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Les Français seraient-ils devenus un peuple de colonisés ?

Paris, sous le prétexte d'avoir les JO en 2024, se prostitue à l'anglais avec son slogan Made For Sharing. Pour l'Eurovision, il y a de fortes pressions pour que notre représentante chante en bilingue français-anglais. Voilà maintenant qu'une radio publique fait dans l'anglais pour prétendument envoyer un message à Trump.

Serions-nous devenus un peuple de colonisés ?

 

France-Inter en anglais, lettre ouverte de Georges Gastaud.

Georges Gastaud, professeur de philosophie, président de l’Association CO.U.R.R.I.E.L. (défense internationaliste et progressiste du français et de toutes les langues du monde contre le TOUT-anglais

À M. Patrick Cohen

Copie aux responsables de CO.U.R.R.I.E.L, aux associations partenaires et au Médiateur de Radio-France

Monsieur Cohen,

Dans la matinale de France-Inter que j’écoute régulièrement, Mme S. Aram s’est permis ce matin, 27 février 2017, sans qu’il y ait la moindre traduction à l’antenne, de prononcer son billet hebdomadaire entièrement en anglais.

Certes il s’agissait de s’adresser fictivement à Donald Trump. Mais dans les faits, c’est bien à des millions de Français que Mme Aram s’est adressée en anglais, leur signifiant ainsi indirectement que l’anglais doit absolument être compris par tous les auditeurs de la « France-Inter ». Or « la langue de la République est le français » (article II de la Constitution, qui devrait faire loi sur Radio-France : c’est un minimum pour un service public financé par le contribuable) et les Français ont encore le droit, que l’on sache, de ne pas comprendre la langue mondiale des maîtres. Ils ont aussi le droit de parler, outre le français, telle langue étrangère ou régionale de leur CHOIX qui ne soit pas l’anglais : allemand, italien, espagnol, russe, chinois, basque, breton, wolof, arabe, etc. Et il n’est pas interdit de rappeler aux anglophones qu’ils ont aussi le droit, s’ils veulent pleinement nous comprendre quand ils écoutent nos radios, d’apprendre encore un tout petit peu l’insignifiant patois local qui a donné au monde l’Edit de Nantes, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, la loi laïque de 1905, le Serment du Front populaire, les « Jours heureux » du CNR ou le Discours sur le colonialisme de Césaire. Cela s’appelle l’EGALITE entre les peuples, sans laquelle certains peuples sont « plus égaux que d’autres »...

Plus gravement encore, vous, M. Cohen, n’avez pas repris Mme Aram sur son impolitesse majeure. Vous avez certes renvoyé les bouseux non anglophones à la traduction sous-titrée de votre émission télévisée (il est évident que les auditeurs qui vont au travail et qui vous écoutent au volant n’ont que ça à faire !), mais plus gravement encore, votre seule réaction a été de solliciter sur-le-champ la réaction EN ANGLAIS de M. Benoît Hamon ; car bien entendu, ce que vous avez en tête, c’est que non seulement tous les Français doivent parler anglais (ainsi que tous les Allemands, tous les Espagnols et tous les Italiens ? mais si tel était le cas, combien de temps les langues nationales et la diversité linguistique mondiale, non moins importante pour la culture humaine que ne l’est la biodiversité pour l’évolution naturelle, « tiendraient »-elles ?) ?

Votre message subliminal étant que bien entendu, on ne peut pas présider la République française sans parler la langue de Trump et d’Obama : alors que, soit dit en passant, pour plusieurs de nos candidats, la première des courtoisies exigibles est qu’ils parlent correctement leur langue maternelle, ce qui est loin d’être le cas.

Et tout cela prend place dans une configuration générale de RELÉGATION systématique du français au profit du tout-anglais. L’affaire du slogan olympique en anglais, que désapprouvent massivement nos compatriotes, la honteuse pétition en préparation sur TF1 pour que la chanson représentant la France à l’Eurovision soit partiellement traduite en anglais (rien d’étonnant de la part d’une chaîne qui s’affiche en tricolore, mais dont l’émission-phare s’appelle « The Voice » et qui lance présentement à son de trompe une nouvelle émission intitulée « The Wall »), le récent basculement au tout-anglais de la documentation interne de PSA et de Renault (un « fait mineur » sur lequel n’informe pas France-Inter), l’abaissement des quotas radiophoniques réservés à la chanson francophone, le discours de Macron en anglais à BERLIN (« pour être compris de tous ») dans le cadre d’une élection française, rien de cela ne suscite en vous le moindre sursaut critique, la moindre tentation de débat, le moindre questionnement : tant vous êtes immergés dans une ambiance parisianiste où toute une série de faits choquants pour 90% des gens vous paraît aller de soi.

