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Après le BREXIT, EXIT l'anglais de l'UE !

« BREXIT : Occasion de détrôner l’anglais de son rôle de langue dominante dans le monstre UE !

ALF fait sien l’article ci-dessous de l’un de ses membres. M. Maurice Pergnier. Elle s’est pleinement associée à COURRIEL (Georges Gastaud) dans la conception de l’appel qui suit, à la collecte (en France, en Belgique, au Québec, en Italie, en Allemagne) de signatures de cet appel par nos associations en synergie, ainsi qu’à une large diffusion d’icelui. Tous nos lecteurs sont invités à œuvrer pour que cette idée de détrônement de l’anglais se répande comme une traînée de poudre, joue le rôle de « cordon bickford » dans la Sainte-Barbe de l’HMS Europe.

Vive la flibuste ! Albert Salon. »

Après le brexit : UE et langue anglaise

La langue anglaise s’est imposée au sein des institutions de l’UE, non seulement comme la langue d’usage mais également comme  la langue de référence officielle. C’est une situation de fait et non de droit. Cet état de fait était déjà très contestable lorsque la Grande-Bretagne, gardant toujours un pied dedans et un pied dehors, était un membre hésitant et périphérique de l’Union ; après le brexit, il est proprement burlesque : l’U E devient la seule entité politique multinationale ayant adopté comme langue véhiculaire une langue qui n’est celle d’aucun des pays qui la composent !

C’est une absurdité dont il est urgent de prendre la mesure et à laquelle il importe de remédier sans attendre. Il s’impose donc que, sans le moindre délai, la langue anglaise soit proscrite de tout document officiel de l’UE. Il ne s’agit nullement là d’un acte de rétorsion vis-à-vis de la Grande-Bretagne et de son peuple (qui a bien le droit de choisir son destin comme il l’entend !), mais de corriger une criante incongruité. Il va de soi que des exceptions peuvent être faites pour tout ce qui concerne les négociations entre l’UE et la Grande-Bretagne, mais il serait indécent que la langue anglaise continuât d’être utilisée comme première langue de référence entre représentants des pays membres. Tout élu européen se doit de refuser désormais qu’un texte officiel lui soit soumis et soit débattu dans cette langue. Le poids des (mauvaises) habitudes prises fait qu’il est naturellement impossible que l’anglais ne serve pas longtemps encore de lingua franca dans les relations inter-personnelles au sein des institutions. On entend bien, d’autre part, les objections pratiques, économiques, bureaucratiques de tous ordres qui ne manqueront pas d’être opposées à la mise en œuvre d’une telle mesure. Mais aucun argument technique ou de simple commodité ne peut prévaloir contre une nécessité qui touche à l’identité même de l’Union européenne (si tant est que ceux qui s’en font les hérauts croient qu'elle en ait une).

Maurice Pergnier  (24/6/2016).

 

Le BREXIT, une occasion de rompre avec le tout-anglais en Europe !

Après le départ anglais de l’UE, continuer à promouvoir le tout-anglais en Europe serait encore plus absurde, aliénant et indigne.

L’OCCASION POUR ROMPRE AVEC LE TOUT-ANGLAIS EN EUROPE !
« La langue de l’Europe, c’est la traduction ». Umberto Eco.

Au fil des décennies, l’eurocratie bruxelloise a méthodiquement violé ou contourné les traités qui lui font obligation de respecter l’identité culturelle des États affiliés à l’UE. Ainsi s’est imposée la pratique scandaleuse qui consiste à promouvoir l’anglais comme la langue officieuse et quasi exclusive de l’UE, alors qu’une Europe respectueuse de ses États constitutifs aurait dû cultiver le plurilinguisme comme un atout économique et comme une richesse culturelle de première importance.

Or, non seulement le Rapport au Parlement sur l’emploi de la langue française (2015) établit que le français (et aussi l’italien, l’allemand…) sont marginalisés au profit de l’anglais à Bruxelles, mais on a pu voir récemment M. Moscovici, fraîchement nommé commissaire européen, sommer en anglais ses ex-collègues du gouvernement français de déréguler le marché du travail dans notre pays ! Une sommation analogue s’était déjà traduite en Italie par la mise en place du Jobs Act dont la seule appellation dégage un fumet déplaisant d’aliénation politico-linguistique, sans parler du contenu très discuté de ce type de texte bouleversant les rapports entre employés et employeurs…

