de couverture ou simplement muets à propos de plusieurs résultats positifs qui émanent d’enquêtes récentes de l’Office québécois de la langue française (OQLF) sur la présence et l’usage du français au Québec.

Par Jean-Pierre Corbeil, professeur associé au département de sociologie de l’Université Laval au Québec.

Et si l’on en parle, même sommairement, plusieurs faits sont occultés de sorte à nous conforter qu’il est urgent d’agir devant la catastrophe appréhendée.

En mettant principalement l’accent sur la baisse relative du français comme langue maternelle et principale langue d’usage à la maison de même que sur la lenteur avec laquelle la population de langue tierce adopte principalement le français à la maison, l’idée du « déclin » s’est progressivement imposée comme une évidence dans le discours politique et de sens commun de sorte que seules les personnes perçues comme vivant dans le déni de la réalité tentent de la nuancer.

Selon Therrien et Marcoux⁠1, on a ainsi vu le nombre d’articles parus avec l’expression « déclin du français » dans les médias québécois passer de 419 à 2868 entre 2020 et 2022.

Alors que se multiplient les appréhensions de la noyade démographique, du grand remplacement, de la louisianisation, du suicide collectif et de la menace identitaire chez certains analystes, observateurs, acteurs médiatiques et politiques, la population québécoise voit quant à elle ses craintes et ses inquiétudes alimentées et renforcées de sorte à légitimer − « parce que les Québécois sont inquiets » − certaines politiques et mesures radicales du gouvernement actuel qui visent à protéger le français et à renverser son déclin.

Et pendant ce temps

Pendant ce temps, on aura à peine souligné le fait qu’au cours des 15 dernières années, la proportion de Québécois utilisant principalement le français dans l’espace public est demeurée stable à un peu moins de 80 % et qu’au moins 85 % des Québécois utilisent aujourd’hui principalement le français dans les commerces de proximité, les centres commerciaux ou au restaurant.

On gardera sous silence le fait que chez les Québécois de langue anglaise et de langue tierce, l’utilisation du français dans l’espace public a augmenté de 5,6 points et de 3,2 points de pourcentage, respectivement, entre 2016 et 2022, une hausse jugée significative par la firme qui a réalisé l’enquête.

On évitera de le mentionner au profit d’anecdotes ou de certains épiphénomènes, tel le fait d’entendre trop souvent des amis ou des collègues se parler en anglais sur le trottoir au centre-ville de Montréal ou d’entendre un « Bonjour/Hi » en entrant dans un commerce comme preuves indéniables du déclin du français.

On s’explique mal aussi qu’on ait si peu parlé du fait qu’entre 2010 et 2023 l’usage général (au moins 90 % du temps) du français au travail soit demeuré stable, même si des enjeux demeurent au chapitre des besoins de francisation et de valorisation de l’usage du français en milieu de travail. De même, on aura passé sous silence le fait que les travailleurs de langue anglaise et tierce ont augmenté leur utilisation du français dans leurs communications avec leurs collègues ou avec la clientèle.

Les rapports récents de l’OQLF ont également montré que les proportions des élèves de langue anglaise et de langue tierce fréquentant une école primaire et secondaire de langue française continuent d’augmenter.

Pour lire la suite de cet article, merci d'aller sur : 
Source : Lapresse.ca, le 10 avril 2024

1. « L’expression « déclin du français » dans les médias au Québec de 2017 à 2022 », Steven Therrien et Richard Marcoux, dans Le français en déclin ? Repenser la francophonie québécoise



Le danger de « disparaître » n’est pas pour demain, selon cet expert !

Le mantra du gouvernement du Québec, endossé par tous les chefs des partis politiques québécois, veut que le français soit en déclin dans la province, au point où la « louisianisation » frappe à la porte.

Par Calvin Veltman, professeur titulaire (retraité), ÉSG-UQAM, sociolinguiste, Université du Québec à Montréal (UQAM)

Les données du dernier sondage sur la langue d’usage des citoyens et citoyennes du pays, publié en août dernier par Statistique Canada, en a rajouté : par rapport aux recensements de 2001 à 2016, on y notait une régression du français à travers le pays.