TF1, anglais, anglicisation, The Wall, The Voice, My TFI

L’association que je préside, et dont le président d’honneur, Léon Landini, est la figure de proue des anciens FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans de la Main-d’œuvre Immigrée, fondés et dirigés par le PCF clandestin, comme les FTPF), n’est suspecte ni de purisme vieillot, ni de nationalisme rance ; professeur de philosophie, militant communiste et internationaliste, j’ai moi-même passé ma vie dans le bassin minier de Lens à combattre le FN, y compris en prenant quelques risques personnels. Mais quand on humilie ainsi INCONSCIEMMENT, en toute IRRÉFLEXION, sans la moindre distance autocritique, ce socle commun de la nation, ce ciment de la Francophonie, ce premier service public de France, cette mémoire vive de notre histoire commune, qu’est la langue française, on ne fait pas œuvre d’ouverture : la langue unique mondiale vers laquelle nous voguons en toute suicidaire inconscience, est un terrible vecteur d’uniformisation culturelle, de pensée unique, d’économie unique, et elle porte en elle de terribles discriminations NOUVELLES entre l’ « élite mondialisée » qui maîtrise le code des codes (cet English Mother Tongue que les grosses boîtes exigent de leurs hauts cadres en toute préférence nationale À L’ENVERS !), la masse des dominés moyens qui baragouinent comiquement le « Business Globish » et l’énorme masse des dominés tout court, voués à la précarité et à l’ « inemployabilité » qui ne parleront plus bientôt que des langues nationales dégradées, mâtinés d’anglais « à la TF1 », ce qui les signalera d’emblée comme des sous-ordre taillables et corvéables à merci.

Finalement, de tels comportements méprisants à l’égard du « simple » francophone sont totalement contre-productifs à l’encontre de ce FN que vous combattez si mal et que vous valorisez en fait quand vous lui abandonnez si vite la langue, le produire en France (pardon, le « made in France ») et la nation française elles-mêmes. Rien de pire que l’auto-phobie nationale qui accable nos élites, fascinées tantôt par « nos voisins d’Outre-Rhin », tantôt par « nos amis anglo-saxons », pour nourrir la xénophobie du FN et d’une bonne partie des LR. Haine de soi, haine d’autrui, Sartre avait analysé cette situation qu’avait déjà décryptée Freud quand, par d’autres concepts que Sartre, il décrivait la « pulsion de mort ».

Bien entendu, il vous arrive, M. Cohen, de vous transporter dans les ors de l’Académie française ou d’accueillir un écrivain francophone étranger qui vit à tel point sur une autre planète qu’il n’a même pas remarqué l’existence d’un basculement rapide de certains pays africains au tout-anglais. Cela s’appelle la bonne conscience. Mais le débat politique, en pleine campagne électorale décisive, sur l’arrachage linguistique géant, qui accompagne culturellement, avec le total appui du MEDEF, l’arrachage de nos industries et de nos acquis sociaux au nom de la « l’économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » (Maastricht), défendue par l’OTAN et étendue par l’Union transatlantique, est interdit sur France-Inter. Il faut que notre langue recule et s’éteigne en silence, voire qu’elle « creuse elle-même sa tombe », comme le « pauvre Martin » de Brassens.

Eh bien nous, militants progressistes et internationalistes de la diversité linguistique mondiale, n’acceptons pas que notre langue, ni les autres langues d’Europe, meure(nt) en silence. Et nous nous sentons doublement provoqués, en tant que francophones et en tant que progressistes, quand nous voyons que la colonisation linguistique et culturelle la plus caractérisée prend les atours bien-pensants de l’internationalisme et de l’ « ouverture sur le monde ».

Je sais d’avance que cette lettre vous laissera de marbre, si toutefois vous l’avez lue jusqu’au bout.

J’en adresse donc copie aux membres de mon association, aux associations partenaires et au médiateur de Radio-France, voire au CSA.

Je vous adresse mes salutations distinguées sans me ranger parmi ces auditeurs dociles qui, à l’antenne, vous « remercient d’avoir sélectionné ma question » après avoir célébré « la qualité de vos émissions ». Ce n’est pas votre talent, d’ailleurs, que je récuse, c’est votre autocensure, probablement inconsciente, sur certaines questions.