Brexit et langue anglaise

Cette dérive totalitaire vers la langue uniqueet vers la pensée et la politique uniques que le tout-anglais porte insidieusement – résulte d’une politique linguistique inavouable. Soustraite au débat démocratique, promue par une oligarchie financière qui fait du Business Globish la « langue de l’entreprise et des affaires »* et qui tient les langues nationales pour autant d’obstacles à l’« économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée », cette stratégie d’arrachage et de substitution linguistiques vise à fondre nos pays si divers dans le Grand Marché Transatlantique en gestation. Dans le même temps, il s’agit de créer une pseudo-élite supranationale, américano-dépendante et totalement coupée des peuples d’Europe. Non seulement le tout-anglais tend à marginaliser les langues nationales**, ce patrimoine de toute l’humanité, mais l’arrachage linguistique en cours sape les bases du vivre-ensemble et de l’échange international équitable, alors même que les tenants du tout-anglais se réclament hypocritement de l’ « ouverture », de la « paix » et de la « diversité ».

 Déjà illégitime en son principe, l’option inavouée en faveur du tout-anglais devient carrément insoutenable dès lors que la Grande-Bretagne a choisi de quitter l’UE. Quels que soient nos jugements respectifs sur l’actuelle « construction européenne » et sur sa légitimité, nous affirmons solennellement que le maintien de l’euro-privilège exorbitant dont dispose le tout-anglais ne pourrait relever que d’un mépris de caste ouvert, insupportable et indéfendable. Ne pouvant compter ni sur les eurocrates, sourds et aveugles à tout ce qui vient des peuples, ni sur nombre de gouvernants des États européens acquis à l’aliénation linguistique, nous appelons les citoyens et les mouvements démocratiques de chaque pays à se dresser contre l’aliénation du tout-anglais ; partout, défendons le droit de chaque individu et de chaque peuple à produire, à créer et à échanger prioritairement dans sa ou ses langues nationale(s) ; revendiquons le droit et les moyens pour chaque citoyen de chaque pays d’Europe d’apprendre et de pratiquer plusieurs langues. Faisons éclater la légitime colère des peuples et des citoyens libres contre une politique linguistique aliénante, voulue par l’U.E., que le référendum britannique a désormais privée de toute apparence de légitimité.   

 *Dixit M. E.-A. Seillières, le 23 mars 2006, lors de sa prise de fonction à la tête du syndicat patronal européen Businesseurope

**… et internationales, car le français, le portugais, l’espagnol sont parlés en Afrique, en Asie, en Amérique…

Signataires : Léon Landini, Georges Gastaud, Matthieu Varnier (Association CO.U.R.R.I.E.L.), Albert Salon (président d’Avenir de la langue française), Daniel Miroux (président de l’Alliance Champlain), Régis Ravat (président de l’A.FR.AV), Philippe Loubière (ASSELAF), Guy Chausson, Gérard Janot (Association lotoise des amis de la langue française), Marc Favre d’Echallens (président de Droit de comprendre), Philippe Reynaud (président de Défense de la langue française/ Pays de Savoie).

Deuxième liste : Edgard Fonk  (président de l'Association pour la promotion de la L.F. en Flandre), Henri Fouquereau (Forum pour la France), Pierre Demers, scientifique québécois, président de la Ligue internationale des scientifiques pour la L.F. (LISULF). Renato Corsetti, Comitato Allarme Lingua (Italie), Yves Montenay (président de l’ICEG, Institut pour la culture, l’éducation et la géopolitique) et Christian Darlot, militant d’ALF.

 

Après le Brexit, l’anglais bouté hors d’Europe ?

Une fois Londres retournée au grand large, l’anglais ne sera plus langue officielle d'aucun pays de l'UE. De quoi faire reculer son hégémonie à Bruxelles ?

Une fois le Brexit consommé, dans deux ans au plus tard, l’anglais pourra-t-il conserver sa place hégémonique au sein des institutions communautaires ? A priori, la tendance est lourde et semble difficile à inverser, l’anglais, en réalité un euroglobish assez pauvre, étant devenu la lingua franca de l’Union. Et ce, moins sous l’influence des Britanniques, que des pays nordiques et d’Europe centrale et d’une France dont les élites ont depuis longtemps renoncé à défendre la place de la langue de Molière.

