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Au sujet du mot : « EXPÉRIENCE » !

Il n’a échappé à personne que le mot « expérience » s’est répandu depuis quelques années comme une traînée de poudre, une fois encore sous l’influence délétère de l’anglais, créant, parallèlement à son acception toujours bien française, un nouvel anglicisme dont notre langue n’avait nul besoin. 

Comme pour beaucoup d’anglicismes, ce sont essentiellement les entreprises ou plus exactement leurs cadres qui, la plupart du temps sans s’en rendre compte, sont à l’origine de cette faute grossière qu’il convient de dénoncer. 

Mais avant cela, il nous faut rappeler que si le mot « expérience » est commun à la langue de Shakespeare et à celle de Molière, il n’a pas pour autant exactement la même signification en anglais et en français car son sens est beaucoup plus étroit dans notre langue. 

 

Nos conseils à propos du verbe « EXPÉRIENCE » !

En anglais, « experience » signifie littéralement chose qu'on vit, qui vous arrive, par où l'on passe, ce qui explique qu’il y a pour un anglo-saxon une infinité d’expériences pouvant être quotidiennes et aussi banales que, pour un homme, le fait de se raser tous les matins ou, pour une femme, celui de promener son chien tous les jours. 

En français, il en va très différemment car si « expérience » signifie également chose qu'on vit, qui vous arrive, par où l'on passe, ce mot ne peut s’appliquer qu’à quelque chose d’exceptionnel, qu’on a encore (pratiquement) jamais entrepris et dont on va pouvoir tirer un savoir nouveau. Ainsi en va-t-il notamment d’une expérience de chimie, plus largement d’une expérience scientifique  et, plus largement encore, à propos du fait d’expérimenter une chose vous permettant d’acquérir des connaissances - au sens large - pas encore maîtrisées.

Pour prendre l’exemple caricatural d’un Indien qui ne serait jamais sorti de la forêt amazonienne et viendrait pour la première fois à Paris, un Français qui l’accueillerait à l’aéroport serait fondé à lui demander « Qu’avez-vous pensé de cette expérience ? », car prendre l’avion aurait été d’autant plus exceptionnel pour cet Indien qu’il ne l’avait jamais pris auparavant. 

Seulement, si ce même francophone accueillait désormais Bill Gates à la descente d’un avion, il ne pourrait plus lui dire sans commettre un anglicisme « Qu’avez-vous pensé de cette expérience ? », tout simplement parce que prendre l’avion pour la mille et unième fois n’est plus constitutif d’une expérience. En anglais, oui, en français, non. 

Autrement dit, une « expérience » en français est uniquement quelque chose de vraiment original et nouveau dont on va pouvoir tirer un enseignement. C’est pourquoi, contrairement à la plupart des autres anglicismes, « expérience » ne peut être détaché de son contexte puisque, selon la chose dont on parle, selon la personne à qui on s’adresse, « expérience » est ou n’est pas un anglicisme. 

Ce mot nécessitant donc une réflexion préalable que beaucoup ne font plus, il est de plus en plus employé de façon grandiloquente et, de ce fait, totalement hors de propos !

Laurent Bouvet

 

 

 




Publié par Laurent BOUVET le 12 mars 2024

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Orthographe, corrections : contact.sy@aliceadsl.fr

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