Peut-être aurais-je dû vous interpeler en anglais pour obtenir, sinon une autocritique à l’antenne, sinon un débat réellement ouvert sur l’avenir du français EN France à l’occasion du 20 mars (journée mondiale de la Francophonie), tout au moins, l’aumône d’une réponse argumentée.

Georges Gastaud

http://www.courriel-languefrancaise.org/​

J’ose espérer qu’au moins, Mme Aram n’aura pas l’inélégance de répondre à l’antenne à une lettre qui n’aurait pas préalablement été lue in extensoaux auditeurs.

 



Et Hamon, l'invité du plateau, n'a rien eu à redire !

- Le débat télévisé du mercredi 25 janvier 2017, entre Hamon et Valls, sur France 2, nous a permis de voir les réactions de ces deux politiciens face à l'anglais.

La réaction de Benoit Hamon a été indigne, celle d'Emmanuel Valls est allé dans le bon sens.

Voici, la réflexion que nous avons faite, suite à la séquence  "anglais" de l'émission :

Un dénommé Gérard, un internaute du Pas-de-Calais, a demandé si les deux candidats parlaient anglais, et nos journalistes sur le plateau, trop contents qu’on mette cette langue sur le tapis, ont posé la question à MM. Valls et Ha...mon. Mais a-t-on demandé à Donald Trump et à Theresa May, s'ils parlaient français ?

Pour information, le français est une langue internationale qui n'a pas à s'effacer face à l'anglo-américain. Selon une enquête de l'UNESCO, les locuteurs francophones, grâce à l'Afrique francophone, notamment, pourraient être plus de 800 millions d'ici 2050, ce qui placerait la langue française parmi les 3 premières langues parlées au monde. Ce n'est pas rien ! Les Francophones n'ont donc aucune raison d'abdiquer face à l'impérialisme de la langue de Goldman Sachs et Cie.

Moi qui ne suis pas un pro-Manuel Valls, je trouve cependant sa réponse meilleure que celle du pauvre Hamon qui s'est empressé de dire qu'il parlait l'anglais couramment (English Fluent (sic)) comme s'il fallait qu'il montre un gage de bonne conduite à l'oligarchie mondialiste anglo-américanisé ; Valls, lui, plus intelligent, a dit qu'il n'y avait pas que l'anglais comme langue internationale, il y avait aussi, entre autres langues, l'espagnol. Bravo, c'est ça qu'il fallait répondre, car le rôle d'un homme d'État français n'est pas de fortifier la puissance impérialiste de l'anglais, mais d'essayer de l'atténuer. L'atténuer en disant qu'il n'y a pas que l'anglais qui est une langue internationale, l'atténuer aussi, et Manuel Valls, en a parlé dans le débat, en soulignant la force de la Francophonie, la Francophonie africaine, notamment, l’Afrique avec laquelle Manuel Valls veut travailler davantage, et, en ce sens, il a même parlé de mettre en place un Erasmus francophone, etc.

Bravo, et vivement que nos hommes politiques, au lieu de s’appliquer à parler la langue de la première puissance militaire et d’espionnage du monde, s’intéressent plutôt à ce qui fait la force de la France : son territoire maritime et l’Espace francophone.

- Cela dit, le lundi 27 février 2017, Benoit Hamon est encore confronté à l'anglais, mais cette fois-ci, dans le 7/9 de France-Inter. Face à l'anglais, face au tout-anglais, même, sa réaction a été aussi nulle que lors de son passage sur France 2, le 25 janvier dernier.

Conclusion : cet homme est nul sur la question linguistique, et cela est préoccupant s'il advenait qu'il devienne le futur Président de la République.



Idiots utiles à Paris

Ainsi, Made for Sharing sera le slogan officiel de la Ville de Paris pour sa candidature aux «Olympic Games» de «Twenty Twenty-Four». On ne sait trop s’il faut rire ou pleurer. Made for joking or made for crying ?

Lorsque j’ai appris la chose, j’ai tout de suite pensé à Aplusbégalix, ce personnage de chef gallo-romain assimilé, dans l’album Le combat des chefs, sans doute le meilleur de la série Astérix et certainement celui qui a le mieux vieilli. Goscinny et Uderzo ont brillamment utilisé les Romains pour incarner à la fois l’histoire récente (20 ans après la fin de l’Occupation allemande), mais aussi l’actualité du temps.