Il faut bien l’admettre : les trois langues de travail originelles de l’Union (allemand, français, anglais) ne sont plus qu’un lointain souvenir. L’anglais est devenu la langue quasi unique de l’Europe, y compris sur les sites internet de l’Union pourtant censés informer les citoyens (à l’exception notable du site du Parlement européen). Bien sûr, tous les textes juridiques sont au final traduits dans les 24 langues officielles de l’Union, mais ils sont tous élaborés et votés en anglais, avec ce que cela implique en termes d’adoption des valeurs transmises par une langue. La seule institution à encore travailler en français est la Cour de justice européenne qui, ce n’est pas un hasard, est sans doute encore plus détestée en Angleterre que la Commission.

Un pays, une seule langue officielle

Le problème est que le seul pays dont la langue officielle est l’anglais est… le Royaume-Uni. En effet, en vertu du règlement communautaire I-58, chaque pays ne peut avoir qu’une seule langue officielle. Or, l’Irlande a choisi le gaélique, Malte, le maltais et Chypre, le grec, même si ces pays usent davantage de l’anglais. Dès lors, une fois Londres retourné au grand large, l’anglais ne sera plus langue officielle et il ne pourra plus être langue de travail et encore moins langue de communication. A moins, bien sûr, de modifier le règlement I-58. Et là, bonjour : les Espagnols devront faire face aux revendications basques et catalanes, les pays baltes aux revendications de leur minorité russe, la France de ses minorités corse, catalane, bretonne, basque, etc. Et surtout parlé et compris par une minorité d’Européens, peut-il décemment demeurer la langue de l’Union ?

Le français pourrait donc dans cette affaire retrouver son ancien statut aux côtés de l’allemand. Après tout, il n’a fallu que dix ans pour que tout bascule dans une seule langue ! Les instituts Goethe et français ne vont pas chômer !

Par Jean Quatremer, BRUXELLES (UE), de notre correspondant — 24 juin 2016

Source : liberation.fr, le vendredi 24 juin 2016

 

Mélenchon et Ménard veulent remettre en cause l'usage de l'anglais dans l'UE

BREXIT - La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne va-t-elle porter un coup fatal à la langue de Shakespeare sur le continent? Très usité à Bruxelles et au Parlement européen de Strasbourg, l'anglais fait partie des 24 langues officielles de l'UE. Mais à en croire certains responsables politiques français, ce statut devrait être remis en cause pour tenir compte du Brexit.

Dans la matinée de ce vendredi 24 juin, le maire de Béziers proche du FN, Robert Ménard, a estimé que l'anglais n'avait désormais "plus aucune légitimité" à Bruxelles.

Robert Ménard et la langue anglaise au sein de l'UE

Le candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, partisan d'une sortie des traités européens, a quant à lui réclamé que l'anglais soit retiré des langues de travail "du parlement européen".

À des degrés divers, tous les deux se trompent. Car le fonctionnement très complexe du multilinguisme des institutions européennes n'obéit pas au seul critère de l'adhésion ou du retrait d'un État-membre de l'Union.

24 langues officielles reconnues à ce jour

Les langues officielles de l'UE sont des langues de communication reconnues par les institutions. Aux origines de la construction européenne, lors de la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) en 1951, on en compte quatre: le français, l'allemand, l'italien et le néerlandais. Ces langues officielles sont aujourd'hui au nombre de vingt-quatre, dont le bulgare, le danois, le croate et évidemment l'anglais. Au Parlement européen, tous les documents et les discussions doivent être traduits simultanément dans les 24 langues.

La langue officielle d'un État-membre ne devient pas automatiquement une langue officielle de l'UE (c'est le cas notamment du luxembourgeois). Cette reconnaissance s'effectue à la demande de l'État-membre. Si celui-ci se retire, sa langue peut l'être aussi, même si le cas ne s'est encore jamais présenté.

Le départ du Royaume-Uni ne devrait pas toutefois suffire à abolir l'usage de l'anglais à Bruxelles, contrairement à ce qu'estime Robert Ménard. Tout simplement parce que la langue de Shakespeare est une des langues officielles de l'Irlande et de Malte qui, eux, sont toujours membres de l'UE.

La proposition de Jean-Luc Mélenchon est plus subtile, car l'eurodéputé vise non pas l'anglais en tant que langue officielle, mais en tant que langue de travail. Pour faciliter la fluidité des échanges au sein de l'UE, certaines discussions menées par certaines institutions s'effectuent dans un nombre restreint de langages. Contrairement à ce qu'affirme le candidat à la présidentielle, ce n'est pas le cas lors des séances du Parlement européen (hormis pour les conférences de presse). En revanche, la Commission européenne dispose bien de trois langues de travail officielles: le français, l'allemand et l'anglais.

