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La langue commune des Européens : le français, sinon l’espéranto, mais jamais l’anglo-américain !

Le 16 mars 2021, les autorités françaises présentaient la version nouvelle de la carte nationale d’identité, qui devait être expérimentée dans l’Oise. Elle est rédigée en français… et, pour la première fois, en anglais.

Un exemple supplémentaire de la trahison des « élites » françaises, y compris étatiques. Ce projet de nouvelle carte nationale d’identité bilingue sur un document qui symbolise notre nationalité française envoie un message désastreux quant à la place centrale que nous voulons accorder à notre langue nationale.

Note de l'Afrav : Pour information, notre association a attaqué l'État français contre le fait qu’il a décidé que la nouvelle carte nationale d'identité des Français serait bilingue français-anglais. Et l'Association, qui s'était appuyée que l'article 4 de la loi Toubon pour attaquer le bilinguisme de la CIN, a perdu au Conseil d'État au motif que l'article 4 de la loi Toubon ne concerne que les inscriptions apposées sur la voie publique. Les inscriptions de la nouvelle CIN n'étant pas sur la voie publique, et les juges n'ayant pas jugé selon l'esprit de la loi qui est de défendre notre langue et non de laisser passer l'anglomanie par les mailles du filet, ont rejeté notre recours. 

l'Etat français trahit la langue française

Dès qu’une nation renonce à nommer la totalité de l’existence dans sa langue, elle est condamnée à disparaître. « Il serait étrange et triste, tout à la fois, écrit Mathieu Bock Côté, que l’État consente lui-même à son déclassement linguistique et à sa folklorisation culturelle alors que la France peut et doit, dans les temps présents, retrouver sa place dans le monde en assumant pleinement le modèle de la civilisation qu’elle porte et qui l’a faite (…) On ne sous-estimera pourtant pas la portée de cette mesure : ce n’est plus dans sa langue seule que le Français se présentera au monde. Il concède à l’anglais le privilège du cosmopolitisme européen alors même que le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne (..) Le français doit demeurer une langue de puissance ».

 

La France est la principale menace qui pèse sur la langue et la culture française !

Alors que le monde francophone, vaste comme quatre fois l’Union européenne, a dépassé les 500 millions d’habitants, alors que l’Afrique francophone se développe, alors que le Québec est devenu un pôle technologique d’importance, la France s’emploie activement à entraver la dynamique favorable au français à travers la planète en diffusant le message au reste du monde et aux touristes la visitant que le français est une langue inutile à apprendre. Tel un enfant qui, sur une plage, prendrait un malin plaisir à venir régulièrement détruire un château de sable patiemment édifié par d’autres enfants.

Comme l’avait dit le général de Gaulle, « le snobisme anglo-saxon de la bourgeoisie est quelque chose de terrifiant (…). Il y a chez nous toute une bande de lascars qui ont la vocation de la servilité. Ils sont faits pour faire des courbettes aux autres. »

Dans la publicité, l’anglo-américain devient envahissant. Rien que de donner des exemples qui courent les rues, c’est se déshonorer ! La question est : « Do you parlez french ? ». Le quota raisonnable, nécessaire, non obsolète de 40 % de chansons françaises sur les radios, est sur la sellette, alors qu’il doit être maintenu. Dans l’enseignement supérieur, le nombre de formations en anglais a bondi, en 2019, de 60 % en cinq ans.

Pour la Cour constitutionnelle italienne : « Les buts légitimes de l’internationalisation ne peuvent pas réduire la langue italienne, au sein de l’université italienne, à une position marginale et subordonnée, en faisant disparaître cette fonction de vecteur de l’histoire et de l’identité de la communauté nationale qui lui est propre, ainsi que son être en soi de patrimoine culturel à préserver et à valoriser ».

*Malheureusement, en France, la loi Fioraso du 22 juillet 2013 n’est pas appliquée. Le nombre de formations de niveau licence ou master totalement en anglais était de 634 en avril 2013. Il était de 951 en janvier 2017, soit une augmentation en 4 ans de 50 %, au risque d’une disparition totale des formations supérieures dispensées en français, malgré la loi en vigueur de la République française.

Un géant culturel et linguistique, tel que la France, ne mérite-t-il pas beaucoup mieux que cette pitoyable image de subversion, de trahison, de soumission linguistique qu’il offre au monde ?

 

Le multilinguisme plutôt que le « globiche »

Pourquoi David Crystal, spécialiste de la linguistique qui a été décoré par Sa Gracieuse Majesté pour « services rendus à la langue anglaise », affirme que si, dans un avenir lointain, l’anglais était la seule langue à apprendre, ce serait le plus grand désastre intellectuel que la planète n’ait jamais connu. La promotion d’une seule langue nous condamnerait en effet à ne connaître qu’une seule forme de culture. L’anglais ouvre la porte aux cultures anglophones ; le tout-anglais, par contre, ferme les portes à toutes les autres cultures du monde. L’anglais est donc un enrichissement culturel, tandis que le tout-anglais est un appauvrissement pour la compréhension de la diversité du monde.

Ce n’est pas pour rien que le célèbre historien Fernand Braudel a pu constater que « la France, c’est d’abord la langue française ». On comprend la culture française seulement si l’on parle français.