L’album est paru l’année même (1964) où René Étiemble publiait l’essai Parlez-vous franglais ?.

Le plus comique du slogan Made for Sharing est la réaction goguenarde de la presse anglo-américaine, dans le registre « On n’en demandait pas tant ».

A-t-on vu un seul anglophone remercier Paris de se faire comprendre ? La Ville a produit un slogan qui ne lui donne rien, sauf le fait de se ridiculiser. On est frappé de l’indigence de l’argument du comité parisien : on ne peut vendre Paris au CIO qu’en anglais, alors que 16 des 95 membres votant viennent de pays francophones et que plus de la moitié ont certainement des notions de français.

Après tout, la langue française est la plus enseignée au monde, après l’anglais. Et puis, le français est l’autre langue officielle du CIO.

Au fond, les Parisiens jouent ici le rôle d’idiots utiles. S’il y a bien un moment dans l’histoire où l’anglais incarne le repli, c’est maintenant.

En effet, la Ville de Paris fait la propagande de l’universalisme de l’anglais, alors même que les Britanniques et les Américains, à travers le Brexit et l’élection de Trump, rejettent leur rôle de pays phares de l’internationalisme.

Ce n’est pas la première fois que les Parisiens tiennent ce rôle. Dans les années 1950, les communistes français adoptaient des idéaux staliniens qu’ils savaient faux.

Et si la France a renoncé à ses arpents de neige au Canada au XVIIIe siècle, c’est d’abord parce qu’une série de penseurs imbus d’idées anglaises défendaient une philosophie économique à laquelle les Anglais eux-mêmes n’adhéraient plus.

Et, de Paris, nous assistons impuissants au lâchage du français alors même que cette langue commence à s’incarner dans un ensemble mondialisé francophone aux antipodes du repli identitaire.

carte du monde francophone

Le culte du cargo

Ce désamour a plusieurs causes, que j’ai déjà expliquées dans d’autres chroniques et que je ne répèterai pas. Mais à la réflexion, j’y vois aussi une fascination morbide évocatrice du « culte du cargo ».

Le culte du cargo est une espèce de religion qui s’est développée dans les îles du Pacifique Sud sous l’effet de la colonisation européenne, et qui a connu son apogée pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour les insulaires frappés par la richesse et la puissance des Occidentaux et des Japonais, seule une faveur divine peut expliquer l’abondance et le perfectionnement des biens débarqués du bateau ou de l’avion. Une fois les conquérants repartis, les insulaires appelaient le cargo en construisant des avions en bois, des radios en noix de coco, des antennes en bambou. Il y a de ça dans la fascination des Français pour l’anglais : la tentation de singer la modernité incarnée par le monde « anglo-saxon » dans l’espoir d’en récolter les fruits. D’où les modes anglophiles souvent ridicules et l’abus d’anglicismes, comme un appel désespéré pour des bienfaits que l’on espère sans en comprendre l’essentiel.

L’autre facteur, qui influence les Français à droite comme à gauche, c’est ce que j’appellerais le « réflexe universaliste », qui leur fait voir de l’universel jusque dans leur soupe. Ayant imaginé pendant quelques générations que le français était universel (ce qu’il n’a jamais été), ils attachent désormais cette propriété à l’anglais (qui ne l’est pas plus). Ce réflexe universaliste fait que les Parisiens, qui ont beaucoup de mal à s’enseigner les langues étrangères, imaginent que le monde est aussi peu doué qu’eux. Mais ce qui nuit le plus à la perception de la langue française parmi les élites parisiennes, c’est que celle-ci soit si mal défendue par de mauvais avocats, engoncés dans de vieux discours sur le génie de la langue ou dans un méchant purisme qui sert de prétexte pour exprimer les idées les plus rétrogrades et, trop souvent, le rejet de l’autre. Armés de leurs mauvais arguments, ils agissent comme repoussoir.

Défendre le français ne consiste pas à rejeter l’anglais : après tout, les langues ont le propre de s’additionner. Mais défendre sa propre langue, c’est d’abord user du privilège de se dire dans celle-ci. French is made for saying.

JEAN-BENOÎT NADEAU

​Source : ledevoir.com, lundi 27 février 2017

Ci-après, une vidéo du nul qui nous sert de ministre des Sports, M.Patrick Kanner : 




Publié par Régis RAVAT le 02 février 2017

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Orthographe, corrections : contact.sy@aliceadsl.fr

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