Évidemment lié au poids des États-membres, ce choix linguistique obéit aussi à des préoccupations pratiques ou à des traditions historiques. Les délibérés de la Cour de justice de l’Union européenne se font ainsi en français tout comme la plupart des discussions au sein de la Cour des comptes.

Alors même que le Royaume-Uni ne fait pas partie de l'Eurogroupe et a préservé sa souveraineté monétaire, la Banque centrale européenne s'est toujours exprimée depuis sa création uniquement en langue anglaise. Et ce non par égard pour Londres, mais par souci de ne pas complexifier sa communication extrêmement sensible en multipliant les canaux de traduction.

Source : huffingtonpost.fr, le vendredi 24 juin 2016 

 

La langue anglaise va-t-elle perdre sa place au sein de l'Union européenne ?

À l'issue du référendum du 23 juin, les Britanniques ont choisi de sortir de l'Union européenne. Par conséquent, Jean-Luc Mélenchon et Robert Ménard ont appelé, dans deux genres bien distincts, les institutions européennes à y repenser à deux fois avant de s'exprimer en anglais. Il y a pourtant des raisons pour que la langue de Shakespeare garde sa position. 

Et si la langue anglaise perdait de sa superbe en Europe après la décision britannique de quitter l’Union européenne? Certains hommes politiques français, en tout cas, ont d’ores et déjà soulevé la question. Robert Ménard, maire d’extrême droite de Béziers, et Jean-Luc Mélenchon, leader du Parti de Gauche, ont tous deux appelé à tirer les conséquences linguistiques du Brexit…mais sur deux registres bien différents.

24 langues officielles au Parlement européen

L’ancien journaliste Robert Ménard a ainsi déclaré que "l’anglais n’avait plus aucune légitimité à Bruxelles". La formule semble d’autant plus facilement réfutable qu’elle est péremptoire. Bruxelles est le siège des institutions européennes et de certaines séances du parlement européen. Or ledit parlement, par exemple, pratique ce qui est appelé le "multilinguisme intégral" : en d’autres termes, tous les documents produits par l'hémicycle et toutes les discussions engagées entre les membres de l'assemblée sont traduits dans toutes les langues officielles reconnues par l’institution.

Il existe aujourd’hui 24 langues officielles sur les bancs des hémicycles de Strasbourg et de Bruxelles. Pour qu’une langue européenne acquiert ce statut, il lui faut être une des langues officielles d’un Etat-membre et que celui-ci demande que sa langue soit inscrite au registre.

Or, cela a peut-être échappé à l’édile biterrois mais certains Etats-membres anglophones seront toujours bel et bien membres de l’Union européenne après le départ des Britanniques: l’Irlande et l’île de Malte. À ce titre au moins, l’anglais sauve "donc sa légitimité à Bruxelles".

L'anglais est une langue de travail de la Commission européenne...et il devrait le rester

La revendication portée par Jean-Luc Mélenchon cible un point différent. Le tweet du candidat à la présidentielle est ainsi libellé.

Jean-Luc Mélenchon et la langue anglais au sein de l'UE

L’ancien ministre du gouvernement Jospin commet une approximation. L’anglais n’est pas une langue de travail du Parlement européen dans la mesure où le multilinguisme intégral prévaut (bien qu’il soit précisé ici qu’il arrive que ce principe soit assoupli lors de certains travaux préparatoires des députés européens). En revanche, il a bien ce statut pour certaines institutions, comme la Commission européenne. Et il devrait le demeurer, selon toutes vraisemblances.

En effet, si le français, l’anglais et l’allemand sont des langues de travail c’est pour partie en raison du poids des nations où l’idiome est pratiqué. Mais il ne s’agit pas de l’unique explication. La tradition historique importe aussi aux yeux des institutions et la langue de Shakespeare et de Milton a quelques arguments à faire valoir de ce côté-là.

Enfin, cette dernière a l’avantage d’être pratique, ce que les organisme bruxellois disposant de langues de travail n’ignorent pas. En 2012, la Commission européenne rédigeait un rapport dans lequel il était établi que 38% des européens provenant de pays non-anglophones parlaient anglais. Une statistique qui fait de l’anglais la langue la plus parlée de l’Union européenne.

Source : bfmtv.com, le vendredi 24 juin 2016 

 

Après le Brexit : Union européenne et langue anglaise

Si la langue anglaise s’est imposée, ce n’est pas en tant que langue d’un ex-pays membre mais en tant que langue de la mondialisation.