Or, j’indiquais dans cet article que la formulation de certaines questions clés a changé. Cela a fait chuter de manière draconienne, par exemple, le taux de francisation des immigrants.

Mais qu’est-ce que signifie, au juste, le « déclin » du français ?

Dans cet article, je tente de clarifier le sens du mot « déclin ». Si le français décline en termes relatifs, le nombre de francophones continue à augmenter. Étant donné la grande fidélité des francophones à leur langue, le danger de « disparaître » s’éloigne de plus en plus.

Est-ce que la taille du groupe francophone diminue ?

Dans ce tableau, je présente les résultats d’une méthodologie où toute déclaration d’une langue allophone d’usage bilingue ou trilingue est résolue en faveur du français ou de l’anglais. En effet, l’origine linguistique des gens est moins importante que leur participation actuelle aux groupes francophone ou anglophone. Quant au bilinguisme français-anglais, il est réparti au prorata entre les deux langues, suivant ainsi la méthode traditionnelle.

Québec, la langue parlée à la maison de 1971 à 2021

Dans ce tableau, on constate que le groupe francophone augmente d’un recensement à l’autre.

Ceci va à l’encontre des perceptions du danger de la « louisianisation ». Le nombre de francophones est maintenant de 6,7 millions, contre 4,7 en 1971. De plus, nous savons déjà que les francophones sont extrêmement fidèles à la conservation du français, y compris une large proportion de ceux qui sont comptabilisés par les démographes comme « anglicisés ».

Ma conclusion est que le discours du déclin du français n’a aucune assise dans la réalité et cela, même si le recensement de 2021 semble comporter un biais anti-français de 1,0 à 1,4 % par rapport aux recensements précédents.

Est-ce que la proportion des francophones diminue au Québec ?

La réponse à cette question est oui. Le pourcentage relatif du français est en déclin, tel que le démontre ce tableau.

Québec, l'évolution relative de la population selon la langue parlée de 1971 à 2021

En effet, la part en pourcentage du français décline lentement à chaque recensement depuis 2001, son apogée. De 2016 à 2021, la régression est toutefois très surprenante. C’est aussi le cas pour la croissance du groupe anglophone qui, contrairement au français, connaît un certain regain depuis 2001, de 0,1 à 0,2 % d’un recensement à l’autre, sauf pour ce qui est du dernier.

L’anglais aurait ainsi gagné 1,0 %, contre toute attente. Notons aussi que la part des langues allophones comme langues principales parlées au foyer est en croissance régulière depuis 2001, ce qui contribue également à la régression de la part du français.

Je conclus ainsi que le « déclin » du français renvoie donc à sa proportion et non pas à sa taille.

Pour lire la suite de cet article, merci d'aller sur : 
Source :  The Conversation France, le lundi 7 novembre 2022



Les jeunes d’aujourd’hui ne font pas plus de fautes que dans le passé

Les jeunes de l'ère des réseaux sociaux n'écrivent pas moins bien que leurs ancêtres qui communiquaient avec encre et papier, conclut la professeur de linguistique à l'Université d'Ottawa, France Martineau.

Elle a étudié des milliers de documents écrits au cours des derniers siècles en Nouvelle-France et en Amérique francophone. Son constat est qu’au 18e ou au 20e siècle, les erreurs d’orthographe sont tout aussi fréquentes.

 Lorsqu’on regarde les usages dans les lettres familiales […], on se rend compte que le français qui est écrit à cette époque-là n’est pas si différent du point de vue de l’orthographe. Les erreurs sont en fait les mêmes, parce que l’orthographe française, elle est compliquée et c’est finalement, toujours les mêmes erreurs que l’on fait, que l’on reproduit , explique-t-elle.

(Extrait de son passage à l'antenne)

Pour lire la suite de cet article, merci d'aller sur : 
radio-canada.ca, le jeudi 23  juin 2022

 

 

 




Publié par Régis RAVAT le 11 avril 2024

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