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La traduction automatique pour sauver les langues de l'anglais !

Voici un extrait du colloque - Traduction automatique et usages sociaux des langues. Quelles conséquences pour la diversité linguistique ?

Ce colloque s'est déroulé le 25 novembre 2020 et était organisation par MM. Jean-Claude Beacco, José Carlos Herreras et Christian Tremblay.

Les progrès de la traduction assistée par ordinateur (TA), grâce au traitement massif de données (big data), sont désormais décisifs, même si la qualité de la traduction est toujours fonction de la masse de textes traduits dans différentes langues.

Aussi n’est-il plus possible d’ignorer un phénomène aux nombreuses implications économiques, sociales, culturelles et politiques. Tous les usages et les pratiques professionnelles faisant appel à la traduction de manière régulière ou occasionnelle sont aujourd’hui concernés.

Mais, au-delà du recours à la traduction, sont aussi concernés les emplois des langues dans la communication ordinaire (en particulier orale) où la TA peut permettre de créer de l’intercompréhension entre locuteurs qui n’ont pas de langue en partage. Il est donc apparu important de faire le point sur les progrès et les limites de la traduction automatique, mais surtout de susciter des réflexions sur ses effets multiples.

Il est, en particulier, crucial de problématiser les utilisations de la TA par rapport aux apprentissages des langues en vue des emplois effectifs de celles-ci. Sont ainsi impactés par la diffusion de la traduction automatique les particuliers, les entreprises et administrations, les professionnels de la traduction, les enseignants et les étudiants, les chercheurs, les médias…

Selon le rapport que l’on entretient avec les langues, l’usage que l’on peut faire de la TA est très variable, et ses conséquences sur la connaissance et l’emploi des langues peuvent s’avérer très différentes.

La traduction automatique pour sauver les langues de l'anglais

Par exemple, l’activité principale d’un traducteur professionnel peut finir par consister essentiellement à vérifier et à améliorer la traduction obtenue par la TA, plutôt que de traduire à proprement parler. Dans ce cas, c’est alors vers une redéfinition de ce métier que l’on s’orienterait à la fois en termes de productivité, mais aussi de méthodes ou même de compétences à acquérir et mettre en œuvre, avec les conséquences que l’on doit imaginer sur la formation des traducteurs et des interprètes.

Dans cet ordre d’idées, il se trouve que les fonctionnaires de la Commission européenne, quelle que soit leur langue première, sont amenés depuis une vingtaine d’années à ne produire des textes qu’en anglais. Ils sont de facto employés comme traducteurs de premier niveau. Leurs textes sont vérifiés et ils sont ensuite retraduits dans la langue « maternelle » de ces rédacteurs.

La traduction automatique peut évidemment changer cette procédure en permettant à ces rédacteurs de produire directement des textes dans leur langue sans gêner la circulation des textes dans les services et aux différents niveaux hiérarchiques.

Dans un contexte très différent, un adolescent, dont l’appréhension du fait linguistique est souvent faible, conditionné par la croyance d’une stricte équivalence des langues, que favorise l’usage des dictionnaires bilingues, sera amené vers un certain type d’usage de ces ressources.

On peut se demander quelles conséquences la TA pourrait avoir sur le désir d’apprendre des langues, sur les modalités d’acquisition de celles-ci, sur les compétences en langues à développer en compréhension et en production orale et écrite et sur les compétences déjà acquises.

Par ailleurs, la TA est susceptible d’engendrer de nouvelles inégalités entre les langues (ou de les reproduire) dans la mesure où sont et seront concernées en premier lieu les langues pour lesquelles on dispose déjà de bases de données importantes nécessaires au traitement automatique tandis que pour d’autres, pour diverses raisons, cela est plus difficile à réaliser.

Ainsi la TA fonctionne déjà de manière satisfaisante entre le français et l’anglais, mais en sera-t-il de même entre l’albanais et le finnois ? Tout cela peut conduire à s’interroger sur l’utilité ou la nécessité de posséder dans certains contextes (pour les voyages touristiques, par exemple) une maîtrise de base des langues ayant actuellement un statut de langue internationale.

L’objet de ce colloque est donc de caractériser les multiples aspects des emplois sociaux croissants de la TA, d’en mesurer les enjeux pour les locuteurs, les institutions, les entreprises, en particulier en tant qu’elle pourrait favoriser ou non certaines formes de plurilinguisme individuel ou de multilinguisme sociétal. Cela pourrait conduire à la formulation de recommandations de nature éducative et déontologique concernant son emploi.

Vous pouvez avoir accès à l’ensemble des interventions sur : https://www.youtube.com/playlist?list=PLmN0_lzOfsIizZXO4v6U7itsgDvNp6vNk

 

Intervention de Nicolas Bacaër

Nicolas Bacaer de l'Institut de Recherche pour le Développement.

Le but : traduire automatiquement des articles dans les sciences dites dures.

On expliquera comment on utilise le traducteur automatique du navigateur Chrome pour traduire en une dizaine de langues des articles de recherche dans le domaine des mathématiques et de la biologie.

On part d'articles écrits dans le langage LaTeX, le plus utilisé en mathématiques et en physique. On les transforme en fichiers HTML et on fait appel au logiciel MathJax pour l'affichage en HTML des formules mathématiques, comme le font d'ailleurs les éditeurs Elsevier et Springer. Mais on s'arrange aussi pour que certaines parties de l'article (comme les noms des auteurs, le nom du journal où l'article a été publié et la bibliographie) soient mises dans un environnement qui bloque la traduction, pour les conserver telles quelles.

Des exemples se trouvent sur la page http://www.ummisco.ird.fr/perso/bacaer/​.

Par ailleurs, on expliquera comment on utilise la double traduction pour l'envoi de courriels.

Enfin on parlera des éditeurs de journaux dans les sciences dures où la traduction marche bien (comme Elsevier), de ceux où elle marche mal (comme Springer) et de ceux qui ne publient pratiquement que des articles en PDF et qui rendent donc la traduction automatique presque impossible (comme le centre Mersenne).

Sur le même sujet, lettre au Haut-commissaire au Plan, Monsieur François Bayrou : https://www.francophonie-avenir.com/fr/Nos-lettres/479-a-Monsieur-Francois-Bayrou-Haut-commissaire-au-Plan




Publié par Nicolas BACAËR le 27 mars 2021

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