Parmi les incidences du référendum par lequel le Royaume-Uni vient de décider de quitter l’Union européenne, il en est une sur laquelle les commentateurs se garderont bien d’attirer l’attention, car elle est révélatrice des ambiguïtés foncières de l’Union européenne : au fil des années, la langue anglaise s’est imposée au sein des institutions de l’Union européenne (et, plus largement, dans tout l’espace européen), non seulement comme la langue d’usage, mais également comme la langue de référence officielle inavouée. C’est une situation de fait et non de droit. Cet état de fait était déjà très contestable lorsque la Grande-Bretagne, gardant toujours un pied dedans et un pied dehors, était un membre hésitant et périphérique de l’Union ; après le Brexit, la situation est proprement burlesque : l’Union européenne devient la seule entité politique multinationale ayant adopté comme langue véhiculaire une langue qui n’est celle d’aucun des pays qui la composent !

C’est une absurdité dont il est urgent de prendre la mesure et à laquelle il convient de remédier sans attendre. La logique et la rationalité commandent que, sans le moindre délai, la langue anglaise soit proscrite de tout document officiel de l’Union européenne. Il ne s’agit nullement, là, d’un acte de rétorsion vis-à-vis de la Grande-Bretagne et de son peuple (qui a bien le droit de choisir son destin comme il l’entend !), mais de corriger une criante incongruité. Il va de soi que des exceptions peuvent être faites pour tout ce qui concerne les négociations entre l’Union européenne et la Grande-Bretagne, mais il serait indécent que la langue anglaise continuât d’être utilisée comme première langue de référence entre représentants des pays membres. Tout élu européen se doit, par exemple, de refuser désormais qu’un texte officiel lui soit soumis et soit débattu dans cette langue. Le poids des (mauvaises) habitudes prises fait qu’il est, naturellement, inévitable que l’anglais, longtemps encore, serve de lingua franca dans les relations interpersonnelles au sein des institutions et dans l’espace européen.

On entend bien, d’autre part, les objections pratiques, économiques, bureaucratiques de tous ordres qui ne manqueront pas d’être opposées à la mise en œuvre d’une telle mesure. Mais aucun argument technique ou de simple commodité ne peut prévaloir contre une nécessité qui touche à l’identité même de l’Union européenne (si tant est que ceux qui s’en font les hérauts croient qu’elle en ait une).

On peut, certes, arguer que, si la langue anglaise s’est imposée au sein de l’Union, ce n’est pas en tant que langue d’un ex-pays membre (la Grande-Bretagne) mais en tant que langue de la mondialisation. Mais alors, est-ce une raison de proroger sa prédominance de fait, ou une raison supplémentaire de la proscrire, la Grande-Bretagne étant sortie ? Cela rend-il moins criante la contradiction entre le projet « européen » affirmé et la réalité de la pratique linguistique vécue ?

Maurice Pergnier

Professeur d’université, écrivain

Source : bvoltaire.fr​, le samedi 25 juin 2016 

 

Et maintenant, le tout-anglais sans les Anglais ?

Ou le ridicule achevé de l’UE 

Sale temps pour les tenants de l’uniformisation linguistique du Grand Marché Euro-Atlantique…

Après le vote anglais en faveur du Br.exit, comment les adorateurs bruxellois du Tout-Anglais vont-ils justifier politiquement et juridiquement le fait honteux, et totalement illégal au regard des traités, que l’anglais soit devenu de facto, sans le moindre débat démocratique, la langue unique ou peu s’en faut de l’UE ? Au point que quand le socialiste français P. Moscovici, récemment promu commissaire européen, écrit au ministre Sapin pour le sommer de déréglementer le marché du travail français, il lui écrit en anglais – et qu’en réponse, bien entendu, le gouvernement « français » n’a pas un hoquet de protestation (mais plutôt un OK de servilité !) ; dans le même esprit servile, lorsque les « recommandations européennes » imposant la dérégulation totale du CDI en Italie se traduisent en textes législatifs, Matteo Renzi ne prend même pas la peine de traduire ces diktats dans la langue de Dante puisque l’équivalent transalpin de la loi Berger-El Khomri se nomme, toute honte bue… le Jobs Act ?

Pourtant désormais, AUCUN État membre de l’UE ne se réclame plus de l’anglais auprès des institutions bruxelloises : d’un point de vue institutionnel, Malte se réfère au maltais et l’Eire a déposé le gaélique comme sa langue de référence.