Le lien indissoluble entre la langue et la pensée ne concerne pas uniquement le monde littéraire, mais bel et bien toutes les connaissances humaines. Citons à cet égard le grand mathématicien français Laurent Lafforgue : « (…) C’est dans la mesure où l’école mathématique française reste attachée au français qu’elle conserve son originalité et sa force. La créativité scientifique est enracinée dans la culture, dans toutes ses dimensions linguistique, littéraire, philosophique, religieuse même… Alors gardons la diversité linguistique et culturelle dont se nourrit la science ».

Le grand professeur spécialiste de la linguistique Claude Hagège rappelle « la volonté d’homogénéisation qui caractérise la conception américaine de la mondialisation. Le support de cette homogénéisation est, bien entendu, l’impérialisme linguistique du tout anglais ». En ce qui concerne leur propre développement culturel, les Américains ont le droit de faire comme il leur plaît, mais les Européens, pourquoi devraient-ils se contenter de l’homogénéité lorsqu’ils peuvent bénéficier si naturellement et si facilement de la diversité ?

L’administrateur du Collège de France Thomas Römer, de nationalité suisse, grand spécialiste de l’étude de l’Ancien Testament, regrette que les instances européennes et internationales ne défendent pas plus énergiquement le multilinguisme. Il nous apprend que le Parlement helvète est sans doute le seul au monde à avoir édicté une règle qui oblige les députés à s’exprimer dans leur langue maternelle respective (français, allemand ou italien). « Cela suppose pour les autres de comprendre les autres langues, sans traducteur, afin de pouvoir répondre ». Il aimerait bien qu’une règle semblable inspire les colloques scientifiques. Les francophones, germanophones, hispanophones, au lieu de tâtonner dans un anglais mal prononcé, auraient avantage à parler leurs langues.

 

La nécessaire mobilisation des Français en faveur de la francophonie !

France, réveille-toi ! « La France, c’est le français quand il est bien écrit » disait Napoléon Bonaparte. « Le premier instrument du génie d’un peuple, c’est sa langue » soulignait Stendhal.

En 2014, Hervé Bourges cosigna une tribune dans Le Figaro intitulée « Quand les Français deviendront francophones » insistant pour que la France prenne conscience d’une communauté qui comptera 750 millions de locuteurs en 2030 et un milliard en 2060 ! Selon les dernières estimations, ce serait plutôt 700 millions de francophones en 2050, ce qui est un chiffre tout aussi colossal.

Au 1er janvier 2021, la population du monde francophone peut être estimée à 524 millions, soit légèrement plus que l’Union européenne hors outre-mer français et le Royaume-Uni (515,8 millions) dans un vaste espace qui s’étend sur plus de 16,3 millions de km2, soit près de quatre fois l’Union européenne. Le monde francophone constitue l’espace linguistique le plus dynamique au monde, devant l’espace arabophone (443 millions d’habitants) et l’espace hispanophone (466 millions d’habitants). La République démocratique du Congo, premier pays francophone du monde (91,1 millions d’habitants en 2020 et 180 millions en 2050) est plus vaste que la moitié de l’UE ; Kinshasa, sa capitale (14,6 millions d’habitants), est la première ville francophone du monde.

Michel Serres disait : « Il y a plus de mots anglais sur les murs de Paris qu’il n’y avait de mots allemands sous l’Occupation ». Nous venons de connaître plus de 70 ans de mondialisation intensive depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et une frénésie d’uniformisation « made in USA ». Il est temps de changer d’ère, de pouvoir retrouver l’identité des nations et l’authenticité des terroirs. Les « boîtes de com » feraient bien de changer d’esprit du temps (« Zeitgeist ») !

L’Institut de la francophonie au château de Villers-Cotterêts a été inauguré le 30 octobre 2023. Stéphane Bern a pu convaincre le président Macron et son épouse : « Nous restaurerons Villers Cotterêts et en ferons le château de la francophonie ». L’idée première a été lancée par Albert Salon, président d’Avenir de la langue française, le 9 novembre 2001, depuis le balcon du « Plaisir » où François 1er promulgua sa célèbre ordonnance sur l’usage obligatoire de la langue française dans son royaume, plus particulièrement dans l’administration royale et comme langue du droit et des tribunaux.

Selon un sondage réalisé en février 2018 par BVA, 70 % des personnes interrogées seraient prêtes à agir pour leur langue, et plus particulièrement les seniors de 65 ans et plus (78 %).
Alors que le nombre de francophones augmentera fortement dans les années à venir, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) aura pour défi de renforcer la place de la langue française comme langue majeure d’échanges et de communication et de lui donner un nouvel élan comme langue des affaires : le MEDEF organise chaque année une réunion francophone des affaires à Longchamp. La francophonie doit aussi favoriser les échanges interculturels et le multilinguisme. (À suivre)

Marc Rousset - Auteur de « Notre Faux Ami l’Amérique/ Pour une Alliance avec la Russie » – Préface de Piotr Tolstoï – 370 p – Librinova – 2024

Article également visible sur : https://ripostelaique.com/la-langue-de-leurope-le-francais-sinon-lesperanto-jamais-langlo-americain-2.html

 

 

 




Publié par Régis RAVAT le 02 juillet 2024

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