Il est donc logique qu’un appel signé par de nombreuses associations françaises et étrangères (italienne, belge, québécoise) exige que l’UE en revienne à la pratique légale et initiale : la traduction de ses textes dans toutes les langues de l’Union – du moins si celle-ci veut qu’on la croie quand elle prétend respecter « l’identité » et la « culture » de chaque État-membre. N’est-ce pas le « grand Européen » Umberto Eco qui affirmait que « la langue de l’Europe, c’est la traduction » ?

À moins que… l’UE n’en profite honteusement, avec l’appui du gouvernement français traître à sa langue (entre autres félonies…), qu’il faut garder le privilège exorbitant qui fait de l’anglais LA langue officieuse de l’UE au prétexte que ce serait « LA langue internationale »… Mais l’anglais n’est parlé ni compris par la majorité des Européens (les langues les plus parlées en Europe sont l’allemand, le français, l’italien et l’espagnol) et le « globish » n’est « la » langue internationale QUE POUR AUTANT que l’UE et que l’OTAN – c’est la même chose - ont décidé de privilégier la langue de cet État éminemment « européen » que sont… les États-Unis-d'Amérique (É-U-A) !

Ainsi le masque tombera-t-il encore un peu plus sur ce qu’est leur prétendu « Europe » : non pas un moyen de « peser contre la superpuissance américaine », comme le prétendait Mitterrand, mais un vecteur institutionnel de la pénétration US sur notre continent. Les ministres de Hollande dont les études ont été financées par les USA (les ex- « Young Leaders » comme Mme Vallaud-Belkacem) auront-ils le culot de prétendre le contraire et si oui, en quelle langue ?

Par Floréal 

Source : initiative-communiste.fr, le dimanche 26 juin 2016



Brexit : François Hollande ira-t-il bouter l’anglais hors de Bruxelles ?

Je suis solidaire des initiatives portées par l’Observatoire Européen du Plurilinguisme(communiqué OEP) et d’Avenir de la Langue Française (article de Maurice Pergnier pour ALF) sur la question de la future langue officielle de l’Union européenne après le Brexit, dont il est question ci-après.

Comme le savent les gens de ma génération, l’Europe, je veux dire le machin qui nous dirige de Bruxelles, ne parlait autrefois que le français. Deux raisons à cela : trois pays sur six avaient le français comme langue officielle ou comme une de leurs langues officielles (France, Belgique, Luxembourg), et la plupart des personnalités, éduquées avant la vague américaine de l’après-guerre, parlaient français.

Pompidou attendit la mort de De Gaulle pour accepter la Grande-Bretagne, et lui demanda de n’envoyer à Bruxelles que des Anglais bilingues (si, ça existe !). La promesse fut respectée pendant 10 ans. Mais ensuite l’époque avait changé, les générations suivantes avaient été élevées avec l’argent américain dès 1945 à l’ouest et dès 1990 à l’est, avec un grand effort pour faire passer des élèves et les enseignants du russe à l’anglais. Bref de nombreux responsables actuels de d’Europe orientale nés dans les années 70 ont appris l’anglais au lycée et fait des études supérieures en Amérique, tandis que leurs aînés ont été couverts de bourses pour s’y perfectionner.

La perfide Albion en a profité pour s’engouffrer dans la brèche pour le plus grand bénéfice de ses entreprises : dossiers d’appels d’offres en anglais, lobbying en anglais. J’ai vu de mes yeux arriver à la banque de Roumanie, alors encore largement francophone, un ordinateur apporté par l’ambassade d’Angleterre sur crédits européens avec des modes d’emploi et logiciels en anglais. J’ai bien sûr expliqué que la France avait payé une plus grande part de ce cadeau que l’Angleterre, mais le mal était fait. Les Marocains ou les Croates, savent qu’ils n’ont aucune chance d’avoir une aide dans le cadre de « la politique de voisinage » s’ils ne déposent pas leur dossier en anglais. Il n’y a aucune raison juridique à cela, mais c’est ainsi.

Le rapport Grin et les études qui ont suivi estiment à un gros paquet de milliards d’euros ce que cette colonisation linguistique a apporté à la très pratique Albion. Ça n’a pas empêché Madame Thatcher de réclamer un autre paquet de milliards (vous vous souvenez  de son :« I want my money back »), puis David Cameron, ce printemps 2016, de réclamer encore de nouvelles concessions pour que les Anglais votent le maintien dans l’Union européenne.

Maintenant que le #Brexit est voté, je m’attends au pire concernant ce que réclameront des Anglais pour organiser leur sortie. Il y aura deux ans de négociation paraît-il, et à ce petit jeu, les Anglais sont les meilleurs. Je le sais pour m’être souvent frotté à eux et avoir même entendu : « Notre proposition est effectivement moins intelligente que celle proposée par nos amis français, mais c’est la nôtre et nous bloquerons tout autre solution ».

La plupart des dirigeants français du public ou du privé ne font pas attention à ces questions linguistiques, budgétaires ou réglementaires. Sauteront-ils sur l’occasion de revenir au français ? Il y a là une magnifique occasion de sauver notre langue en nous alliant avec les Allemands, qui souffrent linguistiquement, et donc commercialement, encore plus que nous. En effet, à Bruxelles, seule l’Irlande aura l’anglais comme langue officielle, la quasi-totalité des cadres anglophones vont partir et le petit personnel est francophone, ainsi que j’ai pu le constaté récemment sur place : tout ce qui était intéressant était en anglais, seuls les panneaux destinés au personnel étaient en français.

Il y a peut-être là un débouché pour François Hollande qui voit dépérir ses perspectives en France. Qu’il saute sur son cheval, mette le sabre au clair, crie « Montjoie et Saint Denis » et fonce sur Bruxelles ! Ou qu’il se fasse parachuter avec un commando appuyé par ces soldats tchadiens qui se sont illustrés avec nous au Sahara … l’occasion de montrer à nos amis européens qu’ils auraient mieux faits de nous donner un coup de main en Afrique, là où nous nous battons pour eux, plutôt que de pérorer en mauvais anglais à Bruxelles.

Yves Montenay

​Source : yvesmontenay.fr​, le vendredi 24 juin 2016

 

Après le Brexit, garder ou ne pas garder l’anglais comme langue officielle de l’UE

Alors que la Grande-Bretagne n’a pas encore notifié officiellement son retrait de l’Union européenne, le vote en faveur du « Leave » a créé des soubresauts xénophobes contre les Polonais de l’autre côté de la Manche et le rejet de la langue anglaise de ce côté-ci. Les souverainistes français mettent en effet en cause son statut au sein de l’Union européenne, évoquant une « puissance molle ».

Des sources anonymes citées par le Wall Street Journal affirment que, désormais, la Commission va privilégier le français et l’allemand. Jean-Claude Junker, son président, ne devait intervenir qu’en allemand et en français au Parlement européen. Mais, le 28 juin 2016, il n’a pas pu s’empêcher de s’énerver – en anglais – contre la présence provocatrice du leader du parti UKIP à Bruxelles lors de la session extraordinaire du Parlement convoquée après le référendum britannique.

L’anglobal, une langue mineure ?

Du jour au lendemain, la langue globale (l’anglobal pour reprendre la formulation de Jean-Christophe Rufin dans Globalia) a perdu quelque peu son éclat au sein de l’Union. Par une singulière ironie de l’histoire, l’anglais est devenu une langue mineure ! L’ancien Empire britannique était connu comme un espace où le soleil ne se couchait jamais. Mais le fait que Nigel Farage a salué le 23 juin 2016 comme le jour de l’indépendance de la Grande-Bretagne est symptomatique.

Pourquoi un pays dominateur se verrait-il en pays dominé ? Ce n’est pas tant le fait d’être opprimé par la bureaucratie européenne ou « envahi » par des vagues de migrants qui semble être à l’origine de ce sentiment. Après la perte de l’Empire, il a fallu trouver faire son deuil pour retrouver une forme d’optimisme et de gaieté. La « dévolution » (les pouvoirs accordés à l’Assemblée galloise, aux Parlements écossais et irlandais) a suscité des craintes sur une possible désunion. La mort de la princesse Diana en 1997 n’a fait que prolonger le deuil de cette grandeur. Et la célébration récente du 90e anniversaire de la reine n’a pas fourni le contrepoids escompté.

Finalement, c’est un rite laïc et démocratique qui a fourni l’occasion au peuple britannique de se rassembler : ce n’est pas tant le résultat que le taux de participation (72,2 %) qui en témoigne. Les électeurs se sont sentis très concernés. Analyser le résultat en faveur de la sortie de l’UE uniquement comme étant ringard (lié au vote des plus âgés, des personnes peu instruites et habitant la campagne) ne peut susciter que davantage de divisions au sein d’une population désireuse de s’ériger en communauté joyeuse.

Le réveil des vieux démons

Le Commissaire européen à l’économie numérique, Günther Oettinger, a défendu la langue anglaise avec certains arguments. L’anglais n’est pas parlé qu’au Royaume uni, a-t-il souligné. L’anglophonie existe traditionnellement dans d’autres États membres (Irlande, Malte). C’est aussi la langue internationale parlée par tous les Européens.

Néanmoins, seule la Grande-Bretagne a institué l’anglais comme langue officielle. Dès lors, Danuta Huebner, la présidente de la commission des Affaires constitutionnelles du Parlement européen, pense que le Brexit aura pour conséquence le retrait de l’anglais de la liste officielle des 24 langues de l’Europe.

Ce débat politique qui réveille les vieux démons de l’anglophobie, notamment en France, aura un impact certain sur le choix des langues vivantes dans les écoles des États membres. Les étudiants qui partent en échange universitaire choisiront peut-être davantage des « auberges espagnoles ».

Depuis l’instauration de top-up fees (frais de scolarité), il était déjà devenu difficile d’initier des échanges avec les universités anglaises. De 3 000 livres (plus de 3 500 euros) en 2006, ces frais ont grimpé jusqu’à 9 000 livres (environ 10 500 euros) depuis 2010. Un étudiant français, Dany Bidar, a même porté plainte contre le Royaume-Uni pour discrimination par rapport à un prêt subventionné accordé aux étudiants en guise d’aide.

Lutte linguistique

Au-delà des effets de conjoncture, le Brexit interroge le rapport des citoyens européens avec leur langue maternelle et d’autres langues, européennes et non-européennes. Comme le remarque, à juste titre, Salman Rushdie dans son livre Patries imaginaires, la lutte linguistique est le miroir d’autres luttes sociétales.

Que signifie ce débat sur la place de l’anglais dans les institutions européennes ? Il nous rappelle le rapport de forces existant entre l’anglais et l’espagnol aux États-Unis et l’anglais et le français dans les anciennes terres coloniales. Une reconnexion avec le Commonwealth pourrait bien être à l’ordre du jour après le Brexit. Quant à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), elle se réjouit : grâce à l’Afrique, il y aura 760 millions francophones à l’horizon de l’année 2060, et la langue française sera alors la deuxième ou troisième langue au niveau international.

la langue française en 2060

De leur côté, le linguiste français Claude Hagège et le défenseur des langues indiennes tribales Ganesh Devy (Inde) dénoncent la disparition de langues et déplorent la perte de la diversité linguistique sur la planète sous l’effet de « l’impérialisme culturel ». La menace de la disparition d’une langue, disent-ils, est toute aussi grave que celle d’une espèce.

Une présence de l’absence des Britanniques

Une chose est sûre : il n’est pas nécessaire de faire disparaître l’anglais comme langue officielle de l’UE à cause du coût que représenterait le maintien des traductions dans cette langue. Celle-ci pourra rester comme une présence de l’absence du peuple britannique, une trace de la mémoire dans l’histoire de l’UE.

Par ailleurs, le Royaume-Uni n’a pas quitté le Conseil de l’Europe dont les États de l’UE sont également membres. Sous la houlette de David Patrick Maxwell Fyfe, les juristes anglais ont apporté leur pierre à l’édifice de la Convention européenne des droits de l’Homme. Le Royaume-Uni est, par ailleurs, un partenaire incontournable dans les échanges commerciaux, dans les relations internationales et dans la lutte contre le terrorisme, comme l’a récemment souligné David Cameron.

Les valeurs démocratiques héritées de l’histoire britannique, inscrites dans la langue anglaise, figurent en outre dans les traités européens. Pour les pays tiers qui ont besoin de comprendre les valeurs qui animent l’UE, l’anglais demeure un outil indispensable. Il est donc fallacieux de comparer le Brexit à un divorce. L’UE ne peut rayer d’un trait de plume la langue anglaise comme on liquide une communauté de biens. L’anglais représente bien plus que le bien symbolique d’un peuple.

Julia Kristeva à qui on doit des travaux approfondis sur la notion d’étranger soutient que la traduction est la véritable langue de l’Europe. Ce sont les écrivains francophones qui ont relevé le mérite singulier de la langue anglaise en faisant l’éloge de sa capacité à se libérer « de son pacte exclusif avec la nation ».

Le maintien de l’anglais et l’inclusion progressive d’autres langues que parlent les citoyens des États-membres ne feront qu’enrichir cette langue commune de la traduction, tout en comblant le fossé qui sépare les peuples et préservera l’Union des crises ultérieures. Cette conversation est primordiale pour la qualité de la démocratie.

Source : theconversation.com, le mercredi 13 juillet 2016




Publié par Régis RAVAT le 26 juin 